Tobago

Le ferry pour Tobago est beaucoup plus grand que ceux que nous avons pris jusqu'alors. De nombreuses voitures s'entassent dans la cale tandis que nous nous installons dans la grande salle climatisée qui accueille les passagers. Le voyage dure 2h30. Après la chaleur de Port-of-Spain, la fatigue du voyage, le soleil de plomb quand nous descendons au port à Tobago dans la fumée du bateau et des voitures, quel bonheur d'arriver enfin à notre hôtel ! Tobago n'est pas une île très chère, nous avons un petit studio avec cuisine et balcon sur la jolie petite piscine. La plage n'est qu'à 5 minutes à pied et l'on profite du vent frais de l'océan. La climatisation est très froide et ne peut pas être réglée, nous l'utilisons pour rafraichir la chambre mais nous pouvons dormir sans car il ne fait pas trop chaud. A Tobago, la chaleur m'a semblé beaucoup plus supportable que partout ailleurs.

Le premier soir, nous allons voir le restaurant de l'hôtel mais les prix sont à la mode européennes, entre 10 et 20 fois plus cher que nos dîners à Savannah Park. En euros, ça reste raisonnable, mais nous aurions l'impression de dépenser une somme extravagante. Nous préférons chercher un peu plus loin. Visiblement, nous sommes dans une partie chic de l'île. Il y a un resort touristique qui annonce modestement "Welcome to Paradise" et plusieurs belles villas. Un couple mange ce qui semble être de la nourriture à emporter. La femme porte un voile et ils sortent en fait de la petite mosquée qui apparait soudain de façon incongrue. Ils y vendent peut-être des roties mais nous n'avons pas l'audace d'aller fouiner derrière les grilles. De toutes façons, nous trouvons une petite supérette encore ouverte à cette heure tardive. Nous achetons des provisions et rentrons manger nos pâtes sur le balcon dans la nuit fraîche.

Nous avons passé plusieurs journées fatigantes et profitons du confort de notre hôtel pour nous reposer lors de notre premier jour à Tobago. Nous commençons la matinée par une baignade dans la piscine, elle n'est pas grande mais nous pouvons nager un peu et nous relaxer. Nous aurons la chance de ne jamais décider d'aller nous baigner en même temps que les quelques familles avec enfants qui la partagent avec nous. Quand nous en avons assez, nous décidons d'aller à la plage au bout de la rue. Nous ne sommes pas dans au coeur de la zone touristique et notre plage est presque déserte. Elle est très longue, balayée par les vagues de la côte atlantique. Les palmiers jaunis se courbent sous le vent, dans les buissons hostiles trainent quelques bouteilles en plastiques. Les vagues semblent venir de loin et ne jamais se terminer, elles n'ont pas la force des gros rouleaux mais une douce langueur qui les fait durer à l'infini. On peut marcher dans l'écume pendant des dizaines de mètres en ayant toujours pied. Nous sommes seuls, accompagnés seulement de beaux grands pélicans qui se jettent dans l'eau blanche. Je profite longuement des vagues qui me manquent cruellement dans toutes ces plages où l'eau est calme comme un lac.

Nous passerons l'après-midi à ne rien faire sur le balcon puis à organiser la location d'une voiture pour les prochains jours avec la réception. Le verbe exact pour décrire notre journée serait "lime" en langage local, ce qui signifie qu'on ne fait rien de précis mais qu'on profite agréablement du temps qui passe. Le deuxième jour, nous avons la voiture et partons explorer l'île. Tobago m'apparait comme étant un lieu particulièrement charmant. Il s'en dégage une atmosphère de douceur fleurie et de bonne humeur. Nous nous arrêtons visiter un "sanctuaire" pour oiseaux au bout d'une petite route. C'est une ancienne sucrerie détruite par un ouragan et transformée en réserve naturelle. Des gens sont censés nourrir les oiseaux tous les jours et pourtant tout semble abandonné. Personne n'est là pour accueillir les visiteurs et les chemins de promenade sont recouverts de hautes herbes et coupés de bois mort. Nous avançons comme nous pouvons entre les branches,  nous croisons des cabanes écroulées et recouvertes de végétation. Autour de nous, les feuilles bruissent et l'on voit parfois un battement d'aile mais il est difficile d'observer ces petits animaux rapides que sont les oiseaux. J'avance un peu plus loin parmi les bambous, le chemin n'est plus visible et je suis comme dans un autre monde auquel je n'appartiens pas. J'ai l'impression de surprendre cet univers étranger, je le sens qui vit autour de moi sans que je puisse le saisir. Les seuls oiseaux que nous pouvons bien observer sont les cocricos. C'est l'oiseau national de Tobago. Il fait à peu près la taille d'une grosse poule mais est entièrement noir sauf  la tête rouge. Nous les voyons souvent au sol, couchés dans des trous qui doivent être leurs nids, nous voyons même des poussins. Mais malgré leur taille, ils volent aussi dans les arbres et remuent bruyamment de branche en branche.

Nous repartons bientôt et prenons la route qui monte vers le nord sur la côte caraïbe. Pendant longtemps, la mer, pourtant proche, n'est pas visible. Elle est cachée par la végétation dense et par de hautes collines recouvertes de hautes herbes. Mais voilà que nous passons de l'autre côté et que nous longeons des criques bleues et magnifiques où de longues plages sauvages et blanches nous appellent. Nous montons jusqu'à une ville nommée Parlatuvier : quelques maisons  au fond d'une petite baie, des palmiers et du sable. Nous déjeunons à l'ombre d'un cocotier en compagnie de poules et de quelques chiens jaunes qui lorgnent sur nos sandwichs. La mer limpide nous regarde, jonchée de barques paresseuses qui dorment gracieusement au soleil. En remontant une petite rivière pendant à peine 5 minutes, nous arrivons à une jolie chute d'eau et nous pouvons nous baigner dans l'eau douce et fraiche. Puis nous retournons nager à plage et passons l'après-midi dans ce petit paradis.

Pour repartir, nous traversons l'île par la route qui coupe la forêt. Nous quittons les maisons et ne croisons plus que les hauts bambous, les arbres aux racines géantes, la dense végétation de la forêt tropicale. Depuis les hauteurs, nous avons de magnifiques panoramas sur l'ensemble de l'île. Puis nous voilà sur la côte atlantique à descendre vers le sud.  Les plages n'ont plus la beauté paradisiaque des criques de la côte caraïbe, mais j'aime leur aspect désolé, battu par les flots qui viennent lécher les pieds des palmiers fatigués par le vent. Ici, il y a des vagues qui éclatent sur les rochers, de longues étendues de sable brun, une eau houleuse et sombre dans la lumière du soir. La route n'en finit pas, il fait presque nuit quand nous rentrons à l'hôtel pour manger les bananes plantins et l'avocat achetés au marchand de légume en buvant de l'eau de coco.

Troisième jour à Tobago et deuxième jour d'excursion, nous montons vers la pointe nord de l'île. Nous avons pris rendez-vous avec un bateau pour nous rendre à Little Tobago, une toute petite île inhabitée. Elle était possédée par un riche anglais qui se rendit vite compte qu'il ne pouvait rien y faire pousser car elle était trop sèche. Après un voyage en Papouasie, il y installa des oiseaux de paradis et la transforma en réserve. Plus tard, son fils qui s'y ennuyait (on s'y sent vite seul) rendit l'île au gouvernement qui garda la réserve d'oiseaux. Mais les oiseaux de paradis furent décimés par un ouragan en 1963 et comme ils n'étaient pas natifs des caraïbes ils ne furent pas réintroduits. Heureusement, il y a beaucoup d'autres espèces et nous avons aujourd'hui un guide. C'est très pratique car il peut nous montrer les oiseaux que sinon nous n'arriverions pas à voir et nous les nommer. Il imite leur chant et les oiseaux lui répondent. Je vois un Mot Mot, noble et coloré, sur une branche et du haut d'une falaise, nous pouvons voir voler un magnifique oiseau blanc. Il fait la taille d'une mouette mais est beaucoup plus fin et gracieux et possède une très longue queue comme un ruban dans le vent.

Le bateau est une barque à moteur un peu plus grande que les water taxis que nous prenions dans les grenadines et beaucoup plus calme. Dans son fond, sont découpées de grandes fenêtres vitrées pour pouvoir observer les fonds marins mais aujourd'hui la visibilité n'est pas très bonne. Nous profiterons quand même de la longue séance de snorkelling (nage avec masque et tuba) autour du bateau dans les coraux colorés et peuplés de poissons. Puis revenus à terre, nous terminerons notre après-midi sur la jolie plage dont nous sommes partis. Elle appartient à un charmant hôtel, installé dans sa crique au bout du monde avec une vue imprenable sur Little Tobago. Les chambres donnent directement sur la plage et l'on est loin de tout : encore un lieu paisible à noter pour une retraite philosophique loin du monde. Nous rentrons encore plein de sable et de sel dans notre hôtel à nous qui est, lui aussi, tout à fait paradisiaque.

Le vendredi est notre journée bonus. Nous aurions dû repartir aujourd'hui mais Tobago était si agréable et nous y étions si bien que nous avons voulu rester un jour de plus. D'ailleurs, il nous faut changer de chambre car les appartements sont tous réservés. Le vrai hôtel se trouve en fait dans la même rue un peu plus loin, il a lui aussi une petite piscine. Les chambres sont dans des pavillons de plein pied qui donnent sur un jardin fleuri avec le bassin au centre. Dans les buissons fleuris, papillonnent des colibris furtifs au plumage luisant et de petits moineaux plein de couleurs. Nous avons une terrasse avec un hamac et une très grande chambre mais pas de cuisine. Une fois installés, nous repartons en voiture pour profiter de l'île une dernière fois. Je voulais visiter le jardin botanique mais il s'avère n'être qu'un grand parc, agréable certes, mais qui n'a rien d'extraordinaire. Puis nous roulons jusqu'à Pigeon Point, au coeur de la zone touristique que nous avons évitée jusqu'à présent. C'est à la pointe sud de l'île, il faut payer pour rentrer. La plage est jolie : sable blanc et palmiers, mais a le défaut d'être peuplée. Il y a des bars et des restaurants, des tables partout où les gens mangent toute la journée. Beaucoup d'enfants crient et jouent dans l'eau et la zone de baignade est limitée à cause des bateaux. Heureusement, il y a tout de même la place de s'éloigner un peu de la foule et de se trouver un petit coin d'eau bleue où l'on voit des bancs de petits poissons qui bondissent près des rochers. Nous passons notre dernière soirée au bar de l'hôtel, ils ont ce soir un menu spécial barbecue qui est très peu cher et organisent une soirée Karaoke, l'ambiance est bon enfant et agréable. Nous profitons du jardin fleuri, de la piscine jusqu'au bout, jusqu'au lendemain matin où nous devons ranger nos affaires et repartir vers le port.

Non seulement quitter Tobago est une chose désagréable mais, en plus, ce n'est pas simple. Nous avions voulu acheter nos billets à l'avance mais c'était impossible : lundi à l'agence, les ventes n'étaient pas "ouvertes". Puis la gérante de l'hôtel nous a fait peur en nous disant qu'ils n'avaient plus de billets avant mardi. Mais ce sont toujours les agences et rien ne semble centralisé. Plutôt que de gâcher nos journées à faire le tour de ces fameuses agences pour acheter d'éventuels billets, nous décidons d'attendre le jour même et de les acheter au port comme à l'aller. Nous arrivons donc à midi 1/2 au guichet, mais au lieu de billets, nous devons mettre nos noms sur une liste et revenir à 14h. Que signifie cette liste ? Si le bateau est plein, pourquoi faire une liste d'attente de 80 personnes, et sinon pourquoi ne pas directement vendre les billets ? Nous attendons dans le grand KFC où nous avons pris des boissons que nous ne buvons pas. Scarborough n'est pas vraiment une ville, de grands bâtiments en taule sont déposés le long de ce qui ressemble à des rues avec quelques restaurants, boutiques et bars. A 14h, nous revenons devant le guichet, une foule est entassée dans la chaleur et une dame appelle les gens de la liste un par un. Nous avons peur de ne pas avoir de place, notre autre possibilité est de se rendre à l'aéroport où nous espérons trouver un avion car il en part toutes les demie heures. Cependant, voilà qu'on finit par nous appeler. Nous sommes à la fin de la liste, après nous, ils permettent  aux "hors liste" d'acheter des billets et au final, le bateau n'est pas plein. Après l'attente des billets, il faut encore faire la queue pour le check in puis pour rentrer dans le bateau où enfin, nous pouvons nous installer dans la même grande salle climatisée qui nous a accueillis à l'aller. Le système de ferry entre Trinidad et Tobago reçoit définitivement la note de la pire organisation de vente de billets qui est compensée par son prix dérisoire. Si vous souhaitez réserver des dates à l'avance de façon sure et éviter les sueurs froides et les attentes dans la chaleur, prenez l'avion !

Pour notre dernière soirée à Trinidad, nous allons dans un restaurant indien et dînons avec notre hôte. Nous sommes dans un grand centre commercial, il y a de la musique et beaucoup de monde ce samedi soir. J'ai accusé le KFC d'engraisser la population mais je dois dire qu'ils ne sont pas les seuls : il y a énormément de fast food et de restaurants américains. Le poulet frit est pratiquement l'aliment de base, les roties et la nourriture asiatique sont plus sains mais l'excès de graisse et de sucre est visible dans la population. Dimanche, nous quittons Trinidad : Sébastien part aux aurores pour rentrer vers la Martinique puis Paris, tandis que Rébecca et moi continuons vers la dernière étape de notre voyage : La Barbade.

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Trinidad

Nous arrivons à Trinidad par avion tôt le samedi 6 août au matin. Dès l'atterrissage, on se rend compte que l'île est beaucoup plus grande que celles que nous avons visitées jusqu'alors. Il y a des montagnes, mais elles sont lointaines et laissent la place à de larges plaines. Le taxi qui nous emmène à Port-of-Spain roule pendant 1/2h sur une large autoroute. Nous logeons chez un couch surfer (cf le site couch surfing) que Rébecca connait déjà. Il vit dans une petite maison dans un quartier résidentiel accessible à pied depuis le centre ville. Port-of-Spain aussi est à l'échelle de l'île, c'est une véritable ville, nous nous lançons dans ses rues sous le ciel brulant. La rue principale est pleine d'une agitation fourmillante. Les voitures avancent au pas entre les multiples piétons qui s'affairent autour des étals de fruits, légumes, vêtements, portables, etc. Les boutiques sont à la fois dehors et dedans, partout à la fois. Nous voudrions rejoindre un "food hall" que nous savons être à l'étage d'un centre commercial. Mais il y a des centres commerciaux partout, labyrinthe infini entre les rues agitées, ils se ressemblent tous, comment savoir lequel est le bon ? Marcher dans la ville étouffante de chaleur, de pollution, de foule, de bruit, en passant sans arrêt de passages couverts et climatisés au soleil de plomb, alors que nous n'avons ni mangé ni bu, est épuisant. Nous finissons par nous écrouler dans un subway. La chaine de sandwich a pris possession de la ville et l'on en voit partout, ils font la guerre aux KFC qui, eux aussi, ont poussé à tous les coins de rues, engraissant la population à coup de poulet frit.

J'ai faim, mais je n'ai pas envie de manger, l'effusion de viande, de salades, de sauces me dégoute. Nous n'achetons qu'un seul sandwich et surtout, beaucoup d'eau. Un peu rafraichis, nous reprenons notre course éreintante. Nous finissons par trouver, oh miracle, le fameux "food hall". Là bas, nous pouvons acheter des roties chauds et délicieux et les manger assis dans une salle climatisée. Les roties sont des plats qui viennent de la communauté indiennes arrivée dans les caraïbes en tant que travailleurs pauvres après la fin de l'esclavage et très présente à Trinidad. Dans une grosse crêpe épicée, on met de la viande en sauce, des pommes de terres et des légumes. Mon appétit est revenu et le rotie en question est tellement nourrissant que j'aurai à peine besoin de manger pour les deux prochains jours. Sur certaines boutiques indiennes, je vois des inscriptions "All Food Hallal" et l'on croise parfois des jeunes femmes voilées. Il y a donc une communauté musulmane à Trinidad, vient-elle de l'immigration indienne ou d'une conversion plus tardive de la population ?

Après le repas, nous marchons jusqu'au port car nous voulons acheter nos billets de ferry pour Tobago. Cela s'avère impossible : au port, ils ne vendent que les billets du jour même et sinon, il faut passer par des agences qui sont fermées le week-end. Le système d'achats de billets est d'ailleurs assez mal fait. Rien n'est jamais très clair, nous verrons que les agences annoncent le bateau plein quand en fait il est possible d'acheter ses billets autrement, agences dont les adresses sont d'ailleurs difficiles à obtenir. En espérant en trouver une ouverte, nous marchons près du port. Port-of-Spain est le genre de ville qui s'est développée rapidement d'un point de vue économique mais qui n'est pas touristique et n'a pas encore compris l'importance que le loisir pouvait avoir. Ainsi, la zone du port est tout à fait désagréable. Elle est flanquée d'une autoroute urbaine à 8 voies et l'on ne voit pas la mer, cachée derrière des murs gris et des entrepôts. Mais on sent que les choses changent. Nous sommes visiblement dans le quartier des bureaux et grandes entreprises. De belles tours toutes neuves ont poussées et au pied de l'une d'elle, un petit café chic offre une vue sur la mer avec des palmiers. La grande rue aussi est joliment décorée d'arbres et de verdure. Bientôt peut-être, la ville déménagera son port industriel vers des faubourgs lointain et aménagera une jolie promenade en bord de mer...

Le soir, nous ressortons pour diner. Notre hôte habite à côté de Savannah Park. A la sortie du centre, c'est une grande prairie agréable où les gens viennent faire du sport l'après midi, l'équivalent local de Central Park. Le soir, on trouve de petites échoppes qui vendent de la nourriture et des boissons. Il y règne une ambiance gaie et familiale. J'ai du mal à me rappeler que le dollar local vaut quatre fois moins qu'à Saint-Vincent car tout est si peu cher. Je n'ai pas très faim à cause du rotie de ce midi. Je me nourris d'une autre spécialité indienne, le "Doubles", petite galette frite avec une sauce aux haricots. C'est plus un encas qu'un repas mais ça me suffit largement, en euros, cela coûte moins de 50 centimes. Un jus de fruit frais coûte 2 euros, tout comme une viande grillée au barbecue.  Nous trainons entre les stands, goûtons les spécialités, puis rentrons tranquillement nous reposer.

Nous sommes réveillés le lendemain matin par la voisine qui, dès 6h30 du matin, allume la musique et inonde la rue de chants religieux. Une habitude dominicale ? Je continue à dormir tant bien que mal, mais la musique perturbe mon esprit et mes rêves. Nous nous levons donc, fatigués, et préparons notre journée. Que faire un dimanche sans voiture à Port-of-Spain ? Nous décidons de rejoindre une station de "maxi-taxis" pour nous rendre à Chaguaramas, pour cela il fait à nouveau traverser la ville. Les maxis-taxis sont des sortes de mini bus du genre de ceux que l'on a pris jusqu'à présent. Nous ne sommes pas surs d'en trouver le dimanche, nous avons un peu peur de nous trouver coincés loin de Port-of-Spain. Nous ne voulons surtout pas rentrer de nuit. La réputation de dangerosité de Trinidad est surestimée, mais se promener seuls dans le centre-ville la nuit reste dangereux. Enfin bon, en attendant, nous sommes dans une pizzéria qui offre le wifi et je mange une glace en regardant la télé allumée. Je vois les clips qui défilent, d'un seul coup, une émission hindou où des jeunes filles font la danse du ventre. Il y a aussi une annonce pour l'audition de "Socca star', la nouvelle star version "Socca" ? (La socca est la musique rythmée très populaire que l'on entend surtout au moment du carnaval).

Finalement, nous rejoignons bien les "maxi-taxis" qui ont l'air de passer régulièrement. Je pensais que Chaguaramas était une petite ville en bord de mer mais, en fait, il n'y a pas de ville. Nous descendons sur une plage où nous nous baignons malgré les averses fréquentes. Elle n'est pas très grande, un peu sale mais correcte, peuplée de familles indiennes qui louent des espèces de "vélos-surf" et s'amusent gaiement. L'eau est tiède, brunie par la pluie récente, mais le bain est agréable après la lourdeur de Port-of-Spain. Chaguaramas est en fait une espèce de réserve naturelle avec plusieurs plages populaires qui s'étalent. Il y a des possibilités de balade en forêt que nous ne ferons pas et des jolies petites îles que nous ne verrons que de loin. Nous faisons le tour du lieu à bord d'un maxi-taxi et retournons vers Port-of-Spain. Nous rentrerons assez vite et attendrons patiemment l'heure d'aller à Savannah Park manger des Doubles et boire des jus de fruit. Le lundi, nous prendrons le bateau pour Tobago. Là bas, nous serons si bien que nous resterons jusqu'au samedi quand nous comptions rentrer le vendredi. Mais il ne faut pas croire que Trinidad n'ait rien à offrir : l'île demande seulement du temps que nous n'avons pas. Avec une semaine de plus et une voiture de location, nous pourrions en faire le tour, voir ses routes où peu de touristes se risquent, voir le lac d'asphalte au sud de San Fernando, chercher le Scarlet Ibis dans les mangroves. Mais cela ne restera que des images rêvées, peut-être pour un futur voyage, un jour...

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Grenade

Quand nous arrivons sur le quai de petite Martinique, nous ne voyons pas de bateaux mais des gens qui attendent avec leurs bagages. Nous demandons si le ferry pour Grenade arrive bientôt et ils nous désignent un petit yacht bien minuscule pour un si long trajet. On nous explique que le grand bateau est plus loin et qu'on le rejoint avec le petit. Après avoir attendu 1/2 heure à fondre dans la chaleur humide on nous laisse enfin nous installer et le bateau part rapidement. Nous sommes assis à l'intérieur, plutôt en dessous du niveau de l'eau. Par les petites fenêtres carrées, nous n'apercevons que le ciel gris et uniforme qui se balance. Le moteur vrombit de façon très désagréable et nous devons fermer les yeux et chercher la somnolence pour ne pas être malade. Heureusement, le voyage est court et nous changeons de bateau à Carriacou, rejoignant le plus grand ferry qui doit nous amener à Grenade. Nous sommes maintenant assis à l'extérieur et profitons de l'air frais marin. Nous regardons l'île de Carriacou s'éloigner, voguant vers le sud. Je me lève bientôt pour regarder les vagues se briser sur les flancs du bateau. L'attraction la plus amusante reste l'observation des poissons volants. Plus je les regarde, plus je trouve ces animaux improbables et étranges. A les voir planer au dessus de l'eau, on croirait que quelqu'un s'est amusé à prendre un poisson tout ce qu'il y a de plus poisson et à lui attacher deux petites ailes télécommandées pour le balader au dessus des vagues. Car quand on dit "volant", c'est qu'ils ne font pas que bondir rapidement, ils restent plusieurs dizaine de seconde hors de l'eau à virevolter avant de replonger. Ils sont très rapides et parcourt ainsi parfois 20 ou 30 mètres. On a l'impression qu'ils font ça pour s'amuser. Un autre être marin vient enchanter les passagers : un dauphin qui bondit plusieurs fois juste à côté du bateau comme pour se faire mieux admirer.

Nous arrivons à Grenade par le nord et devons longer toute l'île pour rejoindre le port de Saint-Georges. Les grands oiseaux nous accueillent alors que nous nous rapprochons de la côte. Avec Grenade, nous retrouvons une grande île. Derrière ses côtes sauvages, un paysage escarpé dont les sommets se perdent dans la brume. Parfois, l'île est creusée d'une grande vallée qui descend jusqu'à la mer. La terre se termine en rochers et falaises parfois découpées de petites plages brunes. En descendant vers le sud, les plages se font plus grandes et les habitations plus régulières. Puis, au creux d'une baie, apparaît Saint-Georges, blanche et unie, qui escalade joliment sa colline avec ses belles maisons géométriques. Nous voilà sur le quai à refuser les nombreux taxis, l'un d'eux, fair play, nous indique l'arrêt de bus. Nous montons dans le mini-van qui doit nous amener à destination. Les bus ont des numéros affichés sur le pare-brise, ce qui facilite les choses. Nous sommes un peu serrés avec nos sacs, mais ça aurait pu être bien pire. Il y a en général deux personnes importantes dans le bus : le chauffeur imperturbable et le jeune homme qui s'occupe de la porte. Son rôle est crucial : il scrute les passants pour les alpaguer quand le bus n'est pas plein, il s'assure que tout le monde paye et surtout il organise les places assises dans le bus. Celui qui est là aujourd'hui est plein d'une énergie gaie et insouciante. Le sourire aux lèvres, il passe son temps accroché à son téléphone portable. Nous imaginons qu'il donne rendez-vous à ses différentes petite amies le long du trajet. C'est à lui que nous donnons notre destination, les passagers qui connaissent la route se contente de tapoter la vitre quand ils souhaitent descendre.

Nous nous rendons dans un village appelé Crochu, il se trouve assez loin de la capitale et quand nous arrivons, la nuit est en train de tomber. Il nous faut encore descendre une route à pied puis marcher sur un chemin boueux où nous allumons des lampes de poche. Dans la nuit noire, nous trouvons enfin l'hôtel et pouvons nous installer dans notre chambre. En fait de chambres, ce sont de petits chalets en bois, montés sur pilotis, installés dans un grand jardin. Nous dînons d'un délicieux curry de poulet préparé par la maîtresse de maison et rentrons nous reposer. La chambre comporte deux lits d'une place et un matelas par terre rajouté pour nous, mais ce n'est pas très pratique. En effet, nous sommes au milieu de la nature, il y a des bestioles et personne ne veut dormir sur le sol. Nous devons donc nous partager un lit d'une place avec Sébastien sans s'emmêler dans la grande moustiquaire qui nous tombe dessus, la nuit n'est pas très confortable. Au matin, nous découvrons le jardin fleuri qui embaume l'air et la vue magnifique sur la mer. L'endroit est parfait pour une retraite au calme où l'on passe des journées paresseuses à lire sur le balcon. Nous décidons cependant de ne passer ici que 2 nuits au lieu des 4 prévues initialement. Nous voulons nous rapprocher de la ville et de l'aéroport. Aujourd'hui cependant, nous profitons du lieu. Nous descendons vers la plage, nous perdons, marchons à travers un petit chemin dans la forêt. Mais la plage est jolie, sauvage. Les vagues de l'Atlantique se brisent au loin sur des rochers et nous nageons dans l'eau calme. Le soleil tape quand nous remontons. Rafraîchis par la douche, installés sur notre balcon, nous aurions envie de ne plus bouger de l'après-midi. Mais nous n'avons rien à manger et il faut tirer de l'argent pour payer la chambre. Nous devons prendre le chemin qui grimpe vers l'arrêt de bus, écrasés par la chaleur. Le bus nous emmène à Grenville, à 20 minutes au nord de Crochu, c'est la deuxième ville de l'île. Nous descendons au milieu du marché, l'air est parfumé d'épices. La ville est plutôt jolie, très vivante. Nous mangeons des roties sur un parking près de la mer : nous ne sommes pas dans un lieu touristique, rien n'est joliment aménagé. Quand un mendiant s'approche pour nous demander de l'argent, il est vertement chassé par une vendeuse. Avant de repartir, nous nous baladons sur le marché. Grenade est "l'île aux épices", en particulier, c'est ici que pousse la noix de muscade. Arrêtée près d'un petit étal, je passe du temps à choisir ceux que je veux rapporter. Ici, pas besoin de marchander, de ruser, de déjouer quoi que ce soit, la vendeuse discrète m'explique tout ce que je veux savoir et n'essaie pas de me forcer la main. Mais j'ai acheté chez elle presque 10 euros d'épices et elle est visiblement contente : elle m'en rajoute gratuitement quelques-uns. Nous voilà à nouveau dans le minibus à virevolter le long de la côte atlantique, essayant d'apercevoir la mer et le paysage à travers les fenêtres grises. En rentrant, nous nous arrêtons sur un coup de tête dans un endroit qui semble être un bar le long de la route qui descend vers l'hôtel. On nous accueille l'air un peu surpris, mais oui, c'est un bar et l'on nous sert volontiers à boire. Il est agréable de profiter de la fin de journée avec une boisson fraîche après le trajet en bus. Assis dehors sous un auvent, des hommes jouent aux dominos et ça a l'air d'une affaire sérieuse. Par ailleurs, une femme joue à un jeu de carte avec son petit-fils. Les règles sont simples, nous les comprenons vite et jouons avec elle. S'ils ont été surpris de nous voir, les clients (des habitués et la famille) sont maintenant ravis de nous avoir et nous passons un moment très agréable. Nous prenons des photos de la dame et de son petit fils, nous prenons son adresse et lui enverrons une carte de Paris. Le soir, je rencontre le gérant de notre hôtel pour lui payer la chambre. J'avais déjà vu sa femme la veille. Ils forment tous les deux un couple étrange et assorti. Lui est allemand et elle grenadienne. J'ai eu les plus grandes difficultés à communiquer avec lui par email car il ne répondait jamais clairement à mes questions : A quelle distance est la station de bus ? Comment se rend-on à l'hôtel depuis Saint-Georges ? La réservation est-elle confirmée ?... Quant à elle, nous avons toujours l'impression qu'elle ne comprend pas ce qu'on lui dit. Quand on lui pose une question, elle nous regarde avec un air un peu absent et nous répond souvent un peu à côté. C'est comme si elle comprenait les mots mais pas la signification globale de la phrase ni le rôle qu'elle doit jouer dans la conversation. Les deux semblent vivre dans un monde à part, plus lent, plus doux. Coupés du monde dans leur petit paradis verdoyant, leur mode de vie leur convient visiblement. Ils sont un peu déçus que nous ne restions pas plus longtemps, je leur explique que la chambre ne va pas pour trois même si je ne suis jamais sure qu'ils aient compris le problème. Cependant, ils sont très sympathiques et nous donnent beaucoup de conseils sur Grenade. Notre départ imminent les réveille provisoirement de leur torpeur habituelle. Je pense que leur affaire fonctionne à peu près, car l'endroit est très joli et doit beaucoup plaire aux âmes romantiques en recherche de nature et de calme. Il y a un Allemand dans le chalet voisin du nôtre qui passe ses journées assis sur son balcon à regarder la vue... Et voilà, nous quittons le paradis. Les rastas opposent le Zion, qui représente la nature avec laquelle on doit vivre en harmonie, à Babylone qui représente tous les travers et absurdités de la société moderne. Nous avons quitté le Zion et nous rapprochons de Babylone : notre nouvel hôtel est situé dans la zone touristique au sud de Saint-Georges, plus de beau jardin fleuri mais une route avec des voitures, on a aussi remplacé les moustiques et bêtes bizarre par l'air climatisé ! Les bus passent à moins de 50 mètres. Nous avons dû en prendre deux différents pour venir. Ils sont déjà au rythme du carnaval qui aura lieu ce week-end (mais que nous ne verrons pas) et la Soca s'échappe de toutes les radios. C'est une musique antillaise très rythmée et répétitive faite pour danser et défiler. A peine arrivés que nous repartons vers la plage, Grande Anse, qui se trouve à 5 minutes en mini-bus. Nous descendons car nous voyons un peu de sable et de soleil au bout d'une rue, et voilà la plage qui s'étend dans toute sa beauté. C'est le genre de plage de rêve dont on fait des affiches dans le métro pour vendre des voyages organisés. Elle s'étend sur 2 kilomètres, sable blanc, mer turquoise, lisse comme un lac, de grands palmiers pour l'ombre. Nous entrons dans un petit bar où un vieil Antillais joue de la guitare et chante d'une voix chaude et sucrée pour le plaisir de deux touristes américains qui lui paient des verres. Nous prenons de l'eau et des beignets fourrés à la viande. Nous sommes à nouveau dans le monde des touristes : les prix sont traduits en US dollars, on peut louer des chaises longues sur la plage et de jeunes pinups viennent acheter des cocktails glacés qu'elles vont boire sur le sable. Mais la plage est grande et belle et pas du tout surpeuplée. Elle est aussi utilisée par les locaux et des familles viennent profiter de ce joli coin de paradis. En outre, une plage touristique a aussi des avantages qu'on ne trouve pas dans les criques désertes : des toilettes et des douches (propres) par exemple ! Après s'être rafraichis dans l'eau claire et s'être doucement séchés à l'ombre d'un arbre, nous repartons pour aller visiter Saint-George. La ville ne manquait pas de charme depuis le bateau et nous voulons la voir de plus près. D'un côté la marina touristique avec ses maisons blanches et ses restaurants chics, de l'autre le centre ville où nous descendons au terminal des bus : gros bloc de béton gris juste devant la mer. Entre les deux, il y a une grande colline et en haut le vieux fort que nous voulons visiter. Nous aurions voulu éviter de prendre un guide mais l'entrée officielle du fort est fermée et nous ne pouvons visiter qu'en suivant Paul qui ne tarit pas en explication sur sa ville, nous pointant tous les bâtiments, nous expliquant les dégâts de l'ouragan, la révolution communiste (mais je n'ai pas tout compris) et d'autres choses. Il est très exubérant et se lance sans arrêt des fleurs, vantant ses tarifs avantageux et son expérience. Visiblement aussi religieux, il fait une prière pour nous auprès de Jesus-Christ pour que notre séjour se passe bien : nous voilà rassurés ! Comme nous le payons généreusement, il est très contente et nous indique un restaurant populaire bon et pas très cher à côté du central de bus. Nous quittons Paul et allons prendre un verre dans un petit bar décoré de drapeaux. Puis l'heure tourne et nous allons au restaurant en question : grande cantine self service où l'on sert de délicieux plats à des prix modiques. Nous rentrons assez tôt à l'hôtel pour nous reposer avant notre dernière journée à Grenade. Le vendredi, nous essayons de ne pas nous lever trop tard pour aller faire une balade un peu au nord de l'île. Nous longeons la côte caraïbe que nous avions vue du bateau, la mer apparaît magnifique à chaque tournant, en bas de la côte raide et couverte de végétation. Au milieu des palmiers, brillent les bien nommés flamboyants aux fleurs d'un rouge éclatant. Nous descendons dans la ville de Concord et devons maintenant monter à pied une longue route ensoleillée pour voir une chute d'eau. Nous avons choisi l'option des pauvres (ou des courageux) et n'avons pas pris d'excursion organisée hors de prix ni même loué une voiture. C'est pour ça qu'il nous faut marcher tandis que les touristes nous doublent dans leurs taxis. Ce n'est pas évident mais le soleil n'est pas encore trop haut et la chaleur est supportable. En ce moment, je lis "Autoportrait de l'auteur en coureur de fond" de Murakami et je suppose que cela me donne du courage. Nous passons d'abord devant des maisons puis la route s'enfonce dans les terres et nous ne voyons presque plus d'habitations. La route est goudronné et la végétation n'est pas complètement sauvage, nous voyons des petites plantations et des jardins. Je peux reconnaitre quelques arbres comme l'arbre à pain où pendent les grosses boules vertes et rugueuses, ou le bananier (facile), je vois aussi des papayes et des avocats. Je respire le doux parfum humide de la forêt et le vent frais de la rivière me fait du bien. Je n'ai aucune idée de la distance à parcourir et j'économise mon énergie au maximum en marchant très lentement, quand au bout de presqu'une heure apparaît la chute d'eau, je suis surprise et enchantée. Elle n'est pas exceptionnelle, mais on peut se baigner dans son joli bassin : tout petit mais 6 mètres de profondeur. Quel bonheur de m'épuiser dans l'eau fraiche après cette marche, de nager contre le courant, de luter contre les remous et de plonger la tête sous la chute. Nous redescendons bientôt et je peux prendre un véritable plaisir à la balade. Je vois la forêt sauvage sur les flancs de la colline : les bambous qui frissonnent de leurs petites feuilles fines, les plantes plus lourdes d'un vert sombre et les grands arbres qui s'échappent au dessus de la mêlée avec leurs troncs torturés et magnifiques. Nous mangeons nos sandwichs en attendant le bus, deux passent sans nous prendre car ils sont pleins. Le système des mini-bus peut paraître anarchique mais c'est en fait la première fois que nous avons à attendre ! De retour à l'hôtel, nous nous reposons et ne ressortons que vers 16h30 pour aller nous baigner. Le bus nous dépose devant un hôtel de luxe et nous traversons avec curiosité ses longues étendues de gazon parsemées de fontaines et de fleurs. Nous trouvons la plage et nous éloignons un peu de l'hôtel pour nous baigner. Il y a en fait un autre accès que nous pourrons utiliser pour partir. La aussi, c'est une plage magnifique, il y a un peu plus de vagues qu'à Grande Anse mais c'est très agréable. Nous profitons de la fin d'après-midi dans le soleil plus doux à cette heure tardive. Quand nous partons, nous croisons un groupe qui se prépare à prendre un barbecue sur la plage. Et c'est notre dernière image de Grenade, nous mangeons nos dernières provisions et préparons nos sacs pour prendre l'avion le lendemain pour Trinidad.

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