One Steppe into the world
Me voilà rentrée en France après cet incroyable voyage ! Comme je l'avais prévu, je n'ai pas eu accès à internet. D'ailleurs, nous ne sommes pas allés en ville du tout. Cependant, chaque jour, j'ai pris en note mon voyage sur le netbook et j'ai décris mes journées avec minutie. Si j'avais dû attendre mon retour, j'aurai oublié les détails et les sensations, mais là, tout est intact sur l'ordinateur. Je publierai donc au fur et à mesure les notes que j'ai prise.
Mais déjà, petite note générale : le voyage s'est très bien passé ! Nous n'avons eu aucune galères ni même vraiment d'embêtements. Bien pris en charge par l'agence locale DMD et par notre guide et nos deux chauffeurs, nous n'avons eu à nous soucier de rien. Chaque jour a été plein de surprises, de rencontres, de découvertes. Un voyage que je garderai en mémoire à coup sûr !
Première note : Départ pour la steppe
lundi 26 juillet
Au matin, nous retrouvons notre chauffeur et rencontrons notre guide, Erica. Nous voilà dans le van en direction de la steppe. Nous traversons Oulan Bator. Malgré son petit centre, la ville comporte un million d'habitants. Les quartiers se ressemblent. On est lundi aujourd'hui, il y a plus de voitures et les rues sont pleines de vie. En périphérie de la ville, on peut voir de grosses usines qui crachent leur fumée. Dans leurs girons, quelques habitants dans des yourtes ou petites maisons. Mais entre deux masures décrépies, se dresse parfois une grosse boutique de voitures avec façade en verre comme on pourrait en voir dans une zone industrielle française. Nous nous éloignons vers les faubourgs de la ville. Un peu en retrait, des habitants sont installés dans des camps de yourtes qui s'étendent comme des petits villages. Ils n'ont pas de quoi se payer un appartement en ville. Mais ces banlieues pauvres ne ressemblent pas non plus à des bidonvilles. La yourte est une petite habitation confortable et chaque famille a son petit espace entouré de palissades. Ils sont peut-être même mieux ici que dans des appartements de mauvaises qualité en ville.
D'un coup, le chauffeur quitte la route principale et part vers la montagne. Nous nous retrouvons seuls. Bientôt, nous voyons à nouveau nos amies les vaches. Autours de nous, les prairies s'étalent, certes encore salies par les reste de la ville. Assez vite, nous croisons de petites yourtes isolées. Puis, aux vaches s'ajoutent moutons, chevaux et chèvres. Nous entrons dans un autre monde... Nous nous arrêtons près d'un ovoo : ce gros tas de pierre porte bonheur aux voyageurs. Nous y déposons des cailloux et en faisons trois fois le tour comme de coutume.
Nous arrivons à Zuumod, c'est la capitale d'une petite province près d'Oulan Bator. Quelques bâtiments en dur, style soviétique, mais surtout beaucoup de yourtes et de petites maisons. Nous ne faisons que traverser pour rejoindre la réserve naturelle qui se trouve derrière. Sur la montagne sacrée de Bogd Khaan Uul, se trouve le temple Mandchir. Il a été construit au XVIIeme siècle puis détruit sous l'ère communiste. Il en reste principalement des ruines. Seul un de ses bâtiments a été reconstruit et sert de mémoire. Il faut grimper un peu pour y arriver mais, même,pour moi, ce n'est pas trop difficile. Il fait un temps magnifique aujourd'hui et l'endroit où nous sommes est splendide. Le paysage est assez différent de ce que nous avons vu jusqu'alors. La montagne est plus rocailleuse et abrupte, et sur ses flanc poussent de nombreux arbres. Nous nous promenons dans les rochers autour du temple. De hautes fleurs poussent un peu partout, colorées et magnifiques. On trouve de très nombreuses Edelweiss, ce qui parait étonnant. Nous sommes à l'entrée du parc national. Dans cette montagne vivent des loups, des lynx, des ours, des cerfs et pleins d'autres animaux. Nous voyons surtout des sauterelles qui bondissent dans l'herbe à chacun de nos pas.
C'est ici que nous nous installons pour manger. Dans le mini van, il y a toutes les provisions et tout le matériel nécessaires. Alors que nous nous étendons sur des matelas à l'ombre des arbres, notre chauffeur nous prépare un délicieux petit repas sur son réchaud. Ce serait parfait s'il n'y avait pas partout autour les restes de précédents passages : plastiques, bouteilles etc. Nous serons très consciencieux et ne laisserons rien de ce genre derrière nous. Pendent le repas, nous pouvons discuter avec Erica notre guide. Elle a 30 ans comme Seb et est journaliste. Elle se fait guide pendant ses vacances. Nous pouvons lui poser des questions sur son pays, nous sympathisons très vite. Notre chauffeur ne parle pas l'anglais mais a appris un peu de français à force de s'occuper des touristes. Son français nous permet tous les échanges basiques comme "manger" "partir" et pour le reste nous passons par Erica. Lui aussi est très agréable, il semble avoir le sens de l'humour et a toujours l'air très cool.
Nous repartons et dépassons Zuumod. La route maintenant, n'est plus qu'une piste. Nous sommes balancés à peu près régulièrement par le van mais parfois nous sautons presque de nos sièges quand on passe certaines bosses. Bientôt, nous nous engageons sur une piste plus petite et roulons à travers la steppe. La route devient plus aventureuse, le chauffeur change régulièrement de piste et roule parfois au milieu de nulle part, sur l'herbe. Nous croisons troupeaux et campements. Après quelques hésitations, nous trouvons la famille qui doit nous accueillir ce soir.
D'un seul coup, nous voilà plongés dans une autre réalité. Nous entrons dans la yourte qui semble si petite pour accueillir toute la famille. La maitresse de maison nous sert du thé traditionnel mongol : un peu salé avec du lait. C'est très bon, ça ressemble à un bol de lait chaud. La famille est assise autour de nous, notre guide sert d'interprète. Nous rencontrons la vieille grand-mère de 85 ans, je trouve ça émouvant... Puis nous allons à l'autre yourte où vit la seconde famille. Le maitre de maison a l'air très enthousiaste, sa femme nous sert des gâteaux, des petites filles nous regarde avec curiosité. Nous sommes vraiment au milieu de nulle part. Autour de nous, les prairies à l'herbe rase s'étendent à l'infini. A l'horizon, les montagnes se fondent dans le ciel. Nous ne voyons pas le troupeau qui est parti paitre plus loin. Notre guide nous explique que la famille est assez pauvre en ce moment : ils ont perdu de nombreuses bêtes cet hiver et n'ont pas assez de lait pour préparer les traditionnels fromages.
Je suis maintenant seule dans la yourte avec le chat qui est là pour chasser les souris et les mouches. J'en profite pour écrire ces lignes en attendant l'heure du diner...
Arrivée en Mongolie : Oulan Bator
Nous décollons de Moscou avec une heure de retard mais nous voilà finalement parti. Dans l'avion, est projeté "Ocean's Twelve"... en russe. J'ai donc tout le loisir de lire dans mon guide "Peuple du Monde" toute l'histoire de la Mongolie, de Genghis Khan à nos jours en passant par la période communiste. Par le hublot, le paysage défile. Jamais la nuit n'est vraiment noire, à l'horizon, le ciel reste rouge. Je vois s'étendre les plaines de Russie traversées par des rivières blanches sur la terre noire. Puis nous survolons des montagnes brumeuses qui percent à travers les nuages. En arrivant au dessus de la Mongolie, le ciel se couvre. Ce n'est qu'au moment de l'atterrissage que je peux voir le paysage. Pas de présence humaine perceptible, des collines striées de vallée, quelques pistes de terre. En se rapprochant, on peut distinguer des yourtes et des troupeaux. Puis, dans le fond, la ville qui s'étend.
A la sortie, nous rencontrons notre chauffeur qui, de façon assez surprenante, parle un peu français. Il nous montre le véhicule qui nous suivra dans notre périple. C'est une sorte de grosse camionnettes qui semble rafistolée à bout de ficelles. Elle me fait penser à la camionnette du film "Bird People of China" du réalisateur japonais Miike : regardez le film, vous comprendrez ! Les sièges ne sont pas trop inconfortables et heureusement, car ça saute ! Pas d'autoroute à la Moscovite pour relier l'aéroport à la ville : une simple petite route goudronnée, en gros l'équivalent d'une départementale. Sur la droite, les prairies qui s'enfuient vers les collines. Sur la gauche, peu de yourtes mais de petites maisons faites de bric et broc entourées de palissades. Et puis, de temps en temps, une ou deux vaches qui traversent la route.
Plus on avance, plus la proportion de construction "en dur" augmente, et bientôt, nous voilà dans une vraie ville. Le chauffeur nous dépose à l'hôtel et on arrive tant bien que mal à se donner rendez vous le lendemain à 10h. Notre hôtel est le seul bâtiment à peu près correct de la rue. A l'intérieur, il a un look un peu défraichis mais reste confortable. Nous nous étalons sur le lit pour "terminer" notre nuit.
Vers midi, nous sommes encore bien dans les vapes mais ressortons pour manger et visiter le centre ville. Oulan Bator est une ville assez particulière. De façon générale, elle a l'air plutôt délabrée : immeubles élimés, trottoirs défoncés. Certaines habitation ont l'air abandonnées jusqu'à ce que quelqu'un se penche par la fenêtre. Mais dans le centre, des buildings ultra modernes et des grandes tours de verre poussent. Il sont à peine terminés ou encore en construction : d'ailleurs, il y a des grues partout. Les avenues sont larges et vides ce qui donne cet aspect abandonné. Les voitures sont dangereuses (les piétons ne sont PAS prioritaires) mais peu nombreuses. Il n'y a pas de mendiants, seulement quelques vendeurs à la sauvette. Les gens n'ont pas l'air miséreux, même si, évidemment, nous sommes dans le centre. Les jeunes mongols sont habillés à la mode occidentale. Les filles portent des jupes courtes et mini short avec des chaussures à talons dernière mode. Des enseignes telles Louis Vuitton s'affichent dans les nouveaux centre commerciaux à peine sortis de terre.
Nous longeons la rue principale, bordée de boutique et de café à la recherche d'un endroit où manger. Nous entrons dans un café attrayant : il a un menu en anglais affiché à l'extérieur, il est spacieux et confortable. Ils vendent des sandwichs et différents plats. Ça coute plus cher que sans doute partout ailleurs (pour nous, ça reste très peu cher), mais on paye le confort, le personnel anglophone, le style : après une nuit blanche dans l'avion, nous ne sommes pas encore prêt pour trop d'exotisme. D'ailleurs, le café a du succès, tous les touristes y entrent. C'est le genre d'endroit qui se développe dans la ville, montrant sa volonté de devenir une capitale internationale.
Nous avons repris des forces et continuons notre visite. Autre aspect de la ville, ses bâtiments soviétiques d'une finesse de marteau piqueur comme ceux qui entourent la place principale. Mais tout est contraste, entre deux grues, un vieil immeuble délabré et une tours de verre, se cache un petit temple au charme intemporel. Nous visitons et payons le supplément photo : ce genre d'endroit a certainement besoin de notre argent ! On retrouve le même genre de style qu'en Corée : les couleurs, les peintures, les sculptures. On marche ensuite à travers les rues défoncées jusqu'à un autre monastère, plus récent, et visiblement encore en activité. Il est composé de plusieurs grosses yourtes colorées dans lesquels s'affairent des tas de mongols. La fatigue se fait sentir, nous nous effondrons à la "french bakery" où une étudiante mongole vient nous parler pour tester son français (ça fait deux personnes qui parlent français en une seule journée !). Puis, nous retournons à l'hôtel nous reposer.
C'est sans doute le dernier post avant notre départ demain pour la steppe. Une fois dans la nature, je ne pourrais sans doute plus trop me connecter. Je tiendrai mon carnet au jour le jour et mettrai en ligne dès que possible !!
Journée à Moscou
Nous atterrissons vendredi soir. De l'avion, nous voyons le soleil se coucher sur la Volga. A la sortie, un chauffeur de taxi jovial nous attend pour nous amener à l'hôtel. A peine sortis de l'aéroport, nous sommes happés par la chaleur. Moscou est sous la canicule depuis deux semaines, il fait nuit mais plus de 30°.
Nous filons vers la ville. Autour de nous, les barres d'immeubles se succèdent. Enfin, nous arrivons. Dans une pièce quelques voyageurs sont assis et pianotent sur leur ordinateur. Une petite dame blonde nous accueille et nous montre la chambre. Elle ne parle pas anglais et les échanges sont donc réduits au minimum. Pour 60 euros, à Moscou, pas trop loin du centre, on a le droit à une chambre spartiate avec deux lits une place et des sanitaires dans le couloir. Malgré le nom "B&B", le petit déjeuner n'est en fait pas compris, il y a une cuisine dans laquelle on peut se préparer ce que l'on veut. Un polonais sympathique (qui, lui, parle anglais et russe) nous montre la supérette où l'on peut acheter le nécessaire. Rien n'est très appétissant, on ne prend que de l'eau, on verra demain.
Il fait très chaud dans la chambre mais si l'on ouvre la fenêtre, c'est un peu comme si on dormait sur l'autoroute : nous donnons sur une avenue à 8 voies et les voitures filent en flux continu. De temps en temps, le passage d'un bus ou d'un tramway empire encore les choses. Comme de toutes façons, même fenêtre ouverte, il n'y a presque pas d'air, on choisit de garder la fenêtre fermée. Avec la chaleur, le bruit, le décalage horaire, pas facile de dormir, mais nous fermons quand même les yeux quelques heures.
Le lendemain matin, on quitte assez vite l'auberge. En guise de petit déjeuner, on achète des yaourts à boire Danone (c'est le seul truc qui n'était pas en russe) et on prend le métro vers le centre.
Nous voilà donc en plein Moscou. Le soleil tape dur et l'on marche à la recherche de la Place Rouge. On ne la trouve pas tout de suite et on erre dans un parc derrière le Kremlin. On s'assoit sur un banc à l'ombre et on y reste le temps de se reposer, de boire de l'eau et de regarder le plan. Enfin, on trouve LA place. Elle apparait, pas du tout vide comme dans la chanson, mais pleine de monde et brûlante sous le soleil du midi. On ne fait pas la queue pour visiter le Mausolée de Lenine qu'on ne verra que de l'extérieur. Autour de nous, en plus des touristes, des tas de mariés viennent se faire prendre en photo avec dans le fond le beau Kremlin tout rouge ou la grosse meringue de cathédrale Saint-Basile.
On marche bon gré mal gré, suants, vers la place Loubianka et son effrayant bâtiment du KGB. Puis on descend vers un resto-bar en sous-sol recommandé par le Guide du routard. La télé russe nous crie dessus des musiques désagréables mais le menu est copieux. Seb teste une soupe étrange à la bière moi, je reste plus classique. Nous sommes les seuls clients du restaurant, la serveuse semble rêveuse quand on lui dit qu'on vient de Paris.
Nous remontons vers le soleil qui tape toujours autant. On marche un peu au hasard avant de se retrouver exactement à notre point d'arrivée le matin même. On se dirige à nouveau vers le parc. A l'entrée, il y a une fontaine qui s'est maintenant transformée en piscine sous l'effet de la chaleur. Enfants et adultes sautent joyeusement dans l'eau, s'éclaboussent, escaladent les statues. La police ne fait rien pour endiguer ce légitime besoin de fraicheur. On se mouille nous aussi un peu puis on va s'écrouler à l'ombre d'un arbre dans le parc. Étendus là, nous laissons l'après-midi filer, nous n'avons pas le courage d'affronter la ville.
On prend de l'avance pour partir à l'aéroport. Il faut prendre le métro puis le train express. On se rend à la station indiquée dans notre guide mais on tourne, on tourne, on ne trouve rien. Après plusieurs discours incompréhensibles en russe par les différentes caissières, on trouve un groupe de jeunes qui parlent anglais. Ils nous indiquent qu'on est à la mauvaise station ! On repart donc en maudissant le guide (Cartoville pas très cher) et on se rend à l'autre station. Là, on trouve enfin l'express pour l'aéroport. Affalés dans nos fauteuils climatisés, on s'endort bercés par le train.
Enfin, nous voilà à l'aéroport, prêts à embarquer, avec internet gratuit. Dehors, la chaleur s'est enfin transformée en pluie et même en orage. Des trombes d'eau noient le tarmac : j'espère juste que ça n'empêchera pas notre avion de partir !!