Sushy Party
Une de nos principales activités sociales en Irlande est l'échange linguistique japonais du samedi matin.
A force d'y aller toutes les semaines, on connaît les habitués. C'est un rendez-vous assez étrange où l'on croise toute sorte de personnes :
- Bien sûr, il y a les japonais et leur grand "ahhhhhhhhhh" très étonnés, il y en a plusieurs sortes : les étudiantes timides qui ne parlent pas bien anglais, les voyageurs bohème (mais pas tant que ça), les japonais installés depuis longtemps en Irlande et complètement bilingues.
- Ensuite, il y a les irlandais. La plupart du temps, ceux que l'on croise à l'échange sont assez étranges. Leur passion pour les langues orientales et les cultures lointaines est souvent le syndrome d'une "non adaptation au boom économique du pays". Ils sont un peu timides, ou un peu bizarres, aiment les films étranges et ne savent pas trop quoi faire de leur vie, en bref, ils sont assez sympathiques mais pas toujours facile à cerner. Ou alors, ils ont vécu au japon et parlent couramment la langue et je suis vachement impressionnée...
- Et puis, il y a les autres asiatiques, chinois, ou coréens. Nous essayons toujours de rester en contact avec ses derniers.
- Enfin il y a les autres européens, qui comme les irlandais, s'intéressent au japonais pour des raisons non identifiée. Je fais partie de cette catégorie, sauf que moi, en plus, c'est le coréen que j'apprend (encore plus bizarre).
Et voilà que la semaine dernière, nous avons eu la bonne surprise de nous faire inviter à une "Sushi Party" par Angela (Allemande apprenant le japonais) à laquelle nous nous sommes rendus dimanche dernier.
La encore, le multi nationalisme était au rendez-vous : japonais en supériorité numérique, suivi des allemands, des irlandais, de nous deux français, deux espagnoles, une chinoise et une malaisienne. Jusqu'à cinq langues parlées simultanément, la plupart des gens en parlant deux ou trois. La plus étonnante était, à mon goût, la métisse hispano-japonaise qui parlait donc couramment ces deux langues, mais pas si bien que ça l'anglais. En plus, elle a eu le bon goût de s'appeler Viviana.
La seule chose un peu embêtante pour moi dans une sushi party, c'est les sushi. En effet, le principe du Sushi étant le poisson cru, il est totalement incompatible avec mes préférences culinaires. En plus, les sushi sans poisson sont tout de même enroulés dans une algue, jugée délicieuse par tous les japonais, mais malheureusement pas par moi... J'avais donc un peu peur d'avoir faim, à tord !! Non, je n'ai pas mangé de poissons crus, mais vu le nombre de nationalités, j'ai pu goûter à bien d'autres choses. J'ai, en particulier, découvert un dessert japonais très étrange, à base de haricots (!?!) mais vraiment très bon. Sébastien en fit cette description parlante : "C'est comme la crème de marrons, sauf que c'est pas avec des marrons".
En bref, soirée très agréable, et comme en ce moment tout va bien ! Mon boulot est intéressant, cool et bien payé, quant à Sébastien, il vient d'être pris chez Google ! C'est comme un rêve qui devient réalité, les choses les plus incroyables (nourriture gratuite, 5 jours de vacances en +!) prennent vie... Il commence le 5 février (pour mon anniv) et à répondu à son dernier appel chez HP mercredi dernier. Aujourd'hui, il est en France, demain je le rejoins (vive les heures sup et les semaines de vacances non payées). Ce week-end on voit amis et famille, lundi on part à Gerardmer (c'est le but du voyage), mardi et mercredi, hopefully ski, et le meilleur pour la fin : le festival de Gerardmer pour fêter cette nouvelle embauche, 15 films en 3 jours, tout ce que j'aime. Là-bas m'attendent un Miike et un Kurosawa et plein de surprises...
Cinéma
La semaine dernière, pour fêter mon nouveau boulot, nous avons passé tout le samedi en ville et sommes allé au cinéma voir The Host.
Ce film coréen a eu beaucoup de succès dans son pays et on comprend pourquoi. Cela peut paraître étrange, mais je dirai que c’est l’histoire de Gros monstre à la fois la plus drôle et la plus émouvante que j’ai vu. Ici, le réalisateur enchaîne sans difficultés des scènes rappelant Alien, la petite fille menacée par la bête cauchemardesque, à de vrai moment de délire digne du Morning Live (Mais c’est mieux que le Morning Live, je vous rassure). La bête n’est que le prétexte, l’histoire se passe à travers ses personnages, le héro principalement, à la fois caricaturaux et émouvant. La poésie de l’absurde est peut être l’expression qui convient le mieux. Cette même absurdité que l’on retrouve dans toute la société environnante, remuée par la fameuse bête ; monde sans queue ni tête à travers lequel la naïveté du héro semble être la seule issue. En arrière plan bien sûr, mais à peine effleurée, la situation sociale coréenne et la folie du monde actuel.
Et puis ce samedi, on est allé voir le nouveau James Bond, d’un autre genre. Je n’ai pas été déçue et l’ai trouvé nettement meilleur que le dernier que j’avais eu l’occasion de voir.
Le Miracle
Il y a deux semaines, s’est produit un miracle. Bon, il y a avait tout de même eu des choses positives avant. Petit récapitulatif de ma recherche d’emploi :
Les illusions du début :
Comme je l’ai déjà dit, j’ai commencé par envoyer mon CV pour chercher une position de développeur, web ou java, même s’ils demandaient une expérience que je n’avais pas. Au bout, d’à peu près une semaine j’en avais marre et j’ai changé de stratégie.
La recherche d’un stage :
J’ai donc commencé à chercher un stage, pour cela, j’ai envoyé plein de CV et de candidature spontanée à des boites trouvées par internet. En fait, je n’ai fait ça que pendant, à peu près, une semaine, car j’ai vite trouvé Camara.
Camara :
Ce n’est pas vraiment un stage mais dès que j’ai vu cette annonce un peu étrange sur jobs.ie, j’ai su que ce serait intéressant. Camara est une association irlandaise dont le but est de recycler des ordinateurs pour les envoyer en Afrique. En gros, les entreprises qui renouvellent leur matériel informatique leur donnent leurs vieux ordinateurs plutôt que de les jeter.
Déjà, j’apprécie la cause, et je cherche avant tout à avoir une activité intéressante où je dois parler anglais. Donc passer un peu de temps à nettoyer et empaqueter des unités centrales ne me dérange pas. Mais là ou ça devient vraiment intéressant, c’est qu’ils sont en train de monter une « équipe multimédia » pour former des projets. Et comme j’étais motivée, j’ai vite pris contact avec les autres membres et ai lancé un projet de CD rom de jeux éducatifs. La majorité des jeux vont être réadaptée à partir de mon site mais je vais aussi en créer d’autre. En plus je vais travailler avec des graphistes sous Flash ce qui m’intéresse beaucoup. Bien sûr, c’est un travail bénévole.
Assez satisfaite de ma nouvelle occupation, j’avais donc décidé de laisser de côté la recherche de stage : j’attendais que le projet soit un peu avancé pour pouvoir l’ajouter à mon CV, ainsi que Camara en référence (les références sont très importantes en Irlande). Je continuais à parcourir les offres d’emploi sans trop d’espoirs et je cherchais aussi un éventuel poste mi-temps dans un petit boulot du genre réceptionniste. A vrai dire, je n’ai pas cherché longtemps.
Le Miracle :
La première étape du miracle s’est produite un mardi soir alors que j’étais à Camara : quelqu’un m’a appelé !! Je tiens à dire que cela ne m’est jamais arrivé : en Irlande, personne ne m’a jamais rappelé à la suite d’un envoi de CV. Mais ce jour-là, l’incroyable, auquel je ne croyais plus, s’est produit. Le pire, c’est que j’ai failli manquer l’appel. En effet, je venais d’avoir mon numéro de portable (avant je partageais celui de Seb) et mes appeleurs sont donc d’abord tombés sur Seb (il n’étais pas avec moi, car lui, il a trouvé du boulot bien plus vite). Seb, gentiment, les a réorienté, mais voilà, j’avais laissé mon portable dans la poche de mon manteau !! Moi, je nettoyais tranquillement mes unités centrales et avec la musique trop forte je n’avais pas entendu la sonnerie. Heureusement, Seb m’a rejoint à Camara avant 5h et m’a tout de suite parlé de ce coup de téléphone. Sous le choc, j’ai courru vers mon portable pour découvrir l’appel en absence et, dans le froid du hangar de Camara, j’ai rappelé. J’ai bien fait, car 10 min après j’avais un entretien pour le lendemain matin : une boîte à laquelle j’avais envoyé une demande de stage deux semaines auparavant. Ce jour-là j’étais très heureuse.
L’entretien :
La boîte se trouve à Swords. Nous on vit à Coolok, dans le nord de Dublin, mais Swords c’est encore plus au nord. Heureusement, c’est très accessible en bus. Le mardi soir, j’ai visité le site de l’entreprise et ai potassé le JSP sur wikipédia. Et le mercredi, j’ai pris mon bus très à l’avance, direction Swords. Je n’avais jamais pris cette direction et j’ai découvert la cambrousse du nord de Dublin avant de descendre, à peu près, au milieu de nulle part. Avec mon plan, j’ai pris la direction du Buisness Parc, le long d'une voie rapide avec seulement un mec qui ne parlait pas anglais.
Par une petite porte grillagée, je suis arrivée sur un parking désert balayé par le vent. L’endroit m’a fait étrangement penser à Bussy Saint George. Des immeubles ultra moderne poussés comme par magie au milieu des champs et de la lande. Dans le fond, des pavillons posés sur l’horizon. Aucune personne vivante en vue, les seules preuves qu’il y a vraiment des gens qui travaillent ici sont les nombreuses voitures garées sur le parking. Aucun son ne traverse les murs imposants. Dans le fond, petit signe de vie, un café restaurant, étrangement appelé « Café Kenya ». J’ère, perdue, à la recherche de mon entreprise. Elle se trouve dans un de ses immeubles qui regroupe tout un groupe de compagnies du même genre. Après m’être vaguement recoiffée, j’entre et me fais connaître à la réception. Je suis en avance, mais, assez vite, on vient me chercher pour l’entretien.
Je suis en face de deux personnes, une doit un être un responsable du personnel et l’autre est le chef de l’équipe informatique. On me pose beaucoup de question, j’essaie d’avoir l’air calme et assurée. On me parle de mon site web, de mes connaissances en Photoshop, pas de ma licence de maths mais de mon expérience en tant que gilet rouge à la SNCF et de mon intérêt pour le coréen. Je comprend bien tout ce qu’on me dit, et on me complimente même sur mon anglais : ça se passe bien. Finalement, cela se termine rapidement, moins d’une demi-heure. Et me revoilà sur la route déserte pour rentrer chez moi. Viens maintenant l’angoisse de l’attente.
Suite et Fin :
Durant une semaine, je ne quitte jamais mon portable. Chaque jour, je me convaincs qu’ils vont forcément m’appeler le lendemain. Je ne suis pas très motivée pour répondre aux autres annonces et je ne regarde même plus les postes de réceptionnistes. J’apprends les CSS et j’avance mes animations flash. Je suis la seule à ne pas travailler à la maison et mes journées sont très tranquilles, organisées autour du repas devant euronews et du goûter devant Friends à 17h. Le lundi suivant, je ne tiens plus, j’écris un mail pour savoir où ça en est. A midi, le mail est envoyé, à 14h j’ai une réponse : je suis prise ! J’ai un contrat de trois mois qui pourra être prolongé, c’est plus qu’un stage car je suis payée 9 euros de l’heure. Je ne sais pas exactement en quoi consistera mon boulot, mais je suis preneuse ! On est vendredi, je commence lundi, et je suis vraiment impatiente.
Seb :
Je donne aussi des nouvelles de Seb car les choses ne font qu’aller de mieux en mieux. Lui, a trouvé très rapidement un travail chez HP comme support technique pour Total (et il est vraiment employé par CPL, faut pas chercher à comprendre). Il est dans une équipe de jeunes français sympa et agréable et répond au téléphone pour régler les problèmes des employés de la tour Total à la défense. C’est un travail intéressant et bien payé qui offre de grandes possibilités d’avancement et une bonne expérience pour sa réorientation de carrière. En outre, il ne perd pas espoir pour Google dont il a passé un test technique il y a un mois (ils mettent parfois du temps à réagir).