Je ne dors pas très bien lors de cette première nuit sous la tente. Déjà, j'ai froid : j'ai bien couvert les enfants mais pas assez moi-même malgré mon pyjama polaire. En plus, le nouveau matelas acheté la veille n'est pas assez épais et j'ai du mal à trouver une position à peu près confortable. Enfin, la nuit se passe tout de même. Vers 6h, l'enfant se réveille un peu affolé mais le compagnon va le chercher et il vient se blottir contre nous dans la grande tente.
Quand nous sortons de la tente, nous découvrons un brouillard épais et glacé, presque de la pluie. Nous décidons de fuir et d'aller prendre un petit déjeuner au chaud quelque part. Le filleul se réveille bientôt lui aussi. Nous enfilons en vitesse quelques vêtements (chauds) sauf l'enfant qui reste en pyjama car il refuse obstinément de s'habiller avant le petit déjeuner. Et nous voilà dans la voiture.
Où aller ? Il est encore tôt et il y a peu de choses ouvertes. On a repéré un café sur la carte mais, pas de chance, il est fermé aujourd'hui. Finalement, on se décide pour une adresse à 20 minutes mais qui semble agréable.
Alors que nous longeons la côte, le soleil commence à percer à travers la brume créant des paysages absolument magnifiques. Sur notre gauche, l'océan Pacifique d'un bleu profond apparaît petit à petit avec son rivage dechiré de rochers, falaises, et vagues écumantes. Sur notre droite, les longues pentes d'herbes jaunes où paissent quelques vaches sont parsemées de bouquets d'arbres plus foncés. Le brouillard glisse comme un nuage sur le paysage.
Puis nous quittons la côte et avançons à travers les collines desséchées en longeant une vallée. Notre objectif se trouve ici, au bord de la rivière. C'est une bakery qui sert des boissons chaudes et des grosses viennoiseries. Ici, aucune brume et il fait une température agréable. On peut s'asseoir à l'arrière sur une jolie terrasse ensoleillée. Les enfants jouent avec l'eau d'une petite fontaine.
Que faire une fois nourris et réchauffés ? Maintenant que nous sommes ici, autant se renseigner. Il y a une sorte de petit office du tourisme et je vais demander des conseils. Une dame très gentille m'accueille et m'apprend que nous sommes tout près du Armstrong Redwoods park où nous pouvons aller nous promener car il y a des balades faciles great for the kids. Elle me dit aussi qu'on peut se baigner dans la rivière ce qui m'intéresse car j'aime beaucoup me baigner et j'aime beaucoup les rivières.
Nous continuons donc vers l'intérieur des terres dans un paysage de plus en plus forestier jusqu'à atteindre le parc. Sur le plan, nous voyons une boucle qui n'a pas l'air trop longue et décidons de la faire. La dame avait parlé d'une promenade plate, très sympa. Assez vite, je me dis qu'on n'a pas choisi le bon parcours car il n'est pas plat du tout. Ça monte, ça monte et ça monte encore. J'aime bien marcher mais je n'aime pas monter. J'aime encore moins quand je m'y suis pas préparée mentalement et que je croyais m'engager sur une balade facile. J'aime encore moins quand il fait trop chaud. Par ailleurs, je me suis habillée ce matin alors qu'il y avait une brume glacée : j'ai mis mon épaisse salopette très utile par ce temps là. Mais maintenant, il fait 30 degrés avec un grand soleil : ma salopette est trop chaude et inconfortable.
Je monte donc en pestant contre l'itinéraire. Les enfants râlent un peu mais avancent plutôt bien. A force de monter encore et encore, on atteint ce qui ressemble à un sommet mais il n'y a aucun point de vue particulier ce qui rend cet effort bien peu gratifiant. On descend ensuite dans une vallée abrupte le long d'un petit chemin à l'ombre des grands arbres. Il faut parfois porter l'enfant ou l'aider dans les passages difficiles. Enfin le chemin longe une sorte de ruisseau presqu'à sec et nous finissons par atteindre un des buts de la balade : un très grand arbre baptisé "Colonel Armstrong".
C'est un redwood, c'est-à-dire un séquoia millénaire comme on trouve beaucoup dans la région. Il fait plus de 4m de diamètre et a, d'après l'affiche, 1400 ans. Son immense tronc est couvert d'une épaisse écorce noueuse se repliant en rides profondes. Son sommet se perd dans le ciel, tout là haut, au milieu des branches.
De là où nous sommes, il est possible de rejoindre le parking par la route et par un petit chemin piéton. Ce n'est pas très loin mais l'enfant en a marre de marcher. Seb décide donc d'aller chercher seul la voiture et repasser nous prendre. Nous n'avons pas à attendre longtemps. Ce morceau de promenade qu'on ne fait finalement pas est exactement celui qui avait été conseillé par la dame : c'était bien plat et facile.
C'est déjà le début de l'après-midi mais nous n'avons pas mangé. Nous rejoignons comme prévu la plage au bore de la rivière. Le soleil tape fort et il fait très chaud. On se cache dans un minuscule coin d'ombre pour grignoter notre pique-nique avant de profiter de l'eau fraîche de la rivière : agréable récompense après l'effort de la matinée.
Plus tard, nous reprenons la route du camping, retrouvant la côte et ses paysages spectaculaires. Nous descendons de la voiture pour passer à la petite boutique de pêcheurs / épicerie où Seb a acheté le scotch la veille. Nous retrouvons alors la fraîcheur ! En effet, sur la côte, il ne fait jamais plus de 15 / 16 degrés mais dès qu'on rentre quelques kilomètres à l'intérieur des terres, on passe à 30 degrés,tout ça sous le même ciel bleu. C'est une météo très particulière et pas toujours très pratique en terme de tenue vestimentaire.
De retour au camping, nous nous promenons un peu le long de la plage qui jouxte les emplacements. C'est une immense bande de sable balayée par le vent. L'océan sublime est calmé par la baie et glisse sur le sable en longues vagues. Mais impossible de se baigner car l'eau est à 11 degrés...
Les enfants courent dans le sable en riant et s'amuse du vent. Mais déjà, il se fait tard et nous rentrons moi manger à la tente. Ce soir encore, nous faisons un feu et l'enfant épuisé s'endort dans mes bras. Ma nuit est plus chaude que la veille : j'ai pris mes précautions avec de grosses chaussettes et une couverture mexicaine épaisse achetée à la boutique tout à l'heure.