Lectures et voyages 2013

28 livres en 2013, c'est-à-dire, exactement pareil qu'en 2012 ! Il faut croire que je suis constante malgré la rédaction de la thèse et mon mouvement perpétuel. Il faut dire que je traîne toujours dans mon sillage tout un tas de bouquins d'un bout à l'autre du monde.

Je commence l'année par une petite sucrerie littéraire, le genre de petites choses que j'avale en une journée : Une mer sans soleil, roman policier, dernier de la série Monk d'Anne Perry. On y découvre en particulier les ravages de l'opium dans la société britannique au XIXème siècle. Pour rester dans une ambiance anglo-saxonne (dont je suis toujours une grande fan), j'enchaîne avec un roman reçu à Noël : Dans les coulisses du musées de Kate Atkinson. Très bon livre, plein d'humour, des personnages justes et croqués avec soin, un vrai plaisir ! Le mois de janvier avance, le froid arrive sur l'Europe. Alors que je dois me rendre à Édimbourg, une tempête de neige fait annuler mon avion.  Obstinée, je fais le voyage en train. Je traverse les plaines enneigées bien au chaud sur mon siège, avec un thé au lait. Et j'en profite pour découvrir Henry James avec La Maison d'à côté. Le roman se déroule comme une pièce de théâtre, j'ai presque l'impression de voir un film et l'ambiance intrigante me séduit certainement. Je suis complètement absorbée et laisse passer sans problèmes les cinq heures de trajet entre Londres et Édimbourg. C'était ma première rencontre avec l'auteur américain et ça m'a donné envie de continuer.

Me voilà donc en Écosse pour une semaine et pour rester dans le thème, je lis L'Ile aux chasseurs d'oiseaux d'un auteur écossais, Peter May. Ce roman policier que j'ai choisi un peu au hasard sur les rayon de la librairie (Eureka Street à Caen, ma préférée) est une très bonne surprise ! Je prends presque toujours plaisir à lire les romans policiers mais j'apprécie quand ils m'apportent un peu plus que le simple frisson d'une intrigue. C'est le cas ici, on découvre l'ambiance vide et venteuse d'une petite île écossaise et on se laisse emporter au gré des vagues.

Février arrive et je découvre le dernier roman de Jonathan Coe, La Pluie avant qu'elle tombe. D'un style très différent de ces autres écrits, il est plus poétique, moins caustique, mais très beau. Un peu comme Dans les coulisses du musée, c'est un récit de vie sur plusieurs générations où les relations familiales sont mises à jour. Je le termine dans l'avion qui m'emmène à New York d'où je me rends ensuite à Providence. Là aussi, je suis prise dans les tempêtes de neige et je traverse le Massachusetts en train. Cette fois, je suis accompagnée du Camp des morts de Craig Johnson, second d'une série de policiers du grand ouest américain. Le premier tome m'avait plu, le second est aussi agréable mais je décide qu'il faudra lire la suite directement en anglais : la traduction rend mal le parler américain.

Le deuxième roman que je lis de Henry James me prend plus de temps qu'un simple trajet en train. Je traîne avec moi les Les Bostoniennes à Marseille, en Allemagne, en Autriche, pour le terminer sur les bords de la piscine à Ténérife à la fin du mois d'avril. Il m'a fallu plus de temps pour vraiment entrer dans l'histoire et avec la rédaction de ma thèse, j'ai été assez occupée. Mais, vers la fin, j'ai été tout à fait passionnée. Le roman traite des mouvements féministes américains du début du XXème siècle. L'auteur porte un regard cynique et distant. Dans celui-là, encore plus que dans La Maison d'à côté, il semble impossible de déterminer son point de vue. Il nous présente deux choix de vie pour son héroïne sans qu'aucun n'apparaisse souhaitable. Et lui même ne prend pas partie, traitant avec un égal dédain ses protagonistes.

Ténérife : petit paradis où j'ai suivi Sébastien et où je rédige ma thèse sur les bords de la piscine d'un hôtel luxueux. Je prend aussi le temps de me détendre et de lire. Après les Les Bostoniennes, je termine rapidement le plus léger Avant d'aller dormir, agréable thriller bien construit de S.J. Watson. Je n'avais pas prévu que je lirai si vite et me voilà sans rien pour les derniers jours ! Qu'à cela ne tienne, il y a une petite bibliothèque de livres oubliés dans un coin de l'hôtel. J'y "emprunte" Fatal de Michael Palmer. Mais les lectures aléatoires des hôtels de villégiature s'avère une déception. Ce thriller est très prévisible et bien peu passionnant.

Nous sommes déjà mi mai. Je commence alors la trilogie 1Q84 de Haruki Murakami. Ce sont ces trois romans qui me tiendront compagnie lors mon mois de juin mouvementé : trois semaines de conférence d'affilées dont une à Berlin.  La tension monte lentement, l'ambiance s'installe mais comme d'habitude avec Murakami, je me sens envoûtée dès les premières pages.  On retrouve ici tout l'univers poétique et fantastique de l'auteur et cette profonde mélancolie qui me touche toujours. Lorsque je termine le dernier tome, dans la quiétude retrouvée de mon jardin en ce début de juillet, j'ai du mal à m'en détacher complètement. Il me reste des images, un peu comme des rêves, et longtemps je regarderai le ciel à la recherche de la seconde lune (comprennent ceux qui ont lu).

Juillet est là, beaucoup plus calme que Juin en ce qui me concerne. Le beau temps a enfin gagné l'Europe. Je profite de la Normandie ensoleillée et de la magnifique plage de Granville. Chez moi, je me baigne aussi, dans les lacs et dans la Marne (mais oui !). Côté lecture, pour me remettre de Murakami, je lis Le crucifié de Farrrier's Lane tiré de la série Charlotte et Thomas Pitt de Anne Perry. J'enchaîne sur un roman policier français d'un auteur que je voulais découvrir : Frank Thilliez, Vertiges. Il se lit agréablement et le suspense est bien tenu, cependant, je trouve qu'il manque un peu de finesse et que le scénario est un peu tiré par les cheveux. En passant dans la fameuse librairie d'occasion Mémoranda à Caen (je ne vais à Caen que deux ou trois fois par an, mais c'est toujours là que j'achète des livres...), j'ai mis la main sur les trois premiers tomes d'une série que je tenais particulièrement à découvrir : les Chroniques de San Francisco d'Armisted Maupin. Évidemment, la perspective d'un voyage en Californie cet automne n'a fait qu’accroître ma motivation. Je lis d'une traite Chroniques de San San Francisco, Nouvelles Chroniques de San Francisco et Autres Chroniques de San Francisco.  J'arrive à me retenir de justesse de commander directement les trois suivants, il faut savoir attendre et je voudrais les lire en anglais.

D'ailleurs, ma lecture suivante est en anglais. Je comble un très grand manque à ma culture nerd de thésarde en informatique et lis, enfin, The Hitchhikers's guide to the galaxy de Douglas Adams (bon, j'avais vu le film donc j'étais pas non plus inculte). C'est avec lui que je m'envole vers mon originale destination de vacances : la Géorgie. Je le termine assez rapidement et c'est, en fait, Anthony Trollope et son Miss Mackenzie qui m'accompagneront lors de ce road trip aux confins de l'Europe. Je me souviens avoir terminé ce roman dans un hôtel arménien aux allures soviétiques à Gyumri. Seb était un peu malade et l'on passait l'arpès-midi à se reposer. C'était ma première rencontre avec Trollope mais certes pas avec l'Angleterre victorienne. Je n'ai pas été assez prévoyante et n'ai pas grand chose d'autre à lire. Je pique la liseuse de Seb sur laquelle je trouve Les Hauts de Hurle-Vent. Lui-même découvre en ce moment le roman en version papier et en anglais (ça fait longtemps que j'insistais pour qu'il le liste). Je ne résiste pas à le relire en Français en parallèle de sa lecture à lui. L'oeuvre d'Emilie Brontë est, en effet, depuis longtemps au top de ma liste littéraire.

Dans l'avion qui me ramène chez moi (ou plutôt à Munich où je resterai coincée toute une journée), j'aurais dû lire des nouvelles en allemand que j'avais emportées exprès. Mais ma motivation est trop faible, je me rabats sur une petite chose que j'ai prise un peu par hasard : un scénario de Paul Auster, The inner life of Martin Frost. Quand j'ai récupéré ce livre, je pensais emporter un petit roman (d'un auteur que j'aime beaucoup). J'ai été un peu déconcertée de trouver un scénario mais là, dans l'avion, c'est soit ça, soit les nouvelles en allemand. Ce n'est pas désagréable de lire un scénario et c'est assez différent d'une pièce de théâtre. C'est à la fois plus visuel et plus technique. En tout cas, c'est intéressant. A la lecture, le film avait l'air bien, mais on dirait qu'il n'a pas eu le succès escompté... De retour chez moi, je lis cette fois un vrai roman de Paul Auster, Oracle Night, que j'apprécie énormément. L'histoire est construite avec une succession de mises en abyme et garde jusqu'au bout de larges parts d'ombre.

Septembre, puis Octobre : deux mois agités pour moi après le calme estival. Au programme, rien de moins que ma soutenance de thèse et mon déménagement à Vienne ! Un gros bouquin m'accompagne tout du long. A nouveau, je retourne à l'Angleterre victorienne. Deuxième rencontre avec Trollope : Quelle Époque. Ce que j'aime bien avec les deux romans de Trollope que j'ai lus, c'est ce que l'on s'éloigne de classique "récit de mariage" où on ne peut s'empêcher de frémir pour un magnifique couple. Ici, les histoires d'amour sont plus banales, plus humaines, moins parfaites. D'ailleurs, il n'y en a pas tant que ça. Autre surprise, je trouve dans Quelle Époque plusieurs notes féministes très étonnantes chez un auteur masculin de cette époque !

On est déjà en novembre et me voilà en Californie. C'est l'occasion pour moi d'acheter les derniers tomes de la série d'Armistead Maupin. J'en trouve un dans une librairie de San Francisco et les deux autres à Davis où je passe une semaine. J'ai adoré San Francisco, la bay, et la Californie du nord, et c'est donc avec encore plus de joie que je prolonge mon voyage avec Babycakes, Sure of You et Significant Others. Pris un à un, les romans des chroniques de San Francisco ont chacun des défauts : l'histoire est un peu trop rocambolesque, parfois aussi trop anecdotique. Mais ils ont quelque chose. Ils décrivent une époque, un mode de vie, comme peu l'ont fait. Ce furent les premiers à aborder les questions de l'homosexualité, du sida et pas d'une façon mièvre ou misérabiliste. Pour une fois, la vision qui est donnée du couple, de la société, correspond un peu plus à celle que j'ai et un peu moins à des idéaux romantiques.

L'année touche à sa fin, je ne termine le dernier tome des chroniques qu'en décembre, lors de mon retour à Vienne après un petit séjour à Madrid. Après ça, je retourne au monde de la haute société anglo-saxonne de la fin du XIXème siècle. Pour contre-balancer la candeur un peu idéaliste de ma nouvelle drogue Downton Abbey, il me faut tout le cynisme d'Edith Wharton. Je lis Chez les heureux du monde suivis des Beaux Mariages. Le premier est cruel et tragique. Le second est aussi cruel : son personnage principal (une jeune femme vaine et ambitieuse) est tellement odieux que certains auront du mal à continuer. L'auteure ne la sauve même pas par une intelligence ou une grandeur à la Scarlet O'Hara. Elle nous décrit un pur produit d'une société faite de lâchetés et de fausses richesses. C'est à peine si l'on a pitié des victimes collatérales...  C'est sur cette note particulièrement cynique que je termine 2013, prête à affronter une nouvelle année littéraire.

Commentaires

Lectures et voyages 2012

Cette année, je n'ai pas eu beaucoup le temps de commenter mes lectures sur mon blog, j'ai à peine été sur Livraddict et n'ai participé à aucun challenge ou échange. Mais ça ne veut pas dire que je n'ai pas lu ! Dans chaque avion (2 traversées de l'Atlantique et une de l'Asie), dans chaque train, dans chaque RER, dans chaque métro, dans chaque sac, dans chaque voyage traînait un ou plusieurs livres. Petit récapitulatif.

L'année commence avec un auteur ivoirien (nouveau pays pour mes voyages littéraires) : Ahmadou Kourouma et son Allah n'est pas obligé, offert à Noël. J'ai d'abord un peu de mal avec le style qui se veut très oral : on est dans la peau d'un jeune garçon avec sa façon de parler. Mais l'auteur triche un peu : après les excès, presque poétique, du début, il revient le plus souvent à une syntaxe classique. Le récit lui même est froid, étrange, méthodique, il nous raconte la guerre et les enfants soldats sans aucun élan pathétique, sans compassion aucune. On s'attache à peine au personnage principal. Un choix de l'auteur qui rend bien l'absurdité presque comique des situations. Par ailleurs, on découvre dans le détail les conflits au Libéria et en Sierra Léone. Je quitte l'Afrique pour l'Italie avec Ce que nous savons depuis toujours de Marcello Fois. Je ne connais rien de l'auteur, c'est son  titre intriguant qui m'a attirée sur le rayon de la bibliothèque. C'est un roman policier qui se passe en Sardaigne, l'île s'y découvre pleine de secrets, lourdes de son histoire et de ses mesquineries. Après un an, je n'arrive pas à me souvenir des détails de l'intrigue, il me reste un sentiment de poussière et de mélancolie. Je termine janvier avec du théâtre classique et la trilogie de Beaumarchais : Le Barbier de Séville, Le Mariage de Figaro et La Mère coupable. Je la lisais dans le cadre d'un challenge littéraire sur livraddict qui semble depuis avoir périclité. C'est une découverte agréable (et qui se lit rapidement) et intéressante. Je comprends pourquoi Le Mariage de Figaro est celui qui est le plus  connu : il est clairement plus original que les deux autres.

Le mois de février commence dans le froid hivernal. Alors que la région parisienne est recouverte de neige, je lis dans le RER entre Noisiel et Saint-Rémi-Lès-Chevreuse où je dois passer une semaine pour le travail. Ce que je lis, c'est Marcus Malte, Garden of Love. Un roman policier, français malgré le titre, que l'on m'a offert lors d'un échange sur livraddict (la personne qui m'envoyait les livres avait choisi l'île de Malte comme thème et m'avait offert cet auteur à cause de son nom bien qu'il n'ai rien à voir avec l'île). L'écriture rappelle les romans noirs américains et on se plonge avec délice dans les méandre d'un esprit dérangé. Dès les premières lignes, je suis subjuguée et le trajet de train si pénible s'est transformé en agréable séance emmitouflée dans mon manteau et ma jupe de laine.

Après ce roman si vite avalé, je m'attaque à beaucoup plus ardu. De mon voyage aux Antilles, j'ai gardé une curiosité aiguë des pays visités : je lis Une maison pour monsieur Biswas de Naipaul qui se passe dans les milieux indiens de l'île de Trinidad. Il y a beaucoup d'humour et sans doute de vérité dans cette description d'une vie ratée, pleine d'espoirs déçus et de petitesse. L'auteur est cynique et son écriture est aigre douce. Il m'occupe jusque fin mars. Une fois cette lecture terminée, j'ai soif de distraction et j'engloutis de Le Crime de Paragon Walk, rien de mieux qu'un Anne Perry pour se remettre d'aplomb. En plus de celui-là, j'emprunte à la bibliothèque un nouveau Marcus Malte Carnage, Constellation, il me plaît un peu moins que le premier que j'ai lu en février mais reste agréable. Je le lis pendant les vacances de Pâques alors que je passe une semaine tranquille et studieuse dans ma famille à Granville. Lorsque le soleil pointe son nez entre deux averses, je me précipite voir la mer et me promener dans la vielle ville, ou alors je paresse dans la véranda. Mais Marcus Malte est un bon compagnon quand la pluie ne cesse de tomber et que, fatiguée de mon travail universitaire, je me blottis contre le radiateur avec mon bouquin. Pour lui succéder, j'ai choisi Lune Sanglante. C'est la première fois que je lis James Elroy, et il me faut une discipline de fer pour ne pas lui consacrer tout mon temps, pour m'arracher à son récit et finir la rédaction de l'article important sur lequel je travaillais. Mais je me souviens du plaisir que j'éprouvais chaque soir à me laisser emporter, seule dans cette chambre un peu froide de l'ancienne maison familiale. Alors que les vacances de pâques se terminent et que j'arrive au bout de mes romans policiers, je découvre avec étonnement que j'ai un Anne Perry oublié dans ma bibliothèque, La fin justifie les moyens. C'est le dernier de la série des Monk,  je l'ai acheté à Caen en décembre et je pensais l'avoir déjà lu. Quel plaisir ! C'est comme retrouver une boite de chocolat intacte. Voilà qui termine agréablement ma fringale de lecture boulimique.

Mois de mai, je dois passer une semaine au Canada et je suis un peu à court d'idées de lecture. J'ai pris quelques livres en hésitant mais c'est à l'aéroport que je craque et que j'achète un roman inconnu : le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Jonas Jonasson. C'est en fait un gros succès de librairie et d'ailleurs j'ai rencontré par la suite plusieurs personnes qui l'avaient lu. C'est un roman très plaisant, je ressens chez l'auteur une forte influence de Paasilinna qui n'est pas pour me déplaire. A travers les tribulations de son personnages, il raconte tout le XXème siècle de façon complètement délirante, inventant un frère raté à Einstein ou un incendie à Vladivostok. Le livre m'accompagne tout au long de ma semaine de conférence à Montréal. Au moment de rentrer, je l'ai terminé mais dans la jolie librairie juste à côté de mon hôtel, j'ai pu à nouveau faire des achats. Dans l'avion, je commence l'Echo des morts de Johan Theorin, roman policier scandinave avec un suspense et une ambiance au niveau. Je lis ensuite La Porte du ciel d'une auteure québécoise  mais qui se passe en Louisiane au temps de l'esclavage, une belle écriture qui fait regretter que le livre soit si court et donne envie d'en découvrir plus. Le mois se termine avec un roman prêté : Le Testament Syriaque de Barouk Salamé. Pour le dire rapidement, c'est un peu un Da Vinci Code du monde musulman, mais avec un peu moins d'artifices et plus de philosophie. En tout cas c'est tout à fait palpitant, et c'est une façon très distrayante d'en apprendre plus sur le monde musulman, l'histoire de l'islam et des religions en général.

Lancée par ce dernier roman, je commence juin avec une fringale de policiers. La solution est toute trouvée car je passe par Caen et achète chez un fameux bouquiniste de la ville (Mémoranda pour ne pas le citer)  deux romans d'Anne Perry : Meurtres à Cardington Crescent et Pentcost Alley. Ils font partie de la série Charlotte et Thomas Pitt que je lis dans le désordre et justement l'un des deux correspond exactement au point de l'histoire que j'avais loupé et souhaitais élucider ! C'est tout à fait par hasard qu'au même moment, on me prête Pride and Prejudice de Jane Austeen. Après deux Anne Perry, j'avais du mal à quitter l’Angleterre victorienne, Jane Austeen est plus ancienne mais ça reste un monde très similaire. Je n'avais jamais lu cette auteure (comment est-ce possible ?) et c'est une révélation. Je dévore le roman en week-end secouée par des transports amoureux d'adolescente. A la suite de cette lecture, pour ne pas m'en défaire trop vite, il faudra que je vois le film (décevant) ainsi que la série BBC (moins décevante). C'est presque à regret que j'accepte un nouveau roman : Arabian Thriller, la suite du Testament Syriaque, mais c'est honnêtement de moins bonne qualité. Enfin, j'arrive à me procurer Sense and Sensibility, douce façon de ne pas quitter Jane Austeen. Je connaissais déjà l'histoire pour avoir vu le film, mais la lecture reste passionnante et m'accompagne alors que je m'envole pour le Japon.

Juillet, je me trouve à Tokyo et très rapidement j'ai terminé mon Jane Austeen. Je voudrais rester dans mon livre et bien que j'en ai apporté d'autres, aucun ne m'attire vraiment. A vrai dire, je suis tellement troublée par l'endroit où je me trouve que j'éprouve le besoin de continuer un livre commencé il y a un petit moment : Les Japonais de Karyn Poupee. Ce n'est pas un roman, mais une analyse historique, économique et culturelle du Japon écrite par une journaliste française installée là bas. Dans cet univers étrange et incompréhensible, le livre m'aide à m'y retrouver à comprendre ce qui m'entoure, je m'instruis beaucoup et expérimente dans la réalité autour de moi les remarques de l'auteure. C'est une lecture un peu fastidieuse et qui dure presque le temps de mon séjour (un mois). Sébastien se moque de moi car je traîne dans mon petit sac plusieurs gros roman inutiles. Enfin, sur les bord du lac Biwa, je reste japonais et lis en une soirée Le Passage de la nuit de Haruki Murakami (lecture tout à fait de circonstance). L'écriture envoûtante de l'auteur m'entraîne dans le passage des heures réelles et imaginées, les rues de Tokyo sont d'autant plus vivantes que je viens de les éprouver moi même.

Août, retour vers la France, dans le train puis dans l'avion c'est Little Bird de Craig Johnson qui m’accompagne. Je parcours en mot les plaines sauvages du Wyoming  tandis qu'au dessous de moi s'étend la Sibérie et la terre recouverte de nuage. Le roman ne tient pas pas tout à fait les dix heures de ce vol que je termine en rêvassant doucement... Un peu déboussolée par mon retour chez moi et prise par le temps, je ne commence pas tout de suite un nouveau livre. Et, oh malheur, à peine je me lance dans Et on tuera tous les affreux de Boris Vian que je l'oublie au bord d'une piscine. Alors que j'espérais encore le retrouver et rechignant donc à en commencer un nouveau, je recommence Sense and Sensibility, au départ c'était juste pour agrémenter une après-midi dans mon jardin mais prise à mon propre jeu (et mon Boris Vian étant bel et bien perdu), je le lis à nouveau en entier... J'ai décidément du mal à quitter Jane Austeen. Pour me guérir, ma mère me prête des romans victoriens. Je découvre avec délice George Elliot et son Middlemarch et William Thakeray et La Foire aux vanités.

Ces deux romans feuilletons qui n'en finissent plus (à mon plus grand plaisir) m'accompagnent tout au long de septembre puis octobre. C'est en Martinique, admirant la montagne pelée dans le hamac, que je laisse enfin l'Angleterre. Mais je ne vais pas bien loin. Dans la moiteur antillaise, je lis le court mais intense Mon Traitre de Sorj Chalandon. Cet écrivain journaliste français nous entraîne dans le conflit en Irlande du nord dans toute son âpreté, belle réflexion sur l'humain et l'engagement. Prudente, je ne me laisse prendre dans la froide pluie de Belfast qu'à l’abri de la chaleur de la Martinique. Début novembre, je rentre en France. J'ai un roman sur moi mais j'ai envie de quelque chose de léger et regarde furtivement la minuscule librairie de l'aéroport. On y vend surtout des best sellers affligeants. Mais je trouve une auteure britannique que je ne connais pas, Patricia Wentworth. Même époque qu'Agatha Christie, elle écrit aussi des romans policiers. Je me laisse tenter par son roman La Maison du Loch. Au final, il est un peu décevant, amusant mais sans plus. Je m'attentais à une ambiance angoissante dans un décor écossais, en fait, le ton est plutôt comique et l'aventure ressemble à une histoire de scoubidou.

Comme le roman ne me passionne pas et que je suis assez occupée, je ne termine le Patricia Wentworth qu'en décembre. Noël approche et j'attends avec impatience une nouvelle fournée de livre. Pour patienter, je décide de terminer l'année philosophiquement avec Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir. J'avais lu le premier tome il y a quelques années et je voulais depuis longtemps lire la suite sans pour autant m'y décider. Je lis rarement autre chose que des romans, mais cet essai m'a paru tellement accessible et intéressant que je n'y ai pas vu de difficultés. Par ailleurs, quand je me promène dans les magasins de jouets pour enfant pour acheter les cadeaux de mes neveux et nièces, je ne trouve pas que ce soit une lecture inutile (même si pour le coup, il faudrait qu'il soit lu par un public un peu plus élargi !).

Noël est passé et moi je suis passée à la librairie. Voir les livres qui m'attendent, l'année devant moi, c'est comme attendre un voyage qu'on a déjà planifié : la perspective du plaisir à venir est presque aussi agréable que le plaisir lui même...

Commentaires

Lectures et voyages 2011

Voici un petit bilan de mon année littéraire. Périodes intenses, laisser aller, classiques, policiers, lectures aléatoires... Elles m'ont suivies dans mes voyages, je les ai traînées dans le RER, au fond de mon sac à main, dans les volcans islandais : ce sont mes lectures !

Je commence janvier avec La Vérité sur Gustavo Roderer, que j'ai reçu dans le cadre d'un partenariat avec Livraddict. Puis je me lance dans un des livres que l'on m'a offert à Noël et qui comble plusieurs de mes souhaits : faire le tour du monde des livres (nouveau pays, le Pérou), lire un roman policier, découvrir des auteurs contemporains, de nouveaux styles de nouvelles écriture. Je parle ici de Mario Vargas Llosa et de son roman, Qui a tué Palomino Moléro ?.  Je cède ensuite à mon amour pour Murakami et dévore en une journée la magnifique nouvelle Sommeil, reçue à Noël dans une belle édition illustrée.

Nous arrivons au mois de février où, visiblement, je n'ai pas eu trop le temps de lire. C'est la préparation du swap livraddict qui me réveille et me remotive avec tout d'abord Le Mec de la tombe d'à côté, lecture distrayante venue du nord et que j'ai acheté pour offrir.  Je traîne deux mois sur les nouvelles de Doris Lessing, Notre amie Judith, pourtant très plaisantes. Le temps me manque et je n'en finis pas de lire l'interminable Voyage sur L'Amazone de Charles de la Condamine : livre emprunté dans un élan voyageur à la bibliothèque alors que je prépare mon périple dans les caraïbes. Et en lisant Le Misanthrope, je redécouvre mes classiques avec les autres participants du "Challenge littérature française" sur Livraddict.

Enfin mai arrive et avec lui, mes livres du swap Livraddict.  Je dévore Arlington Park de Rachel Cusk (auteur à suivre) et Spirales de Tatiana de Rosnay. Je me laisse aller à ma passion addictive pour les romans policiers et en particulier, pour l'oeuvre de Anne Perry. On m'a offert L'Etrangleur de Cater Street et j’enchaîne avec Le Mystère de Callander Square emprunté à la bibliothèque. Toujours dans ma furie policière, j'avale en quelques jours le premier tomme de Millenium (je n'ai toujorus pas lu les autres). Entre temps, sérieuse, je lis aussi La Princesse de Clève.

Rassasiée de lectures faciles et impulsives et l'esprit plein de mon voyage aux Antilles qui se prépare, je commence Voyages aux Iles  du père Labat. Récit d'époque qui nous plonge dans les colonies françaises du XVIIème siècle : lecture passionnante qui me suivra à travers les caraïbes et que je ne finirai que fin juillet.  Je continue sur les récits autobiographique et reprend ma série Simone de Beauvoir entamée en 2010. A l'époque, j'avais lu Mémoires d'une jeune fille rangée et La Force de l'age. Cet été, c'est au tour de La Force des choses où l'on suit toute la vie politique et culturelle depuis l'après guerre jusqu'à la décolonisation vue par les yeux de l'auteur. Je le lis si vite que je suis obligée de m'interrompre entre les deux tomes : j'avais laissé le second à Fort de France, ne voulant pas m'encombrer et pensant que le premier me suffirait ! Heureusement, j'avais tout de même emporté quelques livres de sécurité. Je lis Autoportrait de l'auteur en coureur de fond de Murakami : récit tout à fait splendide même pour moi qui n'aime pas courir, on y retrouve toute la profondeur philosophique de l'auteur, une vraie réflexion sur l'écriture, sur le talent, sur la recherche. Et pourtant ce n'est pas pompeux ni lourd, c'est léger et intelligent, modeste et passionnant. D'ailleurs, ça ne me dure pas très longtemps. Je survis grâce à The Fish Can Sing du prix Nobel islandais Halldor Laxness (et que j'ai d'ailleurs acheté en Islande). Celui là est en anglais et me donne plus de difficultés, c'est assez péniblement que j'arrive au bout bien qu'au final, la satisfaction soit au rendez-vous. Sur le vol de retour vers Fort-de-France puis sur la plage de Madiana, je lis l'Herbe Rouge de Boris Vian ce qui me remet tout naturellement dans l'ambiance de Simone de Beauvoir dont je peux enfin lire le deuxième tome lors des 8 heures de vol vers Paris.

De retour en France, j'entre dans une période de lecture moins intense. Le mois de septembre est consacré aux Lettres Persanes pour mon fameux Challenge littérature française avec des livraddictiens.  Une fois terminé, j'ai une fringale de livres : la lecture de livres plus anciens ou classiques si elle me plait ne comble pas toujours ma faim car elle reste plus fastidieuse. J'emprunte un peu au hasard La Nuit des enfants rois dans la bibliothèque de mes beaux parents et le finis en moins de 24h.  J'ai envie de quelque chose de court, La Ronde de nuit de Patrick Modiano m'intrigue et traîne sur mon bureau depuis un moment. Je le lis, mais cela prend plus de temps que prévu : écriture intéressante mais difficile !

Voilà mon départ pour Montréal, je suis parée : ma mère vient de me prêter Le Cerle de la croix, gros pavé écrit par Iain Pears. C'est le meilleur roman policier que j'ai lu cette année, moins tape à l'oeil que d'autres, il prend le temps de construire son intrigue et recèle une véritable réflexion sur la valeur du témoignage et de la vérité. Réflexion d'autant plus intéressante qu'elle rejoint celle sur la vérité scientifique : le roman se situe au XVIIème siècle et met en scène les philosophes et penseurs de l'époque au milieu des premières expérimentations. Je le lirai dans les cafés et restaurants de Montréal, le soir dans ma chambre d'hôtel, en buvant un chai latte au petit déjeuner, ou encore dans le bus pour Québec. Il ne tient pas les deux semaines et j'ai le temps de lire Détail de la Mort de Anne Legault, roman québécois acheté au hasard d'une bouquinerie sur la rue sainte Catherine : très jolie découverte. Dans l'avion qui me ramène à Paris, je lis Ce cher Dexter que j'ai depuis longtemps : plus exactement depuis le swap livraddict spécial adaptation.  C'est une agréable surprise, je pensais que la série avait repris exactement l'histoire du bouquin et que je connaissais déjà tout, mais il y a tout de même des différences notables qui rendent le livre véritablement intéressant. Le style rend bien la froideur du personnage principal encore plus effrayant que dans la version télé.

De retour en France, je lis La Voleuse de livre qui sera ma seule vraie déception de l'année. Je m'attendais à de l’originalité et à de la poésie, j'ai surtout trouvé des faiblesses dans le style et une histoire enfantine.  J'ai soif d'une littérature plus ardue, je lis Un Parfum de paradis d'Elias Khouri et complète ainsi un nouveau pays pour le World Books Challenge, le Liban. Je découvre aussi un auteur de qualité. Ce n'est pas avec lui que je comprendrais la guerre civile libanaise car il nous entraîne dans la confusion des vies mélangées, chamboulées, nous laissant aussi démunis que ses personnages.

Mon prochain livre, on est déjà en décembre, n'est pas non plus très gai. Je me décide enfin à lire La Route de Cormac MacCarty. Je suis allée le chercher à la bibliothèque avec plusieurs autres : un peu de matière en attendant Noël. C'est une bonne surprise, j'aime l'aspect désolé des paysages brûlés décris par l'auteur. J'avais peur d'un "m'as tu vu" aux relents apocalyptiques, mais, si on a bien l'apocalypse, c'est de façon très dépouillée et dans un style poétique et touchant. Maintenant, j'ai envie de lire les autres livres de l'auteur...  J'ai lu La Route en 24h, bien installée dans mon canapé, les personnages ayant déjà bien assez froid sans que moi même je ne cherche l'inconfort. J'enchaîne avec une petite pièce de Yasmina Reza, Conversations après un enterrement, le film Carnage m'ayant donné envie de re-lire cette auteur. Enfin je termine l'année sur un de ces livres faciles que je croque parfois : j'ai pris le seul Anne Perry disponible à la bibliothèque, Belgrave Square et je déroge à ma règle de lire les séries policière dans l'ordre... J'ai finis l'année en pleine pulsion lectrice, en plus des livres reçus à Noël et de ceux que j'ai empruntés à la bibliothèque, j'en ai acheté trois autres à la librairie Eureka Street de Caen (que je conseille d'ailleurs). Mais je sens que le temps me manque pour assouvir pleinement mes désirs de lectrices. D'ailleurs, j'arrête d'écrire et vais lire Allah n'est pas obligé de Ahmadou Kourouma...

Commentaires