Cette année, je n'ai pas eu beaucoup le temps de commenter mes lectures sur mon blog, j'ai à peine été sur Livraddict et n'ai participé à aucun challenge ou échange. Mais ça ne veut pas dire que je n'ai pas lu ! Dans chaque avion (2 traversées de l'Atlantique et une de l'Asie), dans chaque train, dans chaque RER, dans chaque métro, dans chaque sac, dans chaque voyage traînait un ou plusieurs livres. Petit récapitulatif.
L'année commence avec un auteur ivoirien (nouveau pays pour mes voyages littéraires) : Ahmadou Kourouma et son Allah n'est pas obligé, offert à Noël. J'ai d'abord un peu de mal avec le style qui se veut très oral : on est dans la peau d'un jeune garçon avec sa façon de parler. Mais l'auteur triche un peu : après les excès, presque poétique, du début, il revient le plus souvent à une syntaxe classique. Le récit lui même est froid, étrange, méthodique, il nous raconte la guerre et les enfants soldats sans aucun élan pathétique, sans compassion aucune. On s'attache à peine au personnage principal. Un choix de l'auteur qui rend bien l'absurdité presque comique des situations. Par ailleurs, on découvre dans le détail les conflits au Libéria et en Sierra Léone. Je quitte l'Afrique pour l'Italie avec Ce que nous savons depuis toujours de Marcello Fois. Je ne connais rien de l'auteur, c'est son titre intriguant qui m'a attirée sur le rayon de la bibliothèque. C'est un roman policier qui se passe en Sardaigne, l'île s'y découvre pleine de secrets, lourdes de son histoire et de ses mesquineries. Après un an, je n'arrive pas à me souvenir des détails de l'intrigue, il me reste un sentiment de poussière et de mélancolie. Je termine janvier avec du théâtre classique et la trilogie de Beaumarchais : Le Barbier de Séville, Le Mariage de Figaro et La Mère coupable. Je la lisais dans le cadre d'un challenge littéraire sur livraddict qui semble depuis avoir périclité. C'est une découverte agréable (et qui se lit rapidement) et intéressante. Je comprends pourquoi Le Mariage de Figaro est celui qui est le plus connu : il est clairement plus original que les deux autres.
Le mois de février commence dans le froid hivernal. Alors que la région parisienne est recouverte de neige, je lis dans le RER entre Noisiel et Saint-Rémi-Lès-Chevreuse où je dois passer une semaine pour le travail. Ce que je lis, c'est Marcus Malte, Garden of Love. Un roman policier, français malgré le titre, que l'on m'a offert lors d'un échange sur livraddict (la personne qui m'envoyait les livres avait choisi l'île de Malte comme thème et m'avait offert cet auteur à cause de son nom bien qu'il n'ai rien à voir avec l'île). L'écriture rappelle les romans noirs américains et on se plonge avec délice dans les méandre d'un esprit dérangé. Dès les premières lignes, je suis subjuguée et le trajet de train si pénible s'est transformé en agréable séance emmitouflée dans mon manteau et ma jupe de laine.
Après ce roman si vite avalé, je m'attaque à beaucoup plus ardu. De mon voyage aux Antilles, j'ai gardé une curiosité aiguë des pays visités : je lis Une maison pour monsieur Biswas de Naipaul qui se passe dans les milieux indiens de l'île de Trinidad. Il y a beaucoup d'humour et sans doute de vérité dans cette description d'une vie ratée, pleine d'espoirs déçus et de petitesse. L'auteur est cynique et son écriture est aigre douce. Il m'occupe jusque fin mars. Une fois cette lecture terminée, j'ai soif de distraction et j'engloutis de Le Crime de Paragon Walk, rien de mieux qu'un Anne Perry pour se remettre d'aplomb. En plus de celui-là, j'emprunte à la bibliothèque un nouveau Marcus Malte Carnage, Constellation, il me plaît un peu moins que le premier que j'ai lu en février mais reste agréable. Je le lis pendant les vacances de Pâques alors que je passe une semaine tranquille et studieuse dans ma famille à Granville. Lorsque le soleil pointe son nez entre deux averses, je me précipite voir la mer et me promener dans la vielle ville, ou alors je paresse dans la véranda. Mais Marcus Malte est un bon compagnon quand la pluie ne cesse de tomber et que, fatiguée de mon travail universitaire, je me blottis contre le radiateur avec mon bouquin. Pour lui succéder, j'ai choisi Lune Sanglante. C'est la première fois que je lis James Elroy, et il me faut une discipline de fer pour ne pas lui consacrer tout mon temps, pour m'arracher à son récit et finir la rédaction de l'article important sur lequel je travaillais. Mais je me souviens du plaisir que j'éprouvais chaque soir à me laisser emporter, seule dans cette chambre un peu froide de l'ancienne maison familiale. Alors que les vacances de pâques se terminent et que j'arrive au bout de mes romans policiers, je découvre avec étonnement que j'ai un Anne Perry oublié dans ma bibliothèque, La fin justifie les moyens. C'est le dernier de la série des Monk, je l'ai acheté à Caen en décembre et je pensais l'avoir déjà lu. Quel plaisir ! C'est comme retrouver une boite de chocolat intacte. Voilà qui termine agréablement ma fringale de lecture boulimique.
Mois de mai, je dois passer une semaine au Canada et je suis un peu à court d'idées de lecture. J'ai pris quelques livres en hésitant mais c'est à l'aéroport que je craque et que j'achète un roman inconnu : le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Jonas Jonasson. C'est en fait un gros succès de librairie et d'ailleurs j'ai rencontré par la suite plusieurs personnes qui l'avaient lu. C'est un roman très plaisant, je ressens chez l'auteur une forte influence de Paasilinna qui n'est pas pour me déplaire. A travers les tribulations de son personnages, il raconte tout le XXème siècle de façon complètement délirante, inventant un frère raté à Einstein ou un incendie à Vladivostok. Le livre m'accompagne tout au long de ma semaine de conférence à Montréal. Au moment de rentrer, je l'ai terminé mais dans la jolie librairie juste à côté de mon hôtel, j'ai pu à nouveau faire des achats. Dans l'avion, je commence l'Echo des morts de Johan Theorin, roman policier scandinave avec un suspense et une ambiance au niveau. Je lis ensuite La Porte du ciel d'une auteure québécoise mais qui se passe en Louisiane au temps de l'esclavage, une belle écriture qui fait regretter que le livre soit si court et donne envie d'en découvrir plus. Le mois se termine avec un roman prêté : Le Testament Syriaque de Barouk Salamé. Pour le dire rapidement, c'est un peu un Da Vinci Code du monde musulman, mais avec un peu moins d'artifices et plus de philosophie. En tout cas c'est tout à fait palpitant, et c'est une façon très distrayante d'en apprendre plus sur le monde musulman, l'histoire de l'islam et des religions en général.
Lancée par ce dernier roman, je commence juin avec une fringale de policiers. La solution est toute trouvée car je passe par Caen et achète chez un fameux bouquiniste de la ville (Mémoranda pour ne pas le citer) deux romans d'Anne Perry : Meurtres à Cardington Crescent et Pentcost Alley. Ils font partie de la série Charlotte et Thomas Pitt que je lis dans le désordre et justement l'un des deux correspond exactement au point de l'histoire que j'avais loupé et souhaitais élucider ! C'est tout à fait par hasard qu'au même moment, on me prête Pride and Prejudice de Jane Austeen. Après deux Anne Perry, j'avais du mal à quitter l’Angleterre victorienne, Jane Austeen est plus ancienne mais ça reste un monde très similaire. Je n'avais jamais lu cette auteure (comment est-ce possible ?) et c'est une révélation. Je dévore le roman en week-end secouée par des transports amoureux d'adolescente. A la suite de cette lecture, pour ne pas m'en défaire trop vite, il faudra que je vois le film (décevant) ainsi que la série BBC (moins décevante). C'est presque à regret que j'accepte un nouveau roman : Arabian Thriller, la suite du Testament Syriaque, mais c'est honnêtement de moins bonne qualité. Enfin, j'arrive à me procurer Sense and Sensibility, douce façon de ne pas quitter Jane Austeen. Je connaissais déjà l'histoire pour avoir vu le film, mais la lecture reste passionnante et m'accompagne alors que je m'envole pour le Japon.
Juillet, je me trouve à Tokyo et très rapidement j'ai terminé mon Jane Austeen. Je voudrais rester dans mon livre et bien que j'en ai apporté d'autres, aucun ne m'attire vraiment. A vrai dire, je suis tellement troublée par l'endroit où je me trouve que j'éprouve le besoin de continuer un livre commencé il y a un petit moment : Les Japonais de Karyn Poupee. Ce n'est pas un roman, mais une analyse historique, économique et culturelle du Japon écrite par une journaliste française installée là bas. Dans cet univers étrange et incompréhensible, le livre m'aide à m'y retrouver à comprendre ce qui m'entoure, je m'instruis beaucoup et expérimente dans la réalité autour de moi les remarques de l'auteure. C'est une lecture un peu fastidieuse et qui dure presque le temps de mon séjour (un mois). Sébastien se moque de moi car je traîne dans mon petit sac plusieurs gros roman inutiles. Enfin, sur les bord du lac Biwa, je reste japonais et lis en une soirée Le Passage de la nuit de Haruki Murakami (lecture tout à fait de circonstance). L'écriture envoûtante de l'auteur m'entraîne dans le passage des heures réelles et imaginées, les rues de Tokyo sont d'autant plus vivantes que je viens de les éprouver moi même.
Août, retour vers la France, dans le train puis dans l'avion c'est Little Bird de Craig Johnson qui m’accompagne. Je parcours en mot les plaines sauvages du Wyoming tandis qu'au dessous de moi s'étend la Sibérie et la terre recouverte de nuage. Le roman ne tient pas pas tout à fait les dix heures de ce vol que je termine en rêvassant doucement... Un peu déboussolée par mon retour chez moi et prise par le temps, je ne commence pas tout de suite un nouveau livre. Et, oh malheur, à peine je me lance dans Et on tuera tous les affreux de Boris Vian que je l'oublie au bord d'une piscine. Alors que j'espérais encore le retrouver et rechignant donc à en commencer un nouveau, je recommence Sense and Sensibility, au départ c'était juste pour agrémenter une après-midi dans mon jardin mais prise à mon propre jeu (et mon Boris Vian étant bel et bien perdu), je le lis à nouveau en entier... J'ai décidément du mal à quitter Jane Austeen. Pour me guérir, ma mère me prête des romans victoriens. Je découvre avec délice George Elliot et son Middlemarch et William Thakeray et La Foire aux vanités.
Ces deux romans feuilletons qui n'en finissent plus (à mon plus grand plaisir) m'accompagnent tout au long de septembre puis octobre. C'est en Martinique, admirant la montagne pelée dans le hamac, que je laisse enfin l'Angleterre. Mais je ne vais pas bien loin. Dans la moiteur antillaise, je lis le court mais intense Mon Traitre de Sorj Chalandon. Cet écrivain journaliste français nous entraîne dans le conflit en Irlande du nord dans toute son âpreté, belle réflexion sur l'humain et l'engagement. Prudente, je ne me laisse prendre dans la froide pluie de Belfast qu'à l’abri de la chaleur de la Martinique. Début novembre, je rentre en France. J'ai un roman sur moi mais j'ai envie de quelque chose de léger et regarde furtivement la minuscule librairie de l'aéroport. On y vend surtout des best sellers affligeants. Mais je trouve une auteure britannique que je ne connais pas, Patricia Wentworth. Même époque qu'Agatha Christie, elle écrit aussi des romans policiers. Je me laisse tenter par son roman La Maison du Loch. Au final, il est un peu décevant, amusant mais sans plus. Je m'attentais à une ambiance angoissante dans un décor écossais, en fait, le ton est plutôt comique et l'aventure ressemble à une histoire de scoubidou.
Comme le roman ne me passionne pas et que je suis assez occupée, je ne termine le Patricia Wentworth qu'en décembre. Noël approche et j'attends avec impatience une nouvelle fournée de livre. Pour patienter, je décide de terminer l'année philosophiquement avec Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir. J'avais lu le premier tome il y a quelques années et je voulais depuis longtemps lire la suite sans pour autant m'y décider. Je lis rarement autre chose que des romans, mais cet essai m'a paru tellement accessible et intéressant que je n'y ai pas vu de difficultés. Par ailleurs, quand je me promène dans les magasins de jouets pour enfant pour acheter les cadeaux de mes neveux et nièces, je ne trouve pas que ce soit une lecture inutile (même si pour le coup, il faudrait qu'il soit lu par un public un peu plus élargi !).
Noël est passé et moi je suis passée à la librairie. Voir les livres qui m'attendent, l'année devant moi, c'est comme attendre un voyage qu'on a déjà planifié : la perspective du plaisir à venir est presque aussi agréable que le plaisir lui même...