28 livres en 2013, c'est-à-dire, exactement pareil qu'en 2012 ! Il faut croire que je suis constante malgré la rédaction de la thèse et mon mouvement perpétuel. Il faut dire que je traîne toujours dans mon sillage tout un tas de bouquins d'un bout à l'autre du monde.
Je commence l'année par une petite sucrerie littéraire, le genre de petites choses que j'avale en une journée : Une mer sans soleil, roman policier, dernier de la série Monk d'Anne Perry. On y découvre en particulier les ravages de l'opium dans la société britannique au XIXème siècle. Pour rester dans une ambiance anglo-saxonne (dont je suis toujours une grande fan), j'enchaîne avec un roman reçu à Noël : Dans les coulisses du musées de Kate Atkinson. Très bon livre, plein d'humour, des personnages justes et croqués avec soin, un vrai plaisir ! Le mois de janvier avance, le froid arrive sur l'Europe. Alors que je dois me rendre à Édimbourg, une tempête de neige fait annuler mon avion. Obstinée, je fais le voyage en train. Je traverse les plaines enneigées bien au chaud sur mon siège, avec un thé au lait. Et j'en profite pour découvrir Henry James avec La Maison d'à côté. Le roman se déroule comme une pièce de théâtre, j'ai presque l'impression de voir un film et l'ambiance intrigante me séduit certainement. Je suis complètement absorbée et laisse passer sans problèmes les cinq heures de trajet entre Londres et Édimbourg. C'était ma première rencontre avec l'auteur américain et ça m'a donné envie de continuer.
Me voilà donc en Écosse pour une semaine et pour rester dans le thème, je lis L'Ile aux chasseurs d'oiseaux d'un auteur écossais, Peter May. Ce roman policier que j'ai choisi un peu au hasard sur les rayon de la librairie (Eureka Street à Caen, ma préférée) est une très bonne surprise ! Je prends presque toujours plaisir à lire les romans policiers mais j'apprécie quand ils m'apportent un peu plus que le simple frisson d'une intrigue. C'est le cas ici, on découvre l'ambiance vide et venteuse d'une petite île écossaise et on se laisse emporter au gré des vagues.
Février arrive et je découvre le dernier roman de Jonathan Coe, La Pluie avant qu'elle tombe. D'un style très différent de ces autres écrits, il est plus poétique, moins caustique, mais très beau. Un peu comme Dans les coulisses du musée, c'est un récit de vie sur plusieurs générations où les relations familiales sont mises à jour. Je le termine dans l'avion qui m'emmène à New York d'où je me rends ensuite à Providence. Là aussi, je suis prise dans les tempêtes de neige et je traverse le Massachusetts en train. Cette fois, je suis accompagnée du Camp des morts de Craig Johnson, second d'une série de policiers du grand ouest américain. Le premier tome m'avait plu, le second est aussi agréable mais je décide qu'il faudra lire la suite directement en anglais : la traduction rend mal le parler américain.
Le deuxième roman que je lis de Henry James me prend plus de temps qu'un simple trajet en train. Je traîne avec moi les Les Bostoniennes à Marseille, en Allemagne, en Autriche, pour le terminer sur les bords de la piscine à Ténérife à la fin du mois d'avril. Il m'a fallu plus de temps pour vraiment entrer dans l'histoire et avec la rédaction de ma thèse, j'ai été assez occupée. Mais, vers la fin, j'ai été tout à fait passionnée. Le roman traite des mouvements féministes américains du début du XXème siècle. L'auteur porte un regard cynique et distant. Dans celui-là, encore plus que dans La Maison d'à côté, il semble impossible de déterminer son point de vue. Il nous présente deux choix de vie pour son héroïne sans qu'aucun n'apparaisse souhaitable. Et lui même ne prend pas partie, traitant avec un égal dédain ses protagonistes.
Ténérife : petit paradis où j'ai suivi Sébastien et où je rédige ma thèse sur les bords de la piscine d'un hôtel luxueux. Je prend aussi le temps de me détendre et de lire. Après les Les Bostoniennes, je termine rapidement le plus léger Avant d'aller dormir, agréable thriller bien construit de S.J. Watson. Je n'avais pas prévu que je lirai si vite et me voilà sans rien pour les derniers jours ! Qu'à cela ne tienne, il y a une petite bibliothèque de livres oubliés dans un coin de l'hôtel. J'y "emprunte" Fatal de Michael Palmer. Mais les lectures aléatoires des hôtels de villégiature s'avère une déception. Ce thriller est très prévisible et bien peu passionnant.
Nous sommes déjà mi mai. Je commence alors la trilogie 1Q84 de Haruki Murakami. Ce sont ces trois romans qui me tiendront compagnie lors mon mois de juin mouvementé : trois semaines de conférence d'affilées dont une à Berlin. La tension monte lentement, l'ambiance s'installe mais comme d'habitude avec Murakami, je me sens envoûtée dès les premières pages. On retrouve ici tout l'univers poétique et fantastique de l'auteur et cette profonde mélancolie qui me touche toujours. Lorsque je termine le dernier tome, dans la quiétude retrouvée de mon jardin en ce début de juillet, j'ai du mal à m'en détacher complètement. Il me reste des images, un peu comme des rêves, et longtemps je regarderai le ciel à la recherche de la seconde lune (comprennent ceux qui ont lu).
Juillet est là, beaucoup plus calme que Juin en ce qui me concerne. Le beau temps a enfin gagné l'Europe. Je profite de la Normandie ensoleillée et de la magnifique plage de Granville. Chez moi, je me baigne aussi, dans les lacs et dans la Marne (mais oui !). Côté lecture, pour me remettre de Murakami, je lis Le crucifié de Farrrier's Lane tiré de la série Charlotte et Thomas Pitt de Anne Perry. J'enchaîne sur un roman policier français d'un auteur que je voulais découvrir : Frank Thilliez, Vertiges. Il se lit agréablement et le suspense est bien tenu, cependant, je trouve qu'il manque un peu de finesse et que le scénario est un peu tiré par les cheveux. En passant dans la fameuse librairie d'occasion Mémoranda à Caen (je ne vais à Caen que deux ou trois fois par an, mais c'est toujours là que j'achète des livres...), j'ai mis la main sur les trois premiers tomes d'une série que je tenais particulièrement à découvrir : les Chroniques de San Francisco d'Armisted Maupin. Évidemment, la perspective d'un voyage en Californie cet automne n'a fait qu’accroître ma motivation. Je lis d'une traite Chroniques de San San Francisco, Nouvelles Chroniques de San Francisco et Autres Chroniques de San Francisco. J'arrive à me retenir de justesse de commander directement les trois suivants, il faut savoir attendre et je voudrais les lire en anglais.
D'ailleurs, ma lecture suivante est en anglais. Je comble un très grand manque à ma culture nerd de thésarde en informatique et lis, enfin, The Hitchhikers's guide to the galaxy de Douglas Adams (bon, j'avais vu le film donc j'étais pas non plus inculte). C'est avec lui que je m'envole vers mon originale destination de vacances : la Géorgie. Je le termine assez rapidement et c'est, en fait, Anthony Trollope et son Miss Mackenzie qui m'accompagneront lors de ce road trip aux confins de l'Europe. Je me souviens avoir terminé ce roman dans un hôtel arménien aux allures soviétiques à Gyumri. Seb était un peu malade et l'on passait l'arpès-midi à se reposer. C'était ma première rencontre avec Trollope mais certes pas avec l'Angleterre victorienne. Je n'ai pas été assez prévoyante et n'ai pas grand chose d'autre à lire. Je pique la liseuse de Seb sur laquelle je trouve Les Hauts de Hurle-Vent. Lui-même découvre en ce moment le roman en version papier et en anglais (ça fait longtemps que j'insistais pour qu'il le liste). Je ne résiste pas à le relire en Français en parallèle de sa lecture à lui. L'oeuvre d'Emilie Brontë est, en effet, depuis longtemps au top de ma liste littéraire.
Dans l'avion qui me ramène chez moi (ou plutôt à Munich où je resterai coincée toute une journée), j'aurais dû lire des nouvelles en allemand que j'avais emportées exprès. Mais ma motivation est trop faible, je me rabats sur une petite chose que j'ai prise un peu par hasard : un scénario de Paul Auster, The inner life of Martin Frost. Quand j'ai récupéré ce livre, je pensais emporter un petit roman (d'un auteur que j'aime beaucoup). J'ai été un peu déconcertée de trouver un scénario mais là, dans l'avion, c'est soit ça, soit les nouvelles en allemand. Ce n'est pas désagréable de lire un scénario et c'est assez différent d'une pièce de théâtre. C'est à la fois plus visuel et plus technique. En tout cas, c'est intéressant. A la lecture, le film avait l'air bien, mais on dirait qu'il n'a pas eu le succès escompté... De retour chez moi, je lis cette fois un vrai roman de Paul Auster, Oracle Night, que j'apprécie énormément. L'histoire est construite avec une succession de mises en abyme et garde jusqu'au bout de larges parts d'ombre.
Septembre, puis Octobre : deux mois agités pour moi après le calme estival. Au programme, rien de moins que ma soutenance de thèse et mon déménagement à Vienne ! Un gros bouquin m'accompagne tout du long. A nouveau, je retourne à l'Angleterre victorienne. Deuxième rencontre avec Trollope : Quelle Époque. Ce que j'aime bien avec les deux romans de Trollope que j'ai lus, c'est ce que l'on s'éloigne de classique "récit de mariage" où on ne peut s'empêcher de frémir pour un magnifique couple. Ici, les histoires d'amour sont plus banales, plus humaines, moins parfaites. D'ailleurs, il n'y en a pas tant que ça. Autre surprise, je trouve dans Quelle Époque plusieurs notes féministes très étonnantes chez un auteur masculin de cette époque !
On est déjà en novembre et me voilà en Californie. C'est l'occasion pour moi d'acheter les derniers tomes de la série d'Armistead Maupin. J'en trouve un dans une librairie de San Francisco et les deux autres à Davis où je passe une semaine. J'ai adoré San Francisco, la bay, et la Californie du nord, et c'est donc avec encore plus de joie que je prolonge mon voyage avec Babycakes, Sure of You et Significant Others. Pris un à un, les romans des chroniques de San Francisco ont chacun des défauts : l'histoire est un peu trop rocambolesque, parfois aussi trop anecdotique. Mais ils ont quelque chose. Ils décrivent une époque, un mode de vie, comme peu l'ont fait. Ce furent les premiers à aborder les questions de l'homosexualité, du sida et pas d'une façon mièvre ou misérabiliste. Pour une fois, la vision qui est donnée du couple, de la société, correspond un peu plus à celle que j'ai et un peu moins à des idéaux romantiques.
L'année touche à sa fin, je ne termine le dernier tome des chroniques qu'en décembre, lors de mon retour à Vienne après un petit séjour à Madrid. Après ça, je retourne au monde de la haute société anglo-saxonne de la fin du XIXème siècle. Pour contre-balancer la candeur un peu idéaliste de ma nouvelle drogue Downton Abbey, il me faut tout le cynisme d'Edith Wharton. Je lis Chez les heureux du monde suivis des Beaux Mariages. Le premier est cruel et tragique. Le second est aussi cruel : son personnage principal (une jeune femme vaine et ambitieuse) est tellement odieux que certains auront du mal à continuer. L'auteure ne la sauve même pas par une intelligence ou une grandeur à la Scarlet O'Hara. Elle nous décrit un pur produit d'une société faite de lâchetés et de fausses richesses. C'est à peine si l'on a pitié des victimes collatérales... C'est sur cette note particulièrement cynique que je termine 2013, prête à affronter une nouvelle année littéraire.