Le mercredi matin, le soleil brille et le ciel est dégagé. Nous admirons la majestueuse silhouette du mont Fuji depuis la terrasse de notre auberge où nous prenons le petit-déjeuner. Pas d'expériences japonaises ce matin mais des yaourts achetés à la supérette la veille. A 10h, nous reprenons la route. Nous sommes au nord du mont Fuji, dans la région des lacs : 5 lacs dans les montagnes depuis lesquels on peut admirer le volcan. Nous en faisons le tour en voiture, les paysages sauvages côtoient de petits hôtels et le fantomatique mont Fuji comme décor. Seule frustration, ces lacs sont magnifiques et possèdent même de petites plages où viennent se poser les barques, mais personne ne se baigne ! Je n'ose pas lancer le mouvement ni ne trouve de petit coin tranquille pour me glisser en douce et ces eaux qui m'attirent resteront inviolées... Si quelqu'un en sait la raison, je voudrais bien la connaître, j'ai l'impression pour ma part qu'il y avait pas de réelle interdiction mais simplement que ça ne faisait pas partie des habitudes locales.
Nous montons vers le nord, quittons le mont fuji et traversons une jolie zone de montagne. Puis revoilà la plaine, beaucoup moins agréable et nous roulons pendant une longue période dans une zone assez laide. Tout à l'heure, près des lacs, nous étions au parfait endroit pour prendre un pique-nique mais nous n'avions rien à manger. Maintenant que nous avons trouvé une supérette et que nous avons faim, nous sommes dans la banlieue industrielle d'une ville peu attrayante. Nous continuons, les montagnes au loin se rapprochent et rétrécissant la vallée où nous roulons. Nous sommes maintenant entourés de rizières. Nous quittons la route au hasard simplement pour trouver un endroit où nous installer. Nous suivons les petites routes et serions bien incapable de dire où nous nous sommes arrêtés. Mais, par miracle, il y a une table de pique-nique et la vue sur les montagnes est agréable...
Ce soir, nous sommes à Matsumoto jolie petite ville à l'entrée des montagnes. Le premier hôtel indiqué par le guide était plein, le deuxième trop cher. Nous avons donc cherché au petit bonheur la chance avec nos gps et les divers informations que nous repérions et nous avons trouvé ! L'hôtel est bien situé, il propose des chambres européennes et japonaises (nous avons pris la chambre européenne, notre dernière nuit nous ayant fait un peu mal au dos). Ces "buisness hôtel" que l'on trouve parfois peuvent s'avérer moins cher que les auberges traditionnelles où l'on paye par personne et non par chambre. On ne trouve pas d'auberge à moins de 40 euros par personne, et encore, c'est un pris bas qui n'inclut pas le petit déjeuner ou le dîner, souvent il faut compter au moins 60 euros voire des sommes encore plus élevées 100 ou 200 euros par personne ! Dans les hôtels, il aussi difficile de trouver à moins de 70 ou 80 la nuit (pour la chambre cette fois) mais on a, pour ce prix là, un peu de confort même s'ils ont moins de charme que les auberges.
La ville de Matsumoto est assez jolie. Son style est inégal, on trouve aussi bien des maisons anciennes que des immeubles moches ou des créations architecturales contemporaines parfois réussies. L'ambiance, cependant, est très agréable : petits cafés, boutiques, ... Nous marchons jusqu'au château, jolie bâtisse de bois noire et blanche dans un agréable parc. Il est trop tard pour le visiter mais pas pour l'admirer ni pour flâner dans son parc, admirer les tortues, les cygnes et les carpes dans ses douves, s’asseoir sur un banc en profitant du soleil de la fin d'après midi avec la vue sur les montagnes. Quand la nuit sera tombée, nous marcherons encore dans la vieille ville endormie et trouverons un très bon restaurant, très peu cher, par pure chance car nous ne choisissons que par rapport au cadre et sommes incapables de lire la carte à l'extérieur (on voit seulement les prix, sans savoir à quoi ils correspondent). A l'intérieur, les restaurant ont presque toujours une carte en anglais mais ils ne l'affichent jamais.
Dans le "buisness hôtel", le petit déjeuner n'est au pas au niveau de celui de l'auberge que nous avons eu deux jours avant. Je me contente de riz blanc, de thé vert et d'un peu d'omelette japonaise. Avant de quitter Matsumoto, nous allons cette fois visiter le château. De l'extérieur, il semble frêle et délicat avec ses fenêtre en bois sombre et son toit ciselé. Mais c'est en fait l'équivalent de nos châteaux forts du moyen-âge et il est conçu de façon ultra défensive. Autrefois, il était entouré de nombreuses douves et murailles dont peu subsistent aujourd'hui. Dans toutes les pièces, on nous explique comment les samouraï combattaient, comment les attaquants étaient repoussés. Le bâtiment lui même date du XVIème siècle, il est assez incroyable que des bâtiment survivent aussi longtemps dans un pays sans arrêt secoué de tremblements de terre et balayés chaque année par de puissants typhons. Je dois dire que je ne connais absolument rien à l'histoire du Japon et que j'ai très peu révisé avant mon départ. Mais quand je visite, le présent m'intéresse en fait d'avantage. Certes il est intéressant d'apprendre la vie des samouraï et l'histoire du château mais il l'est aussi d'observer les japonais eux même visitant leurs trésors nationaux et l'organisation de tout ça. Ici, il faut retirer ses chaussures à l'entrée. On visite le château pieds nus en portant ses chaussures dans un petit sac plastique. Tout est fléché évidemment, et le parcours se fait dans un sens bien précis selon une organisation sans faille. Comme partout au Japon, il y a beaucoup de personnel, non seulement un garde à l'entrée (pour vous dire d'enlever vos chaussures) mais un autre à la sortie (pour vous dire de les remettre) mais aussi plusieurs autres à l'intérieur devant les escaliers un peu raides simplement pour vérifier que tout va bien et dire à tous les visiteurs : "attention à votre tête le plafond est bas".
La visite terminée, nous quittons Matsumoto et roulons à travers la montagne vers la ville de Takayama. C'est une petite route qui serpente dans la forêt en traversant ce qu'on appelle les "alpes japonaises". C'est absolument magnifique, une rivière coule dans le fond de l'étroite vallée. Elle est bloquée par plusieurs barrages et devient alors un large fleuve, presque un lac, et les montagnes semblent alors surgir directement de son eau émeraude. Quand nous quittons la route principale pour nous enfoncer plus profondément dans la montagne, les à-pics sont d'autant plus impressionnants tout comme les virages, et les panoramas fabuleux. Il fait un temps superbe, le ciel est bleu et à peine taché de nuage. Les sommets verts et noirs, parfois encore mouchetés de neige s'y dessinent comme dans un pittoresque tableau. Quand deux petits tanukis (sorte de ratons laveurs) traversent la route, cela ajoute encore au charme de la balade. Nous nous rendons à Shirahone, une petite station thermale perdue dans la nature. Ce n'est pas une ville mais on y trouve quelques ryokan (auberges) à des prix élevés. Nous n'avons pas l'intention d'y séjourner, seulement de profiter de ses onsen (bain chauds) : les auberges ouvrent en effet l'accès aux bains pour les visiteurs en journée (en payant bien sûr). Dans celui où nous nous rendons, les hommes et femmes sont comme d'habitude séparés et nous avons chacun un bassin intérieur et un autre extérieur. Celui extérieur n'est pas très grand mais c'est un petit paradis : au milieu de la montagne, entouré de rochers et d'arbre. Son eau laiteuse, chargée de souffre, me rappelle le blue lagoon en Islande. Le bassin des femmes surplombe celui des hommes, en se penchant un peu, on le voit parfaitement. Mais les hommes eux ne peuvent pas voir les femmes dans leur bain : sans doute les hôteliers ont pensé que les japonaises n'avaient aucun désir particulier d’espionner les hommes et ne profiteraient donc pas de cet impudique situation, le contraire étant certainement faux. Aujourd'hui, de toutes façons, nous sommes aussi bien Seb que moi, seuls dans les bains ! Nous en profitons donc pour discuter d'un bassin à l'autre à travers les rochers.
Sortis du bain, nous descendons rejoindre une jolie rivière qui se jette en torrent dans les rochers. Ses eaux bouillonnantes et ses petites cascades me tentent certainement mais il est impossible de s'en approcher et elle semble sans doute un peu trop agitée. C'est là que nous pique-niquons, les cheveux encore mouillés et la peau rafraîchie par l'eau du onsen, dans ce cadre paradisiaque avant de reprendre la route vers Takayama.