Lors de mon week-end à Lyon, j'ai eu le plaisir de visiter l'exposition dédiée à Bram et Geer Van Velde au musée des beaux arts (jusqu'au 19 juillet).
Je ne connaissais pas ces deux peintres et ce fut une très enrichissante découverte. L'exposition est très bien faite, je vous conseille vivement l'audioguide gratuit et très intéressant qui nous raconte le parcours croisé des deux frères à travers les salles. On avance de façon chronologique, suivant parfois l'un et parfois l'autre, comparant leurs styles et leurs oeuvres.
Au départ, on a du mal à les distinguer. Ils suivent la même formation, subissent les influences de leur époque. et pourtant assez vite, les deux personnalités, les deux styles, s'affirment. La progression est ainsi faite que l'on a l'impression de revivre leur recherche artistique, de voir naitre les peintres singuliers qu'ils deviendront.
Bram Van Velde est l'ainé des deux, c'est aussi, visiblement, le plus troublé. Il se tourne vers une peinture abstraite, très sombre et chargée. Ces oeuvres plus tardives sont presque effrayantes.
Geer Van Velde est plus léger. Il représente beaucoup la mer dans des compositions très travaillées, comme un découpage où tout serait en équilibre. Ses peintures dégagent un sentiment de sérénité. On se sent transporté par la douceur de la lumière qui semble percer à travers des morceaux de verre.
Grâce à l'audioguide, on apprend aussi que les deux frères ne travaillaient pas du tout de la même façon. Ainsi, Geer réfléchissait ses compositions, faisait des croquis préalables, "construisait" ses œuvres. Bram lui ne pouvait peindre que sous l'impulsion, la passion. Il ne pouvait pas "décider" de peindre ou se forcer. Il commençait toujours sur une toile blanche sans aucun travail préalable. Il semble être poussé par une souffrance intérieure intense qu'il évoque lui même. Les "détails" concrets ne l'intéressent pas. Ainsi, on peut voir sur ses toiles les traces laissées par les punaises avec lesquelles il les accrochait, ou même des trainées de peinture coulante qu'il n'a pas pris le temps d'empêcher ou d'effacer.
Après l'exposition, il est difficile de dire lequel des deux peintres je préfère. Les toiles de Geer Van Velde sont plus douces, plus paisibles, on ne peut qu'éprouver du plaisir en les regardant. Elles correspondent peut-être plus à mon caractère. Mais on ne peut pas rester indifférent à la force qui s'échappe des peintures de Bram Van Velde, à leur noirceur, au malaise qu'elles expriment.
Pour plus d'informations sur l'exposition, voir le site du musée des beaux arts ou le site visiterlyon.com.