Nous commençons le festival sous la pluie, des tas de neige sale fondent doucement. Le premier film de la journée est Bone Tomahawk : western horifique américain. Ça commence pas trop mal, bonne ambiance. Un groupe d'hommes part dans le désert à la recherche d'un groupe de "sauvages" qui on enlevé la femme de l'un d'eux et l'adjoint du shérif. Quelques bonnes idées mais pour moi, ça manque quand même franchement d'originalité. Et puis je pensais qu'on avait dépassé le cliché de l'homme blanc qui se bat contre les méchants sauvages (on précise quand même que ce ne sont pas des indiens !). Sur le même registre, c'est toujours frustrant de voir le seul personnage féminin se faire enfermer dans sa prison tout le film à attendre patiemment que son prince charmant vienne la délivrer...
Suite du programme à la MCL avec Santa Sangre présenté dans le cadre de la rétrospective Jodorowsky. De lui, je n'avais vu que El Topo qui ne m'avait pas laissé un souvenir inoubliable. Santa Sangre me plaît beaucoup. Ça se passe dans le milieu du Cirque : images colorées, spectacle permanent, confusion du réel et de l'imaginaire qui reflète l'esprit torturé du personnage central. Belle découverte.
De retour à l'espace Lac pour la suite de la compétition. Nous découvrons The Witch, film très attendu cette année. On suit une famille de colons à l'heure des premières migrations britanniques vers le nouveau monde. Ils ont quitté leur colonie et s'installent seuls au coeur de la nature. Pieux et soudés, les voilà bientôt embêtés par un esprit malin qui sème la zizanie. J'aime la façon dont le Mal utilise leurs propres faiblesses. Sont esquissés la solitude face à la nature, la folie qui guette malgré leur piété désespérée. Les images sont belles et la sorcellerie bien amenée. J'aurais cependant préféré voir moins les "vraies" sorcières et rester dans le mystère.
Le film suivant est une oeuvre composite, Southbound: une succession de moyens métrages dans le décor du désert américain. Comme tout film à épisode, c'est un peu inégal. Cependant, il tient tout à fait la route dans l'ensemble. La route est justement le fil conducteur : qui semble mener vers nulle part dans le désert, traversant ces lieux, ces villes vides dont on n'est pas sûrs de pouvoir s'échapper. J'ai surtout apprécié l'épisode central où un homme dans un hôpital vide tente désespérément de sauver la jeune femme qu'il a renversée en voiture, jeune femme qui, par ailleurs, venait de s'échapper de l'histoire précédente. Ça m'a rappelé la 4 ème dimension, au delà du réel, bref : ce n'était pas un chef d'oeuvre mais ça m'a plu.
Le dernier film de la journée est Frankenstein, en compétition, présenté hier soir à la cérémonie d'ouverture. Pour nous, ce sera le cinéma Paradisio avec son charme désuet et les têtes des spectateurs de devant qui nous cachent l'écran. Reprise moderne du conte de Mary Shelley : le "monstre" est un beau jeune homme obtenu par les progrès de la science et l'impression 3D. Bientôt son visage juvénile se couvre de pustules et cloques, division cellulaires mal contrôlée, ratage scientifique. Voilà ce nouveau né dans un corps adulte et fort au delà du naturel, livré à lui même, incapable de maîtriser sa force, errant dans les rues de Los Angeles où il effraie ceux qu'il rencontre. Certains, dont Seb, ont trouvé le film assez faible. Ça n'a pas convaincu le public Géromois. Moi j'ai été touchée par ce personnage pathétique et solitaire qui rappelle Elephant Man (bon, en moins bien). Si ce n'était la fin ratée, il m'aurait vraiment plu.