Samedi matin, notre journée s'ouvre sur un film en compétition : Évolution, film français, 2ème de sa réalisatrice Lucile Hadzihalilovic. Le film s'ouvre sur de magnifiques plans sous marins, puis sur le paysage volcanique et déchiré d'une île battue par les vents (splendide, tourné aux Canaries). Dans un petit village blanc, vivent des femmes et des petits garçons, leurs fils, tous âgés d'une dizaine d'années. Pas d'hommes adultes, pas de petites filles. Très vite, une atmosphère lourde et inquiétante s'installe. On suit un petit garçon en particulier. Dans son regard, on voit le questionnement qui grandit tandis que l'attitude de sa mère est de plus en plus étrange. Je suis très emballée par cette première partie du film. Dommage qu'ensuite, il s'embourbe un peu, traînant et me lassant petit à petit. J'aime le fait qu'il y ait beaucoup de questions et peu de réponses. J'aime le parti pris hypnotique et contemplatif. Mais il m'aurait fallu un peu plus pour m'accrocher jusqu'au bout. Il ne manque pas grand chose...
Après une longue pause, on s'apprête à entamer notre marathon de l'après-midi : 5 films d'affiliés sans pause pu presque. Le premier, La Rage du Démon, est un peu spécial pour nous car son réalisateur est un ami ! Nous avons suivi son précédent travail, c'est la première fois qu'il présente un film ici. Nous connaissions son goût du mélange entre fiction et réalité ce qui se confirme avec ce film : un vrai faux documentaire qui nous plonge dans le cinéma de Meliès et l'ésotérisme. Bien contente d'avoir vu son travail sur grand écran. En compétition l'année prochaine ?
Je ne sais pas si c'est un effet secondaire du film maudit La Rage du Démon, mais le déluge s'abat sur Gerardmer. Il nous faut lutter contre la pluie et le vent pour rejoindre la voiture. Nous nous rendons à la MCL pour voir Le Complexe de Frankenstein, vrai documentaire ce coup-ci, sur les effets spéciaux au cinéma. C'est intéressant, on apprend les différentes techniques à travers l'histoire du cinéma : de King Kong à Avatar, les films qui ont marqué un tournant. On nous raconte la révolution du numérique et ses conséquences pas toujours positives : baisse des budgets, manque de considération du métier. Je découvre tout un travail de marionnettistes auquel je n'avais jamais vraiment prêté attention.
Lorsque la séance se termine, le déluge s'abat toujours sur Gerardmer. A tel point que la bâche qui protège la file d'attente de la MCL s'est envolée. La queue s'organise (mal) à l'intérieur. Heureusement, l'ordre d'arrivée compte moins qu'il y a quelques années, la plupart des spectateurs ayant réservé leur séance. Ce coup-ci, ce n'est pas notre cas (sur nos 18 séances cette année, seulement 2 n'étaient pas réservées). Nous nous entassons dans le hall avec les autres "sans réservation". Nous rentrons de justesse. Plus précisément, nous sommes les derniers à rentrer et nous asseyons, séparés, sur des strapontins.
Le film que nous venons voir est Cooties, petit délire hors compétition : les enseignants d'une école se font attaquer par leurs élèves, transformés en zombies par de mauvais nuggets de poulet. Le film ne se prend pas trop au sérieux ce qui fait son charme mais aussi ses limites. Tout de même, son humour décalé et sanglant, plein de références diverses, nous fait passer un bon moment.
La séance a commencé en retard et finit donc en retard. Pas le temps de traîner : on se precipite hors de la salle et rejoingnons la voiture sous la pluie battante. A nouveau, on traverse la ville où nous attend le dernier film en compétition de la journée : Jeruzalem. Premier film de deux jeunes réalisateurs israéliens, le plot est le suivant : deux américaines partent en vacances dans la ville sainte au moment mal choisi où les portes de l'Enfer libèrent tout un tas de demons pas très sympa. Décidément, après The Witch, The Devil's Candy, February et la Rage du Démon, c'est le 5eme film à nous parler de diable, démon, possession et tout le tralala. D'ailleurs, vue le synopsis, on avait un peu peur du résultat. Au final, c'est plutôt une bonne surprise. La ville est bien montrée sans omettre ses conflits éthniques et religieux et jouant sur son aspect mystérieux et millénaire, au coeur de trois religions. Un peu comme si les deux réalisateurs avaient voulu nous raconter leur ville à leur façon avec une histoire de démons-zombies. Au final, pourquoi pas... Un peu d'humour aussi : point de vue found footage sur des Google Classes ce qui amène des situations cocasses. Après, bon, ce n'est pas d'une originalité folle. Le scénario est assez attendu et pas toujours très crédible (je veux dire, une fois qu'on a admis les démons-zombies) Une sorte de REC en moins bien mais correct !
La vraie bonne surprise vient du dernier film de la journée : Summer Camp, premier film, espagnol et produit par Balaguero. Ça commence de façon très classique : 4 jeunes et beaux américains dans un coin paumé en Espagne attendent l'arrivée d'un groupe d'enfants qu'ils doivent encadrer pour un camp de vacances. On se dit, voilà un énième slasher où des jeunes gens se font massacrer par une force quelconque. On est un peu surpris lorsque, très rapidement, 2 d'entre eux se transforment en zombies sanguinaires pratiquement d'une seconde à l'autre ! Et puis après, ça bascule assez vite. On est surpris, le réalisateur se joue de nous et des codes du genre qu'il connaît par coeur. On s'amuse avec lui et on sort contents d'avoir enfin vu un film qui sortait de l'ordinaire, un vrai plaisir !
Cette fois la dernière séance ne m'a pas endormie comme hier. Mais après 6 films, à plus de minuit, je suis bien contente de retrouver mon lit ! Il n'y aura pas de nuit fantastique (encore 3 films programmés) il faut dormir...