Vendredi matin à Gerardmer, nous commençons par attendre 1 heure sous la pluie battante pour pouvoir entrer à l'espace lac, opération parapluie ! Ce matin, nous voyons un film compétition d'origine colombienne, The Crack. On ne peut pas dire que la salle ait apprécié le film, je dirai même qu'il a été conspué. J'ai été assez étonnée lors des premières réactions négatives au cours du film car, personnellement, j'appréciais assez. C'est vrai que le film était assez lent et que l'action trainait à se mettre en place, mais j'étais assez séduite par l'ambiance, par les personnages, par l'étrangeté. Ce c'était pas le cas pour Christophe Lambert, président du jury, qui s'est levé pour partir environ 1/2 heure avant la fin du film. Il n'a pas pu sortir tout de suite car la porte était fermée et son personnel dédié n'étaient pas prêt. Le temps que tout se mette en place pour qu'il puisse s'en aller, il a enfin semblé se passer quelque chose à l'écran et il est donc resté piqué debout à quelques mètres de nous (pas très confortable pour regarder un film). Le film avait certes des défaut, il trainait trop et manquait d'une résolution mordante mais je trouve qu'il ne méritait pas le traitement qui lui a été fait, sans doute une erreur de casting pour le festival.
Notre séance suivante a lieu au cinéma du Paradisio où nous assistons à un second film de Taboada, Venero para las hadas (du poison pour les fées). Il est du même haut niveau que celui de la veille, plus cynique peut-être, plus cruel en tout cas. Les héroïnes sont deux petites filles aux relations troubles et le film se passe entièrement dans leur monde enfantin, les adultes étant à peine filmés, entendus presque toujours en voix off. La petite blonde, manipulatrice, exerce sur la petite brune son influence enchanteresse. Les deux jeunes actrices jouent très bien et on ressent pleinement leur violence de leur relation et leur rapport au monde. Un beau film d'une acide douceur.
Notre film est assez court, nous arrivons à l'espace lac une demi-heure avant la fin de la séance précédente. Il faut attendre près de deux heures pour le prochain film mais en arrivant si tôt, nous sommes à l'abri sous les tentes qui protègent le début de la queue (vraiment le tout début). Car la pluie, depuis ce matin, n'a pas cessé et les rues comme les festivaliers sont détrempés. Quand on est au sec, un peu de patience est supportable et bientôt nous sommes en place pour le prochain film en compétition : You're Next. C'est la grande révélation de la journée, et peut-être même du festival. Le scénario n'est pas très original : un slasher classique où de méchants inconnus masqués viennent décimer une pauvre famille. Mais sans s'éloigner d'un certain classicisme de genre, le film a su trouver son style. Maîtrisé jusqu'au bout, il mêle un humour cynique et une énergie salvatrice. Le rythme est bon et monte en crescendo sans fausses notes jusqu'à la fin du film, réussissant même à surprendre le spectateur (ce qui n'est pas toujours facile dans ce genre de film). La séance est mémorable, le public, plus ou moins privé de sang jusqu'à présent, se délecte et applaudit les magnifiques escarmouches de l'héroïne. Le film est centré sur une jeune femme, entrainée malgré elle dans la tuerie qui vise la famille de son nouveau compagnon, et qui visiblement se débrouille très bien comme le dit son fiancée : "You're very good at killing people, which is kind of weird by the way". Le film se termine sur une large salve d'applaudissements et de cris de joie de la part des festivaliers, le film me semble bien parti pour le Prix du Public et peut-être plus.
Il fait nuit à présent et la pluie tombe toujours. Nous rentrons de justesse à la séance de Grabbers au Paradisio. Il faut dire que nous avons attendu un certain temps dans la voiture avant d'oser sortir sous la douche continuelle. Grabbers est un film irlandais où un gros monstre violet à tentacules digne des vieux nanars attaque une petite ville. La seule solution pour lui survivre : être bourré ! Au final, une comédie horrifique tout à fait agréable qui tient bien ses promesses.
On termine à l'espace lac avec The Conspiracy. Sous le prétexte d'un faux documentaire, le film commence comme une mauvaise théorie conspirationiste truffée d'images d'archives plus ou moins bidons et de discours tordus. On ne sait pas si le film adhère vraiment à ces théories mais il ne prend en tout cas pas la peine de vraiment les contredire. Les deux héros enquêtent sur un vieil homme féru de ce genre de chose et qui disparait étrangement. Le scénario devient alors de plus en plus obscure et invraisemblable jusqu'à une scène d'initiation dans la forêt assez ridicule. A la fin, malgré une espèce de twist, j'ai du mal à voir quel est son point de vue et ce qu'il veut faire passer, mais je crois que ça ne m'intéresse pas trop...
C'était le dernier film du vendredi et on a déjà dépassé la moitié du festival !