Nous arrivons le mercredi soir dans la petite ville recouverte de neige. Le lac gelé brille dans la nuit et nous attendons patiemment la séance de 20h au casino. Pour une fois, nous sommes arrivés assez tôt pour récupérer nos pass avant la fermeture. Notre planning des 4 prochains jours est bouclé avec 16 séances réservées. Celle de ce soir n'en fait pas partie mais nous sommes confiants. Nous devons patienter dans le temps glacial avec les "sans réservations" tandis qu'avance la file des chanceux qui ont obtenu une place en ligne. Mais bientôt, nous pouvons nous réchauffer à l'intérieur et nous installer confortablement pour le premier film de ce festival.
Nous découvrons en avant première Split de M. Night Shyamalan. Depuis l'inoubliable 6ème Sens, ce réalisateur m'a surtout habituée à des déceptions. On annonçait son grand retour avec ce film mais je n'ai pas été convaincue. Le scénario est construit autour d'un personnage central souffrant de multiples personnalités (23 voire 24). Malgré les simagrées plutôt convaincantes de l'acteur, je trouve que l'histoire reste très en surface, balayant les clichés avec un manque constant d'originalité. La réalisation lisse me laisse froide. Je sors de la salle légèrement ennuyée...
Le lendemain, le soleil brille sur le manteau blanc qui recouvre les abords du lac. Nous retournons au Casino pour un film hors compétition : Prevenge. La réalisatrice britannique est aussi l'actrice principale. Elle a été la scénariste de Touristes, un film assez cruel qui m'avait beaucoup plu. Ici, elle se filme enceinte prenant le rôle d'une future mère qui suit la voix assassine de son bébé à naître et part ainsi massacrer tout un tas de gens. Le personnage décalé, pas adapté, perdu entre sa solitude et ses fantasmes de toute puissance me rappelle ce qui m'avait plu dans Touristes. Les dialogues et le jeu montrent une belle finesse teintée d'humour noir. Il manque peut-être un certain rythme mais je sors largement séduite !
Nous avons le temps de repasser déjeuner chez nous puis direction la MCL pour voir Charisma présenté dans le cadre de la rétrospective Kiyoshi Kurosawa, auteur du magnifique Séance. Je suis certes un peu fatiguée et ai parfois du mal à me concentrer mais il faut dire aussi que le film n'est pas très clair... Il y a un héros perdu dans une forêt et tout un tas d'autres gens dont je comprends mal les motivations. Le tout ressemble à un étrange rêve avec un arbre sacré et d'obscures dialogues. Nous sortons de là un peu sonnés sans avoir compris grand chose...
Le film suivant est notre première séance à l'espace lac. On l'appelle Jeeg Robot est un film en compétition italien. Un petit malfrat se retrouve doté d'une force surnaturelle et poussé à devenir un super-héro de manga par une jeune femme un peu folle. Personnellement, je suis séduite par ce anti-héro taciturne et le couple étrange qu'il forme avec la jeune femme. Bien sûr, le scénario reste assez prévisible et tout est un peu trop attendu mais c'est une séance agréable.
Puis nous voilà en salle pour Orgueil et Préjugés et Zombies. Concept intéressant qui a d'abord été un livre (que, malheureusement, je n'ai jamais lu). Évidemment, le livre comme le film s'adressent à un public restreint car il faut aimer à la fois l'oeuvre de Jane Austen et les Zombies : c'est mon cas ! L'histoire est exactement celle de l'oeuvre originale et de nombreux dialogues sont d'ailleurs directement tirés du roman. Sauf qu'évidement, l'Angleterre du XVIIIeme siècle a été envahie par des hordes de zombies ce qui influe parfois sur l'action principale. Sans se prendre trop au sérieux, le film joue bien du mélange des genres tout en continuant à raconter très fidèlement Orgueil et Préjugés. D'ailleurs il s'inspire directement de l'adaptation de la BBC en la moquant un peu : les soeurs Bennet contre les zombies !
On termine la soirée avec Viral, film hors compétition américain dont on n'attendait pas grand chose mais qui reste agréable à regarder pour les amateurs de genre que nous sommes. Deux jeunes filles se retrouvent coincées seules chez elles alors qu'une épidémie étrange ravage le pays. La maladie est assez originale et peu ragoûtante : à base de vers dégoûtants et de crachats sanglants avec un peu d'agressivité piquée aux genre Zombies. Le film est assez prévisible et tombe parfois légèrement dans le mièvre mais les amourettes adolescentes sur fond de fin du monde sont toujours mignonnes...
Et voilà, 6 films pour commencer ce festival, on attend la suite !