Nous quittons la côte le samedi, c'est notre dernier week-end au Japon. Nous voulons loger près de Kyoto où nous devons rendre la voiture lundi et prendre le train pour Tokyo. Nous décidons donc de nous installer au bord du lac Biwa, plus grand lac du Japon, à quelques kilomètres à peine de Kyoto. La ville d'Otsu sous la pluie grise, quand on arrive par la voie rapide venant des banlieues d'Osaka, n'est pas des plus attirantes. Heureusement, à l'office du tourisme, la jeune femme parle un peu anglais. Je peux donc expliquer que nous avons une voiture et souhaitons loger au bord du lac et non pas dans les environs immédiats de la gare. L'hôtel qu'elle nous réserve est un peu en dehors de la ville et donne directement sur la rive. C'est un business hôtel légèrement décrépit, peu cher et pratique. La chambre est de style européen mais au lieu de vrais lits, nous avons des lits de camps ! La pièce est vaste mais très peu meublée ce qui lui donne un aspect un peu cheap avec sa moquette rose fatiguée et son papier-peint beige. Cependant, la vue est belle, nous avons un frigo et une salle de bain et sommes bien content d'avoir pu nous loger sans problème !
Comme il n'y a rien d'attrayant dans les environs, nous reprenons la voiture pour trouver un restaurant. On ne peut pas dire que les abords du lac aient été mis en valeur. Sur le bord de la route, ce sont néons flashant, station essence, salles de jeux vidéos, vendeurs de voitures et quelques hôtels parfois, pas tellement plus engageants que le notre. Nous tournons dans une rue animée, des hommes devant des établissements nous font des grands signes pour nous inviter à nous garer. A grands renforts de lumière clignotante, des formes féminines et des coeurs sont dessinés sur les murs. Sont-ce des loves hôtels ou des bars à hôtesses ? Nous ne préférons pas investiguer et quittons rapidement le lieu ! Plus loin, nous perdons espoir de trouver "un coin sympa" et nous arrêtons dans ce qui semble être une chaine de restaurant japonais. Heureusement, le menu est présenté en image et nous pouvons choisir. Car ici, les serveurs qui ressemblent à des lycéens ne semblent pas très débrouillards avec les étrangers : ils nous parlent en japonais et ne savent pas comment réagir quand nous ne comprenons pas. Il faut dire qu'ils doivent voir assez peu de touristes : notre situation peut se comparer à celle de japonais se retrouvant à Noisiel au tablapizza. Le restaurant est spécialisé dans la nourriture panée ou frite, le repas est bon et nous sommes satisfaits.
Le lendemain, nous nous éloignons de la ville pour profiter du lac. Alors que nous passons sur la rive est par le pont qui enjambe le sud du lac, là où sa largeur est encore raisonnable, les inélégants buildings laissent peu à peu la place aux rizières. Dans certains coins, on traverse même des zones plus sauvages de forêt. Nous nous arrêtons au bord d'une plage, la baignade est agréable. L'eau calme semble ne jamais devenir profonde et l'on marche des centaines de mètres avant de pouvoir nager. Après cette pause rafraichissante, nous nous rendons dans la ville d'Hikone qui est célèbre pour son château. C'est l'un des quatre seuls châteaux japonais d’origine (qui n'ont pas été détruits puis reconstruits), et le troisième que nous visitons ! On achète les billets en bas des remparts et l'on grimpe ensuite la colline en haut de laquelle se situe le château. Il n'y avait personne à la caisse mais pour pouvoir visiter le monument, il faut faire la queue ! On est dimanche et des dizaines de japonais sont venus visiter leur trésor national. Des gardes font entrer la foule toutes les 10 minutes par grappe de 50 personnes ce qui me semble aller en dépit du bon sens. Mais de toutes façons, une fois à l'intérieur, les escaliers et les salles étant minuscules, il faut marcher à la queue-leu-leu en suivant les flèches. La visite est plutôt une épreuve, à peine a-t-on fait la queue pour entrer dans une salle, que l'on fait la queue pour en sortir et au final, l'intérieur du château n'est pas très intéressant et ne propose aucune explication. On aurait pu se contenter de sa belle figure extérieure sans subir cette heure de file d'attente qui ne semble prendre fin que lorsque, enfin, on est dehors. Avec tout ça, nous n'avons que peu de temps pour visiter le jardin qui, lui, est magnifique. Les arbres et les feuilles prennent une couleur orangée dans la fin d'après midi et le petit étang est comme un miroir lisse et doré. La foule est beaucoup moins dense et l'on peut s'asseoir sur un banc et regarder le jeu de la lumière sur l'eau.
Hikone ne semble pas très attrayante en dehors de son château et nous roulons donc pour la soirée jusqu'à Nagahama. Quand nous arrivons, il est 18h et les boutiques ferment. Nous profitions donc des jolies ruelles vides dont les vitrines sont décorées de multiples objets de verre, spécialité de la ville. C'est à peine si nous arrivons à trouver un restaurant ouvert ! C'est pratiquement la fin du voyage, notre avant-dernière soirée. Si le restaurant est bon et très joli, j'avoue que la perspective de retrouver la nourriture européenne me réjouit. La vague odeur de poisson qui traine toujours partout a tendance à me couper l’appétit et les efforts que je dois faire chaque jour pour comprendre et me faire comprendre me fatiguent tout de même assez. Nous quittons donc Nagahama et retournons dans la nuit vers notre hôtel. Le lendemain, nous rendons la voiture puis attendons dans la chaleur à Kyoto : les trains pour Tokyo partent toutes les 10 minutes mais il ne nous sert à rien de rentrer trop tôt car l'amie qui nous loge ne sera pas chez elle avant le soir. Nous profitons d'un dessert Kyotoïte traditionnel avec la glace au thé vert et les petits gâteaux si joliment arrangés (et très bons). Puis nous voilà dans le Shinkansen qui nous emmène à la gare de Shinagawa au sud de Tokyo. Dernière soirée en ville et le lendemain, c'est le retour en avion : 21h porte à porte depuis notre logement à Tokyo jusqu'à notre appartement ! La dernière vision que j'aurai du Japon sera la vue sur le mont Fuji au dessus des nuages depuis l'avion...