Importer mes anciennes notes m'a donné envie de me remettre un peu plus à mon blog. Voici les livres qui m'ont le plus marquée en 2009 :
Un Roman Russe d'Emmanuel Carrère
J'avais déjà lu plusieurs romans d'Emmanuel Carrère, toujours étranges et fascinants. Ici, c'est un récit autobiographique qui m'a surprise par sa franchise et sa justesse. L'auteur n'essaie pas de s'y montrer sous un jour agréable, il a d'ailleurs l'air tout à fait odieux. Il parle de ses angoisses profondes, et relie les évènements de sa vie à son passé Russe, aux secrets de sa famille. En mettant en parallèle son couple naissant et le tournage d'un reportage en Russie, il parvient à apporter une structure, une analyse, un sens à la réalité des faits qu'il raconte : la magie de l'écriture ?Je ne suis pas toujours fan des écrivains français actuels, j'ai été très déçue par 3 Jours chez ma mère de Weyergans, mais là, je suis conquise. Maintenant, il ne me reste plus qu'à voir le film évoqué par le roman : Retour à Kotelnitch.
La fin des temps de Haruki Murakami
Je considère Haruki Murakami comme l'un des plus grands auteurs actuels, il a été plusieurs fois évoqué pour le prix Nobel de littérature et j'espère qu'il obtiendra.Souvent les gens parlent de Kafka sur le rivage mais je crois que j'ai préféré La fin des temps. J'ai tout de suite été happée par l'écriture. La première scène décrit sur plusieurs pages un ascenseur de plus en plus en étrange et tout le livre est baigné d'une atmosphère d'absurdité et de poésie. Ce que j'aime chez Murakami, c'est ce mélange d'humour et de nostalgie et je ressens une profondeur et une originalité dans chacune de ses œuvres que je ne retrouve nulle part ailleurs. De ce livre, il me reste des images imprimées dans mon esprit : les licornes, la ville solitaire, la jeune fille en rose, la voix éteinte...
Je viens aussi de terminer Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, une œuvre peut être moins fondamentale mais plus sombre, empreinte d'une tristesse latente et poétique...
Le Seigneur de Bombay de Vikram Chandra
J'ai lu ce livre sur les plages de Crète. Lorsque je levais la tête, j'étais sous le soleil sec de la méditerranée le long de la côte aride, mais dès que je me replongeais dans mon livre, j'étais en Inde dans l'immense Bombay harassée par l'humidité et la pollution.Car avec ce roman, c'est toute l'Inde que l'on découvre et Bombay en particulier : ses bidons villes, ses rues sales, ses nouveaux immeubles, ses gangs, sa vie... L'histoire est divisée en deux segments parallèles : d'un côté la monté en puissance d'un chef de gang, de l'autre, l'enquête effectuée après sa mort. On voyage donc à travers les époques et les personnages, entre détours et digressions. On met un peu de temps à entrer dans ce roman fleuve, mais une fois qu'on y est on ne plus en sortir : c'est comme un puzzle géant dont les pièces sont délivrées une à une et qui forme dans notre l'esprit l'image de l'Inde actuelle.
Journal d'une Voisine et Si Vieillesse Pouvait de Doris Lessing
J'ai eu envie de découvrir cette auteur britannique qui a obtenu l'année dernière le prix Nobel de littérature.Les deux livres se suivent et racontent l'histoire de James Sommers comme un journal intime (ils ont d'ailleurs été publié sous ce pseudonyme). Là encore, une très grande finesse dans l'écriture, dans la description des personnages, des situations. Jane Sommers est une femme d'age mûr qui a réussi dans la vie à une époque où être une femme est encore un frein à l'ascension professionnelle. Les romans qui parlent bien de la vieillesse, et surtout de la vieillesse féminine, sont rares et peuvent donc être remarqués. Janes Sommers n'est pas vieille mais elle le devient et dans le premier opus elle se lie d'amitié avec une vieille femme aigrie mais attachante. Aucun nian nian, rassurez vous, les choses sont décrites ici sans préjugés et stéréotypes d'une façon simple et sincère, comme une question ouverte sur la vie et sur la mort.
La Chambre solitaire de Shin Kyong Suk
Encore un récit autobiographique et une de mes découvertes littéraires de l'année.L'auteur est connue en Corée et a publié plusieurs romans, mais c'est le premier qui est traduit en français. C'est aussi son premier récit autobiographique. Il a été publié en plusieurs épisodes dans un journal et il se déroule ici page après page comme si, à chaque étape, l'auteur devait puiser plus loin dans sa force pour continuer à écrire. Elle parle du présent comme du passé et l'on ressent toute la douleur que fait naitre en elle le récit de cette période refoulée de sa vie. On découvre aussi la Corée industrielle des années 80, et en arrière plan, la lutte pour la démocratie, les manifestations, les répressions. Ce livre se ressent comme un aveu, comme un appel, comme une douleur qui s'exprime enfin.