Après une nuit à Andong, nous visitons sous la pluie le petit village Hawae : un ensemble de maisons traditionnelles dont beaucoup sont encore habitées. Il pleut toujours quand nous prenons le train pour Gyongju.
En Corée, il y a partout de très nombreux motels qui offrent des chambres à des prix raisonables. Nos critères de choix sont assez limités et nous prenons en général le premier que nous trouvons. Cette fois-ci, nous avons la surprise de trouver dans la chambre un ordinateur connecté à internet !! Bon, il n’y pas de fenêtre, mais on ne peut pas tout avoir...
Je profite du sauna du motel voisin pour me réchauffer de la pluie incessante. J’ai l’impression d’entrer dans un autre monde. Dans les bassins, un groupe de femmes coréennes discutent tranquillement, serviettes autour des cheveux. Certaines ont mis du linge à tremper dans des petites bassines. Dans un des saunas, une télévision diffuse une série locale et une jeune femme couchée lassivement la regarde d’un oeil distrait. Une fois lavée et mes cheveux secs, nous resortons sous la pluie pour profiter un peu de la ville. Après une gauffre gargantuesque, nous parcourons un petit parc parsemé de tombes ancienes marquées par de très gros tallus. L’étang prend une jolie couleur sous la pluie et le paysage, bien que mouillé, est charmant. Nous mangeons le soir dans un restaurant de « cuisine royale » où l’on nous sert à chacun un gros poulet farci au riz dans son bol de soupe chaude.
Le lendemain, nous réservons une nouvelle nuit dans notre motel et partons pour une journée à Namsan. Namsan est une grande montagne au sud de la ville dans laquelle se cachent de nombreux temples et reliques. Dans nos guides, un chemin classique est décrit et l’on nous donne à peu près les mêmes indications à l’office de tourisme. Il faut se rendre à Sangneum, le point de départ de la balade, de nombreux bus y menent. Nous attendons donc à l’arrêt de bus et au moment où nous allions laisser tomber pour un taxi, le bus arrive. Nous rencontrons là le premier chauffeur de bus pas très aimable de Corée. Nous lui indiquons la station et payons le ticket, mais, malgré toute notre attention, nous loupons l’endroit qu’il ne nous a malheureusement pas indiqué. De vielles coréennes, assise devant nous, nous donent des explications confuses (évidemment comme c’est en coréen, c’est toujours confus) et finissent par nous dire de descendre.
Nous sommes véritablement au milieu de nulle part. D’après le nom de l’arrêt de bus, nous pensons être au point final de notre balade et décidons, bon grè mal grè, de la faire dans l’autre sens. Derrière une minuscule épicerie, où nous achetons de l’eau, un petit chemin part vers la montagne.
On commence donc notre ascension. Je ne vais pas très vite mais je m’en sors tout de même à peu près. Après une longue grimpette ponctuée de pause, le chemin devint plus plat et nous avons déjà une jolie vue sur la vallée. On passe à côté d’un restaurant coréen et de petits champs cultivés avant de bivouaquer dans une clairière. Il est 13h30 quand nous repartons avec, à nouveau, toutes nos forces. Nous suivons ce qui semble être notre direction et le chemin commence à descendre. Ce n’est qu’après avoir beaucoup descendu que je suis prise de doutes. Nous croisons des coréens qui semblent dire qu’il faut remonter.
A ce moment là, je commence à desepérer : l’idée de remonter est tout à fait insupportable mais l’idée de quitter la ville sans avoir trouver ces fameux temples est encore pire. On remonte donc et, pour ne pas perdre de temps, je vais beaucoup plus vite qu’à mon habitude. Je suis d’aileurs à bout de souffle et dois tout de même m’arréter pour respirer. A nouveau en haut, un autre groupe de coréens m’offre une bouteille d’eau fraiche (sans doute devant mon air de mort vivante). Mais ils ne sont pas très clairs sur l’endroit où nous sommes ni sur l’endroit où nous devons aller. « Heureusement », un couple descend d’une petite pente et l’homme nous montre sur la carte le chemin que nous devons prendre. Il y a une première montagne à dépasser, puis nous devrions rejoindre une route et redescendre vers la vallée en croisant en chemin les temples et tout le tralala.
C’est donc plein d’entrain que nous reprenons la route. Mais cette première montagne s’avère être un gros problème. Le chemin n’en finit pas de monter, de façon très abrupte, et je suis complètement essouflée. Je dois m’arréter tous les trois mètres pour reprendre ma respiration et j’essaie d’économiser l’eau car nos réserves s’amenuisent. Après cette douloureuse ascension, nous atteignons enfin le sommet où l’on croise les coréens de tout à l’heure (mais par où sont ils passés...). De la haut, nous avons un magnifique panorama sur la montagne et la vallée aux alentours. Au moins, c’est toujours ça de pris.
Nouveau problème, par où redescendre ? Un chemin semble s’imposer et nous commençons à le suivre. Les choses ne se gâtent pas tout de suite, après un début un peu sec, le chemin est assez facile. Il ne descend même pas assez vite à notre goùt (parfois il remonte même) et l’heure avançant , notre inquiétude naît. Il semble que le chemin suive la crète de la montagne et il nous offre d’ailleurs de magnifiques vues. Il se perd parfois un peu dans la broussaille ou les rochers et n’est pas facile à suivre.
Au bout d’un certain temps, commence la vraie descente. Là, c’est pire que la montée, et l’on doit en faire une bonne partie sur les fesses. Au milieu des rochers abruptes, nous ne sommes plus très sûrs de « où est le chemin ». Nous devons descendre très lentement, souvent moi en tête car Sébastien porte le sac et a donc plus de difficultés. Notre plus grande peur est de glisser un peu trop ou de déraper et de nous fouler une cheville ou de nous casser une jambe. A ce moment là, on a vraiment l’impression d’être au millieu de nulle part, dans une nature sauvage et hostile, à dégringoler des rochers glissants. L’ensemble pierreux se termine enfin et nous entrons dans une forêt épaisse. Le chemin est complètement perdu... Sans paniquer, même si l’heure tourne, nous continuons notre descente. Nous trouvons un ruisseau presque à sec qui nous sert de repère et de chemin. C’est plus facile que ce que nous avons vu plus haut mais reste assez aventureux. On marche sur les cailloux en s’accrochant aux branches mais parfois la végétation nous coupe la route. En dehors du lit du ruisseau, le sol est recouvert de feuilles et autres plantes mortes et l’on s’enfonce parfois jusqu’aux chevilles.
Enfin, le ruisseau rejoint une rivière et là, oh miracle, un chemin ! Il y a même une coréenne qui apparait de nulle part ce qui signifie que nous ne sommes pas loin de la civilisation. La rivière est formée de petits bassins et chutes d’eau et son eau est claire est fraiche. Nous ne resistons pas, nous avions pris nos maillots « au cas où » et l’on se trempe donc entier dans l’eau ce qui nous fait le plus grand bien.
Il est 17h30, nous sommes maintenant rassurés, la perscective de dormir perdus dans la montagnes ou d’appeler les secours au millieu de la forêt s’est maintenant éloignée. Il nous faut encore une heure pour terminer le chemin le long de la rivière. Nous arrivons ensuite dans un charmant petit village, épuisés. Nous n’avons aucune idée de l’endroit où nous sommes : nous achetons de l’eau à l’épicerie et rejoignons un arrêt de bus. Le soir, nous mangeons un délicieux bibimbab dans un joli petit restaurant : repas bien mérité ! Et au final, nous n’avons pas vu les temples…