Jeudi matin, Seb se sent beaucoup mieux et nous quittons Gyumri et l'Arménie. Nous prenons la route dans la matinée, direction le nord. Nous longeons des montagnes, de l'autre côté se trouve la Turquie. Nous passons la frontière vers la Géorgie sur une minuscule route déserte. Autour de nous, des champs : vaches et tracteurs semblent se préoccuper bien peu du pays dans lequel ils se trouvent. Le passage se fait plus rapidement qu'à l'aller car il n'y a pas grand monde et nous n'avons donc pas à attendre pour recevoir tous les papiers et tampons nécessaires. Et nous voilà de l'autre côté, traversant de petits villages aux toits de chaumes sur lesquels je trouve à ma grande surprise des cigognes !
Au moment où j'écris, cela fait déjà plusieurs jours que je suis retournée en Géorgie et les différences entre ces deux pays m'apparaissent assez clairement. Elles sont d'ailleurs remarquables dès le passage de la frontière. On pourrait penser que deux pays si petits et si proches sont presque semblables, et pourtant... Ce qui frappe d'abord c'est que, pour une raison qui m'échappe, l'influence architecturale soviétique a beaucoup moins frappé la Géorgie que l'Arménie. D'ailleurs l'Arménie semble plus russe que la Géorgie. La conséquence directe c'est que, pour ce que j'en ai vu, les villes géorgiennes sont plus jolies que les villes arméniennes. Évidemment, je ne base cette remarque que sur une observation incomplète : il faudrait au moins pouvoir comparer Yerevan et Tbilisi. En tout cas, en Arménie, on parle partout le russe et nulle part l'anglais. Le russe est aussi très présent en Géorgie mais les rudiments d'anglais sont beaucoup plus développés. De façon générale, la Géorgie est un peu plus riche que l'Arménie : les prix y sont un peu plus élevés, les routes sont dans un état un peu meilleur et il y a plus d'indications (elles sont presque inexistante en Arménie, merci GPS). On le voit aussi au niveau des voitures. Dans les deux pays, on trouve un mélange hétéroclite de vieilles voitures soviétiques genre Lada et de nouveaux 4x4 ultra modernes. Mais la proportion est différente : si vous vous demandez où sont passées toutes les voitures de l'ère soviétique, c'est simple, elles sont toutes en Arménie !
Une chose est compliquée dans les deux pays : se nourrir le midi. Le soir on va au restaurant, mais le midi on est parfois sur la route ou bien on ne veut pas perdre de temps (on ne peut pas dire que les restaurateurs soient très pressés). Alors, pourquoi ne pas acheter à l'avance de quoi pique-niquer ? C'est ce qu'on essaie de faire mais on trouve ici asse peu de supermarchés. Le plus courant, ce sont des petites épiceries, même pas toujours en libre service. Dans les rayons, peu de choses nous semblent consommables. Et puis, évidemment, on ne comprend jamais rien à ce qui écrit. Alors on fait ce qu'on peut, on achète un peu de pain, des paquets de Tuc et des petits gâteaux. Parfois aussi des fruits. Heureusement on n'a pas toujours très faim, mais cette alimentation décousue n'est peut-être pas pour rien dans les quelques soucis de santé que nous avons dû affronter. Ce jeudi matin où nous passons la frontière, nous mangeons donc nos Tuc au bord d'une petite rivière. Nous avons déjà parcouru plusieurs kilomètres en Géorgie au milieu d'une plaine désertique. On avait faim mais on ne savait pas où s'arrêter.
Le paysage devient moins monotone. La rivière que nous longeons fait comme une trainée de verdure dans les collines poussiéreuses. J'avais pensé rouler directement jusqu'à la ville de Borjomi mais je découvre que nous passons juste à côté de Vardzia et qu'il possible d'y loger. Cette vallée est un "must see" d'après le guide, on y trouve en particulier un monastère taillé directement dans la roche. On décide donc de s'y rendre dès aujourd'hui et d'y passer la nuit. La vallée en elle même est magnifique. Au moment de quitter la route principale, on est accueilli par une magnifique forteresse dressée sur un rocher. Puis on roule le long des falaises désertiques avec la rivière en contre bas. Au bout de quelques kilomètres, on peut voir le monastère comme une série de petites grottes dans les rochers. C'est tout ce que j'en verrai : des circonstances ennuyeuses m'empêcheront d'en visiter l'intérieur mais je ne le sais pas encore. Un peu après le monastère, on trouve comme l'indique le guide, une petite auberge perdue au fond de la vallée. Ils viennent de terminer leur joli bâtiment de pierre : il n'est même pas encore tout à fait fini, certains murs sont encore nus et des ouvriers travaillent à créer une terrasse. Mais ils ont déjà ouverts les chambre et en ont une pour nous. L'auberge est comme nichée au creux des rochers. Un magnifique jardin fleuri descend jusqu'à' la rivière. Dans ce petit paradis, nous sommes coupés du monde : pas d'internet, pas même de réseau mobile, à une heure de route de la ville la plus proche. Nous avons tout juste de quoi payer la chambre (50 euros pour 2 avec repas du soir et petit-déjeuner). En effet, comme je pensais que nous serions dans une ville, je ne me suis pas inquiétée de tirer de l'argent géorgien depuis la frontière. Mais il m'en restait un peu et l'auberge accepte les euros. Ouf, nous pouvons donc rester. Il n'est que 15h mais nous ne ressortons pas visiter la vallée. Nous paressons dans le jardin. Seb lit, allongé dans un hamac, et je fais une aquarelle sous le regard amusé et complaisant de nos hôtes. Le soir, nous mangeons un copieux repas au bord de la rivière. Repas qui pour moi sera bien douloureux... A suivre.