Ce matin, nous essayons d'être prêts plus tôt que d'habitude, ce qui suppose en particulier de réveiller le filleul avant son horloge naturelle et de prendre le petit-déjeuner en vitesse : nous voulons partir nous promener avant d'être écrasés par la chaleur.
Un peu avant 10h (ce qui n'est pas si tôt), nous entamons notre balade directement depuis la location. L'objectif est de rejoindre une petite chute d'eau dans la forêt à environ 2km. Au départ, nous traversons le hameau avec ses jardins fleuris et ses vergers plein de pommiers. Puis nous descendons à travers la forêt, croisant parfois quelques buissons de mûres. Ce qui m'inquiète un peu, c'est qu'on ne fait que descendre : ça signifie qu'on va devoir tout remonter au retour. Nous atteignons ensuite la route. Il faut la longer un peu puis retrouver la forêt de l'autre côté. Cette fois, ça monte mais surtout, c'est assez court et nous voilà bientôt à côté de la toute petite cascade.
Il fait déjà assez chaud et je ne résiste pas à l'attrait de la fraîcheur. Mes vêtements craignant peu l'eau, je me laisse tremper par la cascade toute habillée. Mes cheveux me font maintenant un casque de fraîcheur et quand nous repartons, je suis armée de mes vêtements humides pour affronter la chaleur de la remontée.
L'enfant râle un peu et dit qu'il en a marre mais tout de même nous avançons et c'est même plutôt plus facile que ce que je craignais. Juste avant la forêt, nous passons devant une petite maison où une dame est en train de faire des travaux. Nous l'avions déjà vue à l'aller. Nous la saluons de nouveau et, curieuse, elle nous invite à faire une pause chez elle. Notre slovaque est inexistant et son anglais très hesitant mais on arrive tout de même à communiquer. On comprend que c'est sa maison de vacances qu'elle est en train de retaper, elle a rangé à notre arrivée les outils posés sur sa table. Elle est très étonnée de nous voir ici "You, Paris ? Why Nová Baňa ?!". Et c'est vrai que c'est une question légitime, que faisons nous ici au milieu de la Slovaquie dans ce petit coin certes mignon mais qui n'a rien de spécial. Je lui explique un peu notre périple : Vienne, Budapest... Mais je ne peux pas vraiment lui transmettre que j'ai toujours aimé découvrir le "au milieu de nulle part" qui est ailleurs. Les enfants boivent leur "Kofola" (sorte de soda local qui a l'aspect du coca cola), grignotent quelques gaufrettes et prennent quelques mûres dans le jardin, puis nous saluons la dame et reprenons notre route.
De retour chez nous, nous déjeunons de nos restes de salade avec des œufs brouillés et du pain perdu puis nous voilà prêts pour l'après-midi. Dans des lieux comme celui-ci, où on ne parle pas la langue et où il n'est pas toujours facile d'avoir des informations, l'exploration touristique est souvent faite d'essais un peu à l'aveuglette. J'ai un prospectus avec une photo de rafting qui fait assez envie. Avec la traduction automatique de Google, j'ai obtenu le texte suivant "Après accord avec l'administrateur, il est possible d'organiser la location de radeaux, de canoës ou la cuisson du goulasch". Ça me laisse un peu dubitative mais ça parle bien de location de bateau. J'ai trouvé où était cet endroit et nous tentons donc l'aventure.
Quand, suivant la route, nous rencontrons une barrière fermée, les espoirs diminuent. Mais, optimistes, nous empruntons à pied la piste caillouteuse qui longe l'autoroute sous le soleil. Au bout du chemin, nous trouvons ce qui ressemble à un camping fermé. Il n'y a personne. Il y a bien une rivière et il y a peut-être eu des bateaux un jour mais pas aujourd'hui. Tant pis...
Je passe au plan B de l'après-midi. En épluchant les livrets touristique en slovaque et le site Web de ce qui ressemble à un complexe thermal, j'en suis arrivée à la conclusion qu'il existait une "piscine thermale" pas très loin à laquelle nous pouvions aller. Quand dans un premier temps, je me trompe d'entrée et nous conduit dans la partie "thérapeutique" du complexe, la famille se moque de moi en m'accusant de les emmener dans un EHPAD. Mais cette fois, ma prospection a bien été fructueuse, la piscine existe bien, elle est juste un peu plus loin.
J'avais une autre motivation en venant ici. J'avais vu qu'il existait des "sources chaudes dans une grotte" ce qui a titillé ma curiosité. Sur le site web, je n'ai pas vraiment compris comment on y accédait ni où c'était par rapport à la piscine. En arrivant, je découvre que c'est juste à côté. C'est le même petit bureau qui vend les entrées pour la partie piscine et pour les "Cave bath". La dame nous explique qu'il y a des entrées pour les grottes toutes les 1/2 heures mais c'est interdit aux enfants, comme je m'y attendais.
On commence par aller s'installer à la piscine. C'est un bel endroit avec de l'herbe et la vue sur la nature d'un côté et le village de l'autre. Il y a un grand bassin, une pataugeoire et un bain chaud. Le filleul n'a pas très envie de se baigner et court plutôt vers les jeux pour enfants. Seb et moi allons vers le bassin. L'enfant est pris dans un conflit interne : il a envie de se baigner, mais il n'a pas pied et son frère est parti jouer. Finalement, il décrète que l'eau est trop froide et rejoint le filleul.
Il est bientôt 16h, Seb décide d'aller tester les grottes. Moi je me rafraîchis un moment dans la piscine avant de rejoindre les enfants. Ils sont toujours en train de jouer. Je nous achète des gaufres à la buvette : il n'y a qu'une seule sorte de gaufre avec à la fois confiture, chantilly et chocolat. Quand Seb revient, je suis installée au calme tandis que les enfants sont retournés jouer. Il m'explique le fonctionnement des "grottes" et j'y vais pour l'entrée de 17h.
On entre d'abord dans les cabines pour se changer, puis il faut passer par la douche pour rejoindre les grottes. Ce n'est pas très grand, l'air est très chaud et humide. On descend dans le bassin par un petit escalier, l'eau est brûlante. Le sol et le petit banc sont bétonné mais sinon les murs du bassin sont ceux de la grotte. Une eau très chaude suinte de la roche formant des coulées ocres. On peut s'avancer dans une sorte de petit passage qui mène à une autre minuscule pièce de la grotte. Là, l'air est tellement chargé d'eau qu'on se croirait dans un hammam. Après un bon quart d'heure, quand la chaleur de l'eau et de l'air devient vraiment trop pesante, je sors. Dans la salle de douche, il y a des explications que m'avaient aussi relayées Seb. Après la baignade, il faut enlever son maillot et s'enrouler dans un drap blanc pour aller dans la "salle de relaxation". Là, on doit se mettre sur une chaise longue et la dame des bains vient enrouler sur nous une épaisse serviette en s'assurant de nous couvrir des pieds à la tête. On se retrouve alors dans une espèce de cocon chaud et on doit rester là se reposer. Les murs sont là aussi en partie formé par la grotte. Il y a des lumières tamisées, une musique lancinante et un petit aquarium. Je reste un moment à rêvasser, me sentant comme une grosse larve amorphe. Enfin, après cet étrange rituel, je quitte les grottes et retourne à la piscine retrouver Seb et les enfants.
J'ai eu un peu chaud là dedans et j'ai maintenant envie de me rafraîchir. Je me baigne de nouveau et suis finalement accompagnée par toute la famille. Il n'y a plus beaucoup de gens car le parc va bientôt fermer. Avant de partir, on se plonge aussi dans le bain chaud extérieur qui est tout de même moins chaud que dans les grottes et dans lequel les enfants peuvent aller. Puis c'est l'heure de rentrer. Ce soir, on se nourrit de pizzas installés à la terrasse d'un petit bouiboui qu'on a trouvé sur la route où il y a même des jeux pour enfants.
Et voilà arrivé notre dernier jour dans ce coin perdu de Slovaquie. Ce matin, Seb va courir et les enfants et moi passons une matinée paresseuse. Inspirée par ce que j'ai vu dans différents cafés, j'ai créé un piège à guêpes très artisanal et pas entièrement fonctionnel. Plus précisément, j'ai mis un peu de jus de fruit dans un bol que j'ai recouvert d'un sac plastique troué. Ce n'est pas parfait car les guêpes arrivent régulièrement à s'enfuir mais ça marche tout de même assez bien pour que nous arrivions à prendre le petit déjeuner dehors. L'enfant est fasciné par cette haute technologie et tente de pousser toutes les guêpes qui arrivent vers le piège.
Quand Seb revient, nous nous préparons à partir. Comme la veille, c'est de l'exploration prospection : nous tentons une visite sans être vraiment sûr de ce qui nous attend. Plusieurs villes s'appellent "Banska" par ici et d'après la dame d'hier, cela fait référence aux nombreuses mines de la région. Or j'ai vu qu'il y avait un musée de la mine à Banská Stiavnika où l'on pouvait visiter une ancienne mine. Je ne sais pas à quelle heure sont les visites ni surtout si on pourra avoir une visite en anglais.
On arrive là bas un peu avant midi et demie. Je vais me renseigner et en payant un supplément, on peut avoir une visite en anglais à 13h15. Ça nous laisse un peu de temps pour manger. Malheureusement, le concept de boulangerie manque un peu en Slovaquie. Nous parcourons en voiture tout le centre ville mais il n'y a que des cafés et restaurants, rien pour simplement acheter un sandwich. Rien sauf un petit Kebab où j'arrive à acheter 4 sandwichs corrects sans vraiment comprendre ce que je demande. De retour au musée, on grignote un peu pour ne pas avoir faim pendant la visite puis on range nos sandwichs entamés dans le sac à dos quand notre jeune guide arrive.
Nous avons en fait le droit à une visite guidée de la mine juste pour nous 4. La première chose que nous dit le guide, c'est qu'on va aller dans la "salle des lanternes" pour prendre notre équipement avec des casques et des lampes. Ça y est, les enfants sont conquis. Nous choisissons donc de beaux casques jaunes, de grands imperméables et les enfants ont chacun une lanterne autour du cou.
Ainsi habillés, nous nous dirigeons vers l'entrée de la mine. Elle existe depuis très longtemps et a servi à exploiter or, argent, zink et cuivre. Elle est fermée depuis une centaine d'années. Les minerais de surface ont commencé à être grattés dès l'antiquité avec simplement de grands trous. Puis le guide nous explique à travers des gravures l'évolution des techniques d'extraction au fur et à mesure des siècles où la mine est devenue de plus en plus profonde, jusqu'à avoir 14 étages souterrains. Nous ne visitons que les deux étages supérieurs, avançant prudemment le long des anciens rails et pouvant admirer les différentes machines. Nous voyons l'ancien ascenseur, le shaft, descendons un escalier en métal et avançons dans d'etroits couloirs. Le guide nous donne toutes les explications en anglais en faisant des pauses pour qu'on puisse traduire aux enfants très intéressés. Au milieu de la visite, l'enfant est pris d'une envie pressante ! Sur les conseils du guide, nous le faisons passer par dessus une barrière et lui demandons d'avancer un peu plus loin et de faire pipi dans une flaque d'eau. Il n'est pas très rassuré et a peur de rester coincé mais tout se finit bien.
Après la visite, nous terminons nos sandwichs à l'aire de jeux où les enfants se prennent pour des chercheurs d'or. Plus tard, nous nous promenons à nouveau dans Banská Stiavnika pour prendre un goûter. On avait pensé retourner se baigner dans les petits lacs mais il est un peu tard et on abandonne l'idée. On rentre simplement chez nous où on dîne sur notre terrasse. Demain, nous quittons ce petit coin perdu, le voyage touche à sa fin.