Nos journées dans la baie de Kotor s'écoulent dans une douce langueur. Nous logeons à Dobrota. Le village s'étend le long de l'unique route; les maisons font face à la mer. De nos fenêtres, nous voyons l'étendue turquoise de la baie et les montagnes qui l'entourent. Le flanc sur lequel nous sommes est orienté vers le sud. Sur ses longues pentes poussiéreuses, il ne pousse que quelques buissons décharnés. Au contraire, celui que nous voyons de l'autre côté est très vert, recouvert d'une forêt dense.
Nous dormons tard le matin puis laissons passer les heures les plus chaudes de la journée. Souvent, nous descendons à "notre" plage. Un petit bout de mer nous est réservé, loué avec la maison. C'est un simple ponton en béton sur lequel nous pouvons installer les chaises longues et parasols (rangés dans un coin avec un cadenas). Là, nous passons d'agréables moments : nageant dans la baie ou nous reposant à l'ombre dans la douceur de l'après-midi. Parfois, nous voyons passer d'immenses paquebots qui viennent déposer les touristes en croisière.
Le deuxième jour, nous sommes cependant dès midi dans la vieille ville de Kotor. Plus petite que Dubrovnik, elle est agitée de la même frénésie touristique. Ses rues sont étroites et on trouve un peu de fraîcheur dans leurs ombres de pierre. Les murailles sont entourées d'un côté de douves où la ville se reflète, de l'autre, elles grimpent haut dans la montagne, semblant escalader les rochers.
Nous végétons dans un café, évitant ainsi de marcher dans la chaleur. Puis, à 16h, nous retrouvons le jeune Antonio à qui on a réservé une balade en bateau. Pour 15 euros par adulte, nous avons la vedette pour nous et les deux jeunes guide nous baladent à travers la baie. Nous admirons Kotor qui s'éloigne, essayons de repérer notre plage, nous extasions devant le paysage vu de l'eau. Le bateau nous dépose d'abord à Perast, joli village de pierre où nous n'avons fait que passer en voiture. Puis, nous nous rendons à "Our Lady of the rocks", l'un des deux îlots en face de Perast qui accueille majestueusement les voyageurs qui entrent dans la baie. On y trouve une jolie petite église baroque. Malheureusement, nous ne visitons pas le second îlot qui, avec ses longs ifs sombres, rappelle le tableau "l'île des morts" d'Arnold Böcklin.
Le lendemain, ce n'est qu'en fin d'après-midi que nous nous rendons en ville. Nous avons le projet de grimper le long de l'ancienne forteresse qui monte à travers la montagne. Nous avons attendu que le soleil descende pour éviter la chaleur de l'après-midi. Il est presque 19h quand nous entamons la montée. La montagne est à présent ombragée mais des rayons dorés percent encore et éclairent les pentes rocailleuses. La ville apparaît en dessous de nous, la baie magnifique dans la lumière du soir. L'ascension est longue; la petite compte les marches pour s'occuper. Il n'y en a pas 5000 comme c'était écrit mais plutôt de l'ordre de 1500. Nous atteignons la forteresse marquée par un petit drapeau. Les musiques de la vieille ville s'échappent, montent vers nous et se mélangent comme un léger brouillard : le jazz du saxophone, la mélodie des violons et clarinettes. Le sommet de la forteresse est agité des nombreux touristes qui sont, comme nous, montés tardivement et admirent à présent le coucher de soleil sur les montagnes. Le ciel est plein de ses chaudes couleurs du soir, rose, rouge, violet, tandis que la baie s'étend immense, froide et argentée. Les lumières de la ville s'allument tandis que nous redescendons. Nous dînons le soir dans un restaurant "les pieds dans l'eau" qui sert des fruits de mer et du poisson grillé.
Le lendemain, c'est déjà le dernier jour. Nous partons en voiture explorer le reste de la baie. Nous dépassons Kotor et longeons le versant qui nous faisait face tout ce temps : petits villages de pierre, plages de galets, églises baroques. Le paysage change quand nous dépassons le petit "col" qui marque l'entrée de la baie et que nous nous rapprochons de l'embouchure. D'un seul coup, les montagnes paraissent plus éloignées et la baie s'élargie encore, devenant mer. La ville de Tivat est une grosse bourgade touristique d'un style bien différent de Kotor. Dans le centre, de gros panneaux annoncent l'arrivée d'un grand complexe hôtelier pour cet été qui ne semble pourtant pas même commencé. Les abords du port sont agréablement aménagé. Nous nous promenons et mangeons des glaces. Nous rentrons vers Kotor pour dîner mais notre choix n'est pas très heureux. Malgré le cadre idyllique, le restaurant est complètement désorganisé et la nourriture médiocre. C'est ainsi que se termine notre séjour dans la baie de Kotor avant de découvrir la côte Adriatique.