Je reviens au challenge de Happy Few avec, à nouveau, un roman d'Emmanuel Carrère. Il faut dire que j'apprécie beaucoup cet auteur et que beaucoup de ses livres ont été adaptés au cinéma.
La Classe de neige a longtemps fait partie à la fois des livres et des films qui manquaient cruellement à ma collection. J'ai acheté le roman d'occasion il y a peu de temps et à peine terminé, je me suis procuré le film pour voir l'adaptation !
Le roman fut à la hauteur de mes espérances. On y retrouve l'écriture tourmentée de Carrère qui sait donner vie au petit garçon que l'on suit. On est loin des clichés de l'enfance ou de la caricature. On ressent ses désirs, ses peurs, ses angoisses. L'univers de la classe de neige est très bien rendu, à la fois gai et inquiétant. De plus en plus inquiétant au fur et à mesure que l'intrigue avance. Et toujours, la présence du père, dominatrice et effrayante.
J'ai donc vu le film très peu de temps après ma lecture. Claude Miller a respecté presque à la lettre le roman de Carrère. Je me demandais comment les fantasmes et angoisses du jeune garçon seraient transmises à l'écran. Le réalisateur a su trouver une façon juste de les mettre en image sans que ça sonne faux ou déplacé. Les scènes de rêves sont particulièrement bien faites, elles semblent donner de la résonance au texte lui même. Tout le film est baigné d'une musique grinçante, presque désagréable, qui, dès le départ, instaure l'ambiance angoissante du roman en contraste avec l'image pourtant innocente d'enfants en vacances. Le personnage du père fut assez différent de ce que j'imaginais. Je voyais quelqu'un de plus froid et dur alors qu'il semble presque mielleux. Mais son ambiguïté est glaçante et l'angoisse qu'il fait naître chez son fils est palpable.
Les deux œuvres sont si proches (et je les ai lue et vue à si peu d'intervalle) que, dans ma mémoire, elle se fusionneront sans doute. Il me restera un souvenir global de cette intrigue racontée deux fois avec beaucoup de talent.