I saw the devil, The Loved Ones, Proies, Terreur, L'empire des ombres
Premier film de la journée : I saw the devil. Nous arrivons à l'avance car on ne voudrait pas louper la séance. Le réalisateur est Kim Jee Won. Il y a quelques années, son film Deux Soeurs a remporté le grand prix et reste parmi mes préférés, si ce n'est mon préféré, de l'ensemble des films que j'ai vu au festival. Deux Soeurs était un film de fantôme, un vrai fantastique. I saw the devil est très différent mais la maitrise est la même. Ce n'est pas tout à fait fantastique, mais plutôt thriller gore. Le scénario est bien mené, assez surprenant, le film est très bon. Cependant, je trouve qu'il aurait gagné à être un peu plus resserré car 2h20, c'est long. Ma préférence reste toujours à Deux Soeurs mais I saw the devil est clairement l'un des meilleurs du festival.
Sous le soleil, près du lac enneigé nous prenons un rapide pique-nique avant d'aller voir les courts métrage. Nous avons une belle sélection cette année. Je retiens le très bon Red Balloon qui arrive à instaurer une ambiance inquiétante en très peu de temps. Du côté de l'humour, on a le fameux Bloody Christmas 2, le révolte des sapins qui a eu un petit succès dans la salle. Et puis même s'il était un peu maladroit, j'ai apprécié le très drôle Cabine of the deads où un homme vit une attaque de zombies depuis une cabine téléphonique.
En sortant de la salle, la file d'attente est longue pour le prochain film en compétition, La Casa muda. Nous ne sommes pas sûrs de rentrer. Et si nous allons voir ce film, nous ne sommes pas sûrs du tout de pouvoir rentrer à la prochaine séance, The Loved ones qui sera précédée d'un hommage à Dario Argento. Le pire est que l'on pourrait attendre ici une heure dans le froid pour être refoulés, et ensuite, nous n'aurions même pas le temps de nous reposer un peu, il faudrait enchainer et attendre à nouveau deux glaciales heures. Notre décision est prise, tant pis pour La Casa Muda dont nous n'avons pas eu de très bons échos, allons prendre tout de suite une boisson chaude au café et revenons tout à l'heure faire patiemment la queue pour The Loved Ones.
Nous ne regrettons pas. Nous assistons au bel hommage à Dario Argento : discours d'Alexandre Aja et standing ovation. La rétrospective de ses films nous donne envie de tous les voir... Puis, nous découvrons The Loved Ones, mon coup de coeur du festival. C'est un premier film australien, ce qui ne m'inspirait pas trop confiance car j'avais encore en tête l'insignifiant Rogue vu il y a quelques années. Mais là, c'est un bijoux d'humour noir, cruel et déjanté qui nous attend. Pour vous donner une idée, voici les paroles de la bande originale du film qui me trotte dans la tête depuis :
Am I not pretty enough ? Is my heart too broken ? Do I cry too much ? Am I too outspoken ?
Jusque là, ça va. Mais pour vous mettre dans l'esprit du film, il faut chanter cette chanson à votre chéri habillée d'une robe de bal rose fluo avec un maquillage de poupée barbie, le nez cassé et la lèvre fendue, tenant à la main un long couteau ensanglanté. Votre chéri, lui, doit être ligoté sur une chaise clouée au sol dans un costume débraillé et taché de sang, le teint gris et les yeux vitreux. Et oui, Lola a très mal pris que Brent refuse de l'emmener au bal et elle a une façon particulière d'arriver à ses fins... Très drôle, dérangeant, bien joué et bien maitrisé, le film a eu beaucoup de succès et il n'est pas passé loin du Prix du public.
Le dernier film de la soirée n'est pas du même niveau de l'aveu même du réalisateur venu le présenter. C'est une production française, Proies, une série B sans grand intérêt. Mais j'avoue que j'aime ces séances tardives à Gerardmer quand l'Espace Lac n'est pas plein et que l'on peut s'étaler un peu sur les sièges. Les autres festivaliers ont, comme nous, une journée de films derrière eux mais ils sont toujours d'attaque, prêts à applaudir les têtes éclatées et les giclées de sang. C'est un peu comme regarder une deuxième partie de soirée sur M6 avec des copains, mais un peu plus que d'habitude. D'ailleurs c'est à ça que ressemble ce film, il est assez gentil pour ne pas être évincé des chaines de télé et il ne choquera pas dans les chaumières. Le scénario est assez convenu, tout se déroule tranquillement sans qu'on ait à se poser trop de questions. Un film oubliable mais qui, au moins, est français : peut-être qu'à force, on va réussir à en faire des vraiment bien.
Le dimanche est notre dernière journée. Nous avons déjà vu le film présenté en compétition : Bedevilled. Il est passé à l'étrange festival au mois de septembre. A ma surprise, il va gagner le grand prix et je remarque d'ailleurs qu'il a beaucoup de succès parmi les festivaliers. C'est un bon film, mais comme je l'avais déjà dit, il me déçoit tout de même un peu. Pendant que le jury le découvre (et l'apprécie donc visiblement), nous voyons un Inédit Vidéo : Terreur. La sélection des inédits vidéos est un peu à part dans le festival, elle a son propre prix et ne passe que dans l'étrange cinéma Paradisio. Habituellement, nous n'avons pas le temps d'y aller. Cette année, nous n'en avons vu qu'un et, malheureusement, pas le meilleur. Terreur est en effet assez médiocre : beaucoup de grandes phrases pour pas grand chose. Encore un film que l'on va oublier très vite. Notre dernier film du festival, L'Empire des ombres est un peu de la même veine. Quelques bonnes idées mais au final rien de bien transcendant.
Et voilà le festival est fini pour cette année ! Demain, un article sur le palmarès qui nous a réservé quelques surprises...