Samedi matin, la petite ville est couverte de givre et le soleil pointe enfin après deux jours de brume et de pluie. Nous sommes à 11h à l'Espace Lac pour un film en compétition : The Seeding, premier film de l'américain Barnaby Clay. Un homme est perdu dans le désert après avoir aidé un enfant qui semblait égaré. Il se retrouve coincé dans une étrange ferme avec une femme silencieuse et harcelé par un groupe d'enfants sauvages qui semblent le garder prisonnier. C'est bien filmé, légèrement angoissant et bien raconté. La situation se dévoile sans jamais trop en révéler tandis que le clavaire du héros s'accentue. J'ai aimé l'ambiance et l'univers et bien apprécié ma séance.

Nous avons un peu de temps après le film et profitons des bords du lac ensoleillés et d'un déjeuner au Neptune. Puis nous revoilà à 15h à l'Espace Lac pour les courts métrages. Cette année, cinq films sont présentés et tous sont de qualité. Le premier, Au prix de la chair, me marque par originalité de sa forme : filmé dans le reflet d'une pupille. Le dernier me touche aussi, Transylvania est une jolie petite histoire où une enfant est convaincue qu'elle est un vampire. La jeune actrice est dans la salle pour voir le film.

Nous n'avons pas de réservation pour le film suivant (on ne peut pas en avoir plus de 3 le samedi à l'espace Lac) mais décidons d'attendre dans la file "Dernière minute, hors réservation". Chaque année, des festivaliers se plaignent du système de réservation car les séances principales partent très rapidement. Nous avons l'habitude et arrivons en général à avoir la majorité de nos films. Surtout, ceux qui râlent n'ont pas connu l'ancien système où l'on attendait des heures dans le froid pour parfois ne pas pouvoir rentrer. Aujourd'hui, je n'étais pas du tout sûre qu'on pourrait voir la séance de 17h30 un samedi après-midi. Mais finalement, la file hors réservations est encore assez courte quand nous sortons des courts métrages et nous n'avons aucune difficultés.

Le film en question est It's a wonderful Knife du réalisateur américain Tyler MacIntyre qui avait déjà réalisé Tragedy Girls. C'est un pastiche du classique américain It's a wonderful life avec un serial killer en plus. L'histoire suit la même trame : une jeune femme se sent déprimée et fait le vœu un soir de Noël de n'avoir jamais existé. Son vœu est exaucé mais elle découvre un monde très triste en particulier car le serial killer qu'elle avait arrêté dans la vraie vie sévit toujours et a tué une partie de sa famille. Le film est plaisant, mélangeant conte de Noël et film d'horreur. Cependant, il ne se prend pas très au sérieux et reste assez superficiel même pour le genre décalé dans lequel il s'inscrit.

Pour la séance de 20h, en compétition, nous avons bien des réservations et c'est avec plaisir que nous découvrons le premier film du réalisateur coréen Jason Yu : Sleep. Un jeune couple se voit perturbé par les inquiétantes crises de somnambulisme du mari. Unis face à la difficulté, ils cherchent des solutions pratiques mais la jeune femme commence à paniquer après la naissance de leur bébé et se persuade que son mari est possédé par un fantôme qui veut du mal à son enfant. Le réalisateur l'a décrit comme un "feel good horror movie" et c'est assez vrai car au final, c'est un joli film sur le couple et les deux protagonistes sont très touchants. Le film est aussi très bien construit, parfois drôle et émouvant, bien rythmé avec une belle montée en puissance. Le fantastique n'est jamais explicite : c'est un de ces films qui laisse le doute et parle tout autant de folie que de fantômes. En tout cas, c'est mon coup de cœur de la sélection cette année où il fait la course en tête !

Il nous reste une séance ce samedi soir : l'avant première du Mangeur d'Ame des réalisateurs Julien Maury et Alexandre Bustillo. Encore une fois sans réservation, nous rentrons sans difficulté. L'équipe du film est sur scène pour le présenter. Il a été tourné dans le coin et est sponsorisé par la région. Ce n'est pas vraiment un film fantastique mais plutôt un thriller, une enquête (menée en particulier par Virginie Ledoyen), sur des crimes sordides et des enfants disparus. Ambiance froide et glauque dans la brume des forêts vosgiennes, il sait poser son décor. L'histoire tient à peu près la route et nous accroche assez même à cette heure tardive. On rentre au chalet contents de notre journée.

Dimanche matin, nous terminons le festival avec le dernier film en compétition : La Damnée de Abel Danan. C'est encore un premier film, comme beaucoup cette année et le discours du tout jeune réalisateur est assez touchant car le film a en partie été tourné près de Marrakech dans un village plus tard détruit par le tremblement de terre. Avec tous ces premiers films, un de nos jeux a été de se demander lesquels des réalisateurs et réalisatrices étaient assez âgés en 2004 pour assister au festival alors que c'était notre première année : Abel Danan n'avait que 8 ans...

Son film raconte l'histoire d'une jeune femme marocaine arrivant à Paris pour ses études et se trouvant confinée dans son appartement à cause d'une épidémie (qui n'est pas le Covid mais visiblement largement inspirée). Le film ne fait pas l'unanimité au sein même de notre couple mais moi j'ai plutôt apprécié. Je trouve l'histoire intéressante, la folie de l'héroïne qui s'enferme de plus en plus, bien montrée. On retrouve de nouveau la thématique de la sorcellerie dans la culture musulmane et de la chasse aux sorcières. J'ai bien accroché.

Voilà qui clôture notre festival ! Après un déjeuner à discuter des films dans notre resto préféré La Géromoise, nous reprenons la route d'abord vers Nancy puis en train vers Paris. Là nous allons retrouver l'enfant qui, pour la première fois, est resté à Paris avec sa mamie, ce qui nous a permis de reprendre notre rythme très soutenu de films avec 15 séances en 3 jours + 1 le dimanche. Le palmarès devrait être annoncé ce soir alors que nous arriverons chez nous, je parie sur Sleep et When the evil lurks mais sans aucune certitude, la sélection étant de bonne qualité cette année et les avis variés.