Tbilisi
Nous arrivons à Tbilisi vendredi matin à 3h heure locale. L'hôtel nous a réservé un taxi et rapidement, nous rejoignons notre chambre. Nous sommes logés dans une grande pension dont les hauts murs sont décorés de façon imposante : peintures, miroirs aux allures gothiques, moulures , etc. Cependant tout semble légèrement délabré. Il y a des fissures au plafond, la peinture s'écaille. Nous dormons dans un très large lit assez inconfortable mais la chambre est fraiche et agréable.
Après une courte nuit et un petit déjeuner frugal dans une pièce aux allures de donjon, nous partons à la découverte de la ville. L'hôtel se trouve au coeur de la vieille ville : un enchevêtrement de mignonnes petites rues où tout semble un peu de guingois. Les jolies petites maisons sont en briques recouvertes de stuck coloré et effrité. Leurs gaies façades arborent de délicats balcons ciselés en bois ou en métal mais dont l'équilibre semble bien précaire. Nous montons vers le nord de la ville et rejoignons une très large avenue marchande. Plaisir étrange que celui de se promener ainsi dans une ville encore inconnue sans but précis. On devine l'influence soviétique dans certains bâtiments officiels aux dimensions imposantes mais qui restent élégants, surtout quand ils sont faits dans la magnifique pierre rouge qui semble courante ici. On est à la frontière entre l'Orient et l'Occident, entre le nord et le sud. On se croit parfois à Vienne, parfois en Italie et parfois encore ailleurs. Nous continuons de marcher. Concrètement, nous cherchons en fait une boutique de téléphones portables pour acheter une carte sim. Une fois cette opération réalisée, il nous faut déjà penser à nous nourrir. Nous quittons la grande rue et descendons vers la rivière qui parcourt la ville du nord au sud. C'est sur l'autre rive que nous trouvons une sorte de grande cantine dans une large pièce en brique. Pour une dizaine d'euros, nous mangeons les gros raviolis locaux à la viande et des beignets aux fromage : la nourriture géorgienne me convient.
Après cette pause, nous reprenons notre balade en longeant la rivière vers le sud. La berge n'est pas encore véritablement aménagée pour les piétons. Le petit trottoir que nous suivons se termine assez brutalement au niveau d'un pont sans même un passage pour nous aider à traverser le flot continu et klaxonnant de voitures. Sur le pont en question, nous découvrons le marché aux puces. On y trouve un étalage d'objets des plus hétéroclites. Sur un même stand, on peut trouver un sèche cheveux, des couverts en argent, de la vaisselle, des adaptateurs électriques, un panier à frites, un unique patin à roulette. Plus loin, un vieil homme dépose avec soin une dizaine de grands sabres en métal et des femmes vendent des bijoux.
La chaleur commence à monter ce milieu d'après-midi et nous retournons tranquillement vers notre hôtel. Au passage, nous découvrons l'immense bâtiment ultra-moderne des services publics dans lequel se presse une foule continue. Dans d'autres rues, des maisons semblent abandonnées ou même écroulées : diverses facettes d'une même ville. On se repose un peu à l'hôtel avant de découvrir un peu plus la vieille ville. Elle a été aménagée pour les touristes, ses rues sont piétonnes et pleines de cafés et de restaurants. Nous visitons deux jolies églises, en particulier une qui date du VIème siècle, la plus vieille de la ville. La plupart des monuments ici datent du XVIII ou XIXème siècle n'ayant pas survécu aux diverses invasions. Dans la deuxième église, Seb ne peut pas rentrer car il porte un short. Pour moi ça va, il suffit de m'enrouler mon foulard sur les épaules et la tête.
Nous profitons de la fin d'après-midi à la terrasse d'un café où nous buvons des milkshakes. Puis nous rentrons à l'hôtel où Seb doit travailler tandis que je tente une malheureuse aquarelle depuis la terrasse de l'hôtel, mais la vue et la peinture qui en découle ne sont pas concluantes. Enfin le soir, nous mangeons à nouveau des beignets au fromage dans l'un des restaurants touristiques de la vieille ville.
Samedi, c'est-à-dire aujourd'hui, nous continuons notre visite de Tbilisi. Ce matin, nous montons à la forteresse qui domine la ville. Le ciel est chargé de nuages, il ne fait pas trop chaud, ce qui est idéal pour moi car il faut pas mal grimper. La forteresse existe depuis le IVème siècle, elle a été perse, turque ou géorgienne et aujourd'hui il n'en reste que quelques remparts en ruine. Mais de là haut, on a une vue magnifique de la ville. Tbilisi est concentrée autour de la rivière, enclavée entre de belles collines où se dessinent sur le ciel les hauts cyprès et les petites églises rouges. De là où nous sommes, nous voyons ses ruelles enchevêtrées, ses balcons gracieux, ses églises rondes et ses toits de tuiles. Nous voyons aussi les immenses bâtiments officiels de type soviétiques et aussi les quelques uns plus récents d'un style contemporain. Enfin, au loin dans l'ombre, on voit se dessiner des banlieues plus pauvres, grands HLM délabrés absents du centre ville. De la forteresse, nous marchons jusqu'à la statue "Mother of Georgia", jolie femme en aluminium de plusieurs mètres de hauteur qui, avec son sabre et sa coupe de vin, se veut le symbole du pays. Puis nous redescendons vers la ville. Nous arrivons par l'arrière de la vielle ville, dans une rue complètement défoncée bordée de maisons tenant à peine debout (ou carrément plus du tout). Mais on sent que tout ceci va changer : on croise chantiers, camions et sacs de sable. D'ailleurs, en 5 minutes, nous revoilà au coeur de la vieille ville avec les touristes et les restaurants.
Après un nouveau repas de beignets au fromage (je crois que ça va devenir la base de mon alimentation), nous nous rendons aux "royal baths". Dans de grandes coupoles enterrées, à la lumière tamisée, on peut louer un bassin privé pour une heure et se prélasser dans l'eau soufrée. Ramollis par l'eau chaude et la vapeur, nous nous endormons plus tard à l'hôtel avant de terminer l'après-midi comme hier par des milkshakes en terrasse. C'est de cette terrasse que j'écris en ce moment, dans l'atmosphère estivale de la ville. Demain, nous quittons Tbilisi et partons vers l'Arménie...