Le week-end dernier, ma meilleure amie Rébecca était là et nous avons donc décidé d’aller faire un tour au nord.
Départ le samedi midi, tous les trois avec notre chère voiture Mimi-cracra à pleine vitesse (90 km/h) sur l’autoroute qui relie Dublin à Belfast. Seb joue au copilote blasé, moi à la conductrice chevronnée, et Rébecca assise à l’arrière nous lit son histoire de France qu’elle doit réviser. Lorsqu’on arrive à Dundalk pour une petite pause, nous connaissons toutes les batailles de la guerre des Gaules, du massacre des Helvètes jusqu’à la reddition d’Alésia. Mon collègue Fergal vient de Dundalk, et l’on s’amuse donc à se prendre en photos dans les différentes rues de cette ville dont nous sommes les seuls touristes.
Très rapidement après avoir quitter cette petite ville, nous franchissons la frontière sans même nous en rendre compte : ils pourraient quand même indiquer que l’on rentre au Royaume Uni et que les limitations de vitesses ainsi que les distances sont maintenant en miles !! Le plus étonnant, c’est qu’il y a une dizaine d’année, il y avait des gardes armés et des contrôles avec interrogatoire à la clef : L’Irlande a fait du chemin sur la route de la réconciliation.
Vers 17h, nous entrons dans Belfast, large et grise, bordée de petites maisons en brique rouge. Notre B&B est tenu par des pakistanais, c’est une grande maison pleine de chambres et recouverte de moquettes du sol au plafond. Nous avons réservé une chambre triple sans grand confort, mais ça reste les prix anglo-saxons…
Après s’être un peu reposé, on part à la découverte de la ville à pied. On passe d’abord voir l’université, qui s’avérera être le seul vrai beau monument de la ville. On s’arrête dans un pub au coin d’une rue pour éviter la pluie qui a commencé à tomber. Puis on repart, vaillants, sous le soleil revenu. Les rues sont longues, grises et rouges, assez vides. Du haut de la grande roue qui tourne sur la place principale, on aura la confirmation que, même de haut, Belfast n’est décidément pas une belle ville. Je ne trouve pas désagréable, cependant, de marcher dans ces rues en pensant à tout ce que la ville a vécu, à ce qu’elle représente : l’atmosphère qui s’en échappe ne laisse pas indifférent.
Mais lorsque la nuit est tombée, et que le restaurant que l’on avait repéré s’avère ne plus exister, nous voilà seuls dans une grande ville sombre et vide. Les rues du centre sont désertes, alors que nous sommes samedi soir, comme si la vie s’était concentrée à l’intérieur de quelques pubs. Désespérés de trouver un restaurant, nous terminons dans un Mc Do plutôt glauque à avaler rapidement des hamburgers. L’atmosphère que j’avais ressentie dans l’après midi s’est maintenant transformée en un sentiment d’oppression, de solitude et d’ennui et mon désir le plus cher est de rentrer au B&B. Ce que nous faisons d’ailleurs sans traîner.
Le lendemain, on se réveille avec peine pour descendre au petit déjeuner. Au final, on attend bien 1/2h avant de ne pouvoir ne serait-ce que de s’installer dans salle : l’organisation de nos hôtes n’a pas l’air au top. Le repas en lui-même est très agréable et de bonne qualité, notons juste la prouesse de servir un petit déjeuner irlandais sans porc alors que celui-ci est principalement composé de charcuterie : jambon de dinde et saucisse de bœuf, il fallait y penser.
Vers 11h, enfin prêts à partir, nous reprenons notre chère Mimi-cracra. Avant de quitter Belfast, on traverse en voiture le fameux « West Belfast », qui pendant des années a accueilli à la fois la misère et les troubles. A part les fameux murs peints, difficile aujourd’hui de le distinguer d’un quelconque autre quartier résidentiel irlandais, pourtant, même si les drapeaux ont disparu, les tensions religieuses existent encore derrière les hauts murs qui séparent les deux communautés.
Nous voilà maintenant enfin dans la nature, sur une petite route au milieu des moutons et des collines (Ah l’Irlande…), direction la côte nord et les Giant Causeway. En français, la Chaussée des Géants, est une très étrange formation rocheuse sans doute due à un refroidissement rapide de roches volcaniques mais aussi attribuée aux extra-terrestre, et avant ça aux géants ! Les pierres, au lieu d’avoir leur formes habituelles, forment des colonnes hexadécimales et s’emboîtent parfaitement : on dirait une sculpture d’art moderne. On y fait une très agréable ballade sous le soleil et le vent.
On mange ensuite dans la petite ville de Bushmills puis on fait un tour au château de Dunluce, magnifiquement romantique dans ses ruines battues par les flots. Toujours à bord de Mimi-cracra, nous longeons tranquillement la côte nord pour retourner vers Belfast, s’arrêtant un peu partout pour prendre des photos de la mer turquoise, des moutons idiots ou de n’importe quoi.