Gerardmer 2024 - Jeudi

Nous revoilà dans la petite ville couverte de brume pour ce nouveau festival. Arrivés hier soir, nous avons tenté de rejoindre la séance du film d'ouverture, The Forbidden Play de Hideo Nakata, qui rejouait à 20h au Casino. Mais la salle est largement pleine et nous passons la soirée au restaurant le Grizzly à manger des Flamenkuche.

Le festival commence donc pour nous le jeudi matin à la séance de 11h de l'espace Lac pour notre premier film en compétition : Perpetrator de la réalisatrice américaine Jennifer Reeder. Je suis assez emballée pendant le visionage. L'héroïne est une jeune fille un peu marginale qui vit seule avec son père. Alors qu'elle va avoir 18 ans, elle est envoyée vivre chez sa tante et découvre qu'elle possède un étrange pouvoir. Le film foisonne d'idées, ça part un peu dans tous les sens avec, je trouve, beaucoup de créativité et un propos intéressant. Il y a de l'humour comme dans ces scènes d'exercice intrusion absurdes dans un lycée américain. Malheureusement, il y a un peu trop de choses en même temps et même si je passe un bon moment je dois reconnaître que ça manque de cohérence.

On a le temps ensuite de déjeuner à notre chalet et de faire quelques provisions avant de retourner à l'espace Lac pour le premier film de l'après-midi. C'est un film français hors compétition : La Morsure premier film de son réalisateur Romain de Saint-Blanquat. On suit deux jeunes filles qui s'enfuient d'un pensionnat à la fin des années soixante pour rejoindre une fête clandestine dans les bois. Il y a de bonnes idées, de belles images à l'aspect onirique. Mais l'histoire n'est pas vraiment au rendez-vous. On attend tout du long que quelque chose se déclenche et on reste un peu sur sa faim.

On enchaîne ensuite avec le film turc The Funeral de Orçun Behram. Un croque-mort tombe amoureux de la jeune femme assassinée qu'il transporte et qui s'avère être un zombie. Il y a de jolies choses, les beaux paysages turcs. Mais je dois dire que j'ai du mal à m'accrocher car le rythme est très lent. Certes, l'héroïne étant déjà morte, elle n'est pas très bavarde mais le héros, qui lui est vivant, n'a pas beaucoup plus d'énergie.

Le film suivant, en compétition aussi, nous réveille un peu. Amelia's Children du réalisateur portugais Gabriel Abrantes raconte une histoire de famille déglinguée pas forcément très originale mais plutôt efficace. Un jeune homme retrouve sa mère et son frère jumeau à qui il a été enlevé à la naissance. Le film est surtout vu du point de vue de sa compagne qui l'accompagne dans ses retrouvailles. Derrière le tableau idyllique, elle décèle rapidement le malaise et essaie autant qu'elle peut de les tirer de ce marasme. Le film ne se prend pas complètement au sérieux et nous offre de très jolies scènes.

Enfin, on termine notre soirée avec un film de 2010, Monsters, présenté dans le cadre de l'hommage au réalisateur Gareth Edwards. La frontière entre le Mexique et les États-Unis est infectée par une forme de vie extra-terrestre. Il y a de grosses bestioles qui ressemblent à des pieuvres géantes et font de gros dégâts. Un photographe de presse doit aider une jeune femme, la fille de son patron, à rentrer aux États-Unis. Mais ça ne se passe pas comme prévu et les voilà dans un périple de plus en plus dangereux. Le film me plaît assez. Il a beaucoup de qualités et fait une belle allégorie sur la question de la frontière. Les bêbettes sont par ailleurs très jolies, entre monstres effrayants et touchantes créatures. Le seul défaut, mais qui m'a dérangée est la complète nullité du personnage féminin qui n'a à peu près aucun élément de personnalité.

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Clearlake

Vers 10h30 ce jour là, nous quittons notre camping de Trinity Lake. Une longue route nous attend. Nous continuons d'abord vers l'est pour quitter la zone de forêts et montagnes que nous avons traversé depuis la côte. Nous arrivons à Redding qui est une assez grande ville où nous pouvons faire des courses et prendre un pique-nique dans un petit parc. Il fait près de 40 degrés.

Les petites montagnes que nous avons vues jusqu'à présent, le long de la côte, font partie de la chaîne côtière californienne. Redding est située au nord de la Central Valley qui, sur 600km, sépare cette chaîne de la Sierra Nevada plus à l'est. C'est ici qu'on trouve les villes de Sacramento, capitale de la Californie, et, plus au sud, Fresno et Bakersfield. C'est aussi le cœur agricole de la Californie.

En été, le temps est sec et brûlant, la fraîcheur et les nuages étant maintenus sur la côte par les montagnes. C'est pour ça qu'alors qu'il fait rarement plus de 15 degrés à San Francisco, on se retrouve avec des 40 degrés au bout de la ligne de train de banlieue, de "l'autre côté des collines" à quelques dizaines de kilomètres à peine.

Une grande autoroute relie Redding à Sacramento et c'est elle que nous empruntons pour redescendre plus rapidement que par les circonvolutions de la petite route côtière. Même avec la climatisation, j'ai l'impression de sentir la chaleur écrasante du paysage. Le ciel nous ébouli de son bleu éclatant. Le soleil impitoyable nous fait face. Autour de nous, s'étendent les champs desséchées. Les céréales ont déjà été coupées et patientent sans doute dans les immenses silos que nous croisons. Nous voyons aussi des plantations d'oliviers et d'autres arbres fruitiers. Des deux côtés, à l'horizon, l'ombre des montagnes se dessinent dans le ciel.

Cette route est fatigante. Je compte les miles qu'il nous reste à parcourir. D'ailleurs Seb en a marre lui aussi et voudrait que je prenne le volant. Mais ce n'est qu'au moment de quitter l'autoroute, un peu avant Sacramento qu'il a enfin l'occasion de s'arrêter. Après ça, je reste encore bloquée au moins 40 minutes dans un embouteillage avant de pouvoir enfin quitter la vallée et retrouver les petites montagnes.

Nous arrivons à Clearlake vers 17h. Personne n'est là à l'accueil du petit camping que j'ai repéré : il est noté que l'accueil ferme à 16h. Alors que nous nous apprêtons à repartir la gérante arrive finalement et s'occupe de nous enregistrer. C'est un petit camping familial. Il n'est pas idéal car plutôt conçu pour les caravanes que les tentes. Notre emplacement est plein de cailloux. Mais nous donnons sur une jolie rivière et sommes assez tranquille. Par ailleurs, il y a une petite piscine (qui a été un gros critère de choix) dans laquelle nous allons dès que les tentes sont montées. Il n'y a pas grand monde dans le camping et nous avons la piscine pour nous. L'enfant est enchanté car elle est peu profonde et il a pied sur au moins la moitié du bassin. Or l'enfant déteste ne pas avoir pied ! Même avec son gilet flottant, il ne supporte pas de s'aventurer et de nager. Même dans nos bras, il hurle à la mort pour qu'on le ramène au bord. Il décrète donc que c'est sa piscine préférée.

Nous sommes juste à côté de la ville de Clearlake qui est relativement grande, surtout par rapport à Trinity que nous avons quitté le matin. Nous décidons d'aller y manger ce soir. Dans ce qui ressemble le plus au centre ville, on trouve un grand parc qui donne sur le lac. Alors que nous arrivons, nous découvrons qu'il y a une pièce de théâtre en plein air : Mesure pour Mesure de Shakespeare ! Les enfants ne comprennent pas mais sont fascinés par le spectacle. Nous regardons la fin de la pièce en mangeant des burgers acheté au stand juste à côté.

Après deux semaines de campings, la fatigue commence à se faire sentir le lendemain matin. Nous mettons du temps à nous mettre en route. Nous avons décidé d'aller voir le Clearlake state Park à 1/2h de là où nous sommes. Nous arrivons devant une jolie plage au bord du lac. Il fait déjà très chaud mais nous décidons tout de même de faire la petite promenade qui part juste derrière. Cependant, l'enfant râle beaucoup et est fatigué. Seb fait bientôt demi-tour avec lui tandis que je continue la boucle avec le filleul. C'est très court mais nous avons de jolis points de vue sur le lac et croisons même des biches. Nous nous baignons ensuite et pique-niquons près du lac. Nous passons ici tout le début de l'après-midi tandis que les enfants jouent dans les cailloux puis nous rentrons tranquillement au camping où nous profitons à nouveau de la piscine. Le soir, nous retournons à Clearlake. Cette fois, pas de pièce de théâtre. Nous achetons des quesadillas à emporter et les mangeons face au coucher de soleil sur le lac.

Et voilà arrivé notre dernier jour ! Pour aujourd'hui, le programme est spécial. En effet, j'ai remarqué que le filleul est très bon marcheur. Beaucoup de nos balades ont été écourtées par l'enfant et Seb a dû plusieurs fois se sacrifier. Je lui ai donc proposé qu'il parte seul avec le filleul faire l'ascension du petit volcan qui surplombe le lac. De toutes façons, il fait trop chaud pour moi pour faire une randonnée et surtout pour monter en haut de quoi que ce soit. Nous achetons de quoi faire des sandwichs puis Seb nous dépose au parc Anderson March proche du camping et part avec le filleul. On a bien fait attention à se séparer les affaires de façon intelligente pour avoir chacun ce qu'il nous faut.

Moi je suis dans une sorte de réserve historique et naturelle. On peut visiter une ancienne ferme (il n'y a pas grand chose à voir mais l'enfant trouve ça amusant). Ensuite on peut suivre une petite balade. Le début est en plein soleil mais on arrive ensuite dans le marais qui fait face au camping. Nous sommes à l'ombre et le paysage est très joli. Nous voyons une biche, plusieurs oiseaux. Nous marchons sur une espèce de petit ponton au dessus du marécage sous les arbres. Comme je suis seule avec l'enfant, nous allons très lentement et nous arrêtons souvent. Nous pique-niquons sur un banc au bord de la rivière. Plus tard nous ramassons des mûres et nous reposons à l'ombre d'un arbre. Quand l'enfant me dit que "c'est trop long" (le petit chemin continue au soleil après le ponton), je lui propose de faire demi-tour. L'enfant veut faire une pause dès que nous sommes à l'ombre. Au bout d'un certain temps, nous sommes revenus à la vielle ferme où il y a des tables à l'ombre.

Il est 15h. Seb m'a indiqué qu'ils étaient en train de redescendre. Je calcule que je devrais les attendre environ 2h. En effet, le camping est à 30 minutes à pied sur un chemin désagréable et je ne vais pas le faire. Il y a aussi moyen de prendre un bus mais ça me semble beaucoup d'efforts. Attendre à l'ombre en discutant avec l'enfant me va très bien. Parfois, l'enfant joue même seul et je peux lire 5 minutes. J'ai bien calculé, Seb arrive peu avant 17h. Lui et le filleul ont marché 10km pour 460 mètres dénivelé ! Leur chemin était quasiment tout le temps en plein soleil : une route poussiéreuse qui monte sans s'arrêter. Pour moi, c'est une description de l'enfer et même si la vue était jolie, je suis bien contente de ne pas les avoir accompagnés.

De retour au camping, nous profitons évidemment de la piscine après les efforts (de quelques uns au moins) de l'après-midi. C'est notre dernière soirée. Une certaine lassitude s'est installée chez Sen et moi en ce qui concerne l'organisation, en particulier pour la nourriture. Mais nous décidons tout de même de manger au camping car nous voulons faire un feu pour brûler nos dernières bûches. Seb va faire des courses. Il achète des pâtes fraîches et de la salade et nous dégustons un de nos meilleurs repas de tente. Puis nous lançons un beau feu où nous grillons des chamallows. L'enfant s'endort dans mes bras comme lors du premier soir.

Le lendemain matin, c'est le moment de replier le camp pour la dernière fois. Nous prenons notre temps et profitons de la piscine pendant que notre lessive tourne. Il est midi et demi quand nous partons. Nous déjeunons à Calistoga, jolie bourgade où l'on trouve des bains chauds (que nous n'auront pas l'occasion de tester). Il est environ 16h30 quand nous arrivons dans notre hôtel de Rosemont au nord de San Francisco. Nous repartons tout de suite car nous avons rendez-vous avec un ami et sommes déjà en retard.

Lors de ces derniers jours à San Francisco, nous devons surtout ranger l'immense bazar que nous avons ramené du camping. Au final à part les chaises (achetées ici) que nous avons données et quelques bricoles, nous arrivons à tout faire rentrer dans nos bagages, en particulier, les matelas achetés ici lors de notre départ en camping.

En dehors de ça, nous retournons un peu en ville, retournons voir les otaries à Pier 39 et passons les soirées avec amis et famille qui vivent ici. Le dernier jour, nous emmenons les enfants au Academy of Science Museum dans le Golden Gate Park. Dans ce musée, on trouve : un grand aquarium, un crocodile albinos, des squelettes de dinosaures, des australopithèques, des animaux empaillés, des manchots, une simulation de tremblement de terre, une forêt tropicale, un planetarium et encore d'autres choses. Les enfants sont contents...

Enfin le samedi, c'est le moment de quitter la baie et d'entamer notre long voyage de retour en avion. Au revoir la Californie !

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Trinity

Et voilà, après 4 nuits, nous quittons notre petit coin tranquille, la petite rivière, les loutres, notre ami le héron et nos voisins russo-canadiens. L'enfant est content car il m'a dit la veille que ce camping n'était pas "cool" car il n'y avait "rien" : pas de jeux, pas de piscine, pas de boutique, pas de restaurant... Il n'y a "qu'une rivière" ce qui n'est pas très intéressant. Le filleul, lui, est plus sensible au charme rustique de la nature et serait bien resté plus longtemps.

Nous sommes tout au nord de la Californie, proche de l'Oregon mais le voyage touche à sa fin et nous redescendons vers le sud pour rejoindre San Francisco. Nous longeons de nouveau la côte jusqu'à la petite ville de Trinidad. C'est une jolie bourgade surplombant l'océan. On a vue sur une jolie crique très pittoresque avec des bateaux. Quand le paysage se recouvre partiellement de brume, il devient presque féerique et on se croirait dans une peinture romantique du XIXème siècle. La ville elle-même est pleine de fleurs. On dirait une retraite pour hippy et hipster. D'ailleurs nous mangeons dans un café qui sert de délicieux brunchs très branchés avec des fleurs comestibles dans des bols de fruits.

À Trinidad, nous disons au-revoir à l'océan qui nous a accompagné depuis notre départ. En effet, nous allons rejoindre San Francisco par l'intérieur des terres et roulons à présent vers l'est à travers les forêts. Après de longues heures de routes, nous arrivons à notre point de chute à Trinity, au bord du Trinity Lake.

Nous avons choisi un camping "cool" selon les critères de l'enfant. À Manchester, nous avons découvert les campings KOA : c'est une chaîne qui propose des campings un peu club vacances. En particulier, il y a toujours une piscine. Comme nous avons apprécié l'expérience, nous en avons repris un par la suite et celui-ci est notre 3ème. Cependant, je le trouve moins chaleureux que les deux derniers. Il est plus grand. Nous sommes installés dans la forêt. Nous sommes certes tranquilles mais aussi loin des sanitaires et loin de la piscine, des aires de jeux et de l'accueil.

Enfin bon, nous montons les tentes tandis que les enfants font des constructions avec des gros cailloux. Puis nous allons nous rafraîchir à la piscine. En effet, en quittant la côte, nous quittons la fraîcheur. Avant nous avions froid avec 15 degrés, à présent nous avons trop chaud avec 35. Le juste milieu est difficile à trouver.

Le soir, la chaleur s'estompe et on a même une réelle fraîcheur pendant la nuit. Au matin donc, il fait une température agréable. Nous décidons d'en profiter et de partir en balade.

Notre organisation de voyage est une espèce de chaos organisé. Nous choisissons nos étapes au fur et à mesure et savons finalement mal ce qu'il y a à voir là où nous sommes. Seb a trouvé une randonnée sur Open Street Map Ce matin mais nous ne savons pas vraiment à quoi nous attendre alors que nous roulons sur une piste poussiéreuse pendant 20 bonnes minutes.

Arrivés au départ de la balade, le premier objectif indiqué sur le panneau se situe à 5 miles, soit beaucoup trop loin pour nous avec les deux jeunes enfants. J'interpelle un couple qui semble repartir pour leur demander si le début de la randonnée est intéressant et s'il y a quelque chose à environ 1 mile. "Oui" me répondent-ils : le début de la balade suit une rivière et est très bien. En marchant un peu plus d' 1 mile, on peut atteindre un petit pont et descendre jusqu'à une petite plage. Parfait ! Voilà donc notre objectif.

Nous sommes prêts et nous nous engageons avec nos deux petits garçons. Le chemin est très agréable. Nous marchons à l'ombre dans la forêt et il ne fait pas encore trop chaud. En contre bas, coule le joli torrent. Il y a un léger dénivelé mais ça reste très raisonnable. L'enfant râle évidemment un peu de temps en temps mais il est de bonne humeur. Comme c'est le matin, il n'est pas trop fatigué et marche sans être trop pénible même s'il demande parfois à quelle heure on arrive et veut sans arrêt faire des pauses et se faire prendre en photo. Le fait d'avoir un objectif facilite les choses et nous évite de faire demi-tour à la moindre difficulté.

Ainsi, nous atteignons le fameux pont où l'on peut en effet descendre au bord du torrent. Nous avons pris nos maillots et nous trempons dans l'eau. Cependant c'est une eau glacée de montagne et on peut difficilement s'y baigner plus de quelques secondes. Il est midi et il aurait été idéal d'avoir un pique-nique. Mais nous n'en avons pas car nos provisions sont un peu à sec ! On se contente donc de s'hydrater et de manger quelques biscuits et barres de céréales.

Les enfants jouent et nous prolongeons la pause mais il faut tout de même penser à repartir. Le retour devrait être plus simple car on descend mais les enfants risquent d'être fatigués. Pour les occuper, je leur apprends des chansons D'abord "Un éléphant qui se baladait" mais surtout la chanson de colonie "la si la sol" où l'on peut inventer des paroles ce qui les amuse beaucoup et les occupe quasiment tout le trajet. Bientôt, nous voilà de retour à la voiture après avoir parcouru plus de 4km ce qui, pour un enfant de 4 ans, est une belle randonnée. D'ailleurs l'enfant s'endort dans la voiture sur le chemin du retour.

Nous déjeunons tardivement au seul restaurant de Trinity : le Yellow Jacket. C'est un endroit agréable, tenue une grande femme blonde très énergique et sympathique, avec une terrasse extérieure ombragée. Le menu est simple (salades, sandwichs, burgers) mais bon. Malheureusement ce midi, pas de frites pour nous car elle n'a pas été livrée et pas de milkshakes non plus car elle n'a plus de glace. Mais notre repas reste très agréable. Dans un coin de table, le restaurant met à disposition quelques jeux de société qui amusent les enfants.

En face du restaurant, il y a une sorte d'épicerie mais le choix est bien maigre. Nous sommes à court de provisions. Par ailleurs, nous ne nous sommes pas occupés de mettre nos pains de glace au frais et donc notre glacière n'est pas très utile, surtout avec la chaleur actuelle. Finalement, on décide pour ce soir de commander un poulet rôti au Yellow Jacket qui propose ce service.

En attendant, nous faisons le tour de la minuscule ville en voiture. D'abord, nous roulons jusqu'au lac. J'avais l'idée qu'on y trouverait peut-être une plage mais il n'y a qu'un parking avec une rampe à bateaux. C'est un lac artificiel : une retenue d'eau créée par un barrage. Les bords du lac manquent cruellement de charme. La forêt s'arrête brusquement et se transforme en pente poussiéreuse et décharnée qui descend dans l'eau. Ça ne fait pas très envie. Et idée d' une balade en bateau n'est pas très attrayante non plus : le lac ne m'inspire pas la fraîcheur mais me semble être au contraire un immense miroir brûlant sous le soleil imperturbable de l'après-midi. Le reste de la ville est constitué de maisons individuelles posées le long des quelques rues quadrillées. Il y a plus de drapeaux américains que d'habitants visibles. Une seule incongruité : ce "musée historique" qui s'enorgueillit d'une "collection de barbelés".

Les heures restantes de notre après-midi sont donc passées au camping, aux jeux d'abord puis à la piscine. Puis nous retournons chercher le poulet rôti au restaurant et dînons tranquillement à notre tente.

Comme la balade a été un succès, nous voulons recommencer le lendemain. Mais nous sommes moins ambitieux. Grâce à un guide trouvé au camping, nous avons découvert une autre balade, proche de celle de la veille, où l'on peut atteindre un petit lac après seulement quelques 800 mètres.

Un peu fatigués ce matin, nous sommes moins rapides que la veille. Nous préparons aussi de quoi faire un pique-nique avec les restes du poulet. Puis nous revoilà sur cette route poussiéreuse pour rejoindre cette nouvelle balade.

Elle est certe plus courte que la veille mais elle est aussi moins agréable. Le dénivelé est plus abrupt. Il y a moins d'ombre. Nous sommes tous plus fatigués et en particulier l'enfant. Il n'avance que parce qu'on lui répète que l'objectif est proche et il se plaint beaucoup. Il me dit "pourquoi on fait que les balades les plus difficiles !" "Regarde maman, il y a des gros cailloux devant moi, ils sont trop gros ! Je peux pas avancer !". Nous arrivons cependant rapidement au lac. C'est plutôt un bel étang sauvage, entouré de grands arbres et de hautes herbes et couvert de nénuphars. Là nous pique-niquons tranquillement (même si j'ai oublié le fromage dans la voiture) et repartons.

Quand nous revenons à Trinity, l'enfant s'est endormi. Avec le filleul, je m'installe à la terrasse du Yellow Jacket avec un milkshake avant d'entamer un jeu qui ressemble aux petits cheveux. Plus tard, nous retournons comme la veille à la piscine puis revenons au restaurant pour notre dîner (le Yellow Jacket est à peu près la seule source de nourriture dans cette ville). Alors que nous venons de commander et de payer, la ville subit une coupure d'électricité générale. Heureusement, les serveuses et la patronne arrivent tout de même à se débrouiller et nous avons notre repas ! C'était notre dernière soirée à Trinity, le lendemain on espère être moins isolés.

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