Gerardmer 2012, jour 3

Samedi, nous n'allons pas voir le film en compétition The Cat et lui préférons un autre coréen : Invasion of Alien Bikini, qui semble beaucoup plus original. Il n'est pas parfait et souffre de quelques manques de rythme mais reste bien amusant, délirant comme savent le faire les films asiatiques. Après un sandwich au Neptune, nous nous rendons à la séance de courts-métrages. Comme d'habitude, c'est assez inégal mais sur les 7, 3 retiennent mon attention. Ma préférence va peut-être à Boxed qui sait rendre en peu de temps une ambiance proche des films de Jean-Pierre Jeunet avec un très bon scénario, à la fois poétique et triste. Le très amusant L'attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l'espace est bien fichu : mélange de comédie musicale et vieille série Z américaine, passant de la couleur au noir et blanc, de l'anglais au français, en fonction du genre du film ! Enfin, j'ai trouvé Tommy très poétique et je n'aurais pas été surprise qu'il gagne le prix. Un autre encore pouvait y prétendre :  Le Lac Noir, qui était très beau techniquement mais pas trop mon genre. Il a reçu une mention spéciale tandis que le prix du court-métrage est parti à mon grand étonnement au Cri. Je dis mon grand étonnement car je n'avais pas trouvé le moindre intérêt à ce film : en 20 minutes, je n'avais rien ressenti à part l'ennui et des longueurs dans un court métrage c'est quand même dommage. je n'étais pas la seule à partager cet avis et je pense humblement qu'il reflète celui général de la salle. Le jury n'aura pas été en phase avec le public, nous étions pourtant dans la même salle mais visiblement, nous n'avons pas vu le même film. Ce n'est pas la première année que ça me fait le coup, ce qui prouve que la perception est tout de même quelque chose d'étrange.

Nous n'avons pas pu entrer à la séance suivante et c'est la faute de Lou Doillon. En effet, beaucoup de gens sont partis avant le dernier court-métrage pour s'assurer une place. Nous avons décidé de rester : tout ça pour voir des gros plans de Lou Doillon qui se transforme en sirène, ça ne valait pas le coup ! Nous n'avons pas attendu qu'on nous annonce que la salle était complète : ils comptaient déjà les places et il restait plusieurs dizaines de personnes devant nous. Par ailleurs, nous n'avons pas de regrets car le film présenté, Moth Diaries, passe pour être le plus mauvais de la compétition (mais je n'ai pas pu me faire mon propre avis !). A la place, nous allons voir Beyond the black rainbow, qui avait attisé ma curiosité. Elle a été vite rassasiée, deux heures d'écrans colorés psychédéliques, c'est long.  Le film était déjà assez confus et  pour couronner le tout, il n'y avait pas de sous-titres. Je devais rester concentrée pour décrypter les rares marmonnements du héros. Beaucoup de gens sont partis avant la fin, je suis restée, mais j'étais soulagée que ce soit enfin terminé.

Après cette épreuve, nous nous restaurons à la Géromoise car il serait dommage de quitter Gerardmer sans un bon dîner au fromage fondu. Puis, tranquillement, nous allons voir Perfect Sense. Le film est présenté hors compétition et je ne savais pas quoi en attendre. Ça été une très bonne surprise. Il détonne un peu par rapport aux autres films car il n'y a pas de sang, pas de massacre, mais les festivaliers ont visiblement accroché. Le film est cependant fantastique, il décrit une fin du monde progressive où les humains perdent leurs sens les uns après les autres au cours de ce qui ressemble à des hystéries collectives. Ces moments de tristesse ou joie intense sont particulièrement beaux. Le plus étonnant est que ce film tout en décrivant une fin de l'humanité inéluctable reste au final optimiste. Le message semble être : "c'est la fin du monde, mais ne t'inquiète pas, ça va bien se passer". Un film poétique et doux, avec un sourire triste.

Il est minuit, et nous ne rentrons pas encore chez nous : c'est l'heure de la Nuit. Nous ne resterons pas voir les trois films tenons à voir le premier : Tucker and Dale. Nous ne sommes pas les seuls, et la salle et presque pleine ce qui est rare pour une séance si tardive. Le film tient ses promesses, c'est une comédie gore vraiment hilarante et très bien faite. Des jeunes étudiants sont persuadés qu'ils se font attaqués par des péquenauds et, voulant se défendre, n'arrivent qu'à se massacrer entre eux. Les deux péquenauds inoffensifs  ne comprennent rien et pensent assister à un suicide collectif. Je retrouve un humour noir à la manière de Serial lover en plus gentil. On est content d'avoir veillé même si après 3 jours de films en continu, le sommeil n'est pas très bon et qu'il est difficile de se lever à 8h le lendemain matin : il faut rendre le chalet et aller voir nos derniers films, le festival se termine...

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Gerardmer 2012, jour 2

Deuxième jour de festival, nous sommes à l'heure devant l'Espace Lac pour aller voir Hell, film allemand post-apocalyptique. La séance est pleine, nous avons bien fait d'arriver à l'avance, l'heure de pointe du festival est arrivée. Le film est agréable à regarder. Le scénario n'est pas très original mais, au moins, il n'est pas complètement aberrant.Il y a du rythme, et de la poésie dans ce monde brûlé par le soleil. Et puis nous découvrons une première famille de tordus : elle arrive 3ème au classement des "fucked up families" de la journée.

Après la pause déjeuner, notre second film est The Caller, une série B sur les problèmes d'espace temps. Le film est moins mauvais que ce que je craignais, il y a des bonnes idées même si le scénario souffre de problèmes de crédibilité (je veux dire que, même quand on part du principe que le contact avec le passé est possible, le scénario n'est toujours pas très crédible). On se rend ensuite à la MCL pour voir The Woman. Le film est présenté hors compétition car il a déjà été vu dans plusieurs festival, mais pas par nous ! Il traine une bonne réputation et en effet, c'est une jolie claque. Une femme sauvage est enchainée dans la cave d'une famille respectable. La perversité de la famille en question est révélée petit à petit, en particulier le personnage du père, classée 2ème dans mon classement du jour des familles à problèmes. La fin est sanglante comme on l'attendait, ça donne envie de voir les autres films du réalisateurs.

La journée continue à l'Espace Lac. Arrivés à l'avance (avant la sortie de la séance précédente), nous attendons patiemment dans la queue assis sur un petit escalier, sûrs de rentrer. La séance se remplit vite, des pass festivals sont restés sur le carreau. Le film présenté, en compétition, est espagnol : Eva. On se trouve plus du côté de la SF que du fantastique. Tout est très bien maitrisé : l'image, le décor neigeux, les acteurs, le scénario. Une histoire à la fois poétique et étrange, moins gentille qu'il n'y parait. Il a visiblement plu au public : peut-être le grand prix ?

Enfin, on termine la journée avec Mother's Day au cinéma du casino. C'est le second film que nous voyons de la section Extrême et en effet, il mérite le titre. On est dans un genre torture gore qui n'est pas à conseiller à tout le monde. Mais par ailleurs, le film ne fait pas dans la surenchère : l'horreur arrive petit à petit, les personnages et les situations prennent le temps de se développer, on est envouté par l'histoire et la violence qui se dégage de chacun : victime ou bourreau. Le film est un remake et il faudrait donc que je vois l'original, mais même dans cette version récente, on retrouve un peu l'ambiance et l'audace d'un film comme La Dernière maison sur la gauche. Et puis, je peux décerner le premier pris de la famille à celle du film : un personnage de mère très bien fait à la fois perverse et douce, prête à vous massacrer tout en douceur et avec le sourire.

Après une telle journée, difficile de dormir, et on a pourtant besoin de sommeil pour ternir encore deux jours !

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Gerardmer 2012, jour 1

    Premier jour à Gerardmer, on commence avec le film Beast, premier de la compétition. Du même réalisateur, j'avais vu il y a quelques années Allegro que j'avais assez apprécié. Cette fois, les réactions sont mitigées et j'avoue que je ne suis pas convaincue. Le film aurait pu être bien et d'ailleurs le résumé était prometteur mais je n'ai pas accroché, il manquait quelque chose. Et puis, il y avait des effets de sons sans doutes voulus novateurs mais que j'ai surtout trouvé irritants. Nous ressortons sous le ciel gris de la petite ville qui, cette année, n'est pas blanchie par la neige. Nous avons loué un appart dans le centre et nous prenons un déjeuner rapide avant de continuer notre programme chargé. Premier film de l'après-midi : Underwater love, a pink musical. Il n'y a qu'une vingtaine de spectateurs dans le pittoresque cinéma du Paradisio pour voir ce film japonais sous-titré en anglais : un petit bijoux de fantaisie nipponne que seuls quelques initiés à l'esprit tordu (dont je fais partie) apprécient. Une jeune femme guillerette chante de la pop étrange dans un paysage gris accompagné d'un homme tortue timide et amoureux. Le film suivant est plus conventionnel : La Maison des ombres, en compétition et projeté à l'espace Lac. C'est une production britannique bien réalisée : belle lumière, beaux décors. Le scénario nous accroche doucement, nous entrainant à travers une grande bâtisse de l'entre deux guerres au milieu de fantômes de petits garçons hantés (oui, ça rappelle l'Orphelinat). Dommage que la fin soi un peu trop tarabiscotée : quelque chose de plus court et plus mystérieux aurait mieux fonctionné. Enfin, ça reste un bon film et il aura sans doute un petit succès en salle. On enchaine avec l'Hommage à Ron Perlman. Les séances "hommage" du festival sont toujours squattées par des journalistes et les festivaliers savent qu'il auront du mal à entrer. Il est amusant de voir comment chacun se précipite vers la sortie quand la finit la séance précédente (quitte à manquer la fin du film). J'ai rusé : je ne suis partie qu'au générique mais ai réussi à prendre un bonne place dans la queue qui se formait. Mais finalement, je crois qu'il y a eu beaucoup moins de "laissés dehors" que les autres années. Enfin bon, nous sommes contents d'être dans la salle et écoutons avec plaisir Jean-Pierre Jeunet et Jean-Jaques Annaud faire l'éloge de l'acteur. Après l'hommage, vient le film en compétition. Il s'appelle Pastorela et vient du Mexique : c'est une très bonne surprise ! La comédie commence doucement, un inspecteur de police se voit retirer son rôle de diable dans la "Pastorela" traditionnelle organisée par sa paroisse. Puis, plus on avance, plus le délire prend de l'ampleur, la Pastorela devient une affaire d'état ou des diables envoutés de battent contre des hordes de policiers archanges, des têtes volent devant des évêques, ça déraille ! Au passage, le film raille la police et l'église mexicaine, le pays en général, dans la bonne humeur d'une comédie "presque" familiale. Nous terminons la soirée avec un film français, The Incident. Il fait partie de la section "Extreme", inaugurée cette année. Le film tient bien ses promesses, surtout pour un film français : l'ambiance est tendue, on entre petit à petit dans l'horreur et le gore, le scénario reste assez crédible pour qu'on accroche sans trop de résistance.  Pour une fois, la fin n'est pas décevante : pas de twist invraisemblable mais une ouverture vers la folie et le questionnement. Et voilà qui termine notre première journée ! Nous n'allons pas voir "Grave Encounters" qui nous tiendrait éveillés trop tard, il faut se ménager, il nous reste encore trois jours.

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