Fins de semaine
Le jour le plus agréable de la semaine est sans conteste le vendredi. Surtout quand on s’approche de 18h, ou même de 17h30 et qu’il est temps de quitter le bureau et de commencer le week-end.
La semaine dernière, le week-end a été particulièrement agréable. Le vendredi, j’ai rejoint Seb en ville pour un film qui s’est révélé plutôt moyen mais en rentrant à la maison j’ai eu une bonne surprise : une lettre d’un concours de poésie auquel j’ai participé en octobre dernier, j’ai gagné le premier prix !! Je dois me rendre fin mars à la remise des prix pour lire mon poème et récupérer mes 1000 euros (et oui, quand même !). Ce concours, organisé en Irlande, est international et j’ai bien sûr participé dans la catégorie « français ». Seb était très jaloux car il avait aussi envoyé des poèmes, que je jugeais meilleurs, mais qui ont perdu… Comme dirait ma mère, pour ceux qui ne lisent pas de la poésie contemporaine au petit dej, mes poèmes, plus classiques, sont plus abordables.
Le samedi, je me réveille donc aux anges et un soleil radieux brille dans le ciel. Le temps fut si agréable qu’on se serait cru au printemps. On est allé en ville à l’échange linguistique japonais (comme souvent) qui s’est prolongé par un resto chinois. Puis, profitant du soleil, nous nous sommes baladés en ville. Les journées qui rallongent, l’argent gagné inopinément, tout ça m’a donné envie de faire du shopping, activité à laquelle je ne me livre que rarement mais qui reste très agréable. Il est une boutique tout à fait incroyable à Dublin : Penneys, où l’on doit absolument éviter le rayon chaussure si on ne veut pas craquer direct. D’un autre côté, les prix sont si attrayants qu’on ne risque pas de se ruiner. Samedi dernier, j’ai trouvé de magnifiques chaussures rouge à talon, genre chic, à seulement 5 euros, mais aussi une jupe à 9 euros, une autre à 13 et un haut à 11 euros… La semaine d’avant, tenez vous bien, j’avais acheté des bottes à 9 euros (non, vous ne rêvez pas) et des ballerines à 5. Je sens que cela va en motiver certaines pour me rendre visite…
Pour terminer l’après midi, un thé earl grey dans un café « Insomnia », soleil couchant sur Henry Street puis bus 27 jusqu’à chez nous. Soirée tranquille de samedi soir, petit repas à deux, dernier épisode de nos séries préférées (Lost, Prison Break ou Desperate Houswives), lecture et sommeil réparateur. Le dimanche, le soleil s’est un peu caché, mais la température encore clémente et l’absence de pluie nous pousse à faire une petite balade. Je conduis la Nissan tressautante, dont j’ai maintenant l’habitude car depuis que Seb travaille chez Google, je l’utilise tous les matins, et direction le nord de la ville. Je montre à Seb la « business area » où je travaille puis nous prenons la route de Malahide pour faire un tour sur la plage. En ce dimanche après midi, nombreux sont les irlandais qui ont profité du relatif beau temps pour sortir faire un tour. Les enfants de tous ages cours entre les dunes à l’herbe jaune, le vent et le sable dans les cheveux. Nous marchons tranquillement sur la plage où les longues étendues claires et la douce odeur du sel nous rappellent les marées normandes. Nous ne sommes qu’en février et après le vent encore très froid de la mer, un thé chaud est de nouveau appréciable.
Le lendemain, c’est lundi et il pleut. La semaine qui suit est rude et je travaille beaucoup. Pour ceux que ça intéresse, et qui comprennent, je devais mettre en ligne un groupe de sites pour un très gros client sur lesquels je travaille depuis plusieurs mois (jusqu’ici, tout le monde comprend). Mais la veille, j’ai appris que le site ne serait pas hébergé sur nos serveurs et que le langage que j’avais utilisé, le jsp, ne serait pas accepté par ces imbéciles d’eircom (le serveur du client) et que donc je devais tout reprogrammer en asp. Vous n’avez rien compris à cette dernière phrase ? Ce n’est pas grave ! Le point essentiel est que j’ai du faire des journées de plus de 10h mercredi et jeudi, à la fois stressantes (même si rien de tout ça n’était de ma faute) et très fatigantes. Enfin bon, en conclusion, le site a été mis en ligne avec deux jours de retards (seulement 2 jours, grâce à moi) et que j’ai gagné avec ce projet la confiance de mon équipe et de mon manager. Cerise sur le gâteau, le client a été très content de mon travail et j’ai reçu 6 bouteilles de vin de sa part en guise de remerciement. Ca vaut le coup de travailler pour des hôtels de luxe !
Ce week-end-ci, le temps a été plus irlandais, mais on s’est bien reposé (vive les week-end à ne rien faire !!) et on a vu un beau film : Blood Diamond.
Sushy Party
Une de nos principales activités sociales en Irlande est l'échange linguistique japonais du samedi matin.
A force d'y aller toutes les semaines, on connaît les habitués. C'est un rendez-vous assez étrange où l'on croise toute sorte de personnes :
- Bien sûr, il y a les japonais et leur grand "ahhhhhhhhhh" très étonnés, il y en a plusieurs sortes : les étudiantes timides qui ne parlent pas bien anglais, les voyageurs bohème (mais pas tant que ça), les japonais installés depuis longtemps en Irlande et complètement bilingues.
- Ensuite, il y a les irlandais. La plupart du temps, ceux que l'on croise à l'échange sont assez étranges. Leur passion pour les langues orientales et les cultures lointaines est souvent le syndrome d'une "non adaptation au boom économique du pays". Ils sont un peu timides, ou un peu bizarres, aiment les films étranges et ne savent pas trop quoi faire de leur vie, en bref, ils sont assez sympathiques mais pas toujours facile à cerner. Ou alors, ils ont vécu au japon et parlent couramment la langue et je suis vachement impressionnée...
- Et puis, il y a les autres asiatiques, chinois, ou coréens. Nous essayons toujours de rester en contact avec ses derniers.
- Enfin il y a les autres européens, qui comme les irlandais, s'intéressent au japonais pour des raisons non identifiée. Je fais partie de cette catégorie, sauf que moi, en plus, c'est le coréen que j'apprend (encore plus bizarre).
Et voilà que la semaine dernière, nous avons eu la bonne surprise de nous faire inviter à une "Sushi Party" par Angela (Allemande apprenant le japonais) à laquelle nous nous sommes rendus dimanche dernier.
La encore, le multi nationalisme était au rendez-vous : japonais en supériorité numérique, suivi des allemands, des irlandais, de nous deux français, deux espagnoles, une chinoise et une malaisienne. Jusqu'à cinq langues parlées simultanément, la plupart des gens en parlant deux ou trois. La plus étonnante était, à mon goût, la métisse hispano-japonaise qui parlait donc couramment ces deux langues, mais pas si bien que ça l'anglais. En plus, elle a eu le bon goût de s'appeler Viviana.
La seule chose un peu embêtante pour moi dans une sushi party, c'est les sushi. En effet, le principe du Sushi étant le poisson cru, il est totalement incompatible avec mes préférences culinaires. En plus, les sushi sans poisson sont tout de même enroulés dans une algue, jugée délicieuse par tous les japonais, mais malheureusement pas par moi... J'avais donc un peu peur d'avoir faim, à tord !! Non, je n'ai pas mangé de poissons crus, mais vu le nombre de nationalités, j'ai pu goûter à bien d'autres choses. J'ai, en particulier, découvert un dessert japonais très étrange, à base de haricots (!?!) mais vraiment très bon. Sébastien en fit cette description parlante : "C'est comme la crème de marrons, sauf que c'est pas avec des marrons".
En bref, soirée très agréable, et comme en ce moment tout va bien ! Mon boulot est intéressant, cool et bien payé, quant à Sébastien, il vient d'être pris chez Google ! C'est comme un rêve qui devient réalité, les choses les plus incroyables (nourriture gratuite, 5 jours de vacances en +!) prennent vie... Il commence le 5 février (pour mon anniv) et à répondu à son dernier appel chez HP mercredi dernier. Aujourd'hui, il est en France, demain je le rejoins (vive les heures sup et les semaines de vacances non payées). Ce week-end on voit amis et famille, lundi on part à Gerardmer (c'est le but du voyage), mardi et mercredi, hopefully ski, et le meilleur pour la fin : le festival de Gerardmer pour fêter cette nouvelle embauche, 15 films en 3 jours, tout ce que j'aime. Là-bas m'attendent un Miike et un Kurosawa et plein de surprises...
Le Miracle
Il y a deux semaines, s’est produit un miracle. Bon, il y a avait tout de même eu des choses positives avant. Petit récapitulatif de ma recherche d’emploi :
Les illusions du début :
Comme je l’ai déjà dit, j’ai commencé par envoyer mon CV pour chercher une position de développeur, web ou java, même s’ils demandaient une expérience que je n’avais pas. Au bout, d’à peu près une semaine j’en avais marre et j’ai changé de stratégie.
La recherche d’un stage :
J’ai donc commencé à chercher un stage, pour cela, j’ai envoyé plein de CV et de candidature spontanée à des boites trouvées par internet. En fait, je n’ai fait ça que pendant, à peu près, une semaine, car j’ai vite trouvé Camara.
Camara :
Ce n’est pas vraiment un stage mais dès que j’ai vu cette annonce un peu étrange sur jobs.ie, j’ai su que ce serait intéressant. Camara est une association irlandaise dont le but est de recycler des ordinateurs pour les envoyer en Afrique. En gros, les entreprises qui renouvellent leur matériel informatique leur donnent leurs vieux ordinateurs plutôt que de les jeter.
Déjà, j’apprécie la cause, et je cherche avant tout à avoir une activité intéressante où je dois parler anglais. Donc passer un peu de temps à nettoyer et empaqueter des unités centrales ne me dérange pas. Mais là ou ça devient vraiment intéressant, c’est qu’ils sont en train de monter une « équipe multimédia » pour former des projets. Et comme j’étais motivée, j’ai vite pris contact avec les autres membres et ai lancé un projet de CD rom de jeux éducatifs. La majorité des jeux vont être réadaptée à partir de mon site mais je vais aussi en créer d’autre. En plus je vais travailler avec des graphistes sous Flash ce qui m’intéresse beaucoup. Bien sûr, c’est un travail bénévole.
Assez satisfaite de ma nouvelle occupation, j’avais donc décidé de laisser de côté la recherche de stage : j’attendais que le projet soit un peu avancé pour pouvoir l’ajouter à mon CV, ainsi que Camara en référence (les références sont très importantes en Irlande). Je continuais à parcourir les offres d’emploi sans trop d’espoirs et je cherchais aussi un éventuel poste mi-temps dans un petit boulot du genre réceptionniste. A vrai dire, je n’ai pas cherché longtemps.
Le Miracle :
La première étape du miracle s’est produite un mardi soir alors que j’étais à Camara : quelqu’un m’a appelé !! Je tiens à dire que cela ne m’est jamais arrivé : en Irlande, personne ne m’a jamais rappelé à la suite d’un envoi de CV. Mais ce jour-là, l’incroyable, auquel je ne croyais plus, s’est produit. Le pire, c’est que j’ai failli manquer l’appel. En effet, je venais d’avoir mon numéro de portable (avant je partageais celui de Seb) et mes appeleurs sont donc d’abord tombés sur Seb (il n’étais pas avec moi, car lui, il a trouvé du boulot bien plus vite). Seb, gentiment, les a réorienté, mais voilà, j’avais laissé mon portable dans la poche de mon manteau !! Moi, je nettoyais tranquillement mes unités centrales et avec la musique trop forte je n’avais pas entendu la sonnerie. Heureusement, Seb m’a rejoint à Camara avant 5h et m’a tout de suite parlé de ce coup de téléphone. Sous le choc, j’ai courru vers mon portable pour découvrir l’appel en absence et, dans le froid du hangar de Camara, j’ai rappelé. J’ai bien fait, car 10 min après j’avais un entretien pour le lendemain matin : une boîte à laquelle j’avais envoyé une demande de stage deux semaines auparavant. Ce jour-là j’étais très heureuse.
L’entretien :
La boîte se trouve à Swords. Nous on vit à Coolok, dans le nord de Dublin, mais Swords c’est encore plus au nord. Heureusement, c’est très accessible en bus. Le mardi soir, j’ai visité le site de l’entreprise et ai potassé le JSP sur wikipédia. Et le mercredi, j’ai pris mon bus très à l’avance, direction Swords. Je n’avais jamais pris cette direction et j’ai découvert la cambrousse du nord de Dublin avant de descendre, à peu près, au milieu de nulle part. Avec mon plan, j’ai pris la direction du Buisness Parc, le long d'une voie rapide avec seulement un mec qui ne parlait pas anglais.
Par une petite porte grillagée, je suis arrivée sur un parking désert balayé par le vent. L’endroit m’a fait étrangement penser à Bussy Saint George. Des immeubles ultra moderne poussés comme par magie au milieu des champs et de la lande. Dans le fond, des pavillons posés sur l’horizon. Aucune personne vivante en vue, les seules preuves qu’il y a vraiment des gens qui travaillent ici sont les nombreuses voitures garées sur le parking. Aucun son ne traverse les murs imposants. Dans le fond, petit signe de vie, un café restaurant, étrangement appelé « Café Kenya ». J’ère, perdue, à la recherche de mon entreprise. Elle se trouve dans un de ses immeubles qui regroupe tout un groupe de compagnies du même genre. Après m’être vaguement recoiffée, j’entre et me fais connaître à la réception. Je suis en avance, mais, assez vite, on vient me chercher pour l’entretien.
Je suis en face de deux personnes, une doit un être un responsable du personnel et l’autre est le chef de l’équipe informatique. On me pose beaucoup de question, j’essaie d’avoir l’air calme et assurée. On me parle de mon site web, de mes connaissances en Photoshop, pas de ma licence de maths mais de mon expérience en tant que gilet rouge à la SNCF et de mon intérêt pour le coréen. Je comprend bien tout ce qu’on me dit, et on me complimente même sur mon anglais : ça se passe bien. Finalement, cela se termine rapidement, moins d’une demi-heure. Et me revoilà sur la route déserte pour rentrer chez moi. Viens maintenant l’angoisse de l’attente.
Suite et Fin :
Durant une semaine, je ne quitte jamais mon portable. Chaque jour, je me convaincs qu’ils vont forcément m’appeler le lendemain. Je ne suis pas très motivée pour répondre aux autres annonces et je ne regarde même plus les postes de réceptionnistes. J’apprends les CSS et j’avance mes animations flash. Je suis la seule à ne pas travailler à la maison et mes journées sont très tranquilles, organisées autour du repas devant euronews et du goûter devant Friends à 17h. Le lundi suivant, je ne tiens plus, j’écris un mail pour savoir où ça en est. A midi, le mail est envoyé, à 14h j’ai une réponse : je suis prise ! J’ai un contrat de trois mois qui pourra être prolongé, c’est plus qu’un stage car je suis payée 9 euros de l’heure. Je ne sais pas exactement en quoi consistera mon boulot, mais je suis preneuse ! On est vendredi, je commence lundi, et je suis vraiment impatiente.
Seb :
Je donne aussi des nouvelles de Seb car les choses ne font qu’aller de mieux en mieux. Lui, a trouvé très rapidement un travail chez HP comme support technique pour Total (et il est vraiment employé par CPL, faut pas chercher à comprendre). Il est dans une équipe de jeunes français sympa et agréable et répond au téléphone pour régler les problèmes des employés de la tour Total à la défense. C’est un travail intéressant et bien payé qui offre de grandes possibilités d’avancement et une bonne expérience pour sa réorientation de carrière. En outre, il ne perd pas espoir pour Google dont il a passé un test technique il y a un mois (ils mettent parfois du temps à réagir).