Journée électorale Française en Irlande
Ici aussi, l’élan électoral s’est senti.
Déjà, quand on est allé faire nos procurations début avril dans le petit bureau du consulat, une table spéciale nous était destinée. Vu la taille de la « cabane » qui accueille les différentes demandes, nous avons d’abord du attendre dehors. Puis nous sommes entrés et là (surprise) nous ne devons pas faire la queue au guichet comme d’habitude. Une employée spéciale, assise à une petite table nous distribue le papier à remplir et nous donne quelques explications. D’autres personnes sont déjà en train de faire leurs procurations : ici aussi, on vote !
Et puis, il suffit de parler un peu aux français autours de nous pour voir que l’intérêt est fort. C’est une question qui revient souvent « et toi, comment tu fais pour voter ? ». Notre colocataire Maria est assez impressionnée. Elle a passé une soirée avec ses collègues français et la discussion s’est beaucoup posé sur les questions politiques, jusqu’aux disputes (inévitables ?).
Les irlandais, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ne sont pas très politisés. J’ai apporté à mon bureau une page imprimée avec les différentes photos des candidats. Un seul de mes collègues a reconnu Jean-Marie Le Pen, les autres n’en connaissaient aucun. A la tête, ils auraient élu Besancenot et de Villier, donc on peut se féliciter qu’il n’y ai pas que la tête qui compte ! Je leur parle un peu des différents candidats, ils trouvent ça amusant. Ce qui les étonne le plus : on a un candidat des « pêcheurs et des chasseurs ». C’est dôle quand même, mais bon après tout « Why not ? ».
Et eux, est-ce qu’ils votent ? Non pour la plupart. A part Fergal (celui qui avait reconnu Le Pen), aucun d’eux ne se déplace. Et même Fergal m’avoue qu’il n’y a pas tellement d’utilité à aller voter, il y a tellement peu de différences entre les partis. C’est vrai qu’ici, pas d’extrême ou si peu, la plupart des partis sont issus des mouvements indépendantistes et soutiennent, à peu de choses près, les mêmes idées. Et puis, de façon assez étonnante, les irlandais ne sont pas des polémiqueurs. Ils ont leur lute favorite contre leur ex-ennemi numéro 1 : les anglais. Mais au-delà ce ça, ils se laissent vivre, ont un rapport très fataliste aux différentes réalités « C’est quand même con qu’on n’est pas de plan de Bus à Dublin, ce serait pratique (Tu m’étonnes !!) ». Et pourtant, en Irlande, il y en a des polémiques ! Qu’en est-il de l’avortement ? Des problèmes liés à l’alcool ? Du trafique de drogue et des luttes mafieuses dans les rues de Dublin ? Ces problèmes, mes collègues ne les abordent que peu ou prou avec moi (ou entre eux). J’essaye parfois de poser des questions pour recueillir leurs opinions, mais je veux éviter d’avoir l’air de les attaquer en leur imposant mon point de vue d’étrangère.
L’avortement, je ne l’ai abordé qu’avec notre prof d’anglais, qui était déjà beaucoup plus politisée que tous mes collègues réunis. Sa réponse « C’est vrai que c’est embêtant… Mais bon, avec l’Irlande du nord britannique, les avortements ont quand même lieu, sans compter les bateaux au large des côtes qui accueillent les jeunes filles dans les eaux internationales ». Alors bon, on laisse faire, on évite le problème plutôt que de réveiller les foudres de l’église (encore bien présente) et de se lancer dans un débat qui risquerait de diviser.
A côté de ça, la passion des français pour leur élection parait bien exotique. Hier soir, nous étions à l’anniversaire d’un de mes collègues, et donc les seuls français de la soirée. Plusieurs irlandais nous ont un peu lancé sur le sujet. Ils sont intéressés, posent des questions sur les candidats. Un de mes collègues va passer une semaine à Paris au mois de juin, dans le quartier latin. Je lui dis que si Sarko est élu, il sera aux premières loges pour les manifs ! Il pourra prendre les défilés en photo, au moins il aura vu la France. Il faut dire qu’ici, non seulement on ne manifeste pas beaucoup, mais en plus il n’y a que 4 millions d’habitants en tout, alors ça ne fait jamais tant de monde que ça. Encore une fois, la seule vraie polémique est toujours liée à la lutte contre les anglais. L’année dernière, une manif a fait beaucoup de bruit : en plein Dublin, un défilé pour les victimes policière de l’IRA lors de la lute armée. Comme on pouvait s’en douter, ça a plutôt mal tourné…
Je parle à mon collègue de la manif du premier mai qui a suivi l’arrivée de Le Pen au second tour. Sa réaction : - Quoi ?? Vous avez un parti fasciste !! - Oh ba oui, on a aussi un parti communiste - Des communistes !! Ils doivent être bien à gauche… - C’est pas les plus à gauche, on a trois partis Trotskistes
Ses parents qui travaillent aussi avec moi (petite entreprise familiale, là où je travaille) sont plus au courants de ce qui se passent en France. Ils me demandent ce que je pense de l’élection, pour qui je vote. Ils me posent des questions sur l’immigration, sur les émeutes, mon avis les intéresse. On compare avec la situation irlandaise, les problèmes sociaux de façon générale…
Couché à 4h du matin hier soir, on a passé la journée électorale dans notre chambre. On a eu la confirmation dans la journée que nos votes par procuration avaient marché, la tension monte avec la participation. On a les premières estimations vers 19h après avoir entendu tout et n’importe quoi. Les tendances se confirment et le duo de tête apparaît sur les écrans. Seb est un peu déçu, moi je suis surtout satisfaite du « recentrage » des voix, de l’exceptionnelle participation, de la baisse des extrêmes. Et puis, au moins pour le deuxième tour, je ne serai plus tiraillée par l’indécision qui m’a suivi tout au long de ces dernières semaines ! Mais même si pour moi tout est décidé, rien n’est joué au niveau du résultat final, la campagne va être serrée : rendez-vous dans 2 semaines où je vivrai les résultats sans doute de ma voiture, directement depuis la France !
Week-end de Pâques
Ici aussi, le soleil brille et cela depuis deux semaines !
Le week-end de Pâques a été particulièrement exceptionnel et on a profité ! Karine était là, et en quatre jour, elle aura pu voir Dublin, les Wicklow Mountain, Galway et le Conemara !
Vendredi
Ici, c’est cool, Pâques = week-end de quatre jours !
Donc vendredi férié, premier jour de Karine en Irlande, on va faire un tour en centre-ville. Le soleil brille et les températures sont douces. Les irlandais, trop heureux de profiter de cet été prématuré, se baladent dans les rues en T-shirt, s’étendent lascifs dans les parcs. On traverse Henry Street et Karine découvre avec bonheur Peneys où elle remet à neuf sa collection printemps-été. Sur Grafton Street, on continue le lèche vitrine, au grand dam de Sébastien, mais on n’achète rien : c’est bien plus cher !
On termine sur un banc, au soleil de St Stephen’s Green. Chaque brin d’herbe est occupé par un dublinois heureux, les canards pataugent dans l’étang pour le plus grand plaisir de Seb. On rentre après un goûter dans un café Insomnia mais on ressort vite pour se faire un petit resto : on a déjà choisi le Bewels et sa cuisine méditerranéenne sur Grafton Street. Première journée du week-end réussie !
Samedi
Aujourd’hui, grande excursion aux Wicklow Mountain. Depuis qu’on vit en Irlande, elle nous nargue au sud de la ville et on n’a jamais le courage d’aller jusque là bas.
On descend donc vers le sud en passant par la côte. On s’arrête manger dans la charmante petite ville de Bray. Aujourd’hui encore, le soleil est au rendez-vous. On prend un « Irish Breackfast » dans un The Shop sur une petite rue. L’Irish Breakfast est composé de bacon, tomates, haricots blancs, œufs sur le plat, galettes de pommes de terre, champignon et saucisses ! Donc vous comprendrez pourquoi, nous, on le prend en tant que lunch et pas de petit-déjeuner. Après s’être restauré, on marche un peu sur la plage de galets le long de la mer turquoise. Beaucoup de gens profitent du soleil et certains tentent même la baignade !
On reprend ensuite la voiture et direction les Wicklow ! On a oublié notre guide mais on se dirige vers Glendalough qui est marqué d’une petite étoile sur ma carte. Seb a acheté à Bray un guide en Anglais qui nous confirme l’intérêt du site. Nous ne sommes pas les seuls et nous retrouvons même pris dans des embouteillages !
On se balade ensuite dans les ruines de ce monastère du moyen âge, entouré d’un vieux cimetière dont certaines tombes datent du 17 ème siècles. D’autres, dont les inscriptions ont été effacées, sont peut être même plus anciennes. On continue ensuite le long du lac dans la lumière de la fin d’après midi. On rentre en traversant en voiture les vallées sauvages, une nouvelle journée de réussie !
Dimanche
Cette fois, on va encore plus loin, car aujourd’hui, c’est direction Galway ! Seb et moi avons réservé un Bed & Breackfast à l’entrée de la ville. On traverse d’abord l’Irlande d’est en Ouest à travers les moutons et les miniscules villes. On trouve tout de même un pub sympa à Athlone, pour manger !
Vers 17h, on arrive à Galway, on commence par se perdre mais comme j’ai tout de même compris ce qu’à dit la dame au tel, on retrouve notre Bed & Breackfast au bout d’une petite rue pleine de B&B ! On a réservé deux chambre « ensuite » (avec salle de bain), une double et une simple. Les chambres sont confortables et la maison agréable. Les petites salles de bains sont cachées dans le placard et on a même le droit à une petite télé. On réserve notre petit-dej pour 10h le lendemain, « continental » et pas « Irish ».
On sort ensuite visiter Galway. Ville très agréable, nous sommes tout de même impressionnés par sa petite taille. Son centre est principalement constitué d’une longue rue piétonne très sympa qu’on travers assez rapidement.
Puis on marche le long de la rivière et du canal avant de décider grâce au Guide du routard où on va dîner. On trouve facilement le Pub-restaurant au décor chaleureux et accueillant. En attendant que notre table se libère, on boit des cocktails au fond de nos fauteuils. Après un agréable menu, on ressort dans les rues pour que Karine connaisse un peu les Pub irlandais. On en trouve un où l’on peut s’asseoir, mais Karine n’est pas trop convaincue par le principe même du pub. Faut croire qu’on n’est pas des pubards… Seb boit sa Guiness et m’aide à terminer ma pinte de Cidre puis on repart vers notre B&B.
Lundi
On se réveille donc à Galway, et après notre « continental breackfast », on part à la découverte du Conemara. Le Conemara, c’est cette terre sauvage pleine de moutons perdus, de lacs infinis, et de landes battues par les vents. On roule jusqu’au bout d’une route minuscule pour découvrir le magnifique « Lough Corrib » où, parait-il, il y a 365 îles. Aujourd’hui, le ciel est plus couvert, mais c’est à peu près toujours le cas dans cette région, on est donc déjà très content de ne pas avoir de pluie !
On roule ensuite jusqu’à Clifden où l’on termine notre lunch par un délicieux crumble au fruit rouge avec de la glace (je l’écris, comme ça, dans longtemps, je pourrai relire et m’en rappeler…). On se balade un peu le long du port avant de reprendre la voiture. On repart vers Galway, mais cette fois, on suit un peu la route le long de la mer pour voir la face maritime du Conemara. Elle n’est pas très large et tournicote beaucoup, si bien que ça ne va très vite. Je prend le volant un peu plus tard, et Seb décide de couper pour rejoindre la « grande » route et rentrer un peu plus vite. On traverse donc la lande sur une route minuscule où l’on ne croise que des joncs et des moutons (heureusement, car il n’y a pas la place de croiser une voiture), puis on arrive enfin sur notre route de départ. On rejoint Galway, et bien plus tard, Dublin.
Le week-end est terminé, mais pour une fois on aura vu autre chose que notre chambre ! A retenir sur ce premier tour en Irlande : les villes sont petites et il y a beaucoup, beaucoup de moutons !
Internationale Saint Patrick et concours de poèsie
Message dédicacé à Alice : pour te redonner ta joie de vivre, on t'attend quand tu veux en Irlande !
Il y a deux semaines, c’était la saint Patrick, la fête nationale irlandaise. Trop lève tard, on a vu le défilé à la télé sur Euronews. Mais on a rejoint le centre-ville en fin d’après-midi pour profiter de la fête. Car ici, la fête nationale, c’est vraiment une fête ! Tout le monde est dans la rue, le visage peinturluré de vert, avec des grands chapeaux et des fausses barbes (sorte de déguisement irlandais traditionnel). Le temps aussi est irlandais, sous un vent pluvieux, la Liffey tremble sous les ponts. Il n’est pas encore 9h, mais de nombreux irlandais sont déjà bien éméchés, ils chantent en dandinant sur les trottoirs. Temple Bar, plein de monde, s’est transformé en marée humaine verte internationale. On croise un groupe de jeunes espagnoles maquillées aux couleurs de l’Irlande et chantant en chœur dans leur langue natale. Au pays de la Guiness, tout est bon pour faire la fête et le jour de la saint Patrick, tout le monde est un peu irlandais. Pour nous, la soirée se terminera au « Hard Rock Café » en compagnie d’un collègue italien de Seb et d’amis à lui venu de Naples. Malheureusement, le feu d’artifice prévu le dimanche soir a été annulé pour cause de mauvais temps.
Le week-end suivant, il fait beau et on profite du centre-ville. Petite folie : on achète une Nitendo DS !
Jeudi soir, on a passé la soirée avec des Googleurs dans un très bon restaurant (comme quoi ça existe, même en Irlande). C’est Emma, collègue « Ad-Words » de Sébastien qui a apporté le piquant de la soirée. Nord-Irlandaise, la guiness et son esprit distrait lui ont fait oublier le chemin de chez elle. Nous avons tournés pendant des heures dans le sud de Dublin à la recherche de son appartement, ma petite voiture pleine de monde et moi au volant (seule personne sobre). Je suivais difficilement les indications contradictoires et multilingues d’Emma et de Sébastien qui regardait une très grande carte toute déchirée et pas très claire. Le fou rire s’est ensuite répandu dans la voiture quand j’ai commencé à déclamer, comme un chauffeur de Dublin Tour « Dublin by Night, on your left, you will see the St Stephen Green Park and then on your right the Trinity College, … , and now again St Stephen Green from the other side ! ».
C’est bien tard que nous avons rejoint notre maison tout au nord et c’était bien difficile de se lever le vendredi matin. Mais vendredi, c’était aussi un grand évènement ! J’avais rendez-vous après mon boulot à Dun Laghaire (prononcez Donne Laory) au sud de Dublin pour recevoir mon premier prix de 1000 euros pour mon poème. Réception assez classe à la mairie, chaque poète passe à son tour lire son poème dans sa langue natale. On écoute donc les étranges sonorités de l’Irish et du gallois en passant par le polonais et le suédois. Je lis mon poème moi aussi, du mieux que je peux, et je reçois fièrement ma petite plaque de métal gravée et mon chèque ! Coïncidence notoire, la gagnante du second prix s’appelle aussi Viviane. Elle ne vit pas à Dublin mais à Perpignan où elle a entendu parlé du concours à la médiathèque. Elle a profité de la remise des prix pour venir passer un long we à Dublin. Après la remise des prix, buffet irlandais (« chicken wings » et « onion rings »), on discue pas mal avec cette autre Viviane. On la raccompagne d’ailleurs à son hôtel en fin de soirée.
J’espère que le magnifique temps de ce week-end lui aura fait oublier le froid glacial de vendredi, en tout cas, nous, on en a profité !
A propos, voici mon poème :
Ombres
Il fait froid et mon coeur pleure Dans la nuit vide de la ville.
Mes lèvres glacées, la rue morte, Et ton corps échappé.
Les murs, les murs s'étirent Sur la route rugueuse.
La Lune, cachée, le ciel, Noir sous les réverbères, A perdu ta figure Dans l'ombre de la nuit.