Challenge adaptations : L'Adversaire
Toujours dans le cadre du challenge proposé par Happy Few, voilà une nouvelle critique d'un livre et de son adaptation. Je vais parler ici de L'Adversaire qui est à la fois un livre d'Emmanuel Carrère (2000) et un film de Nicole Garcia (2002). J'ai d'abord vu le film avant de lire le livre et, pour une fois, je dois dire qu'il est difficile de choisir lequel est meilleur car les deux sont assez différents et ont leurs spécificités.
Je vais d'abord parler du film car c'est avec lui que j'ai découvert cette glaçante histoire. Car en effet, L'Adversaire est tirée de l'histoire vraie de Jean-Claude Roman qui fit croire pendant des années à sa famille qu'il était médecin avant de tuer femmes et enfants de peur que son secret ne soit découvert.
Dans le film, Jean-Claude Roman est magistralement interprété par Daniel Auteuil qui fait ressentir tout le mystère et toute la froideur du personnage. L'histoire est racontée sous forme de témoignages et flash-back nous rapprochant petit à petit de l'issue fatale mais jamais de l'explication, nous restons dans le doute et l'incompréhension. Je me souviens surtout des longs plans sur Jean-Claude Roman passant ses journées sur des aires de repos alors que sa femme le croit au travail.
Ces journées à ne rien faire, ou plutôt, ces journées où personne ne sut jamais ce qu'il faisait ont aussi beaucoup intrigué Emmanuel Carrère. L'élément principal, occulté du film, qui m'a surpris en lisant le livre est la présence voulue de l'auteur dans son récit. L'Adversaire d'Emmanuel Carrère ressemble plus à un témoignage qu'à un roman. On y découvre la rencontre entre l'auteur et son personnage, sa quête de compréhension, son enquête personnelle. On apprend beaucoup sur le passé de Jean-Claude Roman : comment il a pu "faire croire" qu'il était médecin, comment tout a dérapé le jour où il n'est pas allé à un examen. Mais apprendre n'est pas comprendre et on se perd, comme l'auteur, chez cet être insondable tiraillé entre l'horreur et la banalité.
En conclusion, c'est à la fois un très bon livre et un très bon film et on pourra profiter des deux sans redondances ni déceptions. Emmanuel Carrère a su nous entrainer dans son histoire, nous faire "ressentir" Jean-Claude Roman, nous placer devant l'incompréhension. Quant à Nicole Garcia, en s'inspirant du livre, elle a créé une œuvre à part entière. Traduisant par l'image les sentiments qui découlaient de la lecture, elle a retrouvé l'esprit de l'enquête par la forme du film sans pour autant ne réaliser qu'une pâle copie du livre. Deux œuvres différentes et complémentaires qui questionnent sur l'identité, le basculement, l'horreur et la vie.
World Books Challenge : Islande
La Voix de Arnaldur Indridason
Avec ce roman, je découvre l'Islande et l'univers de l'auteur de romans policiers Arnaldur Indridason. C'est un policier écrit du classique point de vue de l'enquêteur, commissaire de police. On découvre avec lui le crime , l'enquête, les témoins... Comme dans beaucoup de romans ce genre, plus que l'histoire, c'est la personnalité de l'enquêteur qui fait la qualité du livre. Ici, c'est un homme assez taciturne qu'on a du mal à cerner. Il semble plein de mélancolie, mène son enquête presque mécaniquement et se sent pourtant de plus en plus proche de la triste victime. Nous même, nous découvrons ces deux personnages en parallèle, apprenant à les connaitre au fil des pages et des récits.
Le lieu de l'action prend aussi toute son importance. Le crime a eu lieu dans un hôtel et, pour une raison que lui même ne comprend pas, l'enquêteur s'installe dans cet hôtel et ne le quitte plus de tout le roman. On est donc baladé entre la cave sinistre, la chambre glacée du commissaire, le bar plein de touristes, dans ce lieu clos et oppressant toujours traversé par la foule en mouvement. On y verrait presque une métaphore de l'Islande elle même, petite île coupée du monde où tout les gens se connaissent et où la différence semble si mal acceptée. Ainsi, un des policiers avouera "Je n'ai jamais rencontré personne qui m'ait avoué être homosexuel". Les dialogues m'ont d'ailleurs paru parfois artificiel, mais peut-être est-ce dû à la difficile traduction de l'islandais ou, tout simplement, à ce gouffre culturel qui me sépare des personnages. Après cette lecture, l'Islande m'apparait à la fois belle et triste sous sa neige sans merci et pleine de solitude.
World Books Challenge : République Tchèque - Finlande - France
Voilà la suite de la présentation des livres de mon World Books Challenge :
République Tchèque : La Plaisanterie de Milan Kundera
Un grand classique que j'ai lu il y a un petit bout de temps mais qui m'a beaucoup marquée. C'est un roman plein de finesse qui décrit une histoire douloureuse. On y découvre la Tchécoslovaquie communiste, ses espoirs et ses excès. Du même auteur, j'ai au lu L'Insoutenable légèreté de l'être, plus philosophique. J'avais beaucoup apprécié mais suis incapable de me rappeler exactement de quoi ça parlait. L'histoire de La Plaisanterie est, elle, toujours inscrite dans ma mémoire.Finlande : Petits suicide entre amis d'Arto Paasilinna
Petits suicides entre amis est le premier livre d'Arto Paasilinna que j'ai lu. C'est une très bonne œuvre pour découvrir son univers délirant, poétique et attachant. L'histoire commence par la rencontre de deux hommes sur le point de se suicider et qui se sauvent mutuellement par leurs présences. Puis le récit se transforme en une fable absurde et touchante où un groupe de finnois dépressifs se déplace à travers l'Europe.Depuis que je lis Arto Paasilinna, j'ai une vision très positive de la Finlande et des finlandais ! Tous ses personnages sont toujours très sympathiques malgré leurs défauts. Ils passent leur temps à bivouaquer dans la nature toujours très présente chez cet auteur. Si vous voulez le découvrir, vous pouvez aussi vous attaquer au plus philosophique Lièvre de Vatanen, ou aux très délirants La Cavale du géomètre et La Forêt des renards pendus.