Gerardmer 2018 - Week-End

Samedi matin, nous sommes à nouveau à l'Espace Lac à 10h30. Le film de ce matin s'appelle Les Affamés, en compétition, canadien et il y a des zombies. Plus précisément, c'est un film québécois et nous avons donc le droit à un deuxième film de zombies francophones ! D'ailleurs, ça pourrait, à quelques détails près, être la même apocalypse que le film français de la veille. Seulement ici, on est dans un petit village au milieu du Québec. Le film est une belle réussite, bien mené, avec de l'humour mais pas que. C'est un de mes préférés cette année et il repart d'ailleurs avec un prix spécial bien mérité.

La journée continue et nous voilà en salle pour la projection des courts métrages. Les 5 films ont tous des qualités et me plaisent assez. Je retiens l'univers décalé et coloré de Belle à Croquer ainsi que l'humour noir de La Station. C'est finalement l'étrange et dérangeant Et le Diable rit avec moi qui sera récompensé.

Nous n'avons pas de réservation pour la séance suivante (les réservations à l'Espace Lac sont limitées à 3 par jour). Cependant, nous n'avons aucun problème pour entrer dans la salle. Vu la qualité du film, il aurait mieux valu qu'on reste dehors et qu'on aille prendre une crêpe au Neptune. En effet, The Titan, heureusement hors compétition, atteint le summum de la nullité. C'est un film de pseudo-SF américain dont le seul intérêt est d'avoir été tourné aux Canaries et de montrer ainsi de beaux paysages. Les personnages sont stupides, les dialogues me font soupirer par leur bêtise et le scénario ne tient pas debout. D'ailleurs les applaudissements se font particulièrement rare à la fin de la projection. Le seul avantage est qu'il nous permet des discussions bien sympa à en dire du mal et à relever une par une les incohérences et bêtises du scénario.

Heureusement le film suivant est une bonne surprise. On assiste d'abord à l'hommage rendu à Alex de la Iglesia avec plusieurs extraits de films qui font bien envie ! Puis vient la projection de Ghostland, film français en compétition qui est présenté ici en grande exclusivité : l'actrice, présente dans la salle, ne l'avait pas encore vu. Le réalisateur, Pascal Laugier, semble assez ému et un peu stressé à l'idée de partager la séance avec les 700 spectateurs, fans de genre, mais qui peuvent aussi être implacables dans leur verdict. Je ne révélerai rien de l'histoire car on nous a bien demandé d'être discret étant donné que nous sommes les premiers au monde à le voir. Je ne savais donc pas à quoi m'attendre et j'ai été agréablement surprise. Les actrices, dont Mylène Farmer, jouent très bien. Le scénario est intéressant, assez surprenant et original et l'horreur et l'angoisse sont bien là. Si des fans de la chanteuse peu habitués aux films de genre un peu violents vont le voir, ils risquent d'avoir un petit choc ! C'est un carton plein pour le réalisateur, la salle apprécie visiblement et il repart aujourd'hui avec le prix SyFy, le Prix du Public et le Grand Prix. Une consécration qui augure bien pour la sortie du film en mars et plus généralement pour la production de films de genre français.

C'était notre dernier film du jour. Nous sommes assez fatigués et ne restons pas à la séance de 22h. Le dimanche matin, nous rangeons le petit studio que nous louons chaque année et nous préparons à reprendre la route. Avant ça, une dernière séance : le dernier film de la compétition Housewife, production franco-turque. Cette fois, c'est une déception. C'est dommage, car on sent que le réalisateur a voulu mettre beaucoup (un peu trop sans doute). Ça commençait plutôt pas trop mal et l'actrice principale joue bien. Mais après, ça devient n'importe quoi dans un délire cauchemardesque apocalyptique. J'aime bien le mystère, j'aime bien l'étrange, j'aime bien le bizarre et l'inexpliqué. Mais j'aime aussi quand il y a un peu de cohérence et là ça devenait juste ridicule !

Enfin bon, en dehors de ce raté, la sélection a été vraiment satisfaisante cette année. Le verdict du jury a été en accord avec celui des spectateurs et j'ai passé un bon festival ! Je suis juste un peu déçue que Revenge reparte bredouille mais j'attends le prochain film de sa réalisatrice Coralie Fargeat.

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Gerardmer 2018 - Vendredi

Vendredi matin, la neige tombe à gros flocons et nous sommes à l'Espace Lac à 10h30 pour voir le film brésilien en compétition Les Bonnes Manières. Il est divisé en deux longues parties assez différentes qui pourraient, en fait, faire deux films. Dans la première, lente, belle et étrange, on voit une relation se créer entre deux femmes de milieu différents dont l'une attend un bébé. La seconde partie est plus classique et revient plus clairement dans le cinéma fantastique, apportant d'ailleurs certains éléments originaux Dans l'ensemble, le film a beaucoup de qualités, en particulier le magnifique jeu de l'actrice principale. Il est cependant trop long et a du mal à accrocher de bout en bout.

Nous déjeunons à La Géromoise puis nous revoilà à l'Espace Lac pour un film très attendu. La Nuit a dévoré le monde n'est pas en compétition mais sa sortie prochaine fait déjà beaucoup parler. Il faut dire que c'est un film français de zombies, ce qui est assez rare pour être remarqué. Et c'est une adaptation d'un roman, français lui aussi, qui a eu un beau succès. L'histoire est simple. Un homme se réveille après une soirée et découvre que le monde a été ravagé par une apocalypse zombie. Il se retrouve seul, isolé, sans contact avec qui que soit dans un immeuble parisien entouré de morts vivants. Le film est alors une longue fable sur la solitude, montrée avec pudeur et délicatesse. Une belle découverte.

Nous continuons notre après-midi avec Chasseuse de Géants, film en compétition d'un réalisateur danois. Une jeune fille supporte mal la réalité qui l'entoure et pense se battre contre des géants pour sauver sa ville. Il y a un peu de poésie, rappelant de loin le magnifique Labyrinthe de Pan mais sans l'égaler. Le film est plaisant sans être exceptionnel.

Après ça, nous quittons l'Espace Lac et avons le temps de faire une pause rapide à l'appartement. Cinq films hier et déjà trois aujourd'hui, on commence à avoir les yeux qui piquent et la tête lourde. Cependant il nous reste encore deux séances et nous nous rendons rapidement au Paradisio. Le premier film est celui qui a été présenté en ouverture mercredi soir pendant que nous roulions dans la nuit pluvieuse : Le Secret des Marrowbone film espagnol en compétition. L'histoire est bien pensée, originale et bien amenée. Le fantastique est subtil, l'angoisse présente. On est dans la lignée d'autres films espagnols de genre tel L'Orphelinat. C'est d'ailleurs ce que l'on peut lui reprocher : il n'y a rien de vraiment nouveau.

La suprise vient de la dernière séance : Revenge film français, premier de sa réalisatrice Coralie Fargeat. Comme le titre et le résumé l'indique, c'est un "Rape and revenge", scénario si classique qu'il est devenu un sous genre du cinéma d'horreur avec des films tels que La Dernière Maison sur la gauche de Wes Craven. La réalisatrice maîtrise, reprend et transforme les codes avec beaucoup d'humour et de cruauté. Le début est assez convenu : une jeune femme arrive avec son amant dans une maison isolée au milieu du désert. Les choses se gâtent quand deux amis un peu lourds viennent les rejoindre. La scène de viol est intéressante car elle est totalement dépourvue du fameux "male gaze", ce point de vue "masculin" qui rend la victime sexy et le crime excitant (comme dans Irréversible que j'ai détesté). Ici, au contraire, on est complètement du côté de la victime. On ressent son effroi, son dégoût, sa perte de moyens quand l'insistance du mec relou se transforme en violence et que le témoin laisse faire sans sourciller.

La seconde partie est (beaucoup) moins réaliste et aussi beaucoup plus gore, en bon film de genre. C'est le fantasme de vengeance de la victime qui se réalise. Car quand elle se retrouve empalée au milieu du désert, la jeune femme décide qu'elle ne se laissera pas tuée aussi facilement… Couverte de sang, en sous-vêtements, elle ressemble à une mannequin déesse de l'apocalypse. Mais la réalisatrice joue sur les codes et, dans la scène finale, son adversaire se retrouve déshabillé lui aussi, nu comme un ver. À ça, on ajoute une réalisation rythmée, de l'énergie, de l'humour. En gros, c'est mon coup de coeur du festival !

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Gerardmer 2018 - Jeudi

Nous arrivons tard le mercredi soir après 5h de route sous une pluie battante et continue. Le lendemain matin, la pluie s'est transformée en neige et tombe en léger en flocons, recouvrant pare-brises et trottoirs. Le soleil perce à travers les nuages et éclaire la forêt vosgienne sous sa poudre blanche.

Nous entamons la 25ème édition du festival de Gerardmer, 15ème pour nous, comme très souvent à l'Espace Lac avec un film en compétition. Nous assistons à The Lodgers, film irlandais se déroulant vers 1920, qui malgré des belles images se révèle assez décevant car il sort bien peu des clichés…

La séance de 14h30 à la MCL est plus intéressante. Nous profitons de la rétrospective Alex de la Iglesia pour découvrir Mes Chers Voisins. Ce réalisateur m'avait marquée il y a quelques années avec l'excellent Un Crime Farpait et je ne suis pas déçue. Dans Mes Chers Voisins, une copropriété se déchire et s'assassine autour d'un pactole de loto sportif : c'est un beau concentré d'humour noir et de situations absurdes, belle découverte.

On reste dans l'humour grinçant avec le film suivant Tragedy Girls, en compétition à l'Espace Lac. De l'aveu même de son réalisateur, c'est un "High School Movie" typiquement américain. Seulement ici, les deux lycéennes ont des pulsions meurtrières en plus de leurs crises d'adolescence. Cherchant la célébrité à tout prix, elles massacrent sans états d'âme leurs camarades et professeurs. Le film est plaisant à regarder dans le genre délire morbide. Il lui manque cependant un petit quelque chose pour être vraiment bien. Il reste trop léger à mon goût.

On enchaîne avec un autre film en compétition : Mutafukaz, film d'animation franco-japonais. J'apprécie l'univers graphique, l'étrange ville dans laquelle évoluent les protagonistes, sorte de Los Angeles décadent et ultra violent. Je ne suis pas complètement convaincue par le scénario auquel j'ai du mal à vraiment accrocher. Je trouve un peu dommage que l'univers graphique du réalisateur, plein d'originalité quand il s'agit des personnages masculins, tombe dans le cliché pour les très rares représentations féminines.

Nous terminons notre journée par un 5ème film à 22h à la MCL : Le Jour de la Bête toujours dans le cadre de l'hommage à Alex de la Iglesia. Et je ne regrette pas cette dernière séance ! Le film est encore meilleur que celui que nous avons vu en début d'après-midi. D'ailleurs il a gagné le Grand Prix du festival en 96. On y suit un prêtre qui, avec l'aide d'un fan de death metal et d'un pseudo médium charlatan, cherche à vendre son âme au diable pour empêcher la naissance de l'antéchrist prévue le soir même. C'est une épopée farfelue, pleine d'un humour décalé et qui tient toutes ses promesses. Belle découverte de fin de soirée ! Sur ce, nous rentrons nous coucher, prêts à affronter notre deuxième journée.

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