Films de juin

Comme j'ai passé une bonne partie du mois de juin en vadrouille, je n'ai vu que deux films !

La Solitude des nombres premiers de Saverino Costanzo

Voilà la version film du livre que j'ai lu il y a un moment déjà et dont j'avais laissé une critique sur ce blog. J'ai apprécié l'adaptation qui prend le parti de développer le côté sombre du livre. La réalisation rappelle les codes du Giallo italien avec ses musiques et ses couleurs criardes, elle nous plonge efficacement dans l'ambiance du début des années 90 où se déroule une partie importante du film. Comme pour le livre, c’est l'enfance et l’adolescence qui sont le mieux réussies, la fin qui se concentre sur la vie adulte traine un peu et aurait mérité un montage plus court. Dommage, car c'est un film de qualité.

Le Complexe du Castor de Jodie Foster

Un film de Jodie Foster avec Mel Gibson, j'avoue que ça me faisait un peu peur, surtout vu le thème étrange : un homme profondément dépressif ne s'exprime plus qu'à travers une marionnette. J'ai été agréablement surprise. Le film reste assez convenu, mais le jeu de Mel Gibson est très convainquant. A travers lui, on explore la folie d'une façon originale et touchante. Les personnages secondaires, dont Jodie Foster elle même, sont eux aussi intéressants et bien développés. C'est à la fois dérisoire et tragique, sans drame ni happy-end.

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Islande : Photos

Islande 2011

Islande 2011

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Snaefellsnes

Dimanche 19 et lundi 20 juin

Dimanche, départ pour la péninsule du Snaefellsnes. Je n'ai loué la voiture qu'à partir de midi ce qui me laisse le temps de ranger toutes mes affaires sans avoir à me presser outre mesure. Nous sommes 5 et il faut se serrer un peu mais tout le monde rentre ! Dès que nous dépassons le fjord au nord de Reykjavik, nous apercevons dans la brume les montagnes enneigées de la péninsule : quel paysage ! Nous mangeons à Borganes dans le vent et continuons notre route vers le nord. Nous voulons rejoindre la ville de Stykkisholmur mais plutôt que de prendre la "vraie" route, nous décidons de faire un plus grand tour et de prendre un autre des chemins dessinés sur la carte. Ce n'est en fait qu'une piste de cailloux et nous nous enfonçons dans un paysage désertique et sauvage. Nous roulons très lentement, bercés par le crissement des roues, traversant un monde minéral où des moutons broutent les rares brins d'herbe. Dans le creux des collines jaunies, des lacs d'un bleu vif, frissonnants d'écume blanche.  C'est à peine si nous osons sortir de la voiture, dès que nous ouvrons une portière le vent s'engouffre si violemment que nous ne pouvons que la refermer immédiatement. La terre au dehors nous impressionne plus qu'elle ne nous charme, beauté sauvage et inhospitalière.

Au sommet d'un monticule, voilà la mer qui apparait. La mer ou un lac, ce n'est pas facile à dire tant elle est parsemée d'îles diverses. A l'horizon, l'autre rive du fjord se dessine. Le paysage n'a plus rien à voir avec ce que nous connaissions sur la côte est : il n'y a plus de plaine, les montagnes recouvertes de neige tombent directement dans la mer et nous roulons sur leurs flancs escarpés. La vie est à nouveau présente et des nuées d'oiseaux planent sur les eaux bleues. Nous les voyons se précipiter dans les courants agités des larges rivières qui lutent contre la marée montante. Au creux d'une baie abritée, où l'eau peu profonde prend des couleurs ocres, nous nous allongeons sur une mousse dorée et confortable qui nous accueille comme un matelas. Quelques minutes de repos dans ce joli paradis avant de reprendre la route.

Nous arrivons à Stykkisholmur, petite ville déposée au bout d'un cap venteux. Nous marchons sur le port et grimpons sur le morceau de rocher aux falaises abruptes qui le surplombe. De là haut, nous avons d'un côté la mer, ses îles et ses oiseaux, et de l'autre les montagnes aux sommets blancs qui descendent sur les maisons colorées et les bateaux. La ville semble à l'extrémité du monde terrestre, comme un oiseau posé sur le seul bout de caillou accessible. Derrière elle, les sommets blancs et les pentes rocheuses inhospitalières et tout autour la mer brillante de son bleu infini. Belle vision que cette ville colorée, perdue sur son bout de rocher.

Nous ne passons pas la nuit à Stykkisholmur, nous devons encore rouler jusqu'à Grundarfjordur qui malgré sa petite taille est l'un des plus grand port d'Islande. Notre auberge est une petite maison en tôle rouge  ondulée. Nous avons une chambre pour nous 5 à l'étage avec une cuisine et une salle de bain presque pour nous seuls. Ma qualité de seule fille me donne le privilège de dormir dans la petite alcôve indépendante tandis que mes compagnons doivent s'entasser sur les lits superposés. Depuis la fenêtre nous avons vue sur la mer et sur la grosse colline verte et escarpée qui la surplombe. Tandis que je descend emprunter un peu d'huile de cuisine à des voisins, je rencontre un belge qui m'annonce qu'un japonais va donner un concert ce soir dans la salle commue de l'auberge. Après le repas, nous descendons donc participer à cet étrange évènement. Le jeune japonais au look invraisemblable et qui ne parle pas un mot d'anglais chante en effet plusieurs chansons en s'accompagnant sur sa "cheap" guitare achetée à Reykjavik mais fabriquée en Chine. Nous avons le droit à "Little song", "Rainbow river", "wind" et "No title". Je ne suis pas assez mélomane pour juger de sa musique mais j'apprécie assez l'expérience. Et comme je l'avais promis au belge qui visiblement organise la soirée, je chante ensuite avec l'un de mes compagnons plusieurs chansons françaises pour le reste des spectateurs (composés en plus du japonais et de notre groupe, du couple belge, d'un luxembourgeois et d'un allemand). Nous engageons la conversation et étonnons tout le monde quand nous leur apprenons que nous sommes un groupe de mathématiciens revenant d'une conférence ! Le japonais ne comprend rien, quand je lui dis que nous irons à Nagoya l'année prochaine et que nous serons 200, il me regarde avec étonnement.

Le lendemain, nous trainons gentiment à l'auberge dans une langueur matinale propre aux lève-tard que nous sommes. Alors que les sacs s'étalent encore sur le sol, que la table du petit déjeuner n’est pas débarrassée, que certains sont encore enroulés dans leurs sacs de couchage, la jeune femme de l'auberge vient nous dire qu'on doit rendre les chambre à 10h30 et que nous devons être partis dans 5 minutes. Voilà qui nous donne un  coup de fouet, et nous entassons en quatrième vitesse nos affaire avant de prendre la route, encore tout ébahis. Nous continuons la côte nord de la péninsule à flanc de montagne. Au détour de la route, apparait le glacier Snaefellsjokull, chape blanche et ronde comme une crème sur la haute montagne. Sous le glacier, le volcan qui nous conduira au centre de la terre d'après Jules Verne. Mais nous n'avons pas le temps de faire le voyage aujourd'hui, nous nous contenterons de l'observer de loin.

Nous arrivons au bout de la péninsule où le  paysage est très différent. Nous roulons sur un champs de lave, entourés de roche noire et coupante sur laquelle ne pousse qu'une fine mousse. Le glacier est toujours sur notre gauche mais nous sommes à présents séparés de la mer par cette longue plaine désertique. Nous tournons vers la plage et nous pourrions tout aussi bien être sur une autre planète. La lave s'amoncèle en gros monticules qui semblent se succéder à l'infini : aucun arbre, aucune vie, aucune trace de l'homme, seul un monde minéral et tourmenté, brisures de pierre noire et végétation jaunâtre. Dans ce paysage déconcertant, nous nous arrêtons et continuons à pied vers la mer. Au pied des falaises, la plage de sable noir brille sous le soleil. L'eau bleue semble douce et calme mais elle est parcourue de courants invisibles très dangereux s'il on en croit les panneaux qui nous interdisent formellement d'y tremper l'orteil. Si l'on quittait le rivage, on s'enfoncerait dans ses profondeurs imprévisibles aux récifs meurtriers. Les restes d'un bateau rouillés témoignent de son passé cruel : 15 matelots périrent dans les années 40 lors d'une violente tempête quand seuls 5 purent être sauvés.

Après s'être baladés sur la plage, nous retournons sur les falaises pour marcher un peu. Sous le ciel bleu, entre la mer et le glacier, on peut difficilement imaginer plus belle promenade. Quand on voyage, on a parfois l'impression de ne plus se déplacer dans l'espace mais dans le temps : voyant des traditions millénaires, on pense avoir changé de siècle. Ici, c'est cette même impression mais à l'échelle de la terre. On pourrait croire que l'on a remonté le temps géologiquement parlant, visitant la planète quand elle était encore jeune et fougueuse, lors de la création des continents. Ce n'est pas entièrement faux car la formation de l'Islande st particulièrement récente et qu'on assiste presque en direct à la formation de l'île. Voilà ce que je ressens quand je marche dans un champ de lave noire en évitant d’éreinter mes semelles sur les cailloux aiguisés.

Nous repartons et rejoignons la côte sud, laissant derrière nous le beau glacier dans sa blanche rondeur. Le paysage a encore changé. Il n'y a plus les fjords de la côte nord, il n'y a pas non plus le champ de lave. Les montagnes sont un peu plus éloignées, elles descendent vers nous comme de gros tas de cailloux en pentes vertigineuses. Nous roulons sur la plaine fleurie de jaune et de mauve, recouvertes de hautes herbes et de champs. Dans les petits étangs et les rivières claires, des canards et des oies sauvages qui s'envolent à notre passage. Avant de quitter définitivement la péninsule, nous nous arrêtons pour une dernière balade. Au milieu de la plaine, un gros cratère s'élève comme un bouton mal cicatrisé. Pour le rejoindre, il faut marcher une heure sur un sentier tracé au milieu de jeunes arbustes puis escalader sa face noire avec des chaines le long d'un escalier douteux. Mais une fois là haut, nous admirons une de nos dernières visions de l'Islande : ce trou immense et effrayant qui semble vouloir pénétrer la terre. Son bord est comme une lame coupante et nous n'avons comme espace qu'une petite plateforme entourée de vide. Des corbeaux volent sur la crête lui donnant un air un peu sinistre. Le soleil colore la pierre de nuances rouges et jaunes, dessinant des ombres sur les parois escarpées. Nous ne pouvons admirer ce paysage que quelques minutes car il nous faut repartir. Nous ne voulons pas arriver trop tard à Reykjavik, nous prenons l'avion très tôt le lendemain matin.

Et voilà notre voyage terminé ! L'Islande s'est révélée tout à fait incroyable : si vous rêvez de voyages dans l'espace et de planètes lointaines, je vous conseille de venir ici pour faire déjà une idée ! Je rentre heureuse d'avoir eu l'occasion de la découvrir, des volcans et des glaciers plein la vue, du sable dans mon sac et des cendres dans les cheveux...

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