Films de septembre
En septembre, 5 films ! dont 2 dont j'ai déjà parlé à propos de l'étrange festival.
Piranha 3D de Alexandre Aja
Ce réalisateur français amateur de gore nous avait déjà offert le très beau remake La Colline a des yeux. Ici, il reprend encore des vieux classiques avec Piranha 3D. Je ne suis pas une fan de la 3D, je ne trouve pas que ça fasse de belles images et ça donne mal aux yeux. Mais j'aime la façon dont c'est ici décalé pour jouer avec de gros poissons méchants. Tout est trop dans ce film, rien n'est à prendre au sérieux et c'est ce qui le rend agréable. On nous montre des corps parfaits, des tas de beaux jeunes gens et tout le monde se fait déchiqueter par les poissons dans un vrai bain de sang. Amateurs de gore, bienvenue !Oncle Boonmee, celui qui se souvenait de ses vies antérieures de Apichatpong Weerasethakul
C'est le premier film que je vois de ce réalisateur dont j'étais curieuse. La palme d'or à Cannes semblait une bonne occasion. Mais il m'a surtout laissée perplexe. Les scènes sont assez belles prises une à une mais j'ai eu du mal à rester concentrée, je ne voyais pas vraiment où ça allait. Ça ne me gène pas de ne pas tout comprendre à un film mais j'aime ressentir une certaine cohérence qui ici m'a manquée. Peut-être ma sensibilité mystique n'est-elle pas assez développée ?Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois
C'est agréable de voir un bon film français surtout sur un sujet aussi sensible. Pourtant je ne suis pas croyante et pas très friande de sujet religieux. Mais ici, j'ai trouvé que le questionnement sur la foi, le devoir, le sacrifice était très joliment amené. Les acteurs jouent tous parfaitement bien et la réalisation est très travaillée, toute de longs plans, de lumières et de détails. Le film ne prend pas parti et nous fait comprendre le combat et le choix de ces moines ce qui n'était pas aisé.Toa de Sacha Guitry au TGP
En ce moment et jusqu'au 17 octobre se joue au Théâtre Gerard Philipe de Saint-Denis la pièce Toa de Sacha Guitry. Elle a été montée par une jeune compagnie La Piccola Familia. Le metteur en scène et acteur principal de la pièce est Thomas Joli que je connais déjà pour l'avoir suivi depuis ses débuts.
Avec cette pièce, je découvre pour la première fois un texte de Sacha Guitry. Découvrir un texte directement au théâtre est toujours un peu dangereux, voir mon expérience malheureuse avec Les Justes de Camus. On découvre à la fois le texte et l'interprétation, on nous donne déjà un sens. Mais quand l'interprétation est bonne, alors le texte prend toute la vie et toute la force qu'il n'aurait pas eue sur le papier. Le texte est ici central, on l'entend d'ailleurs parfaitement malgré la vitesse avec laquelle il est parfois envoyé. La mise en scène est colorée, très stylisée, très travaillée mais les acteurs ne sont pas là pour "jouer" le texte, ils nous envoient les mots et expriment toute leur absurdité et leur poésie.
La pièce s'enroule autour d'un thème principal : la confusion entre théâtre et réalité. Cette confusion est parfaitement rendue par la mise en scène et ce dès la première apparition d'une "présentatrice" devant le rideau qui nous annonce ce qui va être joué. Ce décalage, on le retrouve ensuite dans le premier acte quand les acteurs essaient tant bien que mal de jouer les didascalies lues en voix off. La suite, je ne vous la révèle pas mais j'ai aimé l'évolution du jeu et de la mise en scène à travers les actes qui a su à la fois nous perdre et nous garder. La pièce est rythmée et drôle, les rires fusaient dans la salle et les applaudissement furent chaleureux. Certains effets étaient parfois un peu moins convaincants que d'autres mais on sent tout au long du spectacle l'énergie et l'inventivité de la jeune troupe. Ils nous ont offert et ont partagé avec nous ce texte, une belle découverte pour le public et un beau travail pour les acteurs.
Je vous invite à les découvrir au TGP jusqu'au 17 octobre : rendez-vous sur le site du théâtre pour réserver vos places.
PS : j'ai aussi écrit cette note dans le cadre du challenge Tous au théâtre proposé par Leiloona qui vise à faire partager nos lectures et découvertes de pièces sur nos blogs.
Défi Voyage autour du monde, Oasis interdites
J'écris cette note dans le cadre du défi "Voyage autour du monde" proposé par Juna. L'idée est que chacun se voit proposée par son "défieur" une liste de livre autour du voyage ou des pays du monde et doit en lire un et poster son compte rendu sur son blog. J'ai été défié par K-bum et ai choisi de lire Oasis Interdites d'Ella Maillart.
Avec ce livre, je découvre d'abord une femme d'exception : Ella Maillart. Née en 1903 à Genève, elle a passé sa vie à voyager, toujours curieuse du monde. Libre et indépendante, elle ressemble à la femme que j'aurais aimé être si j'avais vécu à cette époque, mais rares ont été les aventurières !
Dans Oasis Interdites, elle raconte la traversée de la Chine qu'elle entreprit avec Peter Flemming en 1935. Peter Flemming est un écrivain et aventurier anglais, c'est le frère de Ian Flemming, l'inventeur de James Bond. Et l'on dit que Ian Flemming s'inspira de son frère pour son personnage ! En résumé, Ella Maillart a traversé la Chine en compagnie de James Bond. Mais comme vous pouvez vous en douter, ce n'est du pas du tout l'archétype de la James Bond Girl (et d'ailleurs, d'après la description d'Ella, je ne trouve pas que Peter ressemble vraiment à James Bond).
Tout au long du livre, j'ai apprécié son écriture légère et pleine d'humour, décrivant le monde qui se découvre à elle. Quel impensable voyage que de traverser la Chine d'est en ouest au milieu des troubles des années 30 ! L'ouest de la Chine est d'ailleurs secoué de révoltes et de guerres internes dont personne ne sait rien et que Pékin ne contrôle pas du tout. Pour atteindre le Turkestan qui est leur but, nos deux voyageurs doivent se dessiner un itinéraire au milieu des désert et hauts plateaux desséchés de l'Asie centrale qu'ils parcourent à dos de chameaux. A chaque étape, la suite du voyage est incertaine, il faut batailler pour obtenir les visas, trouver les bonnes personnes et les bonnes autorisations, et trouver des guides et des bêtes de somme. Et pourtant, les voilà à l'extrémité occidentale de la chine, à Kachgar, traversant l'Himalaya pour rejoindre le Cachemire...
Ella Maillart s'est "baladé" entre la Mongolie intérieure et le Tibet à quelques milliers de kilomètres au sud de là où j'ai moi-même voyagé cet été, en Mongolie extérieure. J'ai pu comparer les coutumes, parfois semblables, mais souvent modifiées par les différences de lieux et d'époques (75 ans séparent nos deux voyages). Mais le mien, tout aventureux qu'il me sembla, n'était rien comparé à ce qu'elle accomplit. Je ne suis qu'une touriste suivant des pistes bien tracées quand elle fut une véritable aventurière qui partait sans savoir où, sans même savoir si elle reviendrait. Son livre m'a fait voyager avec elle, découvrir à nouveau l'Asie centrale qui m'a tant marquée cet été et je le suis reconnaissante de m'avoir permis de faire ce voyage bien assise dans mon canapé à Paris et pas sur un douloureux chameau !
Je remercie Juna d'avoir proposé ce défi et je remercie aussi K-bum de m'avoir fait découvrir ce livre et son auteur improbable !