Retour en France

Nous voilà donc rentrés en France après ces deux semaines incroyables ! Maintenant, la Mongolie signifiera quelque chose, nous aurons une idée de cette vie nomade à des milliers de kilomètres. Dans un pays où les hivers sont rigoureux et tuent les bêtes et où des gens vivent encore au rythme du temps et des animaux. Mon voyage a été bercé par l'écriture de Galsan Tchinag, auteur mongol dont j'ai lu trois œuvres durant mon séjour.  Quand il parlait de lui enfant, j'imaginais d'abord Tserentogtoch puis Monhbat, et quand il décrivait sa grand mère, je voyais celle que nous avons rencontrée. A travers ses histoires, il parle aussi de l'histoire de son pays, du communisme, du temps qui avance. Et moi je voyais le pays actuellement, ce qui reste et ce qui évolue.

Je ne regrette pas d'être passée par une agence, DMD a été très efficace et ça a été très rassurant d'avoir quelqu'un pour tout organiser. Cependant, ma liberté m'a tout de même un peu manqué (pourtant, notre programme n'était pas très strict !). Si on devait repartir, je pense que l'on se débrouillerait seuls maintenant qu'on sait un peu à quoi s'attendre : on trouverait un chauffeur et un guide et on partirait à l'aventure ! Le désert de Gobi ne m'attire pas, trop sec, trop chaud, trop extrême, et puis je n'aime pas les chameaux. Mais le reculé Altaï et ses hautes montagnes me font rêver...  En attendant, j'ai surtout appris que je pouvais facilement me passer de mon confort habituel et supporter des conditions plus sommaires. Ça m'a donné envie de partir en camping sauvage, de me perdre au milieu de nulle part. Pas besoin d'aller jusqu'en Mongolie, je pense déjà la Scandinavie, au Canada ou aux Etats-Unis : je rêve de grands espaces ! Je ne sais pas quel sera mon prochain voyage, il ne ressemblera peut-être pas du tout à ça. Il y a tellement de choses qui m'attirent et le monde est vaste...

A présent, nous allons faire imprimer les photos des familles et des gens et les envoyer à DMD pour qu'ils puissent les transmettre. J'ai l'adresse de la première famille (où plutôt, j'ai l'adresse de quelqu'un à Oulan Bator qui reçoit leur courrier), je pourrai leur faire un colis plus important. J'ai aussi l'adresse de Monhbat à son école à qui nous écrirons une lettre en anglais pour qu'il puisse essayer de la comprendre. Je lui laisserai aussi notre adresse et peut-être qu'il nous écrira...

Commentaires

Retour à Oulan Bator

Vendredi 6 août

Nous rentrons à Oulan Bator mercredi midi. Si la ville parait grise déjà en temps normal, sous la pluie et les nuages elle est vraiment déprimante. Nous arrivons dans la boue et les embouteillages. Nous avions visité Oulan Bator un dimanche ce qui explique qu'on ait vu peu de voitures. Aujourd'hui, il y en a partout et la circulation est tout le temps bouchée. La camionnette avance millimètre par millimètre dans les rues surpeuplées. Et quand elle va plus vite c'est plutôt effrayant. Nous passons devant des immeubles qui témoignent de l'état général de la ville. On dirait de vieilles cités HLM en voie de destruction mais des gens y vivent ! Les parties non construites de la ville où des petites maisons en bois poussent comme elles peuvent dans la boue paraissent plus attirantes avec leurs jolies couleurs mais je ne sais pas lesquels sont les plus confortables.

Nous déposons la petite fille qui nous a accompagnés ainsi que Erica. Erica vit dans un quartier assez proche du centre, dans des nouveaux immeubles plus attirants que les vieux HLM. Le chauffeur nous dépose à l'hôtel mais nous avons peu de temps car il faut aller déjeuner. Erica nous rejoint et nous partons vers le restaurant que l'agence a réservé. Nous retrouvons là bas le couple de touristes français qui sont maintenant dans le même hôtel que nous. Le restaurant est assez bon, ils nous servent des plats traditionnels mongols. Par contre le dessert est infect, je trouve dommage de ne pas avoir pu choisir moi même, tout était prévu par l'agence ! Nous passons l'après midi à nous balader en ville avec Erica et à faire du shopping. Les grands magasins ressemblent à ceux que l'on trouve en France, on y trouve de tout, la différence avec la vie nomade est flagrante. Nous avons eu le temps de rentrer prendre une douche bien agréable à l'hôtel avant de partir dîner. C'est le dernier repas que nous passons en compagnie d'Erica et du chauffeur car demain, nous visiterons seuls la ville. L'agence a réservé pour nous un restaurant de barbecue avec un buffet à volonté. Malheureusement, je n'ai pas faim du tout car nous avons déjeuné tard et nous dinons tôt alors qu'on a très bien mangé ce midi ! Erica et le chauffeur (qui engloutit plus de trois assiettes) sont inquiets et voudraient me nourrir de force... C'est assez émouvant de savoir qu'on ne  se reverra bientôt plus. Nous avons beaucoup sympathisé avec Erica qui est maintenant plus une amie qu'une guide. Elle nous laisse son adresse email et nous espérons rester en contact. Le lendemain, on commence par agréablement profiter de la douche qui nous a manqué pendant notre séjour. Quel plaisir de se sentir propre, d'avoir des cheveux lavés et plus une masse hirsute sur ma tête ! Puis nous sortons pour profiter de cette dernière journée. La matinée est fraiche et ensoleillée et maintenant que nous sommes à pied dans le centre, la ville parait plus agréable qu'en camionnette dans les bouchons. Nous marchons jusqu'au grand temple un peu à l'extérieur du centre que nous n'avons pas visité le premier jour. Là bas, beaucoup de touristes et il faut d'ailleurs faire attention aux pickpockets (c'est vrai pour toute la ville, nous sommes très prudents et ne prenons, par exemple, jamais nos passeports). Les Mongols n'ont pas encore compris quelle plaie sont les pigeons, ils vendent des graines pour les nourrir  ! Nous entrons dans un temple où les moines sont en train de prier. La foule fait le tour du temple en silence, certains mongols déposent de l'argent sous les statues où font de petits gestes pieux. Les moines chantent des prières d'une voix monocorde. Mais chaque moine a sa propre tonalité et s'ajuste avec finesse aux autres. L'ensemble s'élève alors, à la fois solennel et majestueux. Dans le bâtiment principal s'élève une statue géante de Bouddha. Elle a été fondue par les communistes au temps de la répression religieuse mais a depuis été reconstruite. Bouddha, tout doré, nous domine de ses 26 mètres de haut, entourés de tous ses petits bouddhas et lamas qui montent jusqu'en haut du bâtiment. Après le temple, nous marchons tranquillement vers le centre dans le soleil. Nous nous installons à la terrasse de l'Amsterdam café pour prendre des sandwich et profitons ainsi du beau temps sur Peace Avenue. Nous avons plus de temps qu'il n'en faut et ne savons que faire de notre après midi. Nous découvrons une jolie boutique de cadeaux "hands made" et "frair trade" : http://www.mmmongolia.com/. Mais à force d'acheter, nous n'aurons plus d'argent donc il faut aussi faire autre chose ! Nous avons choisi quelques musées que nous décidons d'aller voir. Le premier, le musée Zanabazar, est fermé pour cause de coupure d'électricité. C'est dommage, c'est celui qui présentait l'art mongol et, en particulier, les œuvres se Zanabazar et qui m'intéressait le plus. Nous nous rendons au musée mémorial des persécutions politiques. Les explications ne sont pas très claires mais, en gros, il y a eu beaucoup de morts : la répression religieuse a été particulièrement dure. Nous allons ensuite au musée du théâtre. Il coûte très peu cher et est un peu minuscule. Il présente surtout des photos de pièces montées dans LE théâtre d'Oulan Bator. Les communistes ont réprimé la religion mais ils ont aussi permis le développement de la culture. Enfin, dernier musée, nous allons voir le musée d'art moderne. Les œuvres sont assez inégales mais certaines sont intéressantes, et puis j'aime voir comment s'expriment les artistes d'un pays. De musée en musée l'après midi avance doucement. Nous aurions voulu aller assister au spectacle d'art folklorique qui a lieu tous les soirs mais si le guide indiquait 6000 t (3 euros), le prix est maintenant de 20 000 t (10 euros) ! L'inflation touristique est flagrante dans la ville ! Si nous payons ce prix, nous n'aurons plus assez d'argent pour ce soir et nous renonçons donc pour rentrer se reposer à l'hôtel. Le soir, nous mangeons dans le "one way restaurant", nom étrange qui n'incite pas forcément à entrer, surtout que le menu n'est pas affiché. Nous le découvrons à l'intérieur et il est assez attirant mais la plupart des plats ne sont en fait pas proposés : "no no" dit la serveuse. Nous prenons un dessert au même lounge que lors de notre première soirée, à croire que nous avons nos habitudes ! Et voilà donc notre séjour terminé. Le lendemain, levés 5h pour se rendre à l'aéroport et longue journée devant nous. Le retour n'est pas de tout repos. Nous n'avions aucune idée de ce qui se passait en Russie et découvrons Moscou enfumé. C'est déjà une chance que l'aéroport ne soit pas fermé. Mais voilà que notre avion ne veut pas partir et que nous craignons de rester bloqués dans cette ville invivable. Quand on est dehors, la chaleur est étouffante, on se croirait dans un hammam mais où la vapeur serait toxique et piquerait les yeux et les narines. On ne voit pas à 10 mètres, la ville doit être bien étrange sous cette chape blanche : la place rouge doit s'étendre, déserte et fantomatique . Heureusement, nous décollons enfin et quittons la fumée pour rejoindre Paris. Au passage, prix de la pire communication pour Aeroflot. Bien que le vol soit partagé avec Air France, ce n'est qu'en Russe qu'on nous annonce que l'on doit changer d'avion...

Commentaires

Chevaux sauvages

Mercredi 4 août

Nous quittons assez tôt la famille le mardi car nous avons de la route à faire. Nous roulons entourés du blé sauvage qui ondule sous le vent parsemé de chardons bleus. Cependant, nous sommes maintenant sur le retour et rejoignons la route asphaltée que nous avons déjà prise à l'aller. Au bout de deux heures environ, nous nous retrouvons à Khogno Khan où nous faisons une rapide pause. La famille vit près de la route ce qui nous permet de nous arrêter à leur yourte. Les deux jeunes parents sont là ainsi que le petit diable Tserentogtoch et la jeune Enhjmaa. Monhbat travaille sans doute, il sera très déçu de nous avoir loupé car le père dit qu'il parle beaucoup de nous...

La route avance sans fin au milieu de la plaine. Nous nous arrêtons déjeuner au milieu de nulle part, dans la steppe balayée par le vent. Ce n'est qu'en fin d'après midi que nous quittons la route principale et rejoignons le parc national du Hustai. C'est là que vivent les fameux chevaux sauvages de Przewalski. Nous apprenons dans le petit musée qu'ils ont en fait disparu de la vie sauvage dans les années 60 et ne vivaient plus qu'en captivité. Leur réintroduction dans le parc n'a commencé que dans les années 90 mais a l'air de bien fonctionner. Nous ne pouvons observer les chevaux que près de l'entrée du parc mais ils sont aujourd'hui très sympathiques. En effet, ils viennent paitre sur le flanc de la colline qui borde la route. Nous les voyons très bien, c'est à peine si nous avons besoin de sortir de la camionnette pour les prendre en photo. D'autres animaux vivent dans le parc, comme des lynx, des renards, des cerfs ou des loups. Mais nous ne restons pas assez longtemps pour pouvoir les voir. J'aperçois seulement  une grosse marmotte sauter dans son trou ce qui me réjouit déjà beaucoup. La famille chez qui nous devons loger était censée être installée à la bordure du parc, dans la plaine derrière les montagnes. Mais nous apprenons qu'ils ont déménagé à 30 km d'ici  (30 km de piste, c'est beaucoup !). Nous roulons donc encore un certain temps au milieu des bosses sur des pistes parfois inexistantes avant de les trouver. C'est la femme qui nous accueille avec un bol de lait traditionnel. Sa yourte est très joliment décorée et bien tenue. On sent chez elle le désir d'être une vraie hôtesse et d'avoir un joli petit intérieur. Leur yourte d'hôte est presque une chambre d'hôtel avec de petits lits en bois peint. Il y a un guest book où les précédents invités ont laissé des messages. Les derniers venus sont le couple de français que nous avons croisés déjà plusieurs fois. La femme nous sert des petits beignets et de la crème ainsi que du thé. C'est agréable car le temps s'est bien rafraichi. En effet, à peine arrivés, le ciel nous ai tombé sur la tête. Bien que la journée ait commencé par un grand soleil, temps s'est couvert dans l'après midi et le vent s'est mis à souffler. A présent, la pluie est aussi de la partie et une vraie tempête se déchaine. Nous dînons dans notre yourte où le poêle a été allumé et ne pouvons sortir sans tenir fermement nos imperméables. Après le dîner, nous jouons aux cartes avec Erica et le chauffeur. C'est le même jeu qu'hier mais cette fois nous jouons en équipe. Les stratégies sont un peu difficiles à comprendre mais nous avons fait des équipes équilibrées (Sébastien - Erica / Moi - chauffeur). Erica est impitoyable est elle gagne avec Sébastien. Dehors, la pluie continue de tomber et tombe d'ailleurs toute la nuit. Bien emmitouflés dans nos pulls et sacs de couchages, nous n'avons pas froid et entendons seulement les goûtes sur la yourte. Le lendemain matin, nous prenons le petit déjeuner avec la famille dans leur yourte chauffée par le poêle. Nous dégustons avec avidité les petits beignets à la crème et le thé au lait. Nous n'avons pas le temps de rester longtemps avec la famille, pourtant très sympathique, car il nous faut partir vers Oulan Bator. La petite vient avec nous : c'est une jeune actrice et elle va à la ville pour jouer dans une des petites séries mongoles qui passent à la télé. Elle fait ça depuis deux ans. Elle a été choisie parmi les élèves de son école qui prennent des cours de théâtre. C'est vrai qu'elle est très mignonne. Je trouve aussi que sa mère ressemble à un personnage de série avec son joli visage maquillé et sa robe traditionnelle. Pour nous, c'est la fin de la steppe et un peu la fin du voyage...

Commentaires