Festival de Gerardmer 2011 : jeudi
Dream Home, Terreur, Repulsion, Mirages et En Quarantaine 2
Bonne surprise pour notre premier film du festival, Dream Home qui ouvre la journée du jeudi. Je ne savais pas quoi attendre de cette production Hong-kongaise au réalisateur inconnu. Certes, il ne court pas pour le grand prix, son histoire est un peu confuse et manque de cohérence. Mais les scènes de tuerie gore dans un immeuble chic de Hong-Kong valent le déplacement. Et je lui accorde d'avance le prix des morts les plus inventives : strangulation-égorgement, étouffage par aspiration, coup de fer à repasser, éventrage, transpérsage, etc. Bref, un agréable moment de bonne augure pour le reste de la sélection !
Après un croque monsieur gargantuesque au Neptune, nous continuons notre journée au cinéma du casino avec Ténèbres de Dario Argento. Ce n'est peut-être pas son meilleur et il a un peu vieilli : une histoire policière assez classique ponctuée de poignards sanglants et de jeunes femmes hurlant. Mais ce qui nous semble cliché aujourd'hui est aussi la base même de l'imagerie du fantastique et du cinéma d'horreur. Nous enchainons avec un film à la MCL de l'autre côté de la ville (heureusement, cette année, la neige est moins abondante et ne nous empêche pas de prendre la voiture). Nous découvrons Repulsion de Polanski présenté ici dans le cadre de la rétrospective autour du thème : Paranoïa, Schizophrénie, Claustrophobie et autres petites peurs. Gerardmer a cette grande qualité de nous faire découvrir les chefs d'oeuvre du genre sur grand écran, une occasion parfois unique. Repulsion en est un, de ceux qui restent magnifiques sans souffrir de leur âge. On y découvre Catherine Deneuve dans un des rôles qui l'a révélée. Son visage blond et juvénile semble n'être qu'un écran, dans son regard : le vide de la folie. C'est cette folie qui est ici filmée avec beaucoup de talent. Elle est d'abord latente, une simple angoisse, une présomption puis elle se révèle de plus en plus violente et douloureuse. En bref, c'est un grand film que je suis contente d'avoir découvert ici. C'est un des seuls films de la rétrospective que je verrai cette année, une des raisons est que j'en ai vu la plupart ! Voilà un signe que ma culture en cinéma fantastique s'améliore...
Après une soupe prise au chalet, nous continuons notre soirée avec un film en compétition : Mirages. Toute petite production marocaine, je m'attendais au pire quand le réalisateur a dit que c'était un très petit budget. Mais au final, même si le film n'a pas fait l'unanimité, il m'a paru tout à fait honorable. Certes, il y a des petites maladresses techniques mais qui ne m'ont pas dérangée. J'ai trouvé assez bon le jeu des acteurs et le scénario se tient à peu près. Je ne pense pas que le film ait un grande carrière mais il permettra sans doute à son réalisateur de lancer la sienne.
Enfin, on termine la soirée par En Quarantaine 2. Petit rappel du context : il y a quelques années, les Espagnols ont fait REC, qui était un très bon film de genre. Les Américains en ont fait un remake, En Quarantaine, qui en était une copie conforme. Puis les Espagnols ont fait REC2 qui était, pour le coup, très mauvais. Les Américains ne s'y sont pas trompés, ils ont fait une suite à En Quarantaine mais qui n'a plus rien à voir avec REC2. C'est cette suite américaine que nous voyons aujourd'hui. Clairement, elle ne recherche pas l'originalité mais plutôt à réutiliser les ficelles et effets du premier en espérant que ça fonctionne à nouveau. La première partie du film est plutôt agréable à regarder, ça se passe dans un avion, c'est marrant. Après viennent les explications alambiquées du pourquoi du comment. Elles ne sont pas aussi mauvaises que dans REC2 mais restent assez lourdes. La fin est longue et poussive, le film reprend les mêmes effets que les premiers opus mais en perd l'acidité : c'est ce qui se passe quand avec une bonne idée, on fait 4 films !
Première journée terminée pour nous, il faut penser à dormir pour affronter le reste du festival !
Gerardmer 2010 : photos
Lee Yong-ju, réalisateur de possessed et sa traductrice
Equipe du film La Horde avec les deux réalisateurs : Yannick Dahan & Benjamin Rocher
Les deux réalisateurs de Amer : Hélène Cattet & Bruno Forzani
John McTiernan lors de l'hommage
Eric Tessier, réalisateur de 5150 rue des Ormes
Le jury courts métrages : Xavier Gens, Gregory Fitoussi, Mélanie Bernier et Reda Kateb
Les réalisateurs des courts métrages : Béatrice Espinasse et Hugues Espinasse (Entre deux), Stefan Le Lay (La Carte), Pierre Ferrière (Toute ma vie), Matthieu Frances (Les Naufragés), Vinciane Millereau (Barbie Girls), Joyce A. Nashawati (Morsure)
Anno Saul, réalisateur de The Doot - Die Tür
Elio Quiroga, réalisateur des Témoins du Mal
Et aussi ...
Album Gerardmer sous la neige
Gerardmer 2010 : Palmarès
Me voilà rentrée chez moi, et je découvre le palmarès de cette année, assez étonnant !
Je suis très étonnée ! Non pas que The Door soit un mauvais film, mais il ne me semblait pas en tête de liste. C'est vrai que c'était du vrai fantastique bien joué, assez troublant. Le réalisateur avait l'air sympa, j'espère que ça aidera son film à sortir en France mais il faudra être attentif,. Ça va être du genre à passer une semaine à l'orient express avant de disparaitre dans les tréfonds d'un revendeur de DVD. Si vous tombez dessus, n'hésitez pas, il est très bien !
Quand même, il aurait été bizarre que Moon ne soit pas récompensé. Objectivement, je pense que c'est le film le plus réussi de la sélection. C'est un film maitrisé de bout en bout, bien joué, bien scénarisé. Le fantastique est présent à travers l'ambiance et la situation au delà de l'aspect SF. Après, en fonction des goûts, on rentre plus ou moins dans l'histoire, on le préfère ou pas à un autre, mais on doit avouer qu'il méritait de gagner.
Prix de la critique : Moon
Logique...
Mention spéciale du jury presse : Amer
Les réalisateurs d'Amer auront au moins réussi une chose : que l'on parle de leur film. En effet, Amer a été le sujet de conversation préféré des festivaliers. D'abord, il a été très décrié : les gens sont partis de la salle, ont hué le film... Ensuite, il était presque devenu un sujet de blague : "T'as vu Amer ? Non ?! Oh ba vas y, tu vas voir, à un moment elle va à l'épicerie !". Mais tout de même, devant tant de cruauté, certains festivaliers se sont rebellés et ont avoué avoir apprécié Amer : "Mais tout de même, il y avait une recherche esthétique, c'était beau, moi j'ai aimé bla bla bla". Ils étaient en large minorité et donc ils se devaient de crier plus fort, surtout que visiblement, la presse officielle a beaucoup plus apprécié que la populace. D'où cette petite mention spéciale qui n'est pas un vrai prix mais qui sonne comme un pied de nez à la foule du public et donne un encouragement aux deux réalisateurs : mais si, il y a des gens qui ont aimé votre film !
Moi, j'avais eu un peu pitié d'eux alors je suis quand même contente. Enfin bon, j'espère que pour leur prochain film, ils auront un scénario et pas que des belles images !
Prix du jury jeune : Possessed
Le jury jeune se fait facilement impressionné. Ce n'est pas parce qu'un film est tordu qu'il est bien ! C'est vrai que Possessed est bien filmé (c'est toujours le cas des films asiatiques), mais vraiment, il y a beaucoup beaucoup mieux dans le même genre !! A part Deux Sœurs, excellent, avec la sélection coréenne, j'ai l'impression de revoir le même film chaque année.
Prix du public : 5150 rue des Ormes
Ah tout de même, mon film coup de cœur repart avec un beau prix, celui du public. Ça a du être serré avec La Horde mais c'est vrai que le film avait beaucoup plu. C'est moins léché que Moon, mais j'adore cet humour rinçant, ce côté délirant complètement barré. Et ça me fait plaisir pour le réalisateur qui avait l'air très sympa ! Malheureusement, je ne pense aps que le film sortira en France mais on peut toujours espérer.
Prix du jury Sci Fi : La Horde
Tout de même, La Horde ne repart pas sans rien. Mais même s'il n'a pas reçu le prix du public l'accueil a été chaleureux et le réalisateur l'a bien remarqué. On en a beaucoup parlé, les festivaliers ont apprécié et aideront à lancer le petit buzz qui accompagnera sa sortie en salle.
Vive les zombies français !
Prix du court métrage : Morsure
Alors là, je ne comprends pas ! D'ailleurs je ne dois pas être la seule car ça semble tout à fait saugrenu. Ce court métrage passait en tout dernier et il aurait fait un bon début de film mais la plupart des spectateurs sont restés sur leur fin et n'ont pas vraiment compris de quoi ça parlait. Les courts métrages sont de longueur variables et j'avoue que quand le générique de fin est apparu, je pensais que ça commençait tout juste.
Surtout, ce que je ne comprends pas c'est que la sélection ne manquait pas de très bons films. Avec Xavier Gens comme président du jury, on aurait pu penser que la préférence irait à Barbie Girls. Si on le trouvait un peu trop brouillon, on pouvait choisir Toute ma vie. Là encore, si on pensait que ça jouait de facilité, on pouvait se rabattre sur le très joli La Carte. Même après ces trois là, je n'aurai pas choisi Morsure ! Au niveau du public, je pense ça se jouait entre Barbie Girls et Toute ma vie, tous les deux très applaudis.Moi j'aurai choisi sans hésiter Toute ma vie, dont voici le site officiel : http://www.toutemavie-lefilm.com/index.html
Voilà pour le palmarès (je n'ai pas mis le prix inédits vidéo car je n'ai vu aucun des films en compétition) que vous pouvez retrouver sur le site officiel du festival. Vous remarquerez qu'avec tous les prix, la plupart des films ont été primés ! Ce n'est pas le cas chaque année, parfois un même film remporte tout, seul le grand prix et le prix spécial doivent être différents : ils sont attribués par le jury officiel. Les autres prix viennent de jury annexes. Le prix du public est attribué en fonction des notes des spectateurs. Cette distribution équitable vient du fait qu'aucun film ne sortait réellement du lot, et que ça dépendant beaucoup des coups de cœur de chacun. Certains diront qu'ils étaient tous bons d'autre tous mauvais mais il y a des râleurs partout...
Perso, je rentre très satisfaite de ce festival !