Festival de Gerardmer 2008
En ce mercredi 23 janvier, le festival s’ouvre sur un temps magnifique. La neige n’est malheureusement pas la là mais le temps est froid et ensoleillé.
Les premiers films ne seront projetés que ce soir et l’on passe donc notre après midi à se balader tranquillement sur le col de Schlucht, qui lui est enneigé, dans les bois lumineux et calmes.
Comme nous sommes de retour assez tôt, on décide de tenter pour la première fois d’aller à la cérémonie d’ouverture. Celle-ci se tient à 19h à l’espace lac. A 17h30 nous sommes déjà dans la queue. Après une heure et demi, notre attente est récompensée et nous rentrons mais nous avons bien fait de venir à l’avance car peu de gens rentrent après nous. Il n’est même pas noté sur le programme que la cérémonie est ouverte au public. En effet, entre les journalistes et les invités, il ne reste que très peu de places sur les plus de 700 que compte l’espace lac pour accueillir les festivaliers.
Jury festival Gerardmer 2008
Cette année le jury change un peu de style. Ces dernières années, les membres tendaient à être des people en recherche de notoriété et n’avaient souvent qu’un bien faible lien avec le fantastique. Cette fois-ci, ce sont presque tous des réalisateurs qui ont mis la main à la pâte, des spécialistes du genre pas toujours connu du grand public (ni même de moi) : 7 réalisateurs dont le président du jury, Stuart Gordon, et Jess Franco (espagnol), Takashi Shimizu (japonais), Sean S Cunningham (américain), Neil Marshall (britanique), Ruggero Deodato (italien), Jake West (britanique), Nicolas Winding Refn (danois) et Juraj Hertz (tchèque) _ assez international comme vous pouvez le remarquer. En plus de cette troupe, on trouve l’actrice Kristanna Loken qui tombe un peu comme un cheveux sur la soupe…
Après les discours divers (on peut saluer celui du maire de Gérardmer, vraiment pas mal) et la présentation du jury, a enfin lieu la projection du film Cloverfield.
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre mais au final, ça a été plutôt une bonne surprise. En tout cas, je me suis prise au jeu, j’ai eu peur, j’ai été entraînée par l’ambiance générale. Pour ceux qui ont suivi le buzz, Cloverfield est l’histoire d’un gros monstre qui envahi New York mais où tout est entièrement suivi à travers la caméra numérique d’un des protagonistes. La caméra subjective a d’ailleurs été à l’honneur cette année avec pas moins de 3 films sur les 10 en compétition. Je ne sais pas si on doit trouver le procédé facile ou intelligent, mais ça marche assez. Evidemment, Cloverfield reste une grosse production américaine et manque tout de même d’originalité.
La soirée continue avec un film hors compétition, réalisé par le président du jury, Stuart Gordon. Stuck est un des films que j’ai préféré cette année. Il raconte l’histoire d’une jeune femme qui renverse un homme dans la rue, celui-ci entrant littéralement dans son pare brise. Prise de peur et ne sachant comment réagir, elle finit par l’enfermer mourrant dans son garage, toujours dans le pare brise. Ce film est un vrai bijou d’humour noir / gore et de cynisme. Ce qui le rend si intéressant, et qui manque par exemple cruellement à Cloverfield, c’est l’originalité et le réalisme des personnages. Le film est encré dans une réalité sociale qui fournit un véritable background à l’histoire générale. Les acteurs jouent juste et on se rappelle de chaque personnage, même secondaire. Le décalage absurde entre cet homme coincé dans un garage et la vie de l’aide soignante est soigneusement dessiné. En résumé, je me rappellerai de ce film, il ne rentera pas dans l’immense masse des films qui se ressemblent et que je finis par confondre et oublier.
Fantastic'Art 2007 : journée du samedi
Kilomètre 31
On aurait pu penser, à lire le résumé, que ce film n’avait vraiment aucun intérêt. Et on est donc assez agréablement surpris par ce petit thriller mexicain, qui, certes, manque cruellement d’originalité mais qui se laisse regarder et dont la fin est plutôt réussie. En conclusion : pas trop mal !
The Great Yokai War
Cette année, le seul film de Miike était hors compétition. Comme à chaque fois, on ne savait pas à quoi s’attendre mais sans doute pas à ça ! On n’avait à peu près tout vu chez Miike, des films de Yakusa aux fables fantastiques étranges en passant par l’horreur et le gore pur, mais on n’avait pas encore vu de films pour enfant… Je précise que cela reste un film pour enfant assez étrange et très Miikéun, mais tout de même un film pour enfant. Le héro a d’ailleurs à peu près 8 ans et se bat contre les esprits du mal en compagnie de Yokai, êtres pour le moins étranges. Film plaisant mais sans doute plus facile à apprécier quand on a une véritable bonne connaissance des croyances et esprits japonais…
Hommage à Irvin Kershner suivi de Black Sheep.
Pour être sûr de pouvoir assister à cette séance, nous avions snobé Cry Wolf, ce qui nous a permis de rentrer ranger et prendre toutes nos affaires au chalet et d’arriver à l’avance pour la séance suivante.
Après le beau discours d’Irvin Kershner sur l’émotion partagée au cinéma, la séance de Black Sheep a commencé, illustrant parfaitement son propos. En effet, quand Irvin Kershner a parlé du plaisir du réalisateur d’entendre rire les spectateurs, cela aurait pu directement visé Jonathatan King, réalisateur de Black Sheep.
En effet, celui-ci a du être ravi d’avoir à faire à un public tellement acquis à sa cause des moutons mutants. Toute la semaine, les festivaliers avaient attendu avec impatience le film, comptant même les moutons des autres films. Durant le générique de début, on entendait déjà des bêlement venant de la salle suivis de rire fusés. Le film a, sans surprise, gagné le Prix du Public, ainsi que le Prix Spécial du Jury, à égalité avec Fido. Il faut dire que son humour ovin était tout à fait hilarant, l’inscrivant dans la juste descendante de Brain Dead ou bien même Evil Dead.
Les spectateurs ont non seulement ri, mais aussi applaudi à plusieurs reprise durant le film devant les scènes de moutons carnivores dévorant les humains. Le réalisateur s’est vu demander plusieurs autographes à la fin de la séance et des applaudissements l’ont accompagné lorsqu’il quittait la salle. Un film dont on attend maintenant avec impatience la sortie en Nouvelle Zélande puis en France, pour sans doute le voir devenir culte !
Petites phrases cultes signées Black Sheep :
« - Bon, cette fois tu m’écoutes et tu ne refais pas le coup de la ferme aux saumons ! - Quoique tu puisses dire : ces poissons sont morts libres !! »
« - Je me suis fait mordre par un hippy bizarre qui ressemblait à un mouton. - Oh non ! Tu vas devenir l’un d’eux !! - Quoi ? Un Hippy ?!!!? - Mais non un mouton ! - Ouf… »
Et sur cette belle réussite, nous terminons notre festival, il continuait bien sûr le dimanche, mais nous devions rentrer le samedi soir, car le dimanche c’était l’avion pour l’Irlande. Nous avons tout même vu 9 des 10 films en compétition, dont les 3 trois qui ont gagné et qui sont aussi les 3 à retenir : Fido, Black Sheep et Den Brysomme Mannen.
Fantastic'Art 2007 : journée du vendredi
Den Brysomme Mannen
Voici le grand gagnant du festival : il a raflé le Grand Prix, Prix de la Critique Internationale, le Prix du Jury Jeune et le Prix Sci-Fi. S’il n’a pas eu le prix du public, il a tout de même beaucoup plu aux festivaliers et méritait vraiment sa victoire écrasante.
Si vous avez déjà rêvé d’habiter dans le monde parfait du magazine Ikea, ce film est fait pour vous. Car c’est ce qui arrive au héro qui s’installe dans une ville étrange où il reçoit un appartement, un emploi et bientôt une femme. Ici tout le monde semble heureux et passe son temps à feuilleter des magazines de meubles et à redécorer son appartement. Le confort matériel est en effet érigé en principe maître. Cependant, quelque chose cloche et la saveur de la vraie vie va vite manquer au héro.
Dans l’ensemble, une fable vraiment troublante à l’humour cynique norvégien appréciable. La scène du métro a des chances de devenir culte… J’espère en tout cas que son succès sans équivoque au festival va booster un peu sa carrière française.
Pee Wee’s big Adventure
Petite pause Tim Burton entre deux films en compétition. On peut se demander avec raison ce que ce film faisait à Gérardmer, mais bon, il est toujours bon d’étendre sa culture ciné ! A vrai dire, je n’ai pas tout suivi car j’étais vraiment fatiguée et que j’ai donc eu tendance à sombrer dans des sommeils express au cours de la séance. Cependant, cela reste un film plaisant surtout si on apprécie l’humour à la Tim Burton. J’ai tout de même préféré Mars Attacks ou Charlie et la Chocolaterie.
Sakebi
Petite déception pour ce nouveau Kurosawa (Kyochy pas Akira) qui reste bien moins bien que Séance. Ici, le réalisateur n’a pas trouvé son rythme et le film se traîne un peu, endormant au passage une partie de la salle qui l’a jugé bien sévèrement. Même si je n’ai pas été très convaincue par le fantôme volant, je reste tout de même moins dure que la majorité du public (serai-je partiale ?) et avoue avoir ressenti une angoisse latente dans les longs plans fantomatiques.
Coup de chapeau à David Carradine suivi de Sisters
David Carradine est plutôt un acteur de l’action que du fantastique, donc on se demande un peu pourquoi lui et pas un autre, mais on a pu prendre quelques photos…
Et puis, les extraits de Kill Bill étaient toujours plus intéressants que le film qui a suivi, bon perdant de ce festival ! Déjà, c’est un film plus ou moins inutile (disons plus que les autres) car il existe déjà. En effet, c’est un remake d’un film de Bryan de Palma : Sœurs de Sang. Or je pense que l’original était bien mieux… Si l’histoire, jusqu’à la dernière partie, arrive, malgré sa réalisation pas très originale, à accrocher le spectateur, la fin est des plus décevante. Elle est à la fois pas très claire (on comprend pas grand-chose, pourtant je suis habituée aux films obscurs) et pas très intéressante, sans doute car l’ambiguïté des personnages n’a pas été assez poussée auparavant. Bref, si vous aimez les histoires de sœurs intrigantes, voyez plutôt Deux Sœurs, film coréen grand prix 2004 du festival.
Ensuite, il y avait toute une soirée Massacre à la Tronçonneuse, mais nous, on travaillait le lundi matin et on avait du rangement à faire, donc on est rentré se coucher avant notre dernier jour de festival !