Gerardmer 2020 - Samedi

Samedi, nous commençons notre journée avec Vivarium du réalisateur irlandais Lorcan Finnegan. Un jeune couple se retrouve piégé dans un pavillon à devoir élever un étrange enfant. Par cette fable, le réalisateur caricature la vie familiale idéalisée, version publicité Ricoré qui aurait mal tourné. Le ton est cynique, le propos intéressant et les éléments fantastiques bien amenés sans explication lourdingue. On garde en tête ses images étranges, reflets déformés de notre société : les pavillons identiques qui s'étalent dans un labyrinthe infini, l'enfant insondable qu'on est condamné à élever, le couple qui s'enferme dans le silence résigné et l'obstination sans but. Une belle réussite et un de mes favoris du festival.

L'après-midi, nous sommes pour la dernière fois au Paradiso pour voir Blood Quantum du canadien Jeff Barnaby. Beaucoup de frustration pour ce film de zombie ! Il y a beaucoup d'éléments qui me plaisent et qui auraient pu donner un très bon petit film de genre original. On voit l'apocalypse zombie du point de vue d'une communauté amérindienne. Les autochtones se trouvent immunisés contre la contamination tandis que les blancs viennent chercher refuge dans la réserve. Cette inversion du rapport de force sociétal est intéressante mais finalement peu exploitée. La première partie qui illustre le début de l'apocalypse zombie est plutôt bien fichue. Mais le scénario s'enlise dans la seconde partie. On a l'impression que le réalisateur a oublié de nous raconter certains morceaux de l'histoire. Les motivations des personnages sont très floues voire complètement incompréhensibles. Et puis, ça finit par manquer de rythme et par ennuyer. C'est bien dommage car il y avait des choses à dire ! On voudrait revoir le film avec un scénario plus abouti et un meilleur montage !

Il est plus de 23h quand nous rentrons enfin dans le cinéma du Casino pour voir notre dernière séance prévue à 22h30, après quasiment une heure à patienter sous la pluie et le temps apocalyptique de Gerardmer cette année. Le film présenté est The Room de Christian Volckman. Un couple dans une nouvelle maison découvre une pièce qui peut réaliser tous leurs souhaits jusqu'à faire apparaître un bébé sorti de nulle part (c'est la thématique du jour avec Vivarium). Mais toutes ces nouvelles choses, jusqu'à l'enfant lui même, semble n'offrir qu'un bonheur illusoire et éphémère. Je dois dire que j'ai un peu de mal à rentrer dans l'histoire. Les deux personnages principaux me sont assez antipathiques et tout ça semble bien superficiel. Cependant, l'intrigue devient plus intéressante à mesure qu'on avance. Le film n'hésite pas à aller au bout de son concept quitte à rentrer dans l'étrange et s'éloigner des bons sentiments et du conventionnel. Au final, je me laisse prendre et c'est plutôt une bonne surprise.

Nous devions voir un dernier film dimanche matin (le Japonais Howling Village) mais comme les personnages de la journée, nous sommes rappelés à nos devoirs de parents (sauf que le notre, il est moins creepy quand même). Notre petit est malade et nous devons annuler nos plans. Mais bon, avec 9 films sur les 10 prévus, c'est tout de même une belle réussite pour cette 17ème participation et surtout première fois avec notre bébé ! De mes trois favoris : Saint-Maud, Vivarium et The Vigil seul Saint-Maud est primé et raffle quasiment tous les prix. Une belle réussite pour ce premier film et sa réalisatrice Rose Glass qu'on espère revoir bientôt !

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Gerardmer 2020 - Vendredi

Nous commençons à 11h à l'Espace Lac avec l'attendu Saint-Maud, premier film de la réalisatrice britannique Rose Glass. Une jeune infirmière se pense investie de la mission divine de sauver l'âme de la chorégraphe en fin de vie dont elle s'occupe. Le film installe son ambiance étrange et traite avec finesse de la folie, de la solitude et de la mort. Sa touche finale flamboyante témoigne de sa qualité, assez remarquable pour un premier film. C'est une des belles réussites de ce festival et on espère le retrouver au palmarès !

La qualité, c'est justement ce qu'il manque à notre séance de 16h30 au Paradiso pour le délirant Snatchers qui a fait l'ouverture du festival. J'ai tout à fait le goût des films d'horreur qui choisissent l'humour gore et le décalé. Mais là, je dois dire que malgré le pitch original (une ado fait une grossesse express et non humaine après sa première expérience sexuelle), je suis plutôt déçue. Le film ne se prend pas assez à son propre jeu. Il n'a pas l'audace d'un Bad Biology et n'est qu'une suite de gags qui finissent par lasser et même, ennuyer.

C'est à 22h à la MCL que je vois ce qui sera peut-être mon coup de cœur du festival. The Vigil est le premier film de son réalisateur Keith Thomas. L'histoire est assez simple : un homme qui cherche à quitter la communauté juive orthodoxe à laquelle il appartient accepte un boulot d'une nuit pour veiller un mort selon la tradition juive. Assez vite, il est rattrapé par ses propres angoisses qui prennent des formes de plus en plus inquiétantes. L'ambiance est oppressante, cauchemardesque, et tout à fait effrayante. C'est rare qu'un film me fasse vraiment peur et là, c'est réussi. J'y vois aussi une profonde mélancolie autour des questions liées à la mort, au deuil, à la culpabilité, le tout emprunt de la mythologie et de l'histoire juive, sans pour autant que ce ne soit lourdement appuyé. C'est un vrai film fantastique qui sans être très original arrive à créer son univers propre et à nous entraîner dans son histoire.

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Gerardmer 2020 - Jeudi

Le festival est un peu différent pour nous cet année ! Pour la première fois, notre fils Octave, 6 mois, nous accompagne. Il est un peu trop jeune pour les films et passe ses journées sous la garde de sa grand-mère. Pour nous adapter à cette nouvelle situation, nous avons pris un rythme différent et moins soutenu qu'à nos habitudes : 3 films par jour au lieu de 5. Nous avons concentré nos choix de séances sur la compétition officielle.

C'est ainsi que nous commençons le festival jeudi matin à 11h à l'espace lac. Le premier film s'appelle Répertoire des villes disparues du Canadien Denis Côté. On aurait envie d'aimer cette œuvre empreinte de mélancolie dans les paysages enneigés du Québec. Mais non, la sauce ne prend pas. Le rythme est un peu trop lent, l'action pas assez précise, et on finit surtout par s'ennuyer. Vu les réactions de la salle, je ne pense pas être la seule.

Nous sommes de retour l'après-midi pour l'Irlandais Sea Fever de la réalisatrice Neasa Hardiman : une jeune femme scientifique sur un bateau de pêcheur et un gros monstre marin un peu inquiétant. Le scénario manque certainement d'originalité mais je suis séduite par les personages, je me laisse porter par l'histoire et passe un bon moment.

Cependant, la vraie bonne surprise arrive le soir avec notre séance de 22h au Paradiso : 1BR, the apartment de l'américain David Marmor. Le film commence de façon assez classique avec une jeune femme inquiète dans un nouvel appartement mais il nous amène là où on ne l'attend pas et arrive à capter notre attention jusqu'au bout. Son propos est teinté de cynisme, d'humour et de cruauté, se moquant gentiment de la notion du "bon samaritain". C'est là dessus que nous concluons notre première journée !

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