World Books Challenge : Argentine, Le Lieu Perdu
Le Lieu Perdu de Norma Huidobro
J'ai acheté ce livre un peu par hasard, en me baladant dans les rayons de la fnac. J'ai été attirée par la couverture : le ciel bleu, la ruelle ensoleillée, un sentiment estival de poussière et de chaleur.
La couverture est particulièrement bien choisie car l'on retrouve ces mêmes sensations à la lecture. Une ruelle est ainsi décrite de façon récurrente à travers la vision et la mémoire d'un des personnage et c'est celle là même qui semble, en couverture, nous inviter à lire le livre.
On plonge avec mélancolie dans ce village oublié d'Argentine. Tout est décrit par la sensation : chaleur, transpiration, soleil, eau, pierre. On ressent l'oubli, le départ, la séparation qui hantent les personnages. Tout n'est qu'attente, presque ennui, et une ombre triste semble planer tout a long du roman. L'auteur sait nous faire comprendre beaucoup en nous disant peu. Tout est dessiné de quelques traits et une forme à peine esquissée s'échappe : la mère aigrie qui a fait fuir sa fille, l'amie restée seule au village, la mère aimante dont le fils est parti... L'intrigue avance cependant dans cet univers descriptif et la tension monte chargée de violence. Un très beau roman qui m'a donné envie d'aller me perdre en Argentine pour manger des tamales.
Calanques d'hiver
Cette semaine, je suis à Luminy, près de Marseille, avec mon université. Aujourd'hui, le peu de conférences intéressantes et le temps qui parait agréable nous poussent à partir en balade jusqu'aux calanques, très proches.
Le début se passe très bien, tout est en descente sous un temps plutôt clément. Au détour des chemins, apparaissent les calanques dans la lumière de la fin de matinée : grands rochers blancs parsemés de végétation filant doit vers la mer en falaises calcaires et golfs rocheux.
Il faut crapahuter un peu pour arriver jusqu'à une plage. Et encore, une plage, c'est beaucoup dire. Ca ressemble plus à un petit creux de quelques mètres où les rochers ont laissé la place aux cailloux et nous permettent donc d'accéder à la mer turquoise. C'est là qu'on s'installe pour pique-niquer dans l'air encore doux de la mi journée. Mais voilà que le temps se couvre et à la fin du repas tout le monde commence déjà à frissonner. Là se pose la question fatidique : qui aura le courage de se baigner ? Nous ne sommes qu'au mois de février mais nous avons pris nos maillots. Pendant la descente, je m'en sentais tout à fait capable car il faisait chaud et beau. Maintenant que les nuages sont là et que j'ai froid, j'hésite un peu. Je teste d'abord du bout du pied et prend ma décision : j'y vais.
Je suis la première à me lancer. La première étape est de se mettre en maillot et comme j'ai déjà froid en étant habillée, il faut du courage. Puis, je m'avance dans l'eau. En fait, la température de l'air étant déjà assez basse, l'eau ne semble pas froide et on y rentre facilement. Cependant, une fois complètement plongée dedans, mon corps me rappelle la vraie température : je sens mes muscles qui se contractent et ma respiration devient difficile. Après quelques brasses les choses s'arrangent un peu et je peux même faire l'aller retour jusqu'au rocher.
Quand je sors, je n'ai pas froid. Ma peau rougeoie et semble insensibilisée. Au moment où je suis rentrée dans l'eau, la pluie commençait à tomber et maintenant il pleut tout à fait. J'ai du mal à me sécher et mes mouvements sont encore plus gauches que d'habitude mais j'arrive tout de même à me rhabiller. Pendant ce temps, un de mes compagnons s'est lui aussi lancé. Quand il sort, un deuxième y va. Moi, je me suis emmitouflée dans mon pull et je grelotte sous la pluie.
Le dernier baigneur s'en donne à cœur joie. Il a nagé jusqu'au rocher et a plongé plusieurs fois. Il barbote dans l'eau pendant au moins 15 minutes. Quand il sort, la pluie a empiré se transformant même en grèle et on décide de partir très rapidement. La remontée commence et, très vite, deux groupes se forment. Devant, les trois rapides, et derrière, moi et le dernier baigneur. Lui car son séjour prolongé dans l'eau glacée a laissé des séquelles et moi car, dans tous les cas, je suis incapable de grimper rapidement.
On remonte donc à notre rythme, qui est très lent. Très régulièrement, on s'arrête : lui car il a des crampes, moi car il faut que je respire et on se soutient mutuellement. La pluie tombe averse et nous sommes tellement trempés que nous cherchons même plus à nous abriter. Il nous arrive de rester assis plusieurs minutes sur un muret, balayés par le vent et la pluie, un peu pitoyables et désabusés.
Alors que la phase la plus critique de la remontée se termine, nous sommes rejoints par un groupe de joyeux québécois. Ils étaient sur la même plage que nous mais seul l'un d'entre eux a osé se baigner. Nous sommes un peu moins fatigués que tout à l'heure et arrivons à suivre leur rythme. Surtout que pour se donner de l'entrain, ils chantent joyeusement et j'entame avec joie le "phoque en Alaska". Et maintenant, l'averse est enfin terminée et nous avons le droit à une magnifique éclaircie. Les calanques encore fraiches réapparaissent sous le soleil et deux des québécois décident de redescendre pour se baigner !
Mes vêtements sèchent un peu sur la fin du trajet et même si mes doigts sont gelés mon état général s'améliore nettement. Enfin, une fois rentrée dans ma chambre, il me faut quand même une très longue douche chaude pour me remettre pleinement !!
World Books Challenge : Allemagne, Hongrie, Inde
Allemagne : Tambours dans la nuit de Bertolt Bretch
Tambours dans la nuit est plus qu'une lecture pour moi. Brecht est un grand auteur de théâtre sur lequel j'ai travaillé souvent lors de mes cours au conservatoire. En particulier, nous avions monté un spectacle il y a quelques années, La Lune Rouge, dans lequel nous avions joué plusieurs extraits de ses pièces. J'avais alors participé à Baal et à Tambours dans la nuit. Nous avions joué cette scène chorale où alors qu'une famille fête les fiançailles de leur fille, son premier amant, disparu à la guerre, revient et se confronte au nouveau fiancé. Ce n'avait pas été une mince affaire car il est toujours difficile de travailler des longues scènes avec beaucoup de personnages. Mais je me souviens de la tension qui montait petit à petit, de l'étrangeté de cette scène, de la lune rouge évoquée qui avait donné le nom du spectacle...