Festival de Gerardmer 2011 - Samedi et dimanche
I saw the devil, The Loved Ones, Proies, Terreur, L'empire des ombres
Premier film de la journée : I saw the devil. Nous arrivons à l'avance car on ne voudrait pas louper la séance. Le réalisateur est Kim Jee Won. Il y a quelques années, son film Deux Soeurs a remporté le grand prix et reste parmi mes préférés, si ce n'est mon préféré, de l'ensemble des films que j'ai vu au festival. Deux Soeurs était un film de fantôme, un vrai fantastique. I saw the devil est très différent mais la maitrise est la même. Ce n'est pas tout à fait fantastique, mais plutôt thriller gore. Le scénario est bien mené, assez surprenant, le film est très bon. Cependant, je trouve qu'il aurait gagné à être un peu plus resserré car 2h20, c'est long. Ma préférence reste toujours à Deux Soeurs mais I saw the devil est clairement l'un des meilleurs du festival.
Sous le soleil, près du lac enneigé nous prenons un rapide pique-nique avant d'aller voir les courts métrage. Nous avons une belle sélection cette année. Je retiens le très bon Red Balloon qui arrive à instaurer une ambiance inquiétante en très peu de temps. Du côté de l'humour, on a le fameux Bloody Christmas 2, le révolte des sapins qui a eu un petit succès dans la salle. Et puis même s'il était un peu maladroit, j'ai apprécié le très drôle Cabine of the deads où un homme vit une attaque de zombies depuis une cabine téléphonique.
En sortant de la salle, la file d'attente est longue pour le prochain film en compétition, La Casa muda. Nous ne sommes pas sûrs de rentrer. Et si nous allons voir ce film, nous ne sommes pas sûrs du tout de pouvoir rentrer à la prochaine séance, The Loved ones qui sera précédée d'un hommage à Dario Argento. Le pire est que l'on pourrait attendre ici une heure dans le froid pour être refoulés, et ensuite, nous n'aurions même pas le temps de nous reposer un peu, il faudrait enchainer et attendre à nouveau deux glaciales heures. Notre décision est prise, tant pis pour La Casa Muda dont nous n'avons pas eu de très bons échos, allons prendre tout de suite une boisson chaude au café et revenons tout à l'heure faire patiemment la queue pour The Loved Ones.
Nous ne regrettons pas. Nous assistons au bel hommage à Dario Argento : discours d'Alexandre Aja et standing ovation. La rétrospective de ses films nous donne envie de tous les voir... Puis, nous découvrons The Loved Ones, mon coup de coeur du festival. C'est un premier film australien, ce qui ne m'inspirait pas trop confiance car j'avais encore en tête l'insignifiant Rogue vu il y a quelques années. Mais là, c'est un bijoux d'humour noir, cruel et déjanté qui nous attend. Pour vous donner une idée, voici les paroles de la bande originale du film qui me trotte dans la tête depuis :
Am I not pretty enough ? Is my heart too broken ? Do I cry too much ? Am I too outspoken ?
Jusque là, ça va. Mais pour vous mettre dans l'esprit du film, il faut chanter cette chanson à votre chéri habillée d'une robe de bal rose fluo avec un maquillage de poupée barbie, le nez cassé et la lèvre fendue, tenant à la main un long couteau ensanglanté. Votre chéri, lui, doit être ligoté sur une chaise clouée au sol dans un costume débraillé et taché de sang, le teint gris et les yeux vitreux. Et oui, Lola a très mal pris que Brent refuse de l'emmener au bal et elle a une façon particulière d'arriver à ses fins... Très drôle, dérangeant, bien joué et bien maitrisé, le film a eu beaucoup de succès et il n'est pas passé loin du Prix du public.
Le dernier film de la soirée n'est pas du même niveau de l'aveu même du réalisateur venu le présenter. C'est une production française, Proies, une série B sans grand intérêt. Mais j'avoue que j'aime ces séances tardives à Gerardmer quand l'Espace Lac n'est pas plein et que l'on peut s'étaler un peu sur les sièges. Les autres festivaliers ont, comme nous, une journée de films derrière eux mais ils sont toujours d'attaque, prêts à applaudir les têtes éclatées et les giclées de sang. C'est un peu comme regarder une deuxième partie de soirée sur M6 avec des copains, mais un peu plus que d'habitude. D'ailleurs c'est à ça que ressemble ce film, il est assez gentil pour ne pas être évincé des chaines de télé et il ne choquera pas dans les chaumières. Le scénario est assez convenu, tout se déroule tranquillement sans qu'on ait à se poser trop de questions. Un film oubliable mais qui, au moins, est français : peut-être qu'à force, on va réussir à en faire des vraiment bien.
Le dimanche est notre dernière journée. Nous avons déjà vu le film présenté en compétition : Bedevilled. Il est passé à l'étrange festival au mois de septembre. A ma surprise, il va gagner le grand prix et je remarque d'ailleurs qu'il a beaucoup de succès parmi les festivaliers. C'est un bon film, mais comme je l'avais déjà dit, il me déçoit tout de même un peu. Pendant que le jury le découvre (et l'apprécie donc visiblement), nous voyons un Inédit Vidéo : Terreur. La sélection des inédits vidéos est un peu à part dans le festival, elle a son propre prix et ne passe que dans l'étrange cinéma Paradisio. Habituellement, nous n'avons pas le temps d'y aller. Cette année, nous n'en avons vu qu'un et, malheureusement, pas le meilleur. Terreur est en effet assez médiocre : beaucoup de grandes phrases pour pas grand chose. Encore un film que l'on va oublier très vite. Notre dernier film du festival, L'Empire des ombres est un peu de la même veine. Quelques bonnes idées mais au final rien de bien transcendant.
Et voilà le festival est fini pour cette année ! Demain, un article sur le palmarès qui nous a réservé quelques surprises...
Festival de Gerardmer 2011 - Vendredi
Ne nous jugez pas, Devil, Rare Exports, Troll Hunter
Nous commençons par un film en compétition : Ne nous jugez pas. C'est un film mexicain traitant de cannibalisme, on aurait pu attendre quelque chose de plus délirant. En fait, c'est plus une fable un peu glauque, presque sociale, centrée sur le rapport entre les personnages. Le film est bien mais il lui manque quelque chose, le rythme est un peu lent, on voudrait peut-être plus de concret, de sang ! Enfin, nous n'avons toujours pas notre gagnant...
Ayant un peu de temps à midi, nous mangeons à la Géromoise qui a l'avantage, en plus d'être un très bon restaurant, d'offrir le wifi gratuit. Notre première séance de l'après midi est un film hors compétition et, confiants, nous n'arrivons que peu de temps avant le début. Et là, surprise, la séance est pleine ! Le festival est victime de son succès et le nombre de pass festvial est tellement important qu'il peut remplir l'espace lac sans l'aide de la presse et du jury. Nous voilà donc un peu bête à revoir notre planning.
Nous nous rendons directement à notre prochaine séance, Devil à la MCL. Le film a été présenté à l'ouverture du festival mercredi soir et nous n'y étions pas. C'est sa dernière projection ici, dans cette petite salle excentrée. Nous entrons sans problème mais la séance est, elle aussi, pleine ! Si nous avions suivi notre programme initial, nous n'aurions pas pu le voir. Le film lui même n'est pas d'un intérêt évident. C'est une production de Night Shamalayan dans l'esprit de ses films précédents. On peut le qualifier de divertissant, il est certes bien réalisé. Mais il est creux, il a ce défaut des films trop commerciaux de n'offrir rien d'autre à l'esprit que d'avoir compris toute l'histoire. Il nous laisse sans questionnement, sans inquiétude, sans angoisse. On peut l'oublier aussitôt qu'on l'a vu.
On passe les heures qui suivent à se réchauffer dans un bar du centre on l'on se nourrit de crêpes et de vin chaud. Puis nous découvrons le film que nous aurions dû voir plus tôt cette après midi : Rare Exports, un conte de noël. Enfin, un peu de décalage, d'humour, de délire. C'est un film finnois, qui parle en effet du père noël. Mais attention aux enfants, car ce père noël est un peu effrayant et risque d'engendrer quelques cauchemars. En tout cas, c'est une belle découverte du festival.
On continue avec le délire nordique et on va voir The Troll Hunter, film norvégien se présentant comme un documentaire sur les trolls. Les trolls sont de sortes de gros géants pas très beaux ni très intelligents, à l'odeur marquée et qui vivent dans les forêts ou les montagnes. Le seul homme de Norvège qui s'occupe de leur régulation ne se trouve pas assez soutenu dans sa tâche et c'est pour ça qu'il accepte qu'une bande d'étudiants viennent faire un reportage sur son travail quotidien pour révéler au monde ce qui a été caché depuis si longtemps. Le film est un peu maladroit mais complètement délirant ce qui est toujours agréable. On y trouve une belle dose d'absurde, un humour décalé appréciable. Je le verrai bien obtenir le prix spécial.
Après ça, j'aurai bien voulu voir le premier film de la Nuit Claustrophobie, Bug, mais il est tard et je ne tiens plus, je m'endors sur place alors autant rentrer et dormir dans un lit.
Festival de Gerardmer 2011 : jeudi
Dream Home, Terreur, Repulsion, Mirages et En Quarantaine 2
Bonne surprise pour notre premier film du festival, Dream Home qui ouvre la journée du jeudi. Je ne savais pas quoi attendre de cette production Hong-kongaise au réalisateur inconnu. Certes, il ne court pas pour le grand prix, son histoire est un peu confuse et manque de cohérence. Mais les scènes de tuerie gore dans un immeuble chic de Hong-Kong valent le déplacement. Et je lui accorde d'avance le prix des morts les plus inventives : strangulation-égorgement, étouffage par aspiration, coup de fer à repasser, éventrage, transpérsage, etc. Bref, un agréable moment de bonne augure pour le reste de la sélection !
Après un croque monsieur gargantuesque au Neptune, nous continuons notre journée au cinéma du casino avec Ténèbres de Dario Argento. Ce n'est peut-être pas son meilleur et il a un peu vieilli : une histoire policière assez classique ponctuée de poignards sanglants et de jeunes femmes hurlant. Mais ce qui nous semble cliché aujourd'hui est aussi la base même de l'imagerie du fantastique et du cinéma d'horreur. Nous enchainons avec un film à la MCL de l'autre côté de la ville (heureusement, cette année, la neige est moins abondante et ne nous empêche pas de prendre la voiture). Nous découvrons Repulsion de Polanski présenté ici dans le cadre de la rétrospective autour du thème : Paranoïa, Schizophrénie, Claustrophobie et autres petites peurs. Gerardmer a cette grande qualité de nous faire découvrir les chefs d'oeuvre du genre sur grand écran, une occasion parfois unique. Repulsion en est un, de ceux qui restent magnifiques sans souffrir de leur âge. On y découvre Catherine Deneuve dans un des rôles qui l'a révélée. Son visage blond et juvénile semble n'être qu'un écran, dans son regard : le vide de la folie. C'est cette folie qui est ici filmée avec beaucoup de talent. Elle est d'abord latente, une simple angoisse, une présomption puis elle se révèle de plus en plus violente et douloureuse. En bref, c'est un grand film que je suis contente d'avoir découvert ici. C'est un des seuls films de la rétrospective que je verrai cette année, une des raisons est que j'en ai vu la plupart ! Voilà un signe que ma culture en cinéma fantastique s'améliore...
Après une soupe prise au chalet, nous continuons notre soirée avec un film en compétition : Mirages. Toute petite production marocaine, je m'attendais au pire quand le réalisateur a dit que c'était un très petit budget. Mais au final, même si le film n'a pas fait l'unanimité, il m'a paru tout à fait honorable. Certes, il y a des petites maladresses techniques mais qui ne m'ont pas dérangée. J'ai trouvé assez bon le jeu des acteurs et le scénario se tient à peu près. Je ne pense pas que le film ait un grande carrière mais il permettra sans doute à son réalisateur de lancer la sienne.
Enfin, on termine la soirée par En Quarantaine 2. Petit rappel du context : il y a quelques années, les Espagnols ont fait REC, qui était un très bon film de genre. Les Américains en ont fait un remake, En Quarantaine, qui en était une copie conforme. Puis les Espagnols ont fait REC2 qui était, pour le coup, très mauvais. Les Américains ne s'y sont pas trompés, ils ont fait une suite à En Quarantaine mais qui n'a plus rien à voir avec REC2. C'est cette suite américaine que nous voyons aujourd'hui. Clairement, elle ne recherche pas l'originalité mais plutôt à réutiliser les ficelles et effets du premier en espérant que ça fonctionne à nouveau. La première partie du film est plutôt agréable à regarder, ça se passe dans un avion, c'est marrant. Après viennent les explications alambiquées du pourquoi du comment. Elles ne sont pas aussi mauvaises que dans REC2 mais restent assez lourdes. La fin est longue et poussive, le film reprend les mêmes effets que les premiers opus mais en perd l'acidité : c'est ce qui se passe quand avec une bonne idée, on fait 4 films !
Première journée terminée pour nous, il faut penser à dormir pour affronter le reste du festival !