Vienne

Notre voyage commence le 1er août en fin d'après-midi quand nous quittons notre appartement parisien avec deux enfants de 5 et 7 ans, trois petites valises, deux gros sacs à dos et trois petits sacs à dos, direction la Gare de l'Est. Le train de nuit n'existait pas lorsque je vivais à Vienne il y a 10 ans. Je l' ai découvert ces deux dernières années lors de quelques voyages professionnels comme une alternative bienvenue à l'avion. Et c'est là que je me suis imaginée avec ma petite famille dans ces cabines un peu désuètes et que je me suis dit "Pourquoi pas ?"

En arrivant sur le quai, nous pensons cependant que notre voyage est compromis. Un groupe discute avec la contrôleuse devant le wagon : "oui je sais que vous avez des billets mais les cabines sont cassées, je ne peux pas vous faire monter". Je montre notre billet "Je suis désolée, vous ne pouvez pas monter non plus". La seule solution semble d'aller "se renseigner" pour prendre le TGV vers Strasbourg puis de se débrouiller, sachant qu'il n'y a évidemment aucun autre train qui fera ce voyage de nuit. Je commence à m'énerver avec les autres puis, alors que Seb est déjà parti aux informations, je pense à montrer notre deuxième billet car nous avons réservé deux cabines. "Ah celui là, c'est bon dit elle". Tant pis alors, on va se serrer. Je commence à faire monter tous les bagages avec les enfants en scrutant le retour de Seb à qui j'ai envoyé un message. Le train doit partir d'ici quelques minutes. Le voilà, nous sommes là tous les quatre et nous partons bien dans le train prévu avec une pensée pour les naufragés sur le quai.

J'ai réservé deux cabines de 2 personnes. Finalement, nous arrivons dans une cabine où il y a 3 places. On entasse les bagages comme on peut et on s'installe. Je me dis "on mettra les 2 enfants sur une couchette et ça ira". Mais en explorant le wagon, je vois très clairement les cabines "cassées" dont les portes sont condamnées mais je vois aussi que notre deuxième cabine n'en fait pas partie : la contrôleuse s'est trompée.

Tout va bien alors... Sauf que le train ne part pas ! Ça fait bien 40 minutes qu'il aurait dû démarrer et nous sommes toujours en gare. Enfin une annonce : il y a un problème de caténaire, c'est à cause des orages, on va partir en retard. À chaque annonce, le retard est plus important. On parle maintenant de 22 ou 23h, soit 3 ou 4h de retard. Ce voyage commence décidément avec beaucoup de péripéties. Prenant notre mal en patience, nous mangeons tranquillement nos sandwichs.

Il est maintenant 22h et on se dit qu'on va installer les lits avant le départ du train. Une dame s'est installée dans notre seconde cabine. Je ne comprends pas très bien si c'est dû aux cabines cassées mais elle a fait ça pour arranger une famille dans sa cabine d'origine. Pas de problème, on est arrangeant. Comme il y a trois places les trois garçons peuvent dormir dans notre cabine principale et moi j'irai avec la dame.

Le contrôleur s'occupe de replier les sièges et d'installer les couchettes. Les enfants sont surexcités. Nous on s'agite pour que tout le monde se prépare pour le coucher : dents, pyjama, toilettes etc. Finalement l'enfant s'installe sur la cabine du bas, Seb sur celle du milieu et le filleul sur celle du haut. Au milieu de ce bazar, le train démarre enfin ! Cela rajoute encore à l'excitation de l'enfant mais on est tous heureux et soulagés. Je dis bonne nuit à tout le monde et rejoins ma tranquille cabine avec ma voisine, laissant Seb se débrouiller. Le lit est confortable, j'ai de l'espace sur mon perchoir et tout est calme : je peux m'endormir bercée par le vrombissement régulier du train.

Le lendemain matin, je suis réveillée un peu après 8h par une annonce : nous arrivons à Munich. Nous sommes très en retard car normalement, l'arrêt Munich est au milieu de la nuit. Un peu après, je retrouve le compagnon et l'enfant. Le filleul dort toujours sur la couchette du haut mais on peut tout de même installer de nouveau les sièges et commencer à prendre le petit déjeuner. La matinée passe doucement tandis que dehors défilent les jolis paysages autrichiens. Le filleul se réveille. On joue à des jeux, on discute, on se balade dans le wagon. Il y a une famille un peu plus loin avec deux petites filles un peu plus jeunes que les garçons et avec qui nous discutons. Plus tard ils loupent leur arrêt à Linz à cause d'une porte bloquée.

Un peu avant 13h, nous arrivons enfin. Le train aurait dû aller jusqu'à Wien Hauptbahnhof, la gare principale. Mais pour une raison qui m'échappe, il s'arrête à Wien Meildling, qui est l'arrêt d'avant : une gare plus petite un peu en dehors de la ville. J'avais reçu un mail absolument pas clair à ce sujet donc ça ne m'étonne qu'à moitié. Mais beaucoup de français n'ont pas eu l'information et se retrouvent perdus dans cette gare inconnue. Nous voilà à courir entre les quais avec tous nos bagages pour trouver le prochain train qui peut nous emmener à bon port. Malgré les informations peu adéquates de la contrôleuse, on trouve un train et quelques minutes plus tard nous voilà enfin arrivés.

L'auberge que j'ai réservée est juste à côté de la gare. Il est trop tôt pour prendre notre chambre mais on peut enfin déposer nos bagages avant de s'écraser dans un café pour déjeuner. Les enfants ont l'air en forme et contents. Moi je suis assez fatiguée. Je sirote mon thé assise sur la terrasse tandis que l'enfant va voir toutes les tables en disant "Hallo !", seul mot d'allemand qu'il vient d'apprendre. Le repas se termine par des glaces (dont une boule au Mozart Kugeln) et c'est enfin l'heure de récupérer notre chambre.

Nous avons une chambre privée pour 4 dans une auberge de jeunesse. Nos lits sont des sortes de box indépendants superposés. C'est plutôt confortable et pratique. On se repose quelques minutes avant d'aller se balader en ville.

Nous prenons le métro jusqu'à Stephansplatz et visitons la magnifique cathédrale. Nous payons même pour monter en haut d'une tour où l'on voit le joli toit coloré et surtout une très belle vue sur la ville. Puis nous marchons tranquillement à travers la vieille ville vers le palais royal. Je retrouve Vienne avec plaisir et suis heureuse de faire découvrir la ville aux enfants. En sortant du vieux centre, nous prenons à droite vers les Volksgarten pour rejoindre le Rathaus.

La grande Rathausplatz reflète bien l'esprit très festif de cette ville : il s'y passe toujours quelque chose. En été, c'est le Film Festival qui projette des concerts, opéras et ballets sur un écran géant car ici la culture est toujours présente, pas comme un loisir élitiste mais comme une partie intégrante de la ville vivante et populaire. Ce n'est pas encore l'heure du programme principal sur le grand écran mais le programme pour enfant est projeté un peu plus loin. Installés dans l'herbe, nous regardons un ballet comique mettant en scène "Max und Moritz" deux personnages clownesques de la culture allemande. Les enfants apprécient. La musique et la danse les entraînent parfois à se poursuivre et se rouler dans l'herbe pendant un temps avant de revenir regarder le ballet.

Quand le film se termine, il est l'heure de dîner. La place est pleine de monde qui, installés sur des centaines de table, sirotent des prosecco et des bières en grignotant un morceau. Il y a au moins une dizaine de restaurants temporaires qui servent des plats à emporter. Nous mangeons des saucisses en buvant des bubble thés dans le soleil du soir. Puis je propose de rejoindre notre métro à Karlplatz par le tram. Ainsi nous pouvons longer le Ring en extérieur pour mon grand plaisir et admirer le Staatsoper avant de rentrer. Il faudra encore un peu de temps pour endormir les enfants tout exités après cette belle première journée.

La matinée du deuxième jour commence très tranquillement. On prend le petit déjeuner dans le hall de l'auberge sans se presser pendant que Seb va courir au jardin du Belvédère. Il est un peu plus de 11h quand nous prenons le métro pour rejoindre la station Praterstern. Là, nous passons un long moment dans une jolie aire de jeux avec une tyrolienne qui fait le bonheur des garçons. Puis nous nous dirigeons vers le programme principal de la journée : le Prater.

Cette fête foraine permanente illustre bien l'esprit festif et légèrement insouciant de la ville. Nous nous laissons facilement aller aux joies enfantines des attractions. Nous commençons par l'historique grande roue pour de nouveau admirer la ville vue d'en haut puis parcourons le parc en faisant tout ce qui nous fait envie : grand splash, bouées géantes, autos tamponneuses, chaises volantes, train fantôme et bornes d'arcade pour les enfants. Alors que la fin d'après-midi approche, nous commençons à être fatigués du bruit et de l'agitation du parc. Je propose de reprendre le métro jusqu'à Donauinsel. Nous longeons l'île vers le sud. Les viennois sont installés entre les bosquets au bord du fleuve sur des serviettes et se baignent dans le Danube avec parfois même des petits pontons aménagés. Nous avons pris des maillots et j'ai repéré une plage un peu plus loin qui sera plus pratique pour les enfants. Elle est sur l'autre rive : un petit renfoncement où du sable a été installé ce qui permet d'entrer dans l'eau et de barboter en ayant pied. L'enfant est aux anges. Le filleul ne se baigne pas mais joue dans je sable. Moi je nage plus loin sur le fleuve avec délice. C'est ce qu'on appelle le Neudonau. Le Danube coule des deux côté de l'île. Le bras Ouest est plus large, il y a un fort courant et c'est là que circulent les bateaux. Le bras Est, où nous sommes, est un lieu connu de baignade. L'autre possibilité est de rejoindre le Altedonau, un bras mort du Danube qui forme comme un lac.

Le soleil se couche et nous marchons tranquillement vers le métro. Nous arrivons dans un coin assez animé où bars et restaurants s'étalent le long des berges. Il y a même des trampolines sur le fleuve et les enfants ont visiblement encore l'énergie de sauter. Nous dînons dans un restaurant grec avant de reprendre le chemin de l'auberge. L'enfant s'endort presque dans le métro : la journée a été longue.

C'était notre dernier jour. Le lendemain matin, nous rangeons toutes nos affaires et reprenons nos bagages : en route pour Budapest.

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Clearlake

Vers 10h30 ce jour là, nous quittons notre camping de Trinity Lake. Une longue route nous attend. Nous continuons d'abord vers l'est pour quitter la zone de forêts et montagnes que nous avons traversé depuis la côte. Nous arrivons à Redding qui est une assez grande ville où nous pouvons faire des courses et prendre un pique-nique dans un petit parc. Il fait près de 40 degrés.

Les petites montagnes que nous avons vues jusqu'à présent, le long de la côte, font partie de la chaîne côtière californienne. Redding est située au nord de la Central Valley qui, sur 600km, sépare cette chaîne de la Sierra Nevada plus à l'est. C'est ici qu'on trouve les villes de Sacramento, capitale de la Californie, et, plus au sud, Fresno et Bakersfield. C'est aussi le cœur agricole de la Californie.

En été, le temps est sec et brûlant, la fraîcheur et les nuages étant maintenus sur la côte par les montagnes. C'est pour ça qu'alors qu'il fait rarement plus de 15 degrés à San Francisco, on se retrouve avec des 40 degrés au bout de la ligne de train de banlieue, de "l'autre côté des collines" à quelques dizaines de kilomètres à peine.

Une grande autoroute relie Redding à Sacramento et c'est elle que nous empruntons pour redescendre plus rapidement que par les circonvolutions de la petite route côtière. Même avec la climatisation, j'ai l'impression de sentir la chaleur écrasante du paysage. Le ciel nous ébouli de son bleu éclatant. Le soleil impitoyable nous fait face. Autour de nous, s'étendent les champs desséchées. Les céréales ont déjà été coupées et patientent sans doute dans les immenses silos que nous croisons. Nous voyons aussi des plantations d'oliviers et d'autres arbres fruitiers. Des deux côtés, à l'horizon, l'ombre des montagnes se dessinent dans le ciel.

Cette route est fatigante. Je compte les miles qu'il nous reste à parcourir. D'ailleurs Seb en a marre lui aussi et voudrait que je prenne le volant. Mais ce n'est qu'au moment de quitter l'autoroute, un peu avant Sacramento qu'il a enfin l'occasion de s'arrêter. Après ça, je reste encore bloquée au moins 40 minutes dans un embouteillage avant de pouvoir enfin quitter la vallée et retrouver les petites montagnes.

Nous arrivons à Clearlake vers 17h. Personne n'est là à l'accueil du petit camping que j'ai repéré : il est noté que l'accueil ferme à 16h. Alors que nous nous apprêtons à repartir la gérante arrive finalement et s'occupe de nous enregistrer. C'est un petit camping familial. Il n'est pas idéal car plutôt conçu pour les caravanes que les tentes. Notre emplacement est plein de cailloux. Mais nous donnons sur une jolie rivière et sommes assez tranquille. Par ailleurs, il y a une petite piscine (qui a été un gros critère de choix) dans laquelle nous allons dès que les tentes sont montées. Il n'y a pas grand monde dans le camping et nous avons la piscine pour nous. L'enfant est enchanté car elle est peu profonde et il a pied sur au moins la moitié du bassin. Or l'enfant déteste ne pas avoir pied ! Même avec son gilet flottant, il ne supporte pas de s'aventurer et de nager. Même dans nos bras, il hurle à la mort pour qu'on le ramène au bord. Il décrète donc que c'est sa piscine préférée.

Nous sommes juste à côté de la ville de Clearlake qui est relativement grande, surtout par rapport à Trinity que nous avons quitté le matin. Nous décidons d'aller y manger ce soir. Dans ce qui ressemble le plus au centre ville, on trouve un grand parc qui donne sur le lac. Alors que nous arrivons, nous découvrons qu'il y a une pièce de théâtre en plein air : Mesure pour Mesure de Shakespeare ! Les enfants ne comprennent pas mais sont fascinés par le spectacle. Nous regardons la fin de la pièce en mangeant des burgers acheté au stand juste à côté.

Après deux semaines de campings, la fatigue commence à se faire sentir le lendemain matin. Nous mettons du temps à nous mettre en route. Nous avons décidé d'aller voir le Clearlake state Park à 1/2h de là où nous sommes. Nous arrivons devant une jolie plage au bord du lac. Il fait déjà très chaud mais nous décidons tout de même de faire la petite promenade qui part juste derrière. Cependant, l'enfant râle beaucoup et est fatigué. Seb fait bientôt demi-tour avec lui tandis que je continue la boucle avec le filleul. C'est très court mais nous avons de jolis points de vue sur le lac et croisons même des biches. Nous nous baignons ensuite et pique-niquons près du lac. Nous passons ici tout le début de l'après-midi tandis que les enfants jouent dans les cailloux puis nous rentrons tranquillement au camping où nous profitons à nouveau de la piscine. Le soir, nous retournons à Clearlake. Cette fois, pas de pièce de théâtre. Nous achetons des quesadillas à emporter et les mangeons face au coucher de soleil sur le lac.

Et voilà arrivé notre dernier jour ! Pour aujourd'hui, le programme est spécial. En effet, j'ai remarqué que le filleul est très bon marcheur. Beaucoup de nos balades ont été écourtées par l'enfant et Seb a dû plusieurs fois se sacrifier. Je lui ai donc proposé qu'il parte seul avec le filleul faire l'ascension du petit volcan qui surplombe le lac. De toutes façons, il fait trop chaud pour moi pour faire une randonnée et surtout pour monter en haut de quoi que ce soit. Nous achetons de quoi faire des sandwichs puis Seb nous dépose au parc Anderson March proche du camping et part avec le filleul. On a bien fait attention à se séparer les affaires de façon intelligente pour avoir chacun ce qu'il nous faut.

Moi je suis dans une sorte de réserve historique et naturelle. On peut visiter une ancienne ferme (il n'y a pas grand chose à voir mais l'enfant trouve ça amusant). Ensuite on peut suivre une petite balade. Le début est en plein soleil mais on arrive ensuite dans le marais qui fait face au camping. Nous sommes à l'ombre et le paysage est très joli. Nous voyons une biche, plusieurs oiseaux. Nous marchons sur une espèce de petit ponton au dessus du marécage sous les arbres. Comme je suis seule avec l'enfant, nous allons très lentement et nous arrêtons souvent. Nous pique-niquons sur un banc au bord de la rivière. Plus tard nous ramassons des mûres et nous reposons à l'ombre d'un arbre. Quand l'enfant me dit que "c'est trop long" (le petit chemin continue au soleil après le ponton), je lui propose de faire demi-tour. L'enfant veut faire une pause dès que nous sommes à l'ombre. Au bout d'un certain temps, nous sommes revenus à la vielle ferme où il y a des tables à l'ombre.

Il est 15h. Seb m'a indiqué qu'ils étaient en train de redescendre. Je calcule que je devrais les attendre environ 2h. En effet, le camping est à 30 minutes à pied sur un chemin désagréable et je ne vais pas le faire. Il y a aussi moyen de prendre un bus mais ça me semble beaucoup d'efforts. Attendre à l'ombre en discutant avec l'enfant me va très bien. Parfois, l'enfant joue même seul et je peux lire 5 minutes. J'ai bien calculé, Seb arrive peu avant 17h. Lui et le filleul ont marché 10km pour 460 mètres dénivelé ! Leur chemin était quasiment tout le temps en plein soleil : une route poussiéreuse qui monte sans s'arrêter. Pour moi, c'est une description de l'enfer et même si la vue était jolie, je suis bien contente de ne pas les avoir accompagnés.

De retour au camping, nous profitons évidemment de la piscine après les efforts (de quelques uns au moins) de l'après-midi. C'est notre dernière soirée. Une certaine lassitude s'est installée chez Sen et moi en ce qui concerne l'organisation, en particulier pour la nourriture. Mais nous décidons tout de même de manger au camping car nous voulons faire un feu pour brûler nos dernières bûches. Seb va faire des courses. Il achète des pâtes fraîches et de la salade et nous dégustons un de nos meilleurs repas de tente. Puis nous lançons un beau feu où nous grillons des chamallows. L'enfant s'endort dans mes bras comme lors du premier soir.

Le lendemain matin, c'est le moment de replier le camp pour la dernière fois. Nous prenons notre temps et profitons de la piscine pendant que notre lessive tourne. Il est midi et demi quand nous partons. Nous déjeunons à Calistoga, jolie bourgade où l'on trouve des bains chauds (que nous n'auront pas l'occasion de tester). Il est environ 16h30 quand nous arrivons dans notre hôtel de Rosemont au nord de San Francisco. Nous repartons tout de suite car nous avons rendez-vous avec un ami et sommes déjà en retard.

Lors de ces derniers jours à San Francisco, nous devons surtout ranger l'immense bazar que nous avons ramené du camping. Au final à part les chaises (achetées ici) que nous avons données et quelques bricoles, nous arrivons à tout faire rentrer dans nos bagages, en particulier, les matelas achetés ici lors de notre départ en camping.

En dehors de ça, nous retournons un peu en ville, retournons voir les otaries à Pier 39 et passons les soirées avec amis et famille qui vivent ici. Le dernier jour, nous emmenons les enfants au Academy of Science Museum dans le Golden Gate Park. Dans ce musée, on trouve : un grand aquarium, un crocodile albinos, des squelettes de dinosaures, des australopithèques, des animaux empaillés, des manchots, une simulation de tremblement de terre, une forêt tropicale, un planetarium et encore d'autres choses. Les enfants sont contents...

Enfin le samedi, c'est le moment de quitter la baie et d'entamer notre long voyage de retour en avion. Au revoir la Californie !

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Trinity

Et voilà, après 4 nuits, nous quittons notre petit coin tranquille, la petite rivière, les loutres, notre ami le héron et nos voisins russo-canadiens. L'enfant est content car il m'a dit la veille que ce camping n'était pas "cool" car il n'y avait "rien" : pas de jeux, pas de piscine, pas de boutique, pas de restaurant... Il n'y a "qu'une rivière" ce qui n'est pas très intéressant. Le filleul, lui, est plus sensible au charme rustique de la nature et serait bien resté plus longtemps.

Nous sommes tout au nord de la Californie, proche de l'Oregon mais le voyage touche à sa fin et nous redescendons vers le sud pour rejoindre San Francisco. Nous longeons de nouveau la côte jusqu'à la petite ville de Trinidad. C'est une jolie bourgade surplombant l'océan. On a vue sur une jolie crique très pittoresque avec des bateaux. Quand le paysage se recouvre partiellement de brume, il devient presque féerique et on se croirait dans une peinture romantique du XIXème siècle. La ville elle-même est pleine de fleurs. On dirait une retraite pour hippy et hipster. D'ailleurs nous mangeons dans un café qui sert de délicieux brunchs très branchés avec des fleurs comestibles dans des bols de fruits.

À Trinidad, nous disons au-revoir à l'océan qui nous a accompagné depuis notre départ. En effet, nous allons rejoindre San Francisco par l'intérieur des terres et roulons à présent vers l'est à travers les forêts. Après de longues heures de routes, nous arrivons à notre point de chute à Trinity, au bord du Trinity Lake.

Nous avons choisi un camping "cool" selon les critères de l'enfant. À Manchester, nous avons découvert les campings KOA : c'est une chaîne qui propose des campings un peu club vacances. En particulier, il y a toujours une piscine. Comme nous avons apprécié l'expérience, nous en avons repris un par la suite et celui-ci est notre 3ème. Cependant, je le trouve moins chaleureux que les deux derniers. Il est plus grand. Nous sommes installés dans la forêt. Nous sommes certes tranquilles mais aussi loin des sanitaires et loin de la piscine, des aires de jeux et de l'accueil.

Enfin bon, nous montons les tentes tandis que les enfants font des constructions avec des gros cailloux. Puis nous allons nous rafraîchir à la piscine. En effet, en quittant la côte, nous quittons la fraîcheur. Avant nous avions froid avec 15 degrés, à présent nous avons trop chaud avec 35. Le juste milieu est difficile à trouver.

Le soir, la chaleur s'estompe et on a même une réelle fraîcheur pendant la nuit. Au matin donc, il fait une température agréable. Nous décidons d'en profiter et de partir en balade.

Notre organisation de voyage est une espèce de chaos organisé. Nous choisissons nos étapes au fur et à mesure et savons finalement mal ce qu'il y a à voir là où nous sommes. Seb a trouvé une randonnée sur Open Street Map Ce matin mais nous ne savons pas vraiment à quoi nous attendre alors que nous roulons sur une piste poussiéreuse pendant 20 bonnes minutes.

Arrivés au départ de la balade, le premier objectif indiqué sur le panneau se situe à 5 miles, soit beaucoup trop loin pour nous avec les deux jeunes enfants. J'interpelle un couple qui semble repartir pour leur demander si le début de la randonnée est intéressant et s'il y a quelque chose à environ 1 mile. "Oui" me répondent-ils : le début de la balade suit une rivière et est très bien. En marchant un peu plus d' 1 mile, on peut atteindre un petit pont et descendre jusqu'à une petite plage. Parfait ! Voilà donc notre objectif.

Nous sommes prêts et nous nous engageons avec nos deux petits garçons. Le chemin est très agréable. Nous marchons à l'ombre dans la forêt et il ne fait pas encore trop chaud. En contre bas, coule le joli torrent. Il y a un léger dénivelé mais ça reste très raisonnable. L'enfant râle évidemment un peu de temps en temps mais il est de bonne humeur. Comme c'est le matin, il n'est pas trop fatigué et marche sans être trop pénible même s'il demande parfois à quelle heure on arrive et veut sans arrêt faire des pauses et se faire prendre en photo. Le fait d'avoir un objectif facilite les choses et nous évite de faire demi-tour à la moindre difficulté.

Ainsi, nous atteignons le fameux pont où l'on peut en effet descendre au bord du torrent. Nous avons pris nos maillots et nous trempons dans l'eau. Cependant c'est une eau glacée de montagne et on peut difficilement s'y baigner plus de quelques secondes. Il est midi et il aurait été idéal d'avoir un pique-nique. Mais nous n'en avons pas car nos provisions sont un peu à sec ! On se contente donc de s'hydrater et de manger quelques biscuits et barres de céréales.

Les enfants jouent et nous prolongeons la pause mais il faut tout de même penser à repartir. Le retour devrait être plus simple car on descend mais les enfants risquent d'être fatigués. Pour les occuper, je leur apprends des chansons D'abord "Un éléphant qui se baladait" mais surtout la chanson de colonie "la si la sol" où l'on peut inventer des paroles ce qui les amuse beaucoup et les occupe quasiment tout le trajet. Bientôt, nous voilà de retour à la voiture après avoir parcouru plus de 4km ce qui, pour un enfant de 4 ans, est une belle randonnée. D'ailleurs l'enfant s'endort dans la voiture sur le chemin du retour.

Nous déjeunons tardivement au seul restaurant de Trinity : le Yellow Jacket. C'est un endroit agréable, tenue une grande femme blonde très énergique et sympathique, avec une terrasse extérieure ombragée. Le menu est simple (salades, sandwichs, burgers) mais bon. Malheureusement ce midi, pas de frites pour nous car elle n'a pas été livrée et pas de milkshakes non plus car elle n'a plus de glace. Mais notre repas reste très agréable. Dans un coin de table, le restaurant met à disposition quelques jeux de société qui amusent les enfants.

En face du restaurant, il y a une sorte d'épicerie mais le choix est bien maigre. Nous sommes à court de provisions. Par ailleurs, nous ne nous sommes pas occupés de mettre nos pains de glace au frais et donc notre glacière n'est pas très utile, surtout avec la chaleur actuelle. Finalement, on décide pour ce soir de commander un poulet rôti au Yellow Jacket qui propose ce service.

En attendant, nous faisons le tour de la minuscule ville en voiture. D'abord, nous roulons jusqu'au lac. J'avais l'idée qu'on y trouverait peut-être une plage mais il n'y a qu'un parking avec une rampe à bateaux. C'est un lac artificiel : une retenue d'eau créée par un barrage. Les bords du lac manquent cruellement de charme. La forêt s'arrête brusquement et se transforme en pente poussiéreuse et décharnée qui descend dans l'eau. Ça ne fait pas très envie. Et idée d' une balade en bateau n'est pas très attrayante non plus : le lac ne m'inspire pas la fraîcheur mais me semble être au contraire un immense miroir brûlant sous le soleil imperturbable de l'après-midi. Le reste de la ville est constitué de maisons individuelles posées le long des quelques rues quadrillées. Il y a plus de drapeaux américains que d'habitants visibles. Une seule incongruité : ce "musée historique" qui s'enorgueillit d'une "collection de barbelés".

Les heures restantes de notre après-midi sont donc passées au camping, aux jeux d'abord puis à la piscine. Puis nous retournons chercher le poulet rôti au restaurant et dînons tranquillement à notre tente.

Comme la balade a été un succès, nous voulons recommencer le lendemain. Mais nous sommes moins ambitieux. Grâce à un guide trouvé au camping, nous avons découvert une autre balade, proche de celle de la veille, où l'on peut atteindre un petit lac après seulement quelques 800 mètres.

Un peu fatigués ce matin, nous sommes moins rapides que la veille. Nous préparons aussi de quoi faire un pique-nique avec les restes du poulet. Puis nous revoilà sur cette route poussiéreuse pour rejoindre cette nouvelle balade.

Elle est certe plus courte que la veille mais elle est aussi moins agréable. Le dénivelé est plus abrupt. Il y a moins d'ombre. Nous sommes tous plus fatigués et en particulier l'enfant. Il n'avance que parce qu'on lui répète que l'objectif est proche et il se plaint beaucoup. Il me dit "pourquoi on fait que les balades les plus difficiles !" "Regarde maman, il y a des gros cailloux devant moi, ils sont trop gros ! Je peux pas avancer !". Nous arrivons cependant rapidement au lac. C'est plutôt un bel étang sauvage, entouré de grands arbres et de hautes herbes et couvert de nénuphars. Là nous pique-niquons tranquillement (même si j'ai oublié le fromage dans la voiture) et repartons.

Quand nous revenons à Trinity, l'enfant s'est endormi. Avec le filleul, je m'installe à la terrasse du Yellow Jacket avec un milkshake avant d'entamer un jeu qui ressemble aux petits cheveux. Plus tard, nous retournons comme la veille à la piscine puis revenons au restaurant pour notre dîner (le Yellow Jacket est à peu près la seule source de nourriture dans cette ville). Alors que nous venons de commander et de payer, la ville subit une coupure d'électricité générale. Heureusement, les serveuses et la patronne arrivent tout de même à se débrouiller et nous avons notre repas ! C'était notre dernière soirée à Trinity, le lendemain on espère être moins isolés.

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